C’est une nouvelle mascarade qui se joue à l’occasion des éléctions régionales. L’actualité de cet entre-deux tour offre l’occasion de revenir sur certaines notions, servies à toutes les sauces dans les médias, et qui laissent un arrière goût amère quand il s’agit de se rendre aux urnes. Par un autre tour de passe-passe, le droit commun invite maintenant le citoyen à faire un choix entre les deux parties majoritaires, à savoir la paroisse qui apportera les grands changements tant espérés. Cependant, les représentants politiques, de gauche comme de droite, ne semblent toujours pas faire cas du taux de participation enregistré à l’occasion du 1er tour de ces éléctions. Pour justifier cette abstention massive et pour reprendre les termes des chefs des deux partis majoritaires, il semblerait que les français soient trop absorbés par la crise économique ou bien qu’ils n’aient pas compris quel était le rôle de la Région, mais qu’en aucun cas leurs propositions politiques, ou du moins celles des représentants de tous bords en soient les responsables. C’est donc l’occasion de leur apporter quelques clarifications sur la notion de démocratie locale, à travers ce petit pense-bête(s) à l’usage des représentants politiques. (voir ci au-dessous)

L’abstentionnisme qui a marqué ces élections régionales est l’expression d’un profond désaveu des pouvoirs politiques en place et du système électoral, considéré comme une source d’inégalités. Certains partis d’opposition voient surement là une occasion de prendre ou de reprendre le pouvoir, en utilisant les mêmes armes que ceux qu’ils prétendent combattre. D’autres citoyens ont prouvé qu’ils ne vendraient pas leur liberté en pratiquant un abstentionnisme actif en tant que nouvelle forme de résistance populaire. Partout en France, des collectifs se sont rassemblés, constituant un courant libertaire qui prône l’absence de vote et privilégie le système du consensus. Si l’on veut parvenir à une réelle forme de démocratie directe, cela passe par la mise en place de débats entre les citoyens au niveau communautaire et par la prise de décisions au niveau local. C’est une véritable monarchie élective qui s’est instaurée en France depuis la mise en place du système représentatif, mais celui-ci semble aujourd’hui remis en question. Il appartient donc aux citoyens de poursuivre cette réflexion sur d’autres modes d’organisation politique. Les associations, les conseils de quartier, les rassemblements militants, les usines, les marchés, les cafés, ou plus largement l’espace web, sont des lieux privilégiés pour débattre de ces questions et réfléchir collectivement à l’élaboration de solutions alternatives au modèle électoral et redonner tout son sens à la démocratie locale.

Si les politiques de décentralisation fixées par les lois Defferre en 1982, proposaient d’apporter une certaine émancipation aux collectivités locales, il n’en va pas de même dans la réalité. Le transfert de compétences de l’Etat vers les collectivités locales se matérialise dans la pratique par une perte de liberté des communes et par l’accroissement du contrôle de l’Etat en ce qui concerne les décisions locales. La gestion des enjeux économiques et territoriaux est remise entre les mains de la Région et des Départements, considérés comme supra-institutions, exerçant une surveillance étroite des communes par le biais des arrêtés préfectoraux. La proposition de réformes des collectivités territoriales est un exemple supplémentaire de dépossession du pouvoir local. Dans le cadre des politiques d’austérité mises en place par le gouvernement pour répondre aux problématiques actuelles, la seule compétence qui reste attribuée aux communes réside dans la mise en place des services publiques, ceci se matérialisant par l’augmentation des charges fiscales en direction des citoyens. Autre paradoxe à noter : celui de la relation directe des élus locaux et de l’état par le biais du cumul des mandats.

On peut rapprocher ces dysfonctionnements au processus de mondialisation qui permet aux Etats de se décharger de certaines compétences tout en en gardant le contrôle, ce qui va à contre sens de la démocratie locale. Mais qu’entendent-ils par « démocratie locale » ? Et entendons-nous bien la même chose ? Celle-ci suggère une forme de démocratie directe, à savoir un régime politique dans lequel les citoyens exercent directement le pouvoir. Les représentants politiques s’en défendront en invoquant la « démocratie participative », dont le caractère illusoire est induit par le seul usage de ses termes et qui montre bien l’hypocrisie de ce système. Car qu’est-ce la démocratie si elle n’est pas participative ? Dans la pratique, la démocratie se résume donc au droit de vote induit par le système de représentativité, qui consiste à soutenir de valeureux bergers que l’on aurait désigné pour mener les brebis égarées que nous sommes, accordant à quelques bureaucrates la légitimité d’appartenir à des autorités hiérarchiques dites « supérieures » (cf. Du Contrat Social, J-J Rousseau). Rappelons au passage que sous la démocratie athénienne, le droit de vote n’était pas accordé aux femmes et aux métèques.

Trêve de définitions donc … pour une pensée en mouvement.

Références, sites et articles pour agrémenter le débat :

Démocratie Directe :
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocratie_directe

http://blog.jeveuxarreterdevoter.info/

Abstentionniste, soit fier :
http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=278

Articles Indymedia Nantes :
http://nantes.indymedia.org/article/20046

http://nantes.indymedia.org/article/20069

http://nantes.indymedia.org/article/13578

Le guide d’initiatives des Villes en transition :
http://villesentransition.net/files/transition/guidedesinitiativesdetransition2502.pdf

Les mensonges du gouvernement reproduits par les médias :
p.15 de la revue Crisis, avril 2009