Au delà du fait que ces deux situations renvoient à beaucoup de livres et de théories déjà développées par d’autres féministes, elles font aussi partie de nos vies, et nous les considérons comme des éléments du sexisme (c’est pour ça qu’il y beaucoup de livres et de théories sur le sujet).
De notre côté, en tant que féministes, nous n’arrivions pas à comprendre comment le sexisme qui est tellement évident pour nous (puisque nous le subissons au quotidien) n’était pas perçu par les hommes. Le premier réflexe est de se dire « ils le font exprès, ils n’ont pas envie de se remettre en cause » , et si cet argument n’est pas faux (qui déciderait de bonne grâce qu’ille ne veut plus être privilègié-e ?) il n’est sûrement pas suffisant. En faisant le parallèle avec le racisme (situation où nous sommes oppresseures puisque blanches), nous nous sommes rendu compte qu’il est effectivement dur de voir l’oppression et ses mécanismes quand on n’en subit pas les effets. Par exemple, les journaux : qui d’entre vous s’est déjà aperçu que les journaux ne s’adressent qu’à un public blanc ? Et ce qui est bien avec cet exemple, c’est qu’il directement ré-applicable : qui d’entre vous s’est déjà aperçu que le journaux ne s’adressent qu’aux hommes ?

Comme tout le monde voit mieux quand on utilise des exemples, on a collecté avec des copines toutes sortes de situations sexistes et/ou lesbophobes que nous avons vécues. Vous pouvez nous faire confiance, elles relèvent effectivement du sexisme (à force, on est devenue des expertes). Ces anecdotes seront accompagnées d’explications plus théoriques (sinon, on va être accusées de rester dans l’anecdotique justement, et de faire dans le sentiment) ainsi que de liens vers des sites utiles (ou drôles) et de références (parce que sinon, on est pas crédibles).

Ces situations vont faire râler certain-es d’entre vous, soit parce que vous vous y reconnaîtrez, soit parce que vous les avez rencontré et que vous n’avez rien fait ou pas compris. Pourtant, même si ça va déclencher moult débats, notamment sur le fait de savoir si c’est sexiste ou non, on vous jure que ça relève bien du sexisme, ne serait-ce que parce que vous n’iriez jamais dire à un salarié exploité par son patron qu’il ne l’est pas, juste parce que vous n’avez pas envie que ça soit comme ça la vie. Puisqu’on le subit depuis longtemps, on commence à savoir le reconnaître, ce fameux sexisme. Mais on est d’accord avec vous, ça serait mieux si ça n’existait pas.

Pour aujourd’hui, une anecdote facile, qui introduit le sexisme, l’ambiance qu’il crée dans nos vie. On va mettre des liens, vers le site qui les recense, et vers d’autres sites à visiter parce qu’ils sont bien.

« L’autre jour je me baladais dans la rue, quand je croise un mec qui me lance au passage « t’as un gros cul ». Je ne lui ai rien répondu, parce que ça n’en vaut pas la peine, c’était juste un con, et j’allais pas gâcher ma journée en m’engueulant avec lui. N’empêche, c’est pas parce que je n’ai pas réagit que ça justifiait son acte : rien ne l’obligeait à m’agresser comme ça. Mais c’est un des trucs qu’on vit quand on est une nana. J’ai jamais entendu un mec dire qu’on l’avait emmerdé pour ça dans la rue ; se sentir mal à l’aise vis-à-vis de son poids c’est commun aux deux genres, mais les agressions qui s’y rapportent non. Personne ne se serait permis d’agresser un homme sur ce terrain là, mais si c’est une nana en face, pas de problème.
Je sais, ç’a l’air ballot, c’est pas si grave, je n’ai été blessée ni physiquement ni moralement (faut pas déconner : c’est qu’un con), mais c’est plus une question d’ambiance. Je sais pas si la plupart des garçons se rendent compte de ce que ça fait de sortir dans la rue, et de se sentir regardée, pesée, voulue, méprisée, d’imaginer que si on passe dans cette rue sombre un peu à l’écart, c’est peut-être pas toujours prudent, de se demander comment on va s’en sortir si on se retrouve coincée. Pour le coup, je ne connait aucun homme qui dit ressentir ça, et pas de femmes qui ne l’ont jamais ressenti : la rue n’est pas à nous.
Nous, notre domaine, c’est censé être la maison, le foyer, et même si on n’y est plus cantonnées parce que les choses changent, dehors, ça n’est quand même pas chez nous. Je crois que c’est V. Despentes, dans King Kong théorie, qui a dit qu’une femme prenait toujours le risque de mourir quand elle sortait de chez elle. Et si la peur du meurtre pur et simple ne nous traverse pas plus l’esprit que ça, on redoute toujours le viol, l’agression qui fait mal ou peur…
C’est ça le climat dans lequel on vit, on bouge. C’est ça le sexisme au quotidien, vécu et subit. »

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