Prison pour étrangers de Vincennes. Jeudi 1er janvier 2010.

« Hier soir, il y a un jeune qui a avalé des pièces de monnaie et des boucles d’oreilles. Ensuite, il a essayé de se pendre. Il a perdu conscience, il était dans un état critique. Il a passé la nuit à l’hôpital. Il a 16 ans. Il est très fragile. Il ne supporte pas la pression qu’il y a ici. Il dit qu’il va mourir, qu’il tiendra jamais. Il n’est pas de Paris. Il habite en foyer à Dijon. Il est arrivé à 14 ans en France. Demain, il est convoqué à la cour d’appel du 35bis.
Moi, je suis ici depuis mardi. Je suis mariée avec une Française et je vis en France depuis 8 ans. J’ai été arrêté au niveau de l’arche à Strasbourg-Saint-Denis. Les flics avaient un chiffre à faire, j’étais le dernier. Le chef flic a dit : « maintenant c’est bon, on a le quota ».
La Cimade est partie, et pour le moment, il y a personne qui la remplace. On ne peut pas faire valoir nos droits. j’ai demandé d’envoyer un fax, et la police a dit non, qu’elle n’était pas là pour aider les gens. « 

Dimanche 3 janvier.

Nous appelons les retenus au lendemain du rassemblement qui a eu lieu devant le centre, pour savoir comment ça s’est passé pour eux. L’enjeu de ces appels, c’est à la fois de créer un lien entre l’intérieur et l’extérieur, d’exprimer notre solidarité, et de permettre aux retenus de raconter ce qu’ils vivent à l’intérieur.

Aujourd’hui, le retenu avec qui nous sommes en contact, nous parle de la nécessité de s’organiser collectivement mais aussi des difficultés multiples pour y parvenir.

« On a entendu la manifestation, on a bougé aussi de notre côté, on a crié « Liberté, liberté ». On a essayé de gêner un peu la police. Mais, bon, c’est pas facile de se mobiliser à l’intérieur, les moyens d’action sont limité et puis, les gens ne sont pas politisés. Les nouveaux, ils ne savent pas ce que c’est que l’action collective. Il y a des gens qui disent que ça ne sert à rien. Pourtant, j’essaye de dire qu’il faut se mobiliser, s’organiser, manifester. On peut se rassembler et manifester. Il faut lutter tout de suite même s’il n’y a pas de résultats.

Ici les tentatives de suicides sont courantes. On voit des choses horribles. Hier encore, il y a une personne qui a essayé de se suicider. Je crois qu’il a avalé des trucs. Les policiers l’ont menotté alors qu’il était inconscient, il avait les yeux révulsés.

En ce moment, il y a 3 à 4 expulsions par jour et le même nombre de personnes qui arrivent. Ils ne laissent pas de place vide. Le centre est toujours plein. Il y a plusieurs personnes qui ont refusé l’embarquement et qui ont été ramenées au centre. D’autres sont expulsées de force, menottées. Et puis, il y aussi des personnes qui sont là depuis plus de 32 jours. Un monsieur en est à son 38e jour. Ils le gardent parce qu’il a refusé de voir son consul [algérien]. Il est dans le centre depuis le 26 novembre et le 28 décembre, ils l’ont mis en garde-à-vue 24h puis renvoyé au centre. »

FERMETURE DES CENTRES DE RETENTION

fermeturetention@yahoo.fr