[…] Un autre témoignage fut celui de l’Irlandais James Phillips : « Israël pratique l’apartheid et le nettoyage ethnique, ce n’est une démocratie que si on est Juif », affirme-t-il. En 1967, l’Etat a occupé le Golan, Gaza, la Cisjordanie, un moment idéal où il pouvait échanger la terre contre paix. L’Etat ne l’a pas fait et a immédiatement établi des colonies en Cisjordanie et à Gaza en tant qu’occupant militaire et a confisqué la terre de nombreux Palestiniens. Déjà en 1948, 750.000 Palestiniens ont été chassés de leur terre. Ensuite les colonies ont été renforcées, installées à des endroits appropriés pour s’assurer que si le jour arrivait où existerait l’Etat palestinien il serait inviable par la discontinuité territoriale créée par les colonies et cela au nom de la sécurité d’Israël. Cet Etat est une puissance nucléaire et l’argument selon lequel le Mur et les colonies sont nécessaires à sa sécurité n’est même plus évoqué par les Israéliens, il s’agit purement et simplement de confiscation des terres. La population civile est chassée des territoires de manière délibérée. De plus, Israël fait de l’argent avec l’occupation : pour chaque profit généré 60% rentre dans les caisses de l’Etat.

« Le Mur est le crime parfait car il crée la violence qu’il est censé empêcher. La violence des colons contre les Palestiniens n’est quasi jamais sanctionnée. » L’effet immédiat des colonies est le retard dans le processus d’autodétermination, le territoire est fractionné, la population déshumanisée physiquement et psychologiquement. On chasse les Palestiniens de leur terre car leur vie devient impossible, c‘est une politique de nettoyage ethnique.

L’eau, ressources naturelle, est utilisée cinq fois plus par les colons que par les Palestiniens, les nappes phréatiques en territoire palestinien sont sous contrôle total des Israéliens qui ne donnent pas l’autorisation de creuser des puits…

Au large de Gaza, les familles palestiniennes ne peuvent pêcher, elles n’osent même pas aller sur la plage car les Israéliens tirent depuis les bateaux. Ajoutons à cela le régime des check points qui ôtent leur dignité aux palestiniens et empêche la réunion des familles et contribue à détruire l’économie palestinienne avec cruauté. C’est un génocide lent, accuse James Phillips. Or, il y a suffisamment de lois qui pourraient protéger les Palestiniens. Le seul problème est qu’elles ne sont pas appliquées. Les personnes en charge de faire respecter ces lois manquent à leurs obligations. Elles devraient comparaître devant une cour internationale de Justice. Il faudrait aussi suspendre l’accord économique avec Israël, L’UE devrait dénoncer Israël pour ses crimes et les dommages infligés aux traités, aux accords et à la législation européenne.

L’orateur expliqua aussi comment on a effacé la présence palestiniennes sur les terres confisquées : à l’emplacement des villages palestiniens rasés, on a planté des milliers de pins européens afin de dissimuler le passé et aucune référence n’est faite de la présence historique des Palestiniens. D’autres terres ont été simplement éliminées des registres et donc les Palestiniens ne peuvent pas les revendiquer ni obtenir des compensations. Les indemnisations sont devenues impossibles car il s’agit de milliards d’euros de même que l’on rend impossible le droit au retour des réfugiés.

Autre réquisitoire fort : celui de Michael Sfard, avocat israélien, travaillant dans le droit humanitaire. Il a voulu apporter des faits et des chiffres sur les colonies. Il y a 120 colonies en Cisjordanie. Plus de la moitié des colons juifs se sont installés en Cisjordanie après les accords d’Oslo ! 20 % de colons possèdent 80 % de la terre. La construction n’est qu’une manière de faire croître les colonies mais il y a aussi la violence que les colons exercent contre les Palestiniens pour reculer sans cesse les limites de leurs terres. Il y a aussi le processus de planification administrative continue : plus de 4 nouveaux plans de nouveaux quartiers pour des colonies approuvées après l’annonce du gel des colonies ! Cela annonce le boum de la construction ! Les colonies sont une créature qui ne peut que grandir… son essence est d’absorber de plus en plus de terres. En Israël, il y a une norme juridique particulière pour les colonies et les colons se trouvent dans une bulle légale : Israël n’a pas annexé la Cisjordanie mais elle applique ses propres lois dans les colonies et pour les colons. Il n’y a pas une loi pour un Juif et une autre pour un non Juif. Les commandants militaires appliquent à travers des ordres militaires la loi israéliennes aux colons et dans les voisinages des colonies : c’est cela la bulle légale qui entoure le colon, même dans sa voiture. Il s’agit d’une définition légale et en conclusion certaines politiques appliquées par Israël à travers cette zone géopolitique qu’est Cisjordanie et Gaza constituent un crime d’apartheid.

Troisième aspect abordé par Michael Sfard : l’exploitation des ressources naturelles. Le sol de Cisjordanie est transporté en Israël : 12 millions de tonnes de graviers sont extraites par des compagnies israéliennes, européennes, américaines. Environ 9 millions de tonnes sont utilisées par le secteur de construction israélien et le reste va certainement dans les colonies… et une partie vendue aux Palestiniens ! C’est une violation du droit collectif des Palestiniens : ils n’ont pas de souveraineté sur leurs propres ressources naturelles, un des droits les plus importants pour les populations. […]

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