Depuis le 6 novembre 2023, dans la suite de la tempête Ciaran, plusieurs dizaines de personnes exilées occupent la halle de tennis Robert Launay mise à disposition par la Ville de Rennes. Celle-ci le reconnaît elle-même, et nous avons alerté à de multiples reprises, les conditions d’hébergement y sont intenables.
Après plusieurs démarches de notre part, la mairie de Rennes, en lien avec le SIAO et le Conseil départemental 35, a décidé d’attribuer un hébergement d’urgence à toutes les familles avec enfants qui restaient encore dans cet endroit. Plusieurs d’entre elles occupent par ailleurs des écoles de la ville, accompagnées par le Collectif enfants protégés.

Il reste aujourd’hui une soixantaine de personnes (célibataires ou couples sans enfant) « abritées » sous cette halle. La mairie en a demandé l’évacuation (mise en demeure déposée le 21 décembre 2023) alors que débute l’hiver et qu’il serait indigne de remettre des personnes à la rue. Un logement décent ne fait-il pas partie des droits humains fondamentaux ?
Certes, l’hébergement d’urgence est une responsabilité de l’Etat, qui ne remplit pas ses obligations. Depuis des années, le 115 manque cruellement de moyens pour remplir sa mission.
A l’heure où la loi Asile et Immigration prévoit d’exclure de l’hébergement d’urgence les déboutés du droit d’asile, et en attendant de savoir si le Conseil Constitutionnel va valider cette mesure aux conséquences dramatiques sur l’augmentation de la misère dans notre pays, que va-t-il se passer le jour de l’expulsion pour ces dizaines de personnes, dont plusieurs ont des problèmes de santé avérés ? Que va-t-il advenir des familles avec enfants qui arrivent encore régulièrement dans cet endroit ? Celles qui se présentent actuellement se voient refuser l’accès à la halle, y compris si elles sont accompagnées par les acteurs associatifs de terrain. Ainsi des familles arrivées ces derniers jours, avec des enfants très jeunes, ont passé la nuit sous tente, dans un parc, après que les leviers associatifs (nuits d’hôtel en urgence) se sont taris. Les pouvoirs publics n’ont-ils pas de solutions d’hébergement décent à leur proposer ? Va-t-on laisser toutes ces personnes croupir dans les rues de Rennes, dans des campements de fortune, au coeur de l’hiver ?

L’urgence est aujourd’hui de resserrer les rangs autour des valeurs humanistes et de traduire nos paroles en actes en s’engageant à faire, chacun à notre niveau, tout ce qui est possible pour refuser que l’indignité ne s’installe dans les rues de Rennes.

Rennes, le 29.12.2023
L’interorganisation de soutien aux personnes exilées