Les précédentes AG d’information sur la Loi LRU (“Libertés et responsabilités des universités”) de la ministre Pécresse n’avaient réuni à chaque fois que 150 étudiant(e)s. Mais elles permirent la constitution d’un groupe d’étudiants (le CECAU) informé et mobilisé contre la loi Pécresse, une loi ultra-libérale visant à dissoudre le service public dans la concurrence et la course au financement privé. L’AG massive qui a eu lieu mardi 13 novembre dans un grand amphi de Lettres débordant de toutes parts a bénéficié de cette expérience. Beaucoup d’interventions eurent lieu, d’étudiants « de base », de militants du CECAU, de SUD, de l’UNEF (et aussi de l’UNI même s’ils avancèrent masqués !). Les enseignants du SNESUP intervinrent également à trois reprises pour affirmer leur exigence d’abrogation de la loi Pécresse et apporter leur contribution au débat. Celui-ci fut finalement d’une grande tenue et beaucoup d’étudiant(e)s venu(e)s dans l’incertitude (et une certaine crainte par rapport à un mouvement présenté dans les médias sarkozystes comme minoritaire et manipulé) ont sans aucun doute pu percevoir bien des enjeux de l’heure, pour l’université comme pour la société toute entière. Le vote quasi-unanime contre la loi LRU en témoigne (seuls quatre personnes ont voté pour la loi, deux autres s’abstenant !)

Face à un gouvernement qui ne conçoit la négociation que comme une formalité destinée à donner le change et qui attaque de toutes parts le monde du travail et les jeunes, le mouvement étudiant peut-être le grain de sable qui bloque la machine infernale. Mais pour cela, il faut aller vite et tous ensemble. La participation des étudiants aux initiatives du SNESUP du vendredi 16 novembre à 11h (rassemblement devant la préfecture à l’occasion du vote du Budget de l’enseignement supérieur)[*] et de la Fonction publique du mardi 20 novembre (10h30 place Imbach à Angers) ont donc été largement approuvées. C’est ce qui explique aussi pourquoi le blocage de la Fac de Lettres a été voté largement, en dépit des hésitations de certains étudiants, sincèrement contre la LRU, mais qui craignaient que leurs études en soient affectées. D’autres votes auront lieu, notamment en Sciences jeudi midi (amphi D) et à nouveau en Lettres vendredi à 14h pour décider démocratiquement des modalités et des suites de l’action.

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[*] : Pour la première fois depuis 15 ans, ce budget ne prévoit aucune création de postes, alors que les manques sont criants pour l’ensemble des personnels. Quant au 1,8 milliard “d’augmentation” annoncé dans le projet, il ne bénéficie ni aux étudiants, ni aux personnels, ni aux universités, ni aux organismes de recherche publique : 450 millions de ces nouveaux crédits sont consacrés à l’augmentation des exonérations d’impôts, 470 millions constituent un jeu d’écriture sur le paiement des retraites des personnels, 329 millions sont attribués aux bâtiments, essentiellement en direction de Jussieu, de Mulhouse et du Collège de France et 391 millions d’euros s’évaporent dans l’inflation. Seuls 40 millions sont dévolus à la réussite en licence !

(Source : Intersyndicale de l’Enseignement supérieur et de la recherche)