Dijon : action en soutien aux squats et aux espaces autonomes
Category: Global
Themes: Immigration/sans-papierEs/frontieresLogement/squat
Si nous balafrons les murs de ces maisons de quelques mots vibrants, c’est pour rappeler aux passant-e-s et voisin-e-s qu’elles ont été habitées d’activités, d’ateliers, de cinés, des vies d’ami-e-s, de précaires, de familles, de sans-papiers et qu’elles ont été inexorablement vidées. Vidées par la justice qui défend à tout prix la propriété privée, par la police qui exécute brutalement les ordres et met à la rue à 6h du mat’, par les boîtes de BTP (Pennequin et compagnie…) et les déménageurs des pauvres (ID’EES 21), par les promoteurs qui aseptisent les quartiers, et les huissiers-vautours qu’il faudra bien passer au goudron et aux plumes sur leur jolis costumes…
Elles ont été vidées avant tout par leurs propriétaires et notamment la Mairie de Dijon ou l’OPAC qui préfèrent faire des trous dans les murs, détuiler les toits et laisser pourrir, raser et faire pousser des terrains vagues engrillagés, spéculer et mettre les chaumières en demeure souvent pendant des années, plutôt que de laisser qui que ce soit s’y installer.
On nous dit que nous sommes au pic d’une crise immobilière, les loyers sont trop chers, on galère, il n’y a pas assez de logements, on attend…
Alors occupons les maisons vides et imposons la propriété d’usage ! Organisons nous collectivement sur la question des loyers. Ne laissons plus les agences et proprios dicter la danse et s’engraisser sur notre dos !
Et pour finir, un petit écho solidaire à un communiqué grenoblois :
“Les actions de cette nuit sont dédiées à toutes les personnes en lutte contre l’arrogance de la propriété privée, sur la question du logement comme sur les autres.
Solidarité avec les squatteur.euse.s d’ici, mais aussi de Calais où les squats sans-papiers se font perquisitionner et expulser de plus en plus souvent, de Montreuil où cet été les flics ont fait des dégâts dans leur guerre anti-squats, de Grèce où plusieurs squats ont subi des attentats fascistes cet été, de Prague où le vieux squat Milada a été expulsé au début de l’été et où un nouveau squat a été expulsé la semaine dernière, d’Algérie où le squat est de plus en plus considéré comme une solution aux problèmes de logement, de Sao Paulo (au Brésil) où dernièrement des habitant.e.s de deux favelas se sont affronté.e.s à la police (notamment lors d’une tentative d’expulsion), de Bristol (en Angleterre) où des squatteur.euse.s ont lancé cet appel à solidarité internationale… Enfin, solidarité avec tous ceux et toutes celles qui, sur toute la planète, luttent pour en finir avec la propriété privée!”
Les p’tits golems des maisons blêmes
Salut camarades Golems, je voudrais vous faire part d’une interprétation ( communiste ) sur la” “la propriété d’usage !” Je n’ai rien contre le fait de squatter mais une précision est nécessaire pour distinguer nettement entre ce qui tient de l’abolition de la propriété privée de la “propriété d’usage”.
La “propriété d’usage” n’est pas un acte anti-propriété privée, bien au contraire, elle s’y adapte parfaitement. Pour preuve, le mouvement alternatif depuis au moins quarante ans est construit sur cette acceptation du régime de la propriété privée qu’il prétend subvertir de l’intérieur ( en marge ou centre des métropoles ). Encore récemment, certains affirmaient la possibilité de vivre le communisme sur la base de la propriété privée. Mais la propriété d’usage n’est pas le communisme ; il n’y a pas une once de communisme dans l’usage non-marchand de la propriété privée ( celle qui s’exerce sous le régime de la propriété privée d’un bien quelconque, la terre, les logements, les outils de production, etc.) Le squat n’est pas l’abolition de la valeur d’échange, etc., mais une pratique sociale intégrée à la réalité capitaliste, qui ne peut pas ne pas être produite par cette réalité capitaliste : depuis que la propriété privée existe, il y a des squatteurs. La contradiction entre l’usage et l’échange, n’est rien de moins et rien de plus que le produit entre des besoins contradictoires ( cela ne signifie en rien que ces besoins soient antagonistes, au point que l’un cherche la suppression de l’autre, la fermeture d’un squat n’est pas la suppression de la réalité sociale du squatt ).
Pour lutter contre la propriété privée, il faudra peut-être poser son abolition au premier plan des discours et des pratiques, dans les luttes, contre la gauche anti-sarkozyste par exemple ou la bourgeoisie subversive qui défend, elle, une socialisation du fric et non sa suppression. Revendiquer publiquement et systématiquement l’abolition de la propriété privée comme perspective c’est rompre avec l’ambivalence de la propriété d’usage : certains néo-fascistes revendiquent l’usage comme manière d’habiter les rapports capitalistes afin de créer les conditions d’une communauté. Voir la nouvelle droite, les fascistes italiens, les anti-conformistes des années 30, une certaine frange de l’action française proudhonienne, etc. Ceci est connu. L’usage n’est que la résultante d’un rapports social possible, celui de squatter ou de socialiser le patrimoine parental par exemple mais un tel usage perpétue ce qu’il prétend combattre s’il ne pose pas son propre dépassement par l’abolition de la propriété privée, de l’héritage, de la reproduction des classes par les diplômes, etc.
Bien à vous