Ni héros ni martyr : juste méchant !
Catégorie : Global
Thèmes : Anti-répressionContre-sommetsLegal teamLogement/squat
Ce qui frappe l’esprit à la lecture du dossier c’est l’immédiat et incroyable constat des rédacteurs : le groupe local de l’OCL est le seul à avoir politiquement préparé et vécu le contre sommet de l’Otan de manière saine, intelligente et révolutionnaire. Tout le monde en prend pour son grade : Fédération Anarchiste, Alternative Libertaire, Nouveau Parti Anticapitaliste, No Pasaran…
Autant de redondance et de diligence dans un aussi petit dossier pour décrier et discréditer les autres, démontre si besoin était une attitude médiocre qui n’aurait pas valeur à être polémique si elle n’avait pour but de pratiquer un révisionnisme politique exécrable. Nous nous devons donc de rétablir quelques vérités.
La Coordination Anti-Otan Strasbourg, les négociations et le Village.
N’en déplaise à l’OCL, la CAOS est bien née de l’initiative du groupe local de la Fédération Anarchiste. C’est comme cela, imparable : la FA a lancé la première invitation à une réunion dès septembre 2008 en vue de l’organisation du contre sommet. Alors lorsque la FA écrit qu’elle est à l’initiative, c’est une vérité qui ne mange pas de pain et qui devrait être facile a acceptée si l’on ne souffrait pas de quelconques complexes. Dès les premières réunions, la CAOS s’était donné comme objectif politique et militant de travailler aux questions de recherche d’un terrain susceptible d’accueillir un Village autogéré anti-Otan et d’en discuter les modalités avec les autorités, ainsi que d’être une véritable force contre la répression qui ne manquerait pas de s’exercer pendant et après le sommet. Il n’était pas question d’autres choses au sein de la CAOS. Ce positionnement, s’il a fait débat (même entre des orgas mises dans le sac par l’article en question) et s’il pouvait surprendre, n’en demeurait pas moins pertinent au regard des forces militantes locales, de la préparation tardive de ce contre sommet – tout du moins dans l’hexagone. Rapidement la CAOS a dû faire face à l’émergence d’une seconde structure anti-OTAN. En effet les organisations disons « institutionnelles » qui au départ avaient rejeté la démarche unitaire, avaient lancé une nouvelle structure avec la volonté manifeste d’en écarter la CAOS qui malgré sa diversité politique était trop connotée comme libertaire ou radicale. A l’issue d’une réunion houleuse, deux structures différentes travaillaient localement à l’architecture du contre-sommet. La CAOS s’occupant uniquement du Village et le Collectif s’affairant à négocier la manifestation du samedi 4.
Si l’OCL faisait preuve d’un minimum d’impartialité et de rigueur militante, elle ne pourrait pas assumer les écrits de la commission journal du 26 avril portant sur les objectifs de la CAOS. Dire que la Coordination a fait preuve « d’immobilisme », « cadenassée » par les organisations politiques (FA, No Pa…) « boutiquières » c’est reconnaître que l’OCL Strasbourg n’a pas eu le courage politique de claquer la porte de ce nid de guêpes où ces mêmes organisations ont été accusées à de multiples reprises de ne pas avoir appliqué en permanence de méthodes politiques libertaires purEs : un vrai crime de lèse-anarchie. C’est de plus mentir éhontément : la seule réunion publique organisée pour mobiliser autour de la nécessité du contre-sommet, l’a été à l’initiative de No Pasaran 67 dès octobre 2008. Si au début FA et No Pa avaient beaucoup de mandats au sein de la CAOS, c’était à cause de la faible implication de beaucoup de personnes et de la difficulté à trouver des mandatéEs. Nous avons fait le choix d’assumer certains mandats (tout en soulevant à de nombreuses reprises ce problème récurrent). Mais nous ne nous sommes jamais accrochés aux mandats. L’OCL parle de « cadenassage »… ridicule ! Si nous n’avions rien fait, l’OCL Strasbourg nous aurait reproché que nous, militants d’organisations politiques, laissions le travail à des petites mains. Dans les deux cas on était coupables d’avance. Il faut préciser que l’OCL locale n’a pas vraiment participé à la CAOS avant que les choses ne se précisent. L’implication n’a été effective qu’à partir de la réunion internationale du 16 au 18 janvier organisée par Dissent (qui a eu un rôle important dans la préparation et la mobilisation pour ce contre sommet et non seulement sur le village comme le laisse penser l’OCL) conjointement avec des membres de No Pasaran 67 et trois autres membres de la CAOS. Et c’est justement dans cette optique de mobilisation aussi bien locale qu’internationale que le groupe NoPasaran a participé activement à la préparation et la tenue de cette unique réunion, en Alsace. Tout comme ses membres ont fait de nombreux efforts pour élargir la coordination à d’autres personnes. Il est plus facile de monter dans le train en marche. Être présent à des réunions ne suffit pas. C’est donc en toute logique qu’il est possible d’écrire dans ce dossier du mois de mai que « Cette coordination aurait pu faciliter l’auto-organisation de projets multiples et divers, notamment pour faire fonctionner et enrichir le projet du Village, mais il n’en a rien été. » Pourtant l’OCL Strasbourg était signataire dès le départ du texte d’appel de la CAOS, participait aux réunions…et aurait dû savoir dès le départ qu’elle n’y avait pas sa place au regard des critiques qui sont siennes aujourd’hui. L’objectif était de faire le travail local, difficilement faisable par les autres collectifs, partis, organisations, individuEs, c’est-à-dire de chercher un terrain, de le négocier et de le viabiliser. Il y a eu un Village, plutôt plus grand que prévu, équipé avec le nécessaire (douche, électricité, eau, toilette…) dans un cadre plutôt sympa (possibilité de jonction avec les quartiers populaires proches tout en étant en pleine nature), avec le voisinage d’une ferme éducative, pas loin du centre ville (moins des 10 km que nous nous étions fixés), sans compromissions politiques (expliquez-nous à l’OCL Strasbourg en quoi la CAOS a été complaisante ?). Alors nous pouvons estimer que le mandat premier que s’était donné la CAOS a été rempli.
Le mythe du « rapport de force »
A partir du mois de février, lorsque l’OCL Strasbourg s’est réellement investie au sein de la coordination, une remise en cause systématique de ses décisions et des négociations a été faite. Trop molles, trop longues, trop complaisantes, les négociations sur la viabilisation du terrain de la Ganzau étaient systématiquement dénoncées. L’idée des membres de l’OCL Strasbourg étaient de faire croire que les personnes mandatées (en l’occurrence une personne de la FA, une de No Pasaran et une autonome) menaient mal les négociations qui aboutiraient nécessairement à l’impasse. L’argument systématiquement employé était celui du « rapport de force » que nous avions en notre faveur et qui devait nous servir pour obtenir plus. L’OCL Strasbourg, qui dans son dossier dénonce la CAOS comme « une coquille vide » devait alors savoir que ce fameux et fumeux « rapport de force » n’était pas en notre faveur et que ce concept politique était uniquement sémantique. Bien entendu, il est toujours simple de parler de « rapport de force » autour d’une table en réunion plutôt que de le créer. Or, dans le schéma des négociations, la seule possibilité de créer un rapport de force véritable aurait été d’être en capacité d’en créer un, en premier lieu en évitant de chercher à tout prix la division. Il était inutile de continuer à parler du poids hypothétique de la CAOS, de notre capacité à mobiliser des milliers de manifestantEs pour faire croire à « un rapport de force » alors même que nous étions incapable d’organiser un repas de soutien ! C’était entrer dans la même logique catastrophique que l’ICC, persuadé de faire plier la préfecture pour obtenir un parcours de manifestation en plein centre ville à la seule évocation des 60 000 supposéEs manifestantEs !
Si l’OCL avait été capable d’impulser à la CAOS une dynamique pouvant créer un rapport de force, l’OCL aurait toute latitude à critiquer et dénoncer. Il était bien plus simple de faire des effets d’annonces. Mais si nos souvenirs sont justes, aucune action, aucun rassemblement, aucune initiative n’a été pris par les membres de l’OCL pour créer « un rapport de force » face à la préfecture et aux autorités. Les seules contributions auront été verbales ou écrites dans des communiqués de presses. Occuper des locaux, faire des manifestations, des opérations médiatiques, voilà ce qui pouvait contraindre les représentantEs de l’État à plier. L’OCL Strasbourg pourra toujours rétorquer « qu’il était trop tard, que tout était joué d’avance en laissant à quelques chefaillons d’officines la responsabilité des négociations ». Rappelons simplement que l’OCL Strasbourg a refusé de participer aux négociations. Trop sale de parler avec les ennemis de classes, mais elle a toujours dénigré les mandatéEs soupçonnéEs de « travailler » pour le pouvoir, de « lier des amitiés » avec les autorités. La classe non ? Enfin, si le « rapport de force » était favorable aux anti-Otan, pourquoi, si ce n’est pour créer des tensions et déconstruire le travail collectivement réalisé, continuer à critiquer les mandatéEs aux négociations ? L’idée propagée était de dire que, d’une manière ou d’une autre, le Village aurait lieu (ce dont personne ne doutait !) et que nous n’avions pas besoin des autorités qui, de toutes façon, se sentiraient dans la nécessité de nous donner un terrain ne serait-ce que pour des questions sanitaires ! Nous n’avons jamais eu d’explication ou de démonstration de ce que l’OCL Strasbourg appelait « un rapport de force » si ce n’est au sein même de la CAOS pour l’affaiblir. Ce n’était que de la parlote destinée à apparaître comme « plus radical que moi tu meurs ! » au sein de la CAOS. Comment peuvent-ils dénoncer la faiblesse, l’irresponsabilité, la candeur de la CAOS et ensuite parler d’un rapport de force en notre faveur ? Si le « rapport de force » était en notre faveur, pourquoi négocier avec les autorités ?
En définitive, là encore, il s’avère que le « rapport de force » était plus une invention, une intention, qui visait des membres d’autres organisations. Une manière de régler des comptes personnels par le biais des négociations. Malheureusement, tous les pronostiques les plus alarmistes de l’OCL Strasbourg, dont le principal sport de combat aura été lors de ces négociations de dénoncer ceux et celles qui étaient en train de compromettre l’existence même du Village, toutes ces annonces catastrophiques allaient être balayées lorsque la CAOS obtiendra le terrain, l’autorisation et une partie de l’aménagement souhaité.
Jamais en manque d’idée et de salive, L’OCL locale trouvera un autre sujet de vindicte dans la critique du Centre de Convergence.
Molodoï Centre de (toutes les critiques) Convergence.
Dès septembre, des militantEs allemandEs viennent à Strasbourg pour nouer les premiers contacts et reconnaître les lieux. A la recherche d’un local pouvant accueillir un centre de convergence, Molodoï leur est présenté par No Pasaran. Après une courte visite, la sanction tombe : trop petit ! Assez incompréhensible sachant qu’à part le squat d’un immeuble, il serait difficilement possible de trouver plus grand et mieux adapté à Strasbourg. Les camarades allemandEs parlent de négocier avec les autorités l’occupation d’un collège comme à Heiligendam… Malgré nos réserves et nos mises en gardes sur une telle possibilité il-elles se désintéresseront du lieu.
Prise dans l’organisation globale du contre sommet, la Coordination Anti Otan Strasbourg (CAOS), n’a jamais su ou pu saisir l’importance de Molodoï comme CdC alors même que depuis octobre la salle avait donnée son accord de principe. Paradoxalement le lieu n’a pas été investi par la CAOS alors même qu’il était la seule chose acquise jusqu’aux accords sur le terrain du Village Alternatif intervenus seulement quelques jours avant son ouverture officielle. Il était pourtant évident que la taille et son implantation, au pied de l’autoroute et à quelques centaines de mètres de la gare, en faisait le lieu idéal pour un CdC à intégrer à l’architecture plus globale du contre sommet. Déjà nous présagions de l’éloignement du site du Village lorsque nous avons discuté en septembre de l’éventualité de l’implantation du CdC. Et l’avenir nous donna raison sur l’importance stratégique du Molodoï lorsque sont apparues les premières informations sur l’existence de zones de privation de liberté. Le Centre Autonome Jeune était au centre ville mais en dehors des zones rouges et oranges, au croisement du Village alternatif (au sud) de la manifestation (à l’Est) et de la tenue du congrès de l’Otan (au Nord).
Si ni la CAOS en général, ni l’OCL Strasbourg en particulier, n’ont exprimé aucun intérêt particulier à faire vivre ce lieu (faute d’énergies militantes, d’envies politiques et de moyens humains…), le Réseau No Pasaran a, lui, saisi naturellement l’occasion et l’importance d’investir e lieu en tant que CdC lors de ce rendez vous majeur. Quelques rares grincheux (de l’OCL Strasbourg) feront des réflexions acerbes, lors de la parution du programme du CdC signé de la CAOS, de Lucha y Fiesta (association ayant réservé le lieu) et du réseau No Pasaran en fustigeant le réseau comme une organisation politique « profitant du mouvement »… Leurs critiques, habituelles et encore une fois fallacieuses (l’OCL Strasbourg “oublie” que les membres du réseau NoPasaran ne se sont pas investis que dans le CdC), ont été à la hauteur de leur manque d’initiatives. Quand on est quasiment en permanence dans le (mé)dire et non le construire, il est plus facile d’adopter des positionnements de principe séduisants et de concourir au prix de militantE libertaire le-la plus purE de l’année, mais est-ce que cela fait avancer les choses ? Pas sûr. Il faut rappeler également qu’un des membres de l’OCL Strasbourg a été exclu il y a quelques années de l’association gestionnaire du lieu… Se réclamant de « la vraie autogestion » il avait fomenté un faux coup d’Etat pour « re-prendre » le pouvoir et le re-distribuer aux utilisateur/trices de la salle alternative. Là aussi, son coup d’esbroufe tomba comme un soufflé. Les rancoeurs ont la dent dure à l’OCL Strasbourg et les quelques lignes sur le Centre de Convergence Molodoï, si elles se veulent politiques, cachent mal un arrière-goût d’amertume.
La mauvaise foi rattrape la médiocrité lorsque l’OCL Strasbourg, après avoir réduit le Centre de Convergence à un stand marchandising de No Pasaran, appuie sa démonstration en expliquant que des centaines de personnes arrêtées avaient trouvé les portes closes du Centre de Convergence le jeudi soir. Il est donc sous entendu que No Pasaran a laissé tombé les camarades victimes de la répression. Évidement, le CdC n’avait pas pour vocation à être la vitrine de No Pasaran et devait accueillir un espace Medical team, Légal team, une radio web, des tables de presses, un atelier construction, un Info Point, une cuisine végan, un bar, des conférences, des débats, des projections etc. Effectivement, les portes du Centre de Convergence étaient fermées le soir après minuit / une heure du matin, pour des raisons de sécurité (les fascistes, la police…) mais une équipe restait systématiquement toute la nuit sur place. Un écriteau invitait les gens à frapper à la porte en cas d’urgence. L’OCL locale, très largement impliquée au sein de la commission Légal Team, aurait peut être dû profiter de l’opportunité du lieu, de sa géographie, de son potentiel en proposant une équipe permanente dans le Centre de Convergence… même la nuit ! Il n’est pas question pour nous de critiquer le travail considérable de la Légal Team pendant et après le contre sommet mais de pointer un dysfonctionnement, interne, lié à la volonté de nuisance de membres de l’OCL Strasbourg. Pour des raisons compréhensibles liées à la répression, la Légal Team a été débordée le jeudi.
Mais le fait d’avoir laissé seules, deux personnes de permanence, sans téléphone et uniquement en journée n’a pas arrangé les choses. L’OCL Strasbourg et la Légal Team savaient comment joindre (faute d’y être) le Centre de Convergence, via des téléphones, pouvaient en dernier recours s’y rendre à pied (10 min de marche à peine). Les membres de la Légal Team appartenant à l’OCL Strasbourg avaient bien trouvé le chemin du Centre de Convergence pour prendre des repas ou répondre à des interviews… Non, ce qui est plus choquant est que, plutôt, que d’avertir le Centre de Convergence de la possibilité d’une arrivée massive de gens après leur arrestation (afin de refaire du café, des repas chauds, de prendre les témoignages…) les membres de l’OCL Strasbourg au sein de la Légal Team ont insisté pour qu’un message internet cinglant soit diffusé sur la liste anti-répression annonçant la « fermeture du centre de convergence ». Non seulement, ce message, publié sans explications ni recherche d’explication, avait comme seul objectif de nuire au Centre de Convergence en laissant supposer une fermeture définitive, mais il mettait peut être des camarades dans l’embarras (ceux et celles qui avaient prévu d’y venir s’y restaurer, s’y reposer…). Malgré nos nombreuses demandes pour que le message soit supprimé et que de vraies informations puissent transiter par la liste de l’anti-répression, aucune modification n’est intervenue. L’ambiguïté du message et ses supposés ayant fait débat au sein même de la légal Team, un autre message laconique annoncera tardivement « la ré-ouverture » de Molodoï.
Nous avons là un exemple terriblement parlant de la dangereuse manière dont les membres de l’OCL Strasbourg envisagent leurs pratiques militantes. En laissant leurs choix politique se faire déborder par des ressentiments personnels, ils se trompent de combats.
A Strasbourg, pas un chat, que des poulets… et des corbeaux.
A l’instar de No Pasaran qui n’avait pas à gérer un Centre de Convergence, la FA n’avait pas à « coller ses affiches » ! Or rétablissons déjà la vérité : la FA collait ses affiches mais collait aussi celle de la CAOS. De plus rappelons quand même que c’était une décision de la CAOS (l’OCL dormait certainement ou était absente ce jour là) qui laissait libre chaque organisation d’éditer son propre matériel de propagande avec un contenu qui lui est spécifique à côté de celui de la CAOS. Le reproche de l’OCL Strasbourg n’est donc pas fondé et montre juste qu’ils ne sont même pas au courant d’une décision qui avaient pourtant était longuement discutée. Un comble. Appartenir à une coordination devrait être synonyme d’inexistence politique propre aux organisations ?
Nous voyons à travers tous ces reproches inopportuns, l’aveu d’une incapacité à exister si ce n’est qu’au travers de l’énergie des autres. L’OCL ne vend pas de pins, ne colle pas d’affiches, ne gère pas de Centre de Convergence mais qu’elle foute la paix à ceux et celles qui font. Les membres de l’OCL Strasbourg n’ont pas participé au montage du Village, ni même à son démontage. Qu’ils cessent donc de donner des leçons à la FA et de faire croire qu’ils n’avaient pas les « mains dans le cambouis ». Les militants de FA se sont impliqués au sein de la CAOS dès le départ dans la CAOS. Un mois avant le sommet, cette implication est devenue moindre pour deux raisons : tout d’abord, plusieurs militants étaient complètement épuisés d’avoir tenu la coordination à bout de bras pendant des mois. Ensuite, ils ont été particulièrement découragés par les attaques incessantes qui les visaient (noyautage etc.). Soulignons qu’à la fin, la FA était toujours présente à la CAOS, c’est juste qu’elle n’avait « plus » qu’un mandat. Bizarre, le reproche de l’OCL Strasbourg. Au début trop de présence = noyautage, ensuite nous laissons à d’autres personnes (qui se bougent enfin) un certain nombre de mandats (presse entre autre), et alors l’OCL Strasbourg nous accuse de ne rien foutre. Donc dans les deux cas la FA était coupable : quand elle faisait énormément de boulot et quand elle en faisait moins. Il faut croire que ces militants étaient coupables non pas à cause de ce qu’ils faisaient, mais à cause de ce qu’ils étaient, des militants organisés au sein de la FA.
Les membres de l’OCL Strasbourg n’ont pas participé, si ce n’est pour boire des bières, à l’organisation des deux concerts de soutien à la CAOS au Molodoï alors qu’ils cessent de prétendre que l’utilisation de l’argent récoltés par Helligendam a été mal utilisée pour acheter de la bière au détriment d’une utilisation plus politique. Ceci est d’autant plus mal venu que, quelques jours avant l’ouverture du Village et du contre-sommet, les 5000 euros promis par Helligendam était sur un compte géré par des membres de l’OCL Strasbourg alors même que la CAOS attendait cette entrée financière sur son compte et qu’il aura fallu bien du temps à l’OCL Strasbourg pour dire qu’elle était en possession de ce fric. C’était osé que de dire en réunion plénière, alors que toutes et tous demandaient que cet argent devant bénéficier au montage du Village soit versé au compte commun, qu’il n’en serait rien tant qu’un membre de l’OCL Strasbourg ne serait pas certain que cet argent soit réellement prévu pour le Village. Dans son article, l’OCL Strasbourg explique aussi qu’il est capitaliste que l’argent investi, au départ venant d’Heiligendamm, soit restitué. Il est donc capitaliste de soutenir le fonctionnement des contre-sommets suivants, essayant d’être en capacité de transmettre au moins une partie de ce qui nous avait permis de démarrer. Et c’est être solidaire et défendre un autre choix de société que de consommer l’aide que l’on a reçu, sans s’inquiéter de ceux qui suivront. Cherchez l’erreur…
Il était légitime que la Légal Team bénéficie de fonds mais il était également légitime qu’elle cherche à s’autofinancer plutôt que de courir derrière le pognon. Les membres de l’OCL Strasbourg faisant tous les trois partie de la Légal Team auraient pu avoir cette démarche plutôt que de réclamer du fric, la veille de l’ouverture du contre-sommet, en menaçant de manière irresponsable de dissoudre la Légal Team. Mais il est évident qu’en ayant refusé de se préoccuper des questions d’autofinancement de la Légal Team, qu’en ayant refusé de se questionner sur l’aspect des coûts de fonctionnement du Village (l’argent c’est l’outil du capital !) l’OCL Strasbourg tient un discours décalé quant aux questions de financement du Village. Il est vrai qu’à l’OCL Strasbourg on ne s’est pas préoccupé de savoir comment acheter les 60 bouteilles de gaz nécessaires, comment payer internet sur le Village, les factures d’eau et d’électricité…on se préoccupe de savoir comment faire fonctionner la commission dans laquelle on est investi. Moi d’abord. L’OCL Strasbourg ne voulait même pas mandater l’un des siens pour faire parti des signataires nécessaires à l’ouverture d’un compte bancaire. Alors bien sûr en ne faisant rien, en ne prenant aucun risque, en laissant l’initiative aux autres, il est plus aisé par la suite de crier au verrouillage par des « petits chefs ». Une autre anecdote vient à l’esprit : la CAOS décide d’une conférence de presse dans l’urgence, afin de faire pression sur l’Etat. Un membre de No Pasaran se propose d’y intervenir faute de volontaire : l’OCL Strasbourg dénonce « la personnalisation de la lutte ».
Alors lorsque les rédacteurs du dossier feignent en conclusion l’ « amertume » face aux « rancunes partisanes préétablies » dans une ville « cloisonnée par des pratiques de clans et de bandes, matérialisé par des esprits de boutiques exclusivement en concurrence permanente avec le goût démesuré pour les accroches très personnelles » nous nous disons qu’au moins l’analyse est bonne !
Groupe NoPasaran67 en association avec les groupes FA Strasbourg et CNT67
http://fastrasbg.lautre.net/?Une-volonte-deliberee-de-chaos
Manifestation anti-OTAN du 4 avril
Le mardi 7 avril 2009
Le contre-sommet de l’OTAN s’est terminé par une manifestation de dix mille personnes selon la police et trente selon les organisateurs, du côté français du pont de l’Europe, et une autre dizaine du côté allemand.
Dire que cette manifestation qui devait être un des points d’orgue de ce sommet fut un succès serait un mensonge. Les forces de l’ordre (sic) ont voulu créer le chaos, elles y ont réussi. L’expression politique du contre-sommet a été étouffée par une tactique policière détestable.
Tout cela révèle une stratégie de la tension et une volonté délibérée de créer le chaos, de désorganiser la manifestation du 4 avril et surtout d’empêcher toute expression politique. Car, maintenant qui parle du fond de cette manifestation, de l’inutilité de l’OTAN, du refus de la guerre et des armées ?
Maintenant il n’est plus question que des incidents et des dégâts. Que le poste de frontière ait été détruit, cela ne choquera pas nos convictions internationalistes.
Et concernant l’hôtel Ibis, on en reste à se demander si ce ne sont les policiers qui y ont mis le feu, surtout quand on sait l’empressement à en éteindre l’incendie. Rajoutons à cela que le commandement n’aurait même pas su que des policiers y logeaient et que les forces de l’ordre seraient intervenues pour sauver leurs collègues en désobéissant à leur hiérarchie (sources policières).
N’oublions pas le coût financier du sommet officiel qui se chiffre en dizaines de millions d’euros. N’oublions pas aussi que nous manifestions contre les centaines de milliards d’euros que représentent les budgets militaires et qui seraient bien mieux utilisés pour les besoins sociaux de la population en cette période de très grave crise économique.
Tout au long de cette journée du 4 avril, la police a joué la stratégie du désordre.
En premier lieu, le trajet prévu et imposé sans discussion possible par les autorités a été insultant, insultant car c’était reléguer l’expression politique et populaire au milieu du désert.
Puis, en empêchant les manifestants de rejoindre le point de départ de la manifestation fixé par les autorités elle-mêmes : en bloquant des nombreux cars aux abords de Strasbourg ou en verrouillant le pont de la route du Rhin enjambant le bassin Vauban. Puis, en empêchant les manifestants, passés en Allemagne par le pont de l’Europe, de revenir sur le point de départ de la manifestation.
Ensuite, les forces de l’ordre (sic) ont imposé encore un autre parcours. Enfin, et c’est le pire, la police a créé une véritable nasse rue du Port du Rhin, séquestrant des milliers de personnes tout en les noyant de gaz lacrymogènes.
Déjà les jours précédents, les forces de police ont tout fait pour empêcher la libre expression du mouvement anti-OTAN : affaire des drapeaux, blocage des frontières, harcèlement du village autogéré, contrôles d’identité massifs, accès aux abords du centre-ville interdits, etc.
Quand on sait le climat de tension mis en place par les forces du désordre, on ne peut pas s’étonner que des affrontements aient eu lieu.
Nous sommes solidaires avec toutes celles et ceux qui se sont fait arrêter et réclamons leur libération immédiate.
Fédération Anarchiste – groupe de Strasbourg
Strasbourg emporte l’OTAN
jeudi 14 mai 2009, par Courant Alternatif
Le sommet de l’OTAN qui s’est tenu à Strasbourg et à Baden Baden a connu une vive mobilisation et une spectaculaire contestation. Le contre sommet qui s’y est déroulé n’aura pas surpris grand monde sur le fond, si ce n’est que malgré la répression croissante depuis une dizaine d’année, les contre sommets des puissants de ce monde continuent d’être des rendez-vous de plus en plus massivement confrontatistes avec les forces de polices. Mais le fait important qui aura marqué la mobilisation de Strasbourg aura surtout été la volonté délibérée de l’Etat Français de non plus réprimer massivement la contestation qui déborde mais de criminaliser l’ensemble du mouvement, quelques soient les modes d’actions adoptés et l’attitude plus ou moins complaisante avec le pouvoir. Ce en quoi les évènements de Strasbourg feront date, c’est l’officialisation par l’Etat Français, qu’en temps de crise, « celui qui n’est pas avec lui est contre lui ».
Le bilan officiel du sommet de l’OTAN est bien maigre
D’un côté, l’annonce « cadeau » de la France de Sarkozy à l’Amérique d’Obama de la réintégration française dans le commandement de l’OTAN devait ouvrir de nouvelles perspectives militaires. Mais, le sommet a essentiellement porté sur la nomination du premier ministre danois en exercice, Anders Fogh Rasmussen à la tête de l’Otan. L’annonce d’un renfort de 5000 militaires en Afghanistan (dont 150 gendarmes « formateurs » français) ne conforte que le conflit que l’OTAN a provoqué. Le projet politique de cette guerre reste flou ; même si la proximité géographique de la Chine, de la Russie, de l’Inde et du Pakistan ne peut cacher les enjeux idéologiques et stratégiques qui s’y jouent. D’un autre côté, les questions qui devaient susciter des polémiques, notamment avec la Russie ont soigneusement été évitées. Il n’a donc pas été abordé (officiellement) ni l’entrée de la Géorgie ni l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Comme nous l’écrivions précédemment *, en temps de crise, les capitalistes se serrent les coudes avant de se faire des guerres pour relancer leur économie.
Mais on peut aussi imaginer, qu’en cette période de tension sociale mondiale croissante, les annonces arrogantes des guerres à mener ne soient pas dans les plans de communication des dirigeants du monde, qui notamment pour le président étasunien, entend bien surfer sur sa vague médiatique favorable afin de faire le sale boulot. Et puis aussi, pourquoi ne pas en parler, la mobilisation très visible des opposantEs à l’OTAN et à son monde ne permettait pas non plus que le petit repas entre affameurs et bombardiers du monde ne puisse se dérouler de manière sereine : la aussi les plans de communications n’ont pas réponse à tout. Ce sommet aura donc été un échec complet en terme d’officialisation des politiques militaires à entreprendre. Mais à n’en pas douter, ils ne se sont pas contentés de gérer un planning de circonstance. Les mois qui viendront nous diront malheureusement bien plus sur les visées de l’OTAN que la « com » qui en a été faite à la sortie du sommet de Strasbourg.
Aussi il apparaît bien plus intéressant de se pencher sur la mobilisation à Strasbourg et à Baden Baden car pour le coup, on parle de notre côté, de la grogne, du mouvement, de la contestation, des expériences menées…
Le village autogéré
Le village a essentiellement été mis en place depuis Strasbourg par la Coordination Anti Otan, qui devait permettre à la fois un regroupement des libertaires, mais surtout des individus qui avaient envie de prendre des initiatives en dehors des jeux d’appareil politiciens. Cette coordination aurait pu faciliter l’auto-organisation de projets multiples et divers, notamment pour faire fonctionner et enrichir le projet du village, mais il n’en n’a rien été. Cadenassé par les groupes locaux d’organisations politiques (Fédération Anarchiste et No Pasaran), refusant pendant des mois de s’ouvrir autrement qu’à des logiques d’appareil, d’organisation ou de boutique, la coordination a fait preuve d’un tel immobilisme que, comme le dit la chanson, « ce fut reculer que d’être stationnaire ».
Le village fut « négocié » au final, avec beaucoup de complaisance (pour des révolutionnaires) avec la préfecture. Si bien que celle-ci n’accorda que ce qu’elle voulut bien donner, sans qu’aucun rapport de force concret ne puisse être mise en place et ne puisse inverser le cours des choses et ainsi les miettes que le colosse voulait bien accorder. Un moment, nous avons même craint que la préfecture de l’Etat français veuille revenir sur le « pacte d’intérêt » qui nous liait (pour eux, concentré dans un lieu, nous étions « endigués », pour nous, nous pouvions mobiliser). Sans aucun rapport de force, nous étions à leur gré et nous pouvions nous retrouver tout nus à tout instant. Des listes de lieux vides sur la ville heureusement circulèrent alors, comme une ultime menace au cas où… La préfecture recula un peu et accorda finalement lors des dernières négociations entre deux couloirs que le village pourra commencer à s’installer. Cela fut le cas mais sous un contrôle policier aussi régulier qu’arrogant (voir chronologie).
La mise en place du village fut essentiellement prise en charge par des groupes venus d’Allemagne et par des militants du réseau Dissent. La Coordination Anti-Otan s’auto désintégra avant que l’événement ne commençe, reflétant ainsi son aspect coquille vide que certains avaient voulu cacher si longtemps. Celles et ceux qui étaient arrivés à constituer des commissions, faisaient vivre ces structures (Medical Team et Légal Team). Les militants de No Pasaran s’engouffraient dans un centre de convergence qu’ils avaient estampillé des sceaux de leur organisation. La salle Molodoï était ainsi devenu de toute évidence le lieu de No Pasaran, avant d’être un centre de convergence du contre sommet, avec en première place, le stand « boutique », ses tee-shirt, pins etc. Ce lieu n’était donc que si peu un centre de convergence que le jeudi soir 2 avril, alors que plusieurs centaines de personnes étaient arrêtées et qu’au compte goutte celles et ceux qui sortaient du commissariat se dirigeaient vers le centre de convergence, ils trouvaient porte close. Normal, les heures d’ouverture de la boutique étaient achevées ! Dans le registre « nous ne dirons pas que du bien de nos amis anars », précisons quand même que le groupe de Strasbourg de la Fédération Anarchiste, après s’être octroyé des lauriers avant même la bataille en faisant apparaître très clairement sur leur site internet qu’il « était à l’initiative de la coordination anti-otan » (merci pour les autres !), avait décidé un mois avant le sommet de se retirer de « tout » ! Personne ne les vit donc, les mains dans le moindre cambouis, si ce n’est à coller les affiches de leur propre officine tandis que les autres militants peinaient à jongler entre les initiatives à prendre et les affiches de la coordination à coller. Ce qui suscita un commentaire sur la liste interne de la préparation : La FA qui colle « ses » affiches et No Pasaran qui organise « son » centre de convergence : on reconnaît clairement les organisations politiques qui se servent du mouvement et celles qui servent le mouvement…
Le village se bâtit donc essentiellement avec l’expérience et les fonds récoltés lors du contre sommet du G8 à Helligendam. La gestions de ces fonds fut assez surprenante et donc âprement discutée. Ainsi le capital de départ « investi » devait être au minimum reconstitué. En gros, l’argent devait faire de l’argent, et la logique mercantile accompagner l’organisation du village. Concrètement le débat fut de savoir si on investissait dans l’achat massif de bière, afin d’en vendre un maximum et ainsi renflouer la cagnotte ou si dans la carence évidente de l’organisation du village, on privilégiait les formes politiques qui elles aussi nécessitaient du fric. Derrière ce débat, il y aurait beaucoup de choses intéressantes qui pourraient être dites (logique d’événement, concentration des pouvoirs, mode de décision de la structuration…) qui révèlent en elle même une somme de critiques que l’on peut faire sur la logique des contre sommets.
Et puis, durant la petite semaine, ce qui fut nouveau dans ce « village » fut les comportements politiques des uns et des autres. La forme du camp n’est en soit pas nouvelle. Prague, Evian, Helligendam et surtout les campements Noborder ont allègrement structuré les mobilisations autour d’un lieu de campement. Ce qui fut nouveau à Strasbourg, et qui n’est pas très réjouissant pour l’avenir fut le fossé immense entre (pour faire vite) les hippies et les paranos. Les hippies étant celles et ceux qui étaient venus avant tout pour la fête (concerts, rencontres, bédos…) dont certainEs ne quittèrent même pas le village pour les manifs. Les paranos étant celles et ceux qui complètement cloisonnéEs dans leur « groupe d’affinité » refusaient tout contact avec l’extérieur, ne participant en rien à ce qui pouvait être discuté avec des gens qu’ils et elles ne connaissaient pas. Ainsi, alors que les autres campements avaient permis de mener des actions collectives, décidées ensemble, à Strasbourg cela fut peu le cas, et quand cela le fut, ce fut laborieux, difficile et pas aussi efficace que cela aurait pu l’être (ex : action sur le pont de l’Europe lors du refus de passage des camions de légumes). Ce clivage peut être expliqué par le manque de structuration collective initié lors de la préparation comme les campements noborder avaient pu l’initier : le village découpé en « barrios » (quartiers) quotidiennement se réunissent et envoient des mandatés à une assemblée générale « interbarrios » qui gèrent et facilite la gestion collective du village. Mais ces comportements sont aussi les conséquences de choix initié lors de la préparation (volonté qu’il y ait un maximum de monde) et de notre période (mythe insurrectionaliste qui veut que l’insurrection qui viendrait soit la réponse à tout).
Ainsi le bilan du village est assez contrasté. Il a permis à chacunE qui voulut venir de trouver un endroit pour mettre ses guêtres. Il a été un lieu central de la contestation. Mais beaucoup trop central, car encadré en permanence par la police, il fut surveillé et toutes les personnes s’y rendant (même les habitantEs du quartier voisin) furent fichées. Ce fichage général et la facilitation que le village permit devra dans les initiatives prochaines interroger les formes de structuration de celles et ceux qui voudront organiser des contre-sommets.
Les blocages
La presque exclusivité des blocages du sommet de l’OTAN à Strasbourg furent initiés et organisés par un collectif européen « Bloc Nato ». La logique de ces blocages est assez connue lors des contre-sommet puisque c’est cette méthode qui fut mise en place à Seattle en 99 lors du sommet du FMI et qui reste une référence. Le problème est qu’à cette époque l’effet de surprise permit de faire beaucoup de choses alors que maintenant c’est plus la stratégie des flics qui est l’effet de surprise !
Dans les diverses réunions de préparation, il apparut assez rapidement qu’il n’y aurait pas assez d’engouement pour effectuer les nombreux points de blocages qui permettraient efficacement de peser sur le déroulement du sommet même. Un millier de personnes s’y essayèrent donc mais les effets furent très négligeables. C’est que ce regroupement s’appuie sur l’alliance de groupes non-violents et de groupes confrontatistes. Les non-violents voulaient s’approcher au plus près des lieux du sommet et ainsi récupérer une visibilité médiatique et voulaient que les groupes confrontatistes qui participaient à l’organisation « occupent » la police en marge. Cette méthode a fonctionné lors de certains sommets. Mais à Strasbourg, les confrontatistes au dernier moment ne jouèrent pas cette partition et la plupart préférèrent rejoindre le lieu de la manifestation du samedi après-midi plutôt que de servir d’appât à certaines têtes médiatiques qui n’apportent pas toujours la reconnaissance de la technique de la diversité d’action. Si bien que celles et ceux qui s’engouffrèrent au petit matin pour former des points de blocages se jetèrent dans la bouche grande ouverte du lion et eurent ainsi le peu d’efficacité, si ce n’est symbolique, qu’ils et elles étaient venus chercher.
La manifestation du samedi
La manifestation du samedi après-midi à Strasbourg devait être l’événement du contre-sommet. Pour cela, ce fut un rendez-vous réussi ! Le parcours fut négocié par l’ICC (Centre de Coordination Internationale) qui regroupent les classiques organisations de gauche et d’extrême gauche. Leur volonté fut de pouvoir défiler dans Strasbourg, ce que le pouvoir leur refusa jusqu’au bout. Ils et elles pensèrent le jour de la manifestation pouvoir imposer un parcours, comme cela se fait souvent dans les grandes capitales quand les représentantEs se présentent comme étant les interlocuteurs des dizaines de milliers de personnes qui se trouvent derrière elle. Elles firent donc ce jour là une énorme erreur politique…
Depuis novembre 2001, lors d’une réunion des polices qui avaient dû faire face aux contre-sommets de l’époque, à Rotterdam, les représentants de ces polices décidèrent pour endiguer ces manifestations de n’autoriser que des parcours dans les quartiers populaires (afin que s’il avait de la casse, cela soit politiquement facilement condamnable) et deuxièmement que lors de la dispersion, la manifestation soit dans une zone « déserte » afin de graduellement réprimer celles et ceux qui tarderaient à se disperser. De mémoire, Bruxelles, Evian ou Helligendam furent pensés sur ce schéma. A Strasbourg, la tactique est montée d’un cran, puisque la manifestation ne put jamais réellement partir et que le quartier du Port du Rhin, qui est la proie d’un gigantesque plan de restructuration immobilier, fut une zone de paint ball pour la police. Les habitantEs ont ainsi été considéréEs comme une population de valeur négligeable.
L’enjeu politique n’était plus de réprimer les confrontatistes, mais plus comme à Gènes, lors du contre sommet du G8, (la violence du corps à corps en moins) de terroriser une manifestation dans son ensemble, de la criminaliser, d’intimider pour les rassemblements prochains, bref de dresser. Aussi, ces organisations politiques qui disent n’avoir rien vu venir et qui s’en prennent pour certaines aux confrontatistes comme ayant été les éléments déclenchants de cette répression, se trompent énormément. Ils et elles se trompent évidemment politiquement d’ennemiEs. Ils et elles sont à côté de la plaque dans l’analyse de notre période et dans la réaction des gestionnaires de cet ordre mondial immonde. Enfin, ils et elles se trompent sur le terrain, puisque lors des attaques et des harcèlement répétés de la police, c’est bien la défense de la manifestation qui a empêché à la police de provoquer les bavures indéniables qui auraient pu se passer. Aussi dans les débats qui ont suivi, dans le flot des analyses, nous retiendrons cette dame venu manifester et qui affirmait que la fois prochaine elle « se mettrait derrière les lanceurs de cailloux qui ont été les seuls à la protéger et à lui permettre de manifester »…
De plus, les casses qui ont eu lieu de la part de manifestantEs, ont toutes été des casses politiques : douane, caméra de surveillance, banque et hôtel du groupe Accord (le groupe Accord collabore à l’expulsion des sans-papiers en mettant à disposition ses chambres ; les femmes de ménages de ce groupe, dont une partie étaient sans-papier, ont mené une lutte exemplaire face à une direction qui s’est comportée comme des esclavagistes. Enfin le même hôtel, pour les mêmes raisons, avait déjà été saccagé en 2002 lors du campement Noborder à Strasbourg. Le feu qui pris forme ensuite, avec des habitations à côté nécessite beaucoup plus de prudence, étant donné le déroulement des faits. D’ailleurs aucun groupe ne l’a revendiqué).
Que les journaux (du torchon local, les Dernières Nouvelles d’Alsace à L’Humanité) aient fait la une le lundi, jour des comparutions en justice des quelques lampistes à qui l’Etat Français voulut faire porter le chapeau, sur les « casseurs » révèle la propagande d’Etat. Les DNA mettaient à la une, la pharmacie, qui prit feu parce que la banque qui se situait à côté ne fut jamais éteinte, comme une démonstration que ce qui fut attaqué l’aurait été de manière gratuite. Ce jour là, rien n’était gratuit. Ni les flash ball de la police ni la radicalité de l’expression de la colère.
Ce que nous pouvons penser des contre sommet : La répression
Les trois quarts des flics de France étaient ce week-end là à Strasbourg. On peut se demander alors pourquoi ne pas en avoir profité pour faire des choses ailleurs ! De plus, le rendez-vous de Strasbourg était du point de vue de la répression un traquenard. En effet, la presque totalité des BAC (Brigade Anti-Criminalité) était dans la capitale alsacienne. Il avait certainement été prévu que la manifestation soit attaquée à un moment par l’impressionnante mobilisation de flics en civil, où chaque BAC de chaque ville avait ses « agitéEs » à aller chercher. Mais vu le nombre impressionnant de confrontatistes et de personnes qui soutenaient la confrontation qui étaient présentEs dans la manifestation (et pas uniquement celles et ceux qui étaient habillés en noir), ils n’ont ni pu ni voulu y aller. Par contre le fichage systématique et global auquel il fut procédé pendant la petite semaine doit nous amener à réfléchir et à agir face à cela. On a ainsi pu constater lors des procès des lampistes qui étaient trainés devant la justice dans les jours qui ont suivi que les procureurs n’hésitaient pas à annoncer que telle personne était connue des services de police, non pas au vu d’une condamnation quelconque (la presque totalité des interpellés a des casiers judiciaires vierges) mais des fichages qui ont été procédés lors de rassemblements précédents. Et comme pratiquement tous les manifestantEs de Strasbourg ont été fichés à un moment ou l’autre, on voit très bien le mécanisme de criminalisation du mouvement social qui se met en marche : fiché à une manif, trainé devant les tribunaux à la suivante !
Mais au final, les 23 procès tenus contre des participants aux manifestations et les 10 personnes (de trop) en taule encore aujourd’hui sont relativement faibles en rapport à ce que l’Etat français aurait voulu faire. En cause, certainement l’improvisation arrogante de la police française dans son manque de collaboration avec la police allemande qui s’est même étalé dans les journaux locaux avant le sommet. Quand on connaît l’histoire alsacienne et la prétention jacobine française à gérer cela mieux que l’Allemagne, on a soudain souri en Alsace car cela nous renvoyait à des discours que l’on n’avait plus l’habitude d’entendre. Idem quand on a perçu le discours très parisien de Sarkozy sur « les casseurs allemands venu détruire à Strasbourg les symboles de la république » (sic). De plus de nombreuses procédures judiciaires ont été abandonnées car, faites à la va-vite et bâclées, elles auraient certainement permis aux avocatEs de la Légal Team, en plus de pouvoir défendre au mieux les prévenus, de montrer le caractère complètement improvisé et arbitraire de la répression.
On s’est connu, on s’est reconnu
Le contre sommet de Strasbourg fut comme tous les contre sommets un moment privilégié de rencontre politique, entre militantEs, mais pas uniquement. La première notion qui nous a toutes et tous traversé pendant cette période a été le plaisir que nous avons partagé. Certes la température et le soleil estival ont beaucoup ajouté à cela, mais il est ressorti chez de nombreux participantEs que les notions d’efficacité et d’expérience nous avaient rendu plus fortEs, là où la répression d’Etat devait nous fragiliser. Il semble (il faudrait pour cela voir les conséquences dans les luttes à venir) que des personnes se soient mieux connues, des réseaux aient pu faire des choses ensemble et que les expériences entamées pourraient donner lieu à des bilans constructifs pour que ce qui se soit passé à Strasbourg ne représente pas un modèle mais un ensemble d’outils à réutiliser et à réadapter ailleurs, localement.
Très clairement, certaines organisations politiques on montré le visage tranquille de l’anarchisme, toujours prompt à parler des luttes radicales du passé comme un bel exemple mais incapable de prendre pied avec ses références-là dans le présent. A tergiverser et à ne rien oser, il y a ainsi une forme très insipide d’un militantisme d’aujourd’hui. Ainsi par exemple Alternative Libertaire avait un pied dans la Coordination Anti-Otan (dit les « radicaux ») et un pied dans l’ICC (dit les modérés »). Dans de telles organisations, le militantisme se vit avant tout dans un imaginaire libertaire que de tels événements remettent (et c’est tant mieux) au juste niveau que l’imaginaire ne fait pas la réalité : l’histoire s’écrit au présent ! D’un autre côté, celles et ceux qui théorisent tellement l’insurrection comme une fin en soi, ont montré que question grands discours, ils et elles peuvent occuper la place, mais question « équipement » de l’insurrection, celles et ceux qui avaient fait commande, attendent toujours !
Les actions qui ont le mieux fonctionné ont été celles qui ont été dans l’action du moment, entre le pragmatisme et la sérénité du socle qui nous a mené là où nous étions. Ce que nous avons partagé avec beaucoup de personnes fera certainement de notre vie de militant des références.
Ainsi, nous avons constaté que quand des caméras de surveillance étaient hors d’usage dans les quartiers, cela favorisait d’autres formes d’actions, avec une peur en moins. L’absence complet de délation de la part des habitantEs est un échec patent du pouvoir en ces temps où il cherche absolument à accentuer la forme du contrôle promu par le citoyennisme. Du côté de la population strasbourgeoise (et Strasbourg n’est pas une ville historique de lutte !), l’ambiance était différente de celles de certaines organisations politiques qui ont tenté d’aider la police et la répression (voir encadré). Du côté de la population, on a vu souvent les portes s’ouvrir pour les manifestantEs et se refermer pour la police. Quand on parle de plaisir, c’est que cela a été vécu ! Du point de vue local Quelque part, la stratégie du pouvoir d’avoir créé des zones de conflits dans des zones populaires en privilégiant la sécurité à outrance des zones « chics » a échoué. Malgré la propagande locale sur « la casse », la population du port du Rhin ne s’est pas trompé d’ennemis en accusant les autorités locales et nationales de l’avoir sacrifiée. Quelques jours plus tard, quand une partie de la population manifesta sa colère, elle était clairement destinée aux autorités et il n’y a bien que les torchons locaux pour tenter la grande pirouette de vouloir monter les victimes de ce monde de merde les unes contres les autres. Dans les alentours du village, dans le quartier de la Ganzau, où la police usa sans discernement de gaz et bombes assourdissantes, la population a très clairement exprimé à l’adjoint au maire (très justement chahuté), venu tenir une conférence pour se justifier, que le problème fut celui du comportement de la police et non des « villageois ». Car évidemment si la police ne fut pas là, il n’y aurait eu aucun problème ! Dans le quartier populaire du Neuhof, ce fut un constat de chacunE que les petites pressions locales de la police de « très grande proximité » avaient disparu pendant un temps ; le problème c’est que cette police s’est bien rattrapée dans les jours qui ont suivi… Un autre phénomène local qui mérite d’être souligné est l’implication du mouvement des étudiantEs et des enseignantEs chercheurs dans cette petite semaine. De telles jonctions et de tels moments vont laisser de bonnes traces et de bonnes expériences !
Par contre, au niveau des réseaux militants, au vu de ce qui a été écrit ici, il est évident que l’on en sort avec beaucoup d’amertume. Alors que, dans ce genre de préparation les liens se ressoudent, que le fait de faire ensemble de la politique rapproche les conceptions et que d’avoir un objectif commun permette de s’écouter en dehors des rancunes partisanes préétablies, à Strasbourg, cloisonnée par des pratiques de clans et de bandes, matérialisée par des esprits de boutique exclusivement en concurrence permanente avec le goût démesuré pour les accroches « très personnelles », les réseaux militants sortent du contre sommet aigris, surtout quand ils pensent que les réseaux de lutte sont avant tout des regroupements de chapelles. Quand à nous, nous avons déjà fait fi de cette aigreur et avons préféré y voir la chaleur des rapports de lutte avec ceux et celles avec qui nous avons milité. C’est en cela aussi que la militance rend plus claires les choses et plus évident ce qui est possible et ce qui l’est moins.
Car la question de Strasbourg et de l’OTAN pourrait ressurgir dans les mois ou les années qui viennent. Certaines tractations et certaines visites précédant le sommet du 60e anniversaire laissaient présager qu’en coulisse des projets se dessinaient : Strasbourg abandonnerait le parlement européen et récupèrerait en échange le siège de l’OTAN, Bruxelles abandonnant l’un et récupérant l’autre. L’occupation militaire vécue à Strasbourg le temps d’une petite semaine pourrait ainsi devenir permanente. Strasbourg aurait plus qu’emporté l’OTAN, elle l’aurait remporté … à suivre évidement.
Commission Journal de Strasbourg –
26 avril 09
http://oclibertaire.free.fr/upl/190_CA08.pdf le numéro de mai 2009 est lisible en PDF
dont sur strasbourg :
LES CASQUETTES DE LA CGT
ÉTAIENT DES KÉPIS DU NPA
Il est 15H30 environ, aux alentours
du pont Vauban, ce samedi 4
avril (2009) , quand le gros de la manifestation
se heurte au barrage des forces
de police qui refuse le passage au
cortège. La manifestation devait traverser
le pont ; cela avait même été
négocié en haut lieu.
Les différents cortèges devaient s’engouffrer dans le haut du quartier du Neudorf et faire un bout de chemin avant de revenir sur leurs pas. Mais la manifestation est bloquée, là, après avoir fait à
peine un kilomètre, difficilement, sous les gaz qui étaient projetés
depuis des hélicoptères.
Soudain, la sono de l’Union départementale CGT 67, l’UD locale, annonce que le pont d’Anvers, plus haut est ouvert.
Quelques militants de la CGT coiffés
à raison de casquettes, sous ce soleil
plombant de printemps, dirigent la
manifestation en direction du pont
d’Anvers. Quelques uns de ces militants
sont connus localement
puisque en plus que d’être syndiqués
à la CGT, ce sont des ex-militants de
la LCR, nouvellement encartés au
NPA, bien connu pour être des aficionados
du service d’ordre et du
coup de poing facile, des « bolchéviques d’acier » aiment t-ils s’appeler.
Mais au même moment au
niveau du pont d’Anvers, les affrontements
font rages. Un petit millier
de personnes essayent de faire plier
l’impressionnant barrage policier.
Pour sur, si le rempart venait à
lâcher, la manifestation pourrait se
diriger vers le lieu où le sommet de
l’OTAN a lieu.
Aussi quand le haut du cortège
de l’UD 67 arrive aux niveaux de l’affrontement,
l’incompréhension est
totale entre des confrontatistes et les
mille, deux milles ou trois milles personnes
qui affluent, happées par
l’appel d’un hypothétique passage.
Le service d’ordre de la CGT qui
regroupe une cinquantaine de personnes
va pendant une bonne demiheure
tenter le coup de force avec les
confrontatistes.
Un témoignage
racontera même avoir entendu un de
nos militants CGT/NPA crier « ne
vous en prenez pas à nos camarades
policiers ! ».
Les échanges sont
sévères, essentiellement verbaux,
mais de part et d’autres quelques
coups sont échangés. Les milliers de
personnes venus au Pont d’Anvers
sont dégoûtés par le spectacle et ne
manifestent aucune envie de s’en
prendre aux confrontatistes. La plupart
vont d’ailleurs quitter l’endroit,
et très peu vont soutenir la
manoeuvre, somme toute très peu
habile qui rappelle les tristes manipulations
de la CGT en d’anciens
temps.
Ce qui fait que là où les
CGT/NPA pensait monter une partie
de la manifestation contre les
confrontatistes afin de se présenter
comme les vrais dirigeants du rassemblement,
et espérer que la préfecture
les laisse passer (quelle naïveté
politique !), tout cela tombe en
eau de boudin…
Pendant ce temps, la police a
profité de l’accalmie provoquée par la
dissension pour encercler une partie
du regroupement. Une bonne partie
des confrontatistes a vu l’encerclement
arriver et a fui le piège. Nos
amis du service de l’ordre aussi.
Mais quelques centaines de confrontatistes
et un petit millier de personnes
venu là car on leur avait
annoncé le pont ouvert se sont
retrouvés pris au piège. La police
charge. Les confrontatistes sont pris
au piège et n’ont d’autres solutions
pour se protéger que de harceler
vaillamment la police qui avance en
pas serrés. La petite foule recule jusqu’à
se retrouver à quelques mètre
du bassin du Rhin. CertainEs, apeurées
par la violence des gaz, des flash
ball hésiteront même à sauter dans
l’eau. Rappelons que même si l’air
est estival, en ce début du mois
d’avril, l’eau du Rhin ne peut pas
dépasser les 10°. C’est un instant de
panique et de vives inquiétudes qui
durera une vingtaine de minutes. Un
groupe de confrontatistes, plus haut,
harcèlera les policiers qui se trouvaient
face aux manifestantEs, les
coinçant ainsi entre deux vagues
bleus peu hospitalières. La police
n’osera ou ne pourra donner un
assaut final, et les personnes qui
n’avaient pas choisi la confrontation
sortiront d’une manoeuvre qu’ils et
elles n’avaient pas choisi.
Moralité : On savait que le NPA
lorgnait sur l’espace politique du Parti Communiste, on sait maintenant que certains de ces membres sont même prêts à endosser les pires méthodes pour lui ressembler.