Chomsky, le bouffon de chavez
Catégorie : Global
Thèmes : Resistances
Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, la capacité de croire en des mensonges et d’accepter aveuglément une fiction, aussi ridicule et fausse soit-elle, n’est pas l’apanage des imbéciles et des ignorants. Le célèbre essayiste Noam Chomsky vient de nous montrer que les intellectuels, individus souvent cultivés, intelligents et perspicaces, peuvent, eux aussi, devenir crédules et accepter des comportements et des actes politiques clairement démagogiques, autoritaires et fallacieux. En tout cas, s’ils n’y croient pas, ils simulent bien.
Bien sûr, il n’y a rien de nouveau dans le fait qu’un intellectuel de grande qualité tombe dans une telle contradiction. Déjà avec l’Union soviétique et la Chine maoïste nous avions assisté au phénomène irrationnel des « compagnons de route » … Ces intellectuels, dont beaucoup d’entre eux croyaient de bonne foi en l’instauration du « socialisme » et à la construction de « l’homme nouveau » dans ces pays, jusqu’à ce que les événements les forcent à comprendre la véritable nature de ces régimes.
Toutefois, même si de telles erreurs ne sont pas toujours motivées par la quête d’une récompense quelconque et semblent sincères, si elles ne sont que de simples fatalités anthropologiques, il est logique de se demander pourquoi de tels comportements existent et comment ils se manifestent. Et même s’il est plus facile de penser qu’il s’agit simplement d’un effet de la croyance, que nul être humain, même le plus rationnel, ne peut éviter en permanence, dans le cas de Chomsky il nous est impossible d’oublier qu’il a combattu les effets de la croyance dans le passé.
C’est pourquoi nous sommes obligés de nous demander : comment un homme apparemment capable de raisonner, d’analyser de façon critique ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui, peut-il se rendre au Venezuela afin de louer les vertus du « socialisme du XXIe siècle » sans se rendre compte de la mentalité militaire de son inventeur, le Comandante Chavez, ni du grotesque populisme de sa prétendue « révolution bolivarienne » ?
Comment Chomsky peut-il commettre la même erreur que celle commise au siècle passé par ces intellectuels célèbres qui ont fait l’éloge de Staline puis, plus tard, de Mao et de son « Petit Livre rouge » ? Ceux-ci ont cru qu’en Russie et en Chine se construisait le « véritable » communisme et celui-là croit aujourd’hui que le Venezuela serait en train de créer « un monde nouveau, un monde différent ».
Comment a-t-il pu oublier que tous ces intellectuels ont été forcés de battre leur coulpe pour cet aveuglement idéologique qui les empêchait de voir ce que dissimulait la rhétorique révolutionnaire stalinienne et maoïste ? Ce totalitarisme responsable de la mort de millions de personnes, par la faim ou la persécution, qui a inspiré Castro et lui a permis d’imposer une dictature cinquantenaire dont Chavez est un admirateur fervent.
Mais ce qui frappe, ces dernières années, chez Chomsky ce n’est pas seulement cette apparente amnésie historique, mais le fait qu’il soit sensible aux louanges d’un histrion militaire. ( « Je t’accueille très chaleureusement (…) il était temps que tu nous rendes visite et que le peuple vénézuélien te voie et t’entende directement ») et l’ait remercié pour ses « paroles aimables et généreuses ». Le bouffon Chomsky a aussi déclaré qu’il était « ému » de « voir comment au Venezuela se construit cet autre monde possible et de rencontrer l’un des hommes qui a inspiré cette situation ».
Le plus surprenant de cette conversion à la foi messianique, semblable à des conversions au catholicisme célèbres comme celles de Baudelaire, Péguy, ou Claudel, c’est que ce miracle se produise après l’effondrement du « socialisme réel » d’inspiration soviétique et l’introduction du capitalisme en Chine par le Parti communiste que Mao laissa au pouvoir.
Contrairement à ces jeunes intellectuels « idéalistes », qui ont tressé des louanges à Staline ou à Mao avant que se produisent ces événements historiques importants et significatifs, Chomsky a pu les observer tout au long de sa vie ; c’est pourquoi il est plus difficile de penser qu’il les ait aujourd’hui oubliés. Surtout que les échecs du messianisme révolutionnaire ont confirmé de manière indiscutable ses prophéties.
Il est vrai que nous assistons déjà depuis plusieurs années à l’instrumentalisation de Chomsky dans plusieurs directions. Et cela malgré le fait que sa position éthique, ses références idéologiques et ses actes politiques soient à l’exact opposé des positions de beaucoup de ceux qui prétendent aujourd’hui l’apprécier et le prennent comme maître à penser. Et il est facile de le constater à la simple lecture de ses livres. A moins que le Chomsky d’aujourd’hui ne soit plus le même qui écrivait : « Nous sommes dans une période d’expansion du corporatisme, de consolidation, de centralisation du pouvoir .
Certains supposent que cela est bon si ces mesures sont prises par un progressiste ou un marxiste-léniniste. Trois phénomènes importants ont les mêmes antécédents : le fascisme, le bolchevisme, et la tyrannie corporatiste. Tous trois ont en grande partie les mêmes racines hégéliennes ». (Chomsky, Class Warfare).
Nous pouvons aussi citer ce que, plus tard, il a écrit sur le pays issu du coup d’État bolchevique d’Octobre 1917. Pour Chomsky, ce coup d’Etat avait éliminé les structures socialistes émergentes en Russie : « Ce sont les mêmes communistes imbéciles, les imbéciles staliniens qui étaient au pouvoir il y a encore deux ans, qui supervisent aujourd’hui les banques » et sont « les gestionnaires enthousiastes de l’économie de marché ». Et de nous livrer une conclusion pessimiste : « Ceux qui tentent de s’associer à des organisations populaires et d’aider la population à s’organiser par elle-même, ceux qui appuient les mouvements populaires de cette manière, ne peuvent tout simplement pas survivre dans la période actuelle où le pouvoir atteint un tel degré de concentration. » (Chomsky, To understand power).
Comment Chomsky peut-il aujourd’hui commettre la même erreur faite autrefois par les « compagnons de route » pro-chinois, tout aussi aveugles politiquement que la génération qui les avait précédés, celle des vieux staliniens qui se sont livrés à une auto-critique tardive, alors qu’il a lui-même été le témoin critique d’un tel aveuglement ? Le pire, dans son cas, c’est que ces expériences ne lui ont servi à rien, bien qu’il les ait connues et dénoncées.
L’attitude actuelle de Chomsky nous incite aussi à nous poser des questions sur le « mystère » de l’étrange cohabitation entre l’intelligence la plus aiguë et la crédulité la plus obtuse dans l’esprit d’un même être humain. D’autant plus que, autrefois, il a été l’un de ceux qui ont le plus fortement critiqué la cécité de beaucoup de ses collègues intellectuels qui constituaient avec lui la crème de l’intelligentsia occidentale – Sartre et bien d’autres grands philosophes, historiens, sociologues, des journalistes ou universitaires de premier plan.
Il s’agit vraiment d’un « mystère » car la plupart des intellectuels ont dû admettre qu’ils s’étaient trompés et reconnaître que Chomsky avait eu raison de dénoncer l’aveuglement qui les avait amenés à commettre une aussi grave erreur d’appréciation dans le passé. Comment Chomsky a-t-il pu oublier tout cela ? Il est vrai que la cécité des anciens staliniens, mille fois avouée et analysée dans des articles, des interviews et des livres, n’a rien appris aux jeunes maoïstes occidentaux, puisque, vingt ans plus tard, ils ont reproduit le même type d’erreur. Et avec le même orgueil et la même fatuité que leurs prédécesseurs.
Mais il faut préciser que ces jeunes maoïstes adhéraient aveuglément à ce qui se présentait comme une révolution libératrice. Chomsky, lui, a suivi l’évolution inverse : il a commencé par la dénonciation, l’analyse objective, rationnelle, rigoureusement critique, puis finit aujourd’hui par l’aveuglement …
Il est vrai que sa lutte contre l’impérialisme américain l’a amené à une relative discrétion au sujet de l’autoritarisme croissant des sandinistes au cours de leur passage au pouvoir dans les années 1980 au Nicaragua, et à propos de la dictature de Fidel Castro depuis des décennies. Cela malgré le fait que, parmi les victimes de ce dernier, certaines ont beaucoup de points communs avec les militants anti-impérialistes pro-cubains du reste de l’Amérique latine.
Est-ce cette lutte opiniâtre contre l’impérialisme américain, le fait que (pour lui) le plus important soit de dénoncer les injustices qui règnent aux Etats-Unis et celles créées par ce pays à l’échelle mondiale, est-ce cela qui le conduit à prendre des positions aussi déconcertantes à propos de ce qui se passe sur le continent américain ? En effet, même si Chomsky se considère toujours comme « anarcho-libertaire », il est clair que, pour lui, les considérations idéologiques doivent passer au second plan et qu’il faut établir une sorte de gradation entre les injustices, selon le degré de danger planétaire des cibles contre lesquelles la critique est dirigée.
Le problème est que ce relativisme politique permet à beaucoup de marxistes-léninistes, de populistes et de politiciens, dont la seule préoccupation est de conquérir le pouvoir, l’exercer et le conserver, de s’appuyer uniquement sur ses arguments anti-impérialistes au lieu de se préoccuper d’aider la population à s’organiser elle-même. Et c’est un vrai problème parce que Chomsky ne dit rien pour les décourager de le faire. Au contraire, en conservant, avec tant de persévérance, cette discrétion immorale et en se laissant photographier à côté de Castro et Chavez il se fait le complice des bouffonneries et des dérives autoritaires, dictatoriales, de ces nouveaux oligarques – même si ses éloges sont discrets et de circonstance.
Malheureusement, ce maintien persistant d’une discrétion aussi manichéenne (parce qu’il considère moins dangereuse l’accession de ces populistes au pouvoir que les ravages commis par l’impérialisme américain dans le monde), cette attitude est non seulement inefficace pour prévenir de tels ravages (en effet, ces populistes continuent à faire des affaires avec les multinationales de l’empire), mais elle contribue aussi à démobiliser les gens et à rendre la tâche encore plus difficile à ceux qui luttent avec cohérence contre la domination mondiale du Capital et de l’Etat
.
Peut-être que, vu son âge, Chomsky ne peut pas le reconnaître , mais il est impossible de penser qu’il n’est pas conscient de la distance qui le sépare de tous ceux qui récupèrent ses arguments contre l’impérialisme américain et qui, en même temps, se montrent très réticents, par intérêt ou par convenance, à dénoncer les formes de domination imposées par ces régimes populistes pseudo-révolutionnaires.
Octavio Alberola
Cuba Libertaria, septembre 2009
2009-09-23 07:55
CHAVEZ COMBIEN DE MORTS ????
AU VENEZUELA , ALLEZ UN PETIT COUP A LA HONDURAS!
et l’Empire Neocon Sioniste sera bien gardé …avec la bénédiction des anars made in Tel Aviv -CIA
Les partisans de Zelaya dispersés par l’armée hondurienne
mardi 22 septembre 2009 (23h34)
Tous les signes d’un état de siège sont apparents au Honduras.
Le gouvernement de Roberto Micheletti, qui s’est emparé du pouvoir par la force fin juin, a fait donner la troupe mardi matin devant l’ambassade du Brésil à Tegucigalpa, où Manuel Zelaya s’est réfugié. Des milliers de partisans du président déchu ont été chassés à coups de gaz lacrymogène et de matraques. Un couvre-feu a également été instauré dans tout le pays et les aéroports sont tous fermés.
Manuel Zelaya, qui est revenu clandestinement au Honduras à la surprise générale, accuse l’armée de préparer une attaque contre l’ambassade du Brésil.
L’Union européenne appelle les deux camps politiques à éviter les actions qui peuvent accroître la tension, appel qui reste visiblement lettre morte pour le moment.
http://fr.euronews.net/2009/09/22/les-partisans-de-zela…enne/
+ http://narcosphere.narconews.com/thefield/
à lire sur CMAQ une analyse autrement plus fine qu’un énième écrit ridicule contre l’empire néocon-sioniste :
Tout d’abord, c’est très louable de lancer cette réflexion outre-mer. Dommage par contre de personnaliser autant. Ce n’est pas Chomsky: c’est la gauche à travers le monde qui est tellement enthousiaste, qu’elle se refuse de garder une indépendance intellectuelle, ou un esprit critique.
Y’a en masse de gens connus des mouvements progressistes au Québec qui ont vénéré Chavez sans réserve. Je ne dis pas que je sais la vérité, aucunement, mais leur manque de nuance et d’esprit critique sautaient aux yeux. Je n’en revenais pas d’entendre des gens normalement respectables, en revenant du forum social mondial, déclarer que « les droits sociaux sont plus importants que les libertés civiles »; comme si le fait d’avoir de la nourriture et des services sociaux pouvait justifier de taire les gens. Ce n’est pas progressiste comme notion ni même, à mon avis, dans les valeurs fondamentales de la gauche (lire: pour moi, la gauche est démocratique par définition, ou elle ne l’est pas*).
Encore une fois, je ne dis pas que Chavez est ou n’est pas, de manière blanche et noire, autoritaire ou non. Mais, par exemple, les gens qui appuient Castro sans réserve manquent tout autant de crédibilité. Je peux appuyer Obama et le critiquer, sans le vénérer ou défendre tous ses faits et gestes.
En tout cas, invitons les mouvements progressistes du Québec à reconnaître qu’il y a des gens sincèrement de gauche au Venezuela et en Amérique latine qui critiquent Chavez, que ce n’est pas un paradis de gauche et qu’appuyer un-e politicien-ne sans réserve est une position de servilité imbécile, justement incompatible avec les fondements des idées de gauche.
* Pour certain-es anarchistes : Quand je dis « démocratie », je ne parle pas du système « représentatif/électoral ». La démocratie signifie la souveraineté du peuple et la vision libertaire va donc dans le sens d’une démocratie sincère.
Michaël Lessard [me laisser un message]
membre de l’équipe de validation du CMAQ
L’aveuglement de l’auteur de cet article est étrange;
Juger de Chomsky aujourd’hui à la lueur d’aveuglements passés commis par d’autres que lui et combattus en leur temps par lui est étrange.
Et sur un tel article si long à part des généralités banales et non étayées on ne comprend pas un seul instant ce qui est reproché à Chavez et à Chomsky, des insinuations, des amalgames, il fut un temps où les mal-logés parisiens réunis en comité étaient présentés comme des maoïstes, par la voie des même amalgames entre situations espacées dans le temps et la géographie.
Que se passe t il au Venezuela ?
L’auteur de cet article ne permet pas de s’en faire une idée, à part se salir en tentant maladroitement (extrèmedroitement) de ternir l’image de clairvoyance et d’honnêteté intellectuelle du seul socialiste libertaire des USA que nous connaissions on pourrait soupçonner, mais est-ce paranoïaque, que les services très privés de sécurité d’Halliburton sont en marche pour restaurer l’ordre dominant du Mondelibre dans cette partie du continent Américain, leur première bataille est toujours d’ordre idéologique.
Pour approfondir Chomsky il est édité en Rance à Agone, ses ouvrages mis à part la linguistique traite de la politique étrangère américaine, ses positions sont des plus courageuses pour quelqu’un résidant aux USA, serait-ce cela, une basse vengeance?
Avant d’aller chercher les fautes commises par Chavez, comme chef d’état il n’est certainement pas tendre, ne serait-il pas opportun par les temps qui courent de combattre l’Empire, qui lui est principalement américain, et laisser Chavez aux Vénézueliens, leur avis collectif est peut-être plus modulé.
Même chez les alter-mondialiste et les militants NPA le débat fait rage, c’est tout dire !
http://www.france.attac.org/spip.php?article7964
Serait peut-être temps de s’y mettre, non ?
Et sinon celle-là vous la connaissez ?
“Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu ni césar, ni tribun”
Mais… beaucoup ! Qu’on en juge :
– Soutien aux FARC, dont « l’humanité » et l’attachement à la vie humaine sont bien connus !
– Soutien à Zelaya, à Lula, à Morales, avec à la clé l’entretien de guerres civiles un peu partout sur le continent sud-américain, et le massacre des Indiens d’Amazonie qui continue.
– Répression féroce des grèves au Venezuela, dénonciation des ouvriers comme « nantis », difficultés économiques sans nombre avec un développement alarmant de la misère suite aux ruptures d’approvisionnement, corruption galopante, enfin toute la panoplie de problèmes auxquels sont confrontés TOUS les États capitalistes dans le Tiers-Monde.
Le soutien à Chavez, par exemple celui de son bouffon qui signe Vivahonduras, n’est étayé que par deux arguments :
– la politique de Chavez est « progressiste », mais ce ne sont là que de vieilles rengaines staliniennes de renforcement du rôle de l’État dans l’économie, on a déjà vu pendant 70 ans en URSS et c’est toujours du CAPITALISME ! Il suffit de lire Marx pour le savoir…
– Chavez est anti-américain, mais outre que PERSONNE parmi les intervenants sur Indymedia n’a jamais défendu la politique impérialiste des États-Unis, cette option ne permet que de justifier commodément le soutien aux pires crapules capitalistes dans le monde : Ahmadinedjad, Saddam Hussein quand il n’avait pas été pendu, les cliques nationalistes et gangstérisée du Hamas et de l’OLP, le stalinien « historique » Kim Jong Il, etc.
De toute façon, la défense d’une vision révolutionnaire passe par une claire démarcation : les intérêts de ceux qui VIVENT du capitalisme au Venezuela et partout sur terre n’ont rien à voir avec ceux des exploités !
C’est bien pourquoi, contrairement à ce qu’affirme M. Hivert, il n’y a AUCUNE FRONTIÈRE entre exploités : la lutte des exploités dans un pays concerne tous les autres, partout sur terre, notamment quand le mensonge qu’on leur oppose (ici le soi-disant « socialisme du XXIe siècle ») est utilisé PARTOUT contre eux !
ah qu’il est agréable de rechercher la pureté idéologique ; merci aux pourfendeurs et redresseurs de tort.
dans leur recherche de pureté idéologique on voit poindre ………
………. Lénine dans sa chasse perpétuel des faux révolutionnaires.
Il est vrai qu’il est plus simple de taper sur un homme , en l’occurence Chomsky, ( qui après tout n’est qu’un homme ! ) quand la puissance et la domination capitaliste est planétaire.
à chacun ces cibles, mais sans doute que le fait que ce texte provienne de Cuba Libertaria est un label en soit ; Comme du temps de la pravda…….
Tu vois poindre de la pureté et du Lénine. Ca te regarde ! De vieux compte à régler peut-être ?
Je connais Octavio depuis pas mal de temps, et je me pose des questions sur cet article.
OA a-t-il écrit récemment d’autres articles, et sur quels sujets ? Car c’est bien ça le problème. Sur le contenu de l’article, les anarchistes ne peuvent qu’être d’accord. Tout dépend où il est publié, et dans quel but.
Ce texte est un excellent sujet de débat entre libertaires, mais sur Indymedia il a une tout autre portée. Le seul problème pour moi est donc de savoir si Octavio a écrit cet article parmi d’autres critiques que les anarchistes peuvent faire sur la société et les luttes actuelles, ou s’il s’inscrit dans la campagne néocon généralisée contre les ennemis de l’empire du Bien.
J’aimerais donc faire quelques remarques : d’abord, cataloguer Chomsky comme anarchiste est abusif dans la mesure où une partie des anars (dont moi) ne le considèrent pas comme tel. Ce qui n’a rien de péjoratif dans la mesure où ce qu’il dit est intéressant, parfois plus que ce que peuvent dire certains anars, mais on ne peut pas lui reprocher d’être en contradiction avec l’« anarchisme » sur ces bases.
Ensuite, la campagne néocon actuelle a pour but de faire passer la critique de Chomsky, Chavez, Castro, etc. AVANT toute critique de ceux qui dominent le monde actuellement. Il n’y a qu’à voir sur Indymedia la place qu’ils occupent et leur agressivité par rapport à toute attaque contre l’impérialisme occidental ou le sionisme.
C’est pourquoi je réserve mon jugement sur cet article d’Octavio, et je suis tout près à le soutenir s’il est accompagné par exemple de 10 articles (pour équilibrer raisonnablement le rapport de forces) contre nos ennemis principaux, ceux qui ont le POUVOIR actuellement.
Le commentaire de Relativisons n’offre qu’un argument : il y a des ennemis principaux (ceux qui ont le pouvoir ou sont particulièrement puissants) et des ennemis secondaires (ceux qui ne sont pas au pouvoir ou ont des moyens plus faibles que les autres).
Il établit donc ainsi une soi-disant échelle de dangerosité, basée sur une situation liée à DES RAPPORTS DE FORCE PROPRES À LA BOURGEOISIE, mais qui ne change RIEN à la NATURE des « ennemis ». La justification de cet argument N’EXISTE PAS, vu que d’un point de vue de principes politiques, les « ennemis principaux » comme les « ennemis secondaires » sont des défenseurs du système capitaliste.
Ceci dit, si on met la question sur la table, on peut poser quelques questions à Relativisons, dont il faut dire qu’il n’a rien inventé, vu qu’il partage son analyse avec toute la Gauche et l’extrême-Gauche bon teint, sociaux-patriotes et staliniens compris :
– qui est le plus dangereux : celui qui dit clairement qu’il n’est pas dans le camp des révolutionnaires, ou celui qui dit l’être mais agit systématiquement contre eux ?
– Dans les luttes, le « principal ennemi » est-il Obama, Sarkozy ou les « sionistes », ou les syndicats et la Gauche qui cherchent systématiquement à empêcher de développer le mouvement et de lui donner les moyens de s’auto-organiser et de vaincre ?
Ce que Relativisons cherche à faire passer, c’est qu’il y aurait selon lui une différence DE NATURE entre les différentes cliques bourgeoises qui sont au pouvoir ou dans l’opposition, qu’il y aurait à choisir entre une bourgeoisie qui a le dessus et une bourgeoisie qui n’a pas les moyens de sa politique.
De plus, on ne peut qu’admirer la mauvaise foi de son argumentation : QUEL ARTICLE sur l’un ou l’autre des Indymedias francophones a jamais défendu l’impérialisme américain ou français, ou leur politique ?
Par contre, des articles qui défendent l’impérialisme palestinien – qui existe, bien sûr, la preuve du contraire ? -, vénézuelien, cubain, coréen du Nord ou chinois, il y en a ! Et même que Relativisons n’y trouve rien à redire !…
Octavio Alberola se trompe dès le départ en posant le postulat que Chomsky est un esprit pur, un libertaire, un vrai qui a tout compris, un analyste hors pair. Hors il ne s’agit là que d’un jugement, très contestable! La lecture de ses bouquins fait vite apparaître une analyse limitée, du moins incomplète du monde moderne. Il participe aux fausses polémiques du pouvoir qui empêche de saisir les véritables mécanismes d’aliénations de la société marchande. Il adopte par conséquent des point de vue bien-pensant, comme par exemple des positions niaisement anti-violente et même des condamnations suite aux actes de contestation radicaux qui ont eu lieu à Seattle en 1999.
Lorsque l’on s’intéresse un peu à sa vie, on s’aperçoit que son discours radical lui a permis d’obtenir une bonne place parmi les contestataires homologués de la société américaine. Son poste de professeur d’université, sa relative célébrité dans les média américains me pousse à croire qu’il n’est qu’un mystificateur de la démystification : en aucun cas il ne démystifie le pouvoir par les actes, il n’y trouverait aucun intérêt personnel puisqu’il perdrait aussitôt la confortable place qu’il a acquise dans la hiérarchie sociale du spectacle politique.
Bref, cette critique est assez rapide et bâclée, le cas Chomsky mériterait un peu plus d’attention. En tout cas pour moi il a toujours été un “anarchiste bien-pensant”, un “anarchiste de salon”, et ses récentes connivences avec un pouvoir centralisé, loin de m’étonner, me conforte dans l’idée que je me faisais du personnage.
lire aussi les commentaires à l’article de Mondialisme.org (Haut et bas de page) publié par l’En-dehors.
http://endehors.org/news/chomsky-le-bouffon-de-chavez
Il fallait le dire tout de suite que cet article était une traduction de notre inénarrable Yves Coleman, qui a vu là une nouvelle occasion de poursuivre son affrontement inlassable avec ses véritables et seuls ennemis : les mêmes ennemis, curieusement, que ceux de l’axe du Bien.
Parmi tous les bouffons qui font le jeu de ceux qui nous gouvernent, il convenait de choisir les plus dangereux : Chomsky, évidemment !
Pour le donneur de leçons professionnel du mouvement anar, il était évidemment d’une urgence vitale de dénoncer prioritairement un marginal de l’anarchisme, qui ne s’en est d’ailleurs jamais réclamé formellement, plutôt que des organisations qui se revendiquent effrontément libertaires, avec pignon sur rue, comme la Fédération anarchiste, non fides ou la CNT-AIT.
Car au niveau de l’honnêteté intellectuelle et de l’analyse politique, je préfère encore mille fois Chomsky, même si je ne le considère pas comme anarchiste. On se reportera à la réponse plus que modérée de Coleman à une égérie de la FA qui développait les thèses du Likoud à propos des massacres de Gaza :
pour l’arrêt immédiat de l’offensive israélienne contre gaza !
http://lille.indymedia.org/article14685.html
On comparera avec la condamnation sans appel de Chomsky.
Qu’est-ce qui va pas avec ce Collman ? T’as l’air de pas l’aimer. Dans le commentaire que tu nous donnes à lire, c’est quoi exactement qui te fait tiquer ? Ca ?
“On ne dira jamais assez que, au départ, c’est Israël qui a favorisé les islamistes contre l’OLP, tout comme les Américains ont joué la carte des talibans contre l’URSS. Avec dans les deux cas, les résultats désastreux que ces calculs politiques criminels ont entraîné pour les peuples palestinien, d’un côté, afghan de l’autre.”
C’est pas vrai ? T’as des éléments infirmant cette thèse sur l’implication d’Israël ?
Ps: Tu dis que la publication est une traduction du même Colmann, Why not ! Mais tu le tiens d’où ?
Moi, ne pas aimer Coleman ? Mais au contraire, je l’adore, surtout quand il se laisse aller…
http://www.zionism-israel.com/limites_de_l‘antisionisme_4.htm