La fonction « chercheur » est en passe de devenir plus ou moins sacrée. Or objectivement, le fric est partout. Tout doit être rentable, on produit trop pour trop peu de monde, et pour cela on quadrille les villes de flics pour protéger la marchandise et ceux qui la possède, l’ordre du Capital règne partout. L’aberration consistant à produire des produits et se les faire voler, à construire des tours à Rive Gauche sans pouvoir les habiter, cela est tout naturel, tant que l’on accepte que « Le savoir n’est pas une marchandise », comme disait récemment un sticker désuet. Dire cela, c’est accepter que la nourriture nécessaire à notre survie soit une marchandise, ainsi que tout ce qui nous est indispensable (logement, habits, etc).

Mais le glorieux monde universitaire ne se laissera pas faire, en concédant toutefois de bien vouloir
lutter « avec tout le service public ». Une fois acquis que nous ne lutterons pas avec les femmes de
ménage qui nettoient notre site en ruine (c’est une boîte privée qui les emploie, c’est pas le service
public), il reste à se demander : « Lutterons nous avec les keufs ? ». C’est objectivement la
prochaine question à poser. Après tout, la fac produit des profs qui nous fliquent (et on parle pas de
ce que se prennent les gamins dans les dents par les instits…), des journalistes qui marchent main
dans la main avec les cognes, des managers qui oppressent leurs employés, des sociologues du
travail qui balancent aux patrons…

A quoi sert de fantasmer sur une « université des savoirs » dans une école de police ?

Il n’y aura jamais de « convergence des luttes », simplement parce que les différentes luttes
actuelles ne proviennent pas d’une même classe. Tant que les luttes partant des facultés
revendiqueront la division du travail, revendiqueront la supériorité du travail intellectuel sur le travail
manuel, considérant que ce dernier peut être privatisé, marchandisé, mais pas le saint travail des
petits bourgeois empâtés qui nous ennuient du haut de leur estrade de merde ; tant qu’au lieu de dire
non à la marchandisation des facs, nous ne dirons pas : A bas la marchandise ! Alors les luttes
universitaires resteront des luttes de petits propriétaires guère plus louables que celles des petits
commerçants du temps de Pierre Poujade.

A Tolbiac, 12/03/09