En attendant ces mondes n’ont qu’à brûler.
Catégorie : Global
Thèmes : Resistances
En attendant ces mondes n’ont qu’à brûler.
La critique nous a fait nous trouver. Alors que nous moisissions dans nos piaules pourries, une critique radicale du monde nous a fait sortir de nos cages pour expérimenter autre chose. L’agitation critique quotidienne était condition du communisme, elle mettait du sens à nos vies, par la rupture nous vivions ensemble l’émancipation. Nous avons construit des évidences communes dans cette rupture mais aujourd’hui l’évidence ne laisse plus de place à la critique. L’agitation critique disparaît doucement de notre quotidien et cette absence réduit notre « communisme » au partage matériel d’un squat, d’une salle de bain, d’une voiture… Nous renouons tranquillement avec la tristesse et la crasse d’un quotidien sans saveur.
Il s’agit aujourd’hui de soumettre ce quotidien lui aussi à la critique. Nous devons le questionner sans cesse, déconstruire les nouvelles normes établies, les nouveaux rapports qui nous gouvernent. S’insurger au sein de nos collectifs avec la même force que nous l’avons fait contre le monde qui nous séparait dans nos piaules pourries. Nous devons dégommer les institutions que nous avons créées, dégommer nos normes afin de vivre le communisme et non son illusion. Nous ne renouerons avec la perspective émancipatrice que par la critique radicale des mondes que nous construisons.
La critique que nous voulons porter est aujourd’hui réprimée et la rupture avec les normes établies dans nos groupe s’exprime le plus souvent par la fuite ou l’exclusion que par la résistance. On fuit par désillusion, la saveur du communisme vécu n’est plu. Et on fuit aussi par souffrance. En fait, là où nous étions ensemble pour rompre avec le monde nous ne sommes plus que quelques uns à vouloir combattre les institutions de nos groupes. Il ne s’agit pas de fuir mais de se trouver, partager notre révolte face à ces nouvelles normes, de les soumettres à la critique la plus radicale et de s’organiser pour qu’aucune répression ne vienne l’étouffer. Ceux qui répriment cette critique parlent d’envies politiques différentes mais saboter cette critique c’est s’assurer de graves blessures dans l’insurrection qui vient… Comment travailler les failles du monde peut-il faire sens si l’on refuse d’entendre la gronde qui résonne dans nos mondes? Nous sommes tellement plus fort dans nos attaques du monde quand les mondes que nous vivons font sens, nous parlent. Et aujourd’hui, ces mondes ne peuvent nous parler parce qu’ils oppressent, parce qu’on y connait la repression, l’exclusion, la domination. Pouvons nous réellement crier « vive le communisme! » seulement parce que nous partageons le même lieu et chions dans les mêmes toilettes sèches? Nous nous remettrons à le crier quand nos lieux de vie cesseront d’être des lieux d’oppression. En attendant ces mondes n’ont qu’à brûler.
Le communisme que nous voulons vivre ne se limite pas au partage matériel, ni à une rupture avec les rapports économiques capitalistes. Il doit renouer avec la perspective émancipatrice et il doit exister au sein de nos mondes une lutte radicale contre toutes les oppressions.
Je vois dans ce texte, outre le trop grand nombre de fois où le mot « monde(s) » apparait, le rappel d’une évidence: celle que le repli, individuel dans sa solitude, ou collectif dans sa communauté supposément « libre », et l’illusion de vouloir construire des « bulles » de libérté ou de communisme au sein d’une totalité restée entièrement telle qu’en elle-même (c’est-à-dire soumise à la domination) ne peut justement pas être autre chose qu’une illusion. Aussi douce soit-elle, et réconfortante face à ce monde de merde, elle ne survit pas plus longtemps qu’un intérimaire exposé à des radiations dans une centrale EDF;
Si au contraire elle n’est pas qu’une bulle mais un prélude à l’offensive, une simple base à partir de laquelle on peut attaquer l’existant, alors peut-être sa raison d’être est pertinente.
Excellent, la rébellion c’est aussi et peut etre surtout face aux normes oppressantes de nos groupes. La rébellion est toujours minoritaire.