Ainsi, en Charente-Maritime, un comité départemental de soutien à l’ACIPA s’est créé. Nous rappelons que l’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport) n’est qu’une des composantes de l’opposition au projet d’aéroport et que les expulsions qui ont eu lieu ces dernières semaines concernent avant tout les occupants dits illégaux (bien que l’ACIPA les soutiennent). Nous nous permettons donc de nous étonner que ce comité ne soit pas un comité de soutien à la ZAD et à tous ces habitants.

Après avoir informé la population rochelaise et rochefortaise par des distributions de tracts sur les marchés et des collages d’affiches, nous avons organisé une soirée d’information, le 10 novembre, à la Rochelle, avec projection de deux courts-métrages sur la lutte et les expulsions en cours. Une quarantaine de personnes de tous âges et tous horizons politiques étaient présentes. Des contacts ont été échangés et un covoiturage a été organisé pour la manifestation de réoccupation du 17 novembre.

Vendredi dernier (le 23 novembre), devant la violence des nouvelles opérations policières à NDDL, nous avons décidé d’organiser un rassemblement à 18 heures devant la Mairie de la Rochelle. Rassemblement auquel une cinquantaine de personnes ont participé en respectant la demande que nous avions formulée ; ne pas apporter le drapeau de son parti politique. Lors de ce rassemblement festif et bruyant, la cour de l’Hôtel de Ville a été investie, et Maxime Bono (maire de la Rochelle) a été obligé de descendre de son bureau pour nous rencontrer. Suite à une discussion entre les différentes personnes présentes à ce rassemblement (auquel il n’y avait pas de journaliste), il a été décidé de se rassembler à nouveau, le lendemain matin à 9 heures, dans le but d’agir, soit à l’encontre d’un parking Vinci, soit à l’encontre du député Falorni (exclu du PS mais fervent soutien d’Hollande).

Malheureusement, le lendemain matin, le rassemblement avait une toute autre forme. Les opposants qui avaient manifesté colère et enthousiasme la veille n’était, pour la plupart, plus présents et une dizaine de personnes du comité départemental de soutien à l’ACIPA arboraient badges et drapeaux EELV et Parti de Gauche.

Diplomates, nous renonçons à leur signaler que leurs drapeaux n’étaient pas les bienvenus dans ces rassemblements et leurs proposons d’aller occuper la permanence du député Falorni, de manière festive et bruyante. Cette permanence étant située à côté du marché, nous y voyons une occasion de d’informer des gens et d’engager une discussion avec les promeneurs du samedi matin.

Proposition à laquelle il nous a été répondu que notre seul but était de radicaliser le mouvement pour le décrédibiliser. De quel mouvement parlons-nous ? De celui que les Verts et le Parti de Gauche ont boudé pendant des années, allant même jusqu’à publier des communiqués contre les « squatteurs » et les « anarcho-autonomes » présents sur le site ? Mais où étaient toutes ces personnes qui prétendent que nous décrédibilisons le mouvement pendant que des centaines d’opposants se faisaient expulser, matraquer, gazer, et détruire leurs maisons ? Le fait que les écolos rochelais aient mis une ou deux fois les pieds à NDDL en plusieurs années de lutte active sur le terrain leur permet-il d’affirmer qu’une occupation festive décrédibiliserait le mouvement ? Ou serait-ce plutôt leur collaboration au pouvoir en place qui les pousseraient à empêcher que ce genre d’action se mette en place ? EELV participe au gouvernement, le Parti de Gauche a de nombreux élus, et les sièges qu’ils occupent dans les Assemblées et les Conseils Municipaux montrent bien qu’ils ne peuvent ni ne veulent s’opposer réellement au pouvoir socialiste et à ses agissements, même lorsque ses agissements sont violents, illégaux et dignes d’un état totalitaire.

Ainsi, les bureaucrates de gauche et les staliniens ont encore gagné. Ils ont réussi à faire capoter un début d’initiative collective et spontanée à la Rochelle, ils ont réussi à empêcher l’occupation de la permanence de leur copain Falorni, ils ont même réussi à obtenir la reconnaissance de la presse locale qui affirme ce matin que c’est eux qui organisaient ce rassemblement que « d’autres manifestants vinrent se mêler à eux, non pas pour crier de concert contre le futur aéroport nantais mais pour dire leur écœurement face à ce type de manifestation » (Sud Ouest, 26/11/12).

Cet incident, montre, une fois de plus, la rupture entre les opposants à l’aéroport et son monde et les politiciens écologistes et mélenchonistes qui se félicitent de la création d’une commission de dialogue et cherchent, comme toujours, un compromis, un moyen de « calmer le jeu ».

Il n’y a rien à négocier, il n’y rien à attendre de ceux qui nous construisent ce monde. C’est pourquoi nous appelons à la création d’un comité de lutte contre l’aéroport et son monde, en Charente-Maritime. Comité qui sera indépendant des partis politiques institutionnels mais où seront les bienvenus tous les individus (encartés ou non) qui sont encore capables de penser en tant qu’individus. Nous vous invitons donc à une réunion, mercredi 28 novembre à 19 heures, salle 207 du Palais des Congrès de Rochefort.

Des opposants à l’aéroport et son monde (solidaritezad17@laposte.net)