Mardi 5 mars, le Café repaire vous invite à faire connaissance avec les habitants de la Grande Ourse, bâtisse de l’ancienne CPAM au 34 bd Daviers, réquisitionnée et autogérée depuis le 3 septembre 2018.

La Grande Ourse naît de trois constats. Le premier se situe au niveau national : il s’agissait de réagir au projet de loi ELAN. Les deux autres se jouent au niveau local, avec en premier lieu la crise de l’hébergement d’urgence des personnes sans-abris sur la ville d’Angers : à la halte de nuit du 115, ce sont chaque soir 20 à 30 personnes laissées sans solutions. Pour les personnes en demande d’asile, comme pour les SDF nés en France : situation d’accueil déplorable, droits bafoués pour une très large catégorie d’invidu.e.s (mineur.e.s, familles avec parfois enfants en bas âge, ou femmes enceintes) et multiples évictions des squats habitatifs – où ces personnes peuvent se réfugier quand il n’y a plus de solution. Le second versant de cette crise locale concerne la question du logement des étudiant.e.s. Face à l’inflation de l’immobilier, le nombre de jeunes qui n’ont pas trouvé d’hébergements en ce début d’année a simplement explosé.

Face à cela, la Grande Ourse a ouvert ses portes avec pour objectif de palier au mieux ces crises en proposant en son sein, et avec la force de simples bénévoles, des solutions d’hébergement à des individu.e.s en situation de grande vulnérabilité – familles, femmes seules, SDF ou étudiant.e.s, subissant ces décisions politiques. Elle a fait son nid dans l’ancienne CPAM du quartier de la Doutre, laissée à l’abandon depuis plusieurs années, et que le propriétaire actuel souhaite vendre pour la raser et construire à sa place un parking. Alors que le compromis de vente n’est pas encore signé, que les dates de démolition restent flou, et face à l’urgence que pose cette crise du logement et de l’hébergement, il devenait plus que légitime l’investissement immédiat du lieu, même sans l’accord préalable du propriétaire ou des autorités.

La Grande Ourse est certes un lieu habitatif, qui réunis des individus très différents (exilé.e.s, sdf nés en France, étudiant.e.s, travailleur.e.s précarisé.e.s…) ; pour autant ce qu’ils et elles ont en commun n’est pas tant une “vie compliquée”, mais bien d’être touché de plein fouet par la crise de l’accès au logement et celle de l’hébergement d’urgence. Ces crises ne sont pas le produit du “destin”, et ne sont pas fatales, elles, comme le retour saisonnier de l’hiver, par exemple. Ces crises sont le résultat immédiat du manque de considération et de prise en charge concrète de la part des décideurs locaux : mairie, agglomération, département, préfecture.
Nous rappelons l’horreur : environ 2000 SDF meurent chaque année à la rue (source : collectif Les morts de la rue) ; les femmes à la rue sont bien plus exposées aux violences sexuelles – même si celles-ci sont difficilement comptabilisables…
Pourquoi les décideurs, puisqu’ils en possèdent le pouvoir ne réquisitionnent-ils pas par eux-mêmes ces bâtiments libres ? Pourquoi, face à l’urgence du nombre de débouté.e.s à la halte de nuit du 115, plus de place d’hébergement d’urgence ne sont pas ouvertes ?

La Grande Ourse est certes un lieu habitatif, mais sert aussi de palliatif aux carences des autorités ; et notamment, vis-à-vis de l’hébergement d’urgence. La semaine dernière 56 personnes ont été accueillies pour une nuit en urgence.
Lieu d’hébergement d’urgence, mais aussi lieu d’activités, et lieu qui veut servir à visibiliser ces crises, tout en construisant le rapport de force pour en sortir. Nous ne pouvons pas continuer à attendre qu’une solution soit trouvée par ces décideurs qui, depuis bien trop longtemps, maintiennent cette situation dramatique !