Communiqué : 27
Date : Le 11 octobre 2003

Combattre le pouvoir AKP, c’est combattre l’Amérique !

Les patriotes turcs, kurdes, arabes sont face à une responsabilité et une mission imminente. Devant la participation des dirigeants de notre pays au plan de conquête élaboré par l’Empire américain, la responsabilité des patriotes de Turquie et du monde face à leur peuple s’est accru.

Le 7 octobre dernier, la grande assemblée nationale de Turquie (TBMM) a approuvé une motion autorisant l’envoi de troupes turques en Irak.

Cette décision constitue une nouvelle étape dans l’histoire de trahison de l’oligarchie de notre pays.

Le rôle de sous-traitance au Proche-Orient, dans le Caucase et dans les Balkans, octroyé à la Turquie par l’impérialisme à la fin des années 1980 doublé d’une décision de participer à la guerre au nom de l’Amérique a fait de la Turquie, une force de frappe, une gachette de l’impérialisme au même titre qu’Israël.

Notre peuple, notre intelligentsia ainsi que tous ceux qui se soucient de l’avenir de notre pays sont appelés à parcourir les 53 dernières années de notre histoire, à reconsidérer leur mensonge et leur candeur et surtout à revoir le chemin qui devrait nous mener à l’indépendance et à la démocratie, dans un pays où ces acquis n’existent pas.

D’Adnan Menderes à Tayyip Erdoğan, les gouvernements de ces 53 dernières sont tous des traîtres.

La trahison, c’est soumettre notre pays à l’impérialisme. La trahison, c’est de présenter notre colonisation sous un camouflage d’indépendance.

Par cette trahison, l’indépendance relative de notre pays a été complètement liquidée : ainsi, à la place de la dictature petite-bourgeoise (de la période kémaliste ndt), c’est le fascisme qui a été instauré.

Des suites de cette trahison, l’impérialisme et ses collaborateurs locaux se sont partagés les richesses de notre pays.

Et voilà que maintenant, l’administration de l’oligarchie collaborationniste déclare la guerre à un peuple frère au nom de l’impérialisme.

La décision de collaborarer à l’occupation de l’Irak, c’est une déclaration de guerre au peuple irakien qui précisément, combat l’occupation.

C’est aussi la conséquence naturelle du rapport néo-colonial qui lie la Turquie à l’impérialisme.

Cette décision d’envoyer des troupes qui n’a rien à voir avec du nationalisme ni avec la volonté populaire et qui ne concerne que le pouvoir et l’armée cause des dommages matériels et moraux parmi le peuple. La seule condition pour montrer que nous ne sommes pas complices de ce crime contre les peuples est de résister contre ce pouvoir!

Le peuple de Turquie est contre tout partenariat avec les occupants de l’Irak. Notre peuple a exprimé son désaccord sous diverses formes. Avec la ratification de cette nouvelle motion, le gouvernement AKP a démontré qu’il n’a rien à voir avec le nationalisme ou les préoccupations du peuple. Il s’agit d’un gouvernement américain jusqu’à la moëlle. Pour pouvoir profiter des privilèges de leurs seigneurs, les collaborateurs ont fidèlement agi selon les exigences de ces seigneurs US.

Même la constitution issue de la plume de la junte d’Evren lui octroyait une telle compétence dans la mesure où le droit international trouvait cette occupation légitime. Or, on peut le voir, l’envoi de troupes n’est même pas légitime même du point de vue du droit international impérialiste.

Le pouvoir AKP s’est présenté comme le pouvoir de la nation. De même, les forces armées turques se sont déclarées armée de la nation.

Toute décision prise à l’encontre de la volonté nationale du peuple de Turquie est une décision américaniste et non nationale.

L’AKP et l’armée sont en pleine compétition dans l’abus des sentiments nationaux et religieux.

En réalié, il n’y a aucune différence entre la piété de l’administration américaine et celle de l’AKP comme il n’y a pas de différence entre le nationalisme de la bourgeoisie monopoliste collaborationniste et celui des généraux.

La religion et le nationalisme ne sont que de vulgaires instruments qu’ils utilisent pour arriver à leurs fins. De vulgaires instruments qu’ils utilisent pour pouvoir conquérir le fauteuil du pouvoir et ainsi pour mener une politique anti-populaire une fois arrivés au pouvoir !

De même, les Etats-Unis avaient recouru à une « ceinture verte » pour encercler l’Union soviétique (et ainsi empêcher le communisme de se répandre dans le monde arabo-musulman, ndt), de même l’AKP abuse de la religion pour se maintenir au pouvoir. En prenant la décision de participer à l’occupation de l’Irak, l’AKP ne s’est pas une seule fois souvenu que le peuple irakien était musulman, ni que ce peuple faisait partie de l’oumma.

D’autre part, l’état-major recourt à une démagogie nationaliste en invoquant la sécurité nationale. Ce bras armé du pouvoir oligarchique est à la fois anti-national et raciste.

En contrepartie à sa participation à l’occupation américaine de l’Irak, ce pouvoir ourdit des plans de négation et d’extermination du peuple kurde.

On voit donc clairement que l’islamisme de l’AKP et le nationalisme de l’armée consistent en de la pure hypocrisie.

Pour renforcer son pouvoir, l’AKP islamiste se réfère au nationalisme tandis que l’armée nationale-laïque exalte la religion. Si l’AKP est prosélytiste, l’état-major de l’armée ne l’est-il pas?

Si l’AKP pratique la stratégie religieuse de la « dissimulation », l’Etat-major la pratique tout autant. C’est l’armée qui a contribué à la prolifération des confréries religieuses pour juguler la lutte révolutionnaire.

C’est cette même armée qui a déversé sur la population des versets coraniques et des hadiths pour mettre celle-ci en garde contre les révolutionnaires.

Désormais, cette armée qui se dit nationale et qui se targue d’être l’armée de la Guerre de Libération, ne peut plus cacher son identité américaniste. L’assise fondamentale de l’oligarchie, c’est l’armée. Sans l’armée, aucun parti ne peut accéder au pouvoir. Le garant des intérêts de l’Europe et de l’Amérique, c’est aussi l’armée.

En effet, toutes les décisions politiques prônant la collaboration avec l’impérialisme sont soumises à l’approbation et à la participation de l’armée. Leur masque est tombé. Ils n’ont plus aucun subterfuge.

Désormais, les religieux de notre pays doivent se rendre compte de la réalité de l’AKP et de son islamisme hypocrite et les patriotes de notre pays doivent se rendre compte de la réalité de l’armée et de son nationalisme hypocrite.

Tant que le peuple de Turquie n’aura pas vu cette réalité, n’aura pas accru sa lutte contre toutes les forces qui composent le pouvoir oligarchique et n’aura pas développé une résistance contre les partenaires de l’occupation de l’Irak, il devra souffrir de dommages matériels et moraux suivants :

* La plus grande calamité du Moyen-Orient pourrait être l’hostilité entre les peuples. Tous les peuples de la région maudiront la Turquie. Cela exacerba l’inimitié entre les peuples turc, kurde et arabe.

* Nos jeunes seront traînés vers une guerre injuste et illégitime, deviendront les assassins d’un peuple frère et mourront pour les intérêts de l’Amérique. Le peuple irakien en lutte pour l’indépendance de son pays face au soldat turc qui appuie sur la gachette pour les intérêts de l’Empire américain… Telle sera la sinistre réalité et en montant les peuples les uns contre les autres, l’impérialisme américain pourra renforcer son Empire.

* La dignité nationale du peuple de Turquie sera à nouveau souillée. Le peuple d’un pays qui collabore à l’occupation ne peut protéger son identité en tant que peuple.

* Pour cacher sa collaboration, l’oligarchie va recourir à la propagande chauviniste anti-kurde et à la démagogie sur le terrorisme. Une hostilité entre les peuples kurdes et turcs va voir le chauvinisme gagner du terrain dans tout le pays.

* Un peuple qui était fier d’avoir livré l’une des premières guerres de libération parmi les nations opprimées sera considéré comme un peuple oppresseur à l’égard d’autres peuples qui se battent précisément pour leur émancipation.

* Sous prétexte de guerre, le pouvoir américaniste de notre pays réprimera et exploitera le peuple plus férocement et écrasera davantage les aspirations du peuple pour ses droits et ses libertés.

Les théories datant d’avant l’occupation sont en faillite : ceux qui continuent stupidement de voir de la démocratie et de la liberté dans l’impérialisme malgré l’occupation et les massacres, seront désormais les collaborateurs conscients de l’impérialisme!

Tout au long des années 1990, certains ont défendu et ce, malgré les menaces hystériques d’agression et de guerre par l’Empire américain, que l’impérialisme a changé, que l’Amérique va apporter la démocratie et la liberté. Certains parlaient même d’impérialisme démocratique… Toutes ces théories ont connu une défaite cuisante le 9 avril dernier, lorsque l’occupation de l’Irak a été achevée.

Ces théories qui flagornaient l’impérialisme en déclarant que l’Amérique avait instauré la démocratie, la liberté et les droits de l’homme en Irak, ont été écrasées sous le poids de l’occupation et des massacres. L’opinion des révolutionnaires à l’égard de l’impérialisme (qui défend que celui-ci à gardé le même caractère agressif et assassin, ndt) s’est de nouveau avérée correcte. Car la théorie des révolutionnaires se vérifie au quotidien.

En revanche, ceux qui prétendent que l’impérialisme a changé rendent service à cet impérialisme et le renforcent, quelles que soient leurs intentions. Lorsque l’on parle d’impérialisme, il ne faut pas uniquement comprendre les USA.

L’impérialisme européen conserve toutes ces caractérisitiques coloniales. Au delà de ses intérêts contradictoires, l’Europe est alliée à l’Amérique.

L’impérialisme européen qui a soutenu les manifestations contre la guerre en Irak, a légitimé l’occupation de l’Irak et s’est même jeté dans la mêlée pour arracher une part du butin une fois l’occupation de l’Irak accomplie. Le masque de l’UE et de ses partisans est tombé. Il est bien plus clair aujourd’hui de voir que l’opposition de l’Europe à la guerre, n’était qu’un concours de circonstances, une question d’intérêt.

Voilà pourquoi le slogan « Ni l’UE, les USA » constituait l’une des pierres angulaires de la lutte pour l’indépendance et la démocratie.
Il n’y a pas de différence fondamentale entre l’Américanisme et l’Euoropéisme.

Toute pensée qui délégitimise la résistance et le pouvoir des peuples se place du côté de l’impérialisme. La théorie révolutionnaire conservera sa pureté. Quels que soient les arguments invoqués à l’Américanisme et à l’Européisme, nous ne permettrons pas que l’on présente cette pensée comme une théorie de gauche, ni ne permettrons que la théorie révolutionnaire soit entachée par ces théories perverses.

Ceux qui nient la démocratie en prônant l’indépendance et vice versa, ne sont que des pauvres d’esprit qui ne pensent qu’à leur petits intérêts et leurs petits statu quo. Ils ne peuvent échapper au rôle de force de réserve de l’ordre établi. Par leur politique, leur tactique et leurs slogans, ils servent telle ou telle force du système mais ils ne peuvent développer ni la lutte pour l’indépendance, ni la lutte pour la démocratie.

Dans notre pays, il n’y a ni l’une, ni l’autre. Ceux qui scandent la protection de « notre indépendance » et de « notre démocratie » sont en réalité les partisans du maintien du système actuel.

En effet, l’indépendance ne peut s’arracher que par une guerre opiniâtre contre l’impérialisme. D’autre part, la démocratie nécessite un combat acharné contre le fascisme.

En d’autres termes, l’indépendance et la démocratie nécessitent une lutte anti-impérialiste et anti-oligarchique. C’est pourquoi, notre slogan est « Ni USA, ni UE : Turquie indépendante et démocratique ».

Les révolutionnaires ont raison : la résistance est légitime! Les peuples qui combattent les superpuissances militaires démontrent que les plus forts, ce ne sont pas l’impérialisme mais les peuples.

La légitimité de la résistance pour l’indépendance contre l’impérialisme et pour la démocratie contre le fascisme est indiscutable tant sur le plan historique que sur le plan politique. Aucune démagogie de l’impérialisme ni aucune loi ne changera cette réalité.

La démagogie du terrorisme est l’instrument de domination mondiale de l’impérialisme et de pouvoir fasciste pour leurs collaborateurs.

Celui qui ne livre pas son esprit à cette démagogie se rendront compte de la légitimité de la résistance des peuples. Les lois des impérialistes et des collaborateurs servent à étouffer ces résistances. Les lois de l’impérialisme sont des obstacles pour les peuples qui aspirent à l’indépendance, à la justice et à la liberté. Par conséquent, ils ne sont pas légitimes.

Le fond des résolutions prises par les Nations Unies sous les pressions et d’après les diktats impérialistes sont les mêmes. Ainsi, les résolutions des Nations Unies ne sont pas légitimes du point de vue des peuples. Aucune agression ne peut légitimer les résolutions des Nations Unies.

Les peuples résistent malgré les théories lancées par l’impérialisme américain selon lesquelles personne ne peut résister aux changements. Ces théories se sont heurtées à la résistance irakienne.

Les changements dont l’Amérique parle, c’est son invincibilité et son inéluctabilité dans tout règlement de conflit. C’est précisément cette théorie qui a fait banqueroute.
Car les peuples sont bien plus forts que l’impérialisme.

Il y a un écueil qui entrave le déploiement de la force des peuples : sa désorganisation à l’échelle mondiale et nationale. A l’instar de l’impérialisme américain qui a bâti un front avec d’autres impérialistes et avec des Etats vassaux, nous devons créer un front de résistance des peuples.

La devise de l’Amérique qui se résume par la formule « avec ou contre moi », c’est l’expression de la réalité de classe de la bourgeoisie monopoliste.

Pour les peuples, le même concept est valable car pour les peuples aussi, il y a ceux qui sont « avec » ou « contre ». Il n’y a pas de dessus à la mêlée. C’est avec cette conscience que nous devons créer un front des peuples, à l’échelle mondiale et nationale contre la domination de l’Amérique.

La résistance du peuple irakien se dresse comme un véritable rempart au plan impérial de l’Amérique. Serons-nous apte à élargir ce rempart à notre pays et au monde? C’est là que se situe le problème. Il a été mainte fois prouvé que les peuples sont plus forts que l’impérialisme.

Rappelez-vous les annonces et les théories triomphales concernant la « victoire absolue » de l’impérialisme américain en Irak. Personne ne peut les défendre aujourd’hui. Ils n’ont pas les moyens de les défendres. Car toutes ces théories ont échoué. La superpuissance impériale est débordée et impuissante face à la résistance irakienne. La force, c’est le peuple. La force, c’est le patriotisme des peuples. La force, c’est l’opposition des peuples à la tyrannie. Nous devons résister avec cette force.

Peuples de Turquie ! Patriotes, démocrates, révolutionnaires, islamistes!
Nous allons combattre l’impérialisme et à l’oligarchie sur tous les fronts. C’est la seule solution pour en finir avec un Etat qui assassine un autre peuple et qui écrase son propre peuple.

L’alliance oligarchique est inféodée et confondue à l’impérialisme. Tous les partis de l’ordre établi, la bourgeoisie monopoliste et collaboratrice, les propriétaires fonciers, les usuriers, l’armée et toutes ses structures sont en même temps les institutions de l’impérialisme.

Aucun patriote ni aucun démocrate ne pourra acquérir l’indépendance ou instaurer la démocratie en s’alliant à l’oligarchie. La seule force sur laquelle on peut se baser et avec laquelle on peut s’unir et s’organiser, c’est le peuple.

S’appuyer sur tel ou tel parti contre l’armée, s’appuyer sur l’armée contre les gouvernements, s’appuyer sur l’Europe contre l’Amérique ou s’appuyer sur l’Amérique contre l’Europe sont des voies sans issue.

Ces positions ne servent qu’à maintenir le pouvoir néo-colonial et le fascisme. Les manoeuvres de l’oligarchie destinées à adhérer à l’Union européenne servent à faire perdurer ce système. Fondamentalement, l’oligarchie n’est pas pro-UE mais américaniste.

La lutte contre l’AKP est une lutte contre l’Amérique. Cette lutte revêt un caractère anti-impérialiste et anti-oligarchique. Les partisans de l’indépendance et de la démocratie, les opposants à toute collaboration de la Turquie et à toute guerre contreun peuple qui livre une guerre de libération, doivent s’unir dans cette lutte.

Notre mission urgente est de créer un front de résistance, un front populaire contre le partenariat de l’occupation. Les réfractaires à un tel front ne sont que des boutiquiers sectaires et lâches. Car nous avons une responsabilité centrale, d’une part, envers l’Irakien qui sera tué avec les balles des forces armées turques et d’autre part, envers les jeunes turcs et kurdes qui devront combattre et mourir au nom de l’Amérique.

De plus, l’oligarchie ne se limitera pas à envoyer nos jeunes mourir pour les privilèges de l’Amérique, elle va aussi utiliser en toute duplicité l’islamisme et le nationalisme.

Nous tous, patriotes, démocrates, socialistes et islamistes qui nous opposons à l’impérialisme, devons nous unir pour briser cet étau et ce jeu dans une alliance contre l’oligarchie.

Cela fait des décennies que les révolutionnaires portent haut le drapeau de l’indépendance face à l’impérialisme et de la démocratie contre le fascisme. L’intérêt de tous les peuples de Turquie, turcs, kurdes, arabes, lazes, tcherkesses, des peuples du Moyen Orient et de tous les peuples est d’élever cette lutte. Le Parti révolutionnaire de libération du peuple (Devrimci Halk Kurtuluş Partisi) est partisan d’une unité dans le combat contre l’impérialisme et l’oligarchie collaboratrice quelles que soient les opinions et la nationalité de ces forces combattantes et pour un front de résistance des peuples.

La réussite de cette lourde tâche qui pèse sur les épaules de tous les patriotes est liée à la réussite de la construction de ce front de résistance.

Nous affirmons que la guerre déclarée contre le peuple par l’oligarchie de la Turquie n’est pas le fruit de la volonté populaire. Nous condamnons cette décision. Il s’agit d’un acte de trahison.

Face à cette trahison, nous allons combattre pour le peuple de Turquie et pour le peuple d’Irak en créant un front de résistance des peuples. La victoire appartient aux peuples en résistance. La lutte anti-impérialiste et anti-oligarchique se ponctuera par la déroute et la retraite totale de l’impérialisme de notre pays et de notre région.

Devrimci Halk Kurtuluş Partisi