(mis à jour le 22 juillet)

LES RENCONTRES LIBERTAIRES que l’OCL propose chaque été sont prévues cette année du mardi 23 au dimanche 28 juillet inclus – dans les coteaux du Quercy, à trente minutes au nord de Montauban ou au sud de Cahors, à une heure de Toulouse. Elles sont un espace d’échanges sur nos investissements militants, c’est pourquoi elles sont ouvertes à toutes les personnes que les débats prévus intéressent ; dans les espaces laissés libres par le programme, d’autres discussions pourront être proposées pour partager une expérience ou présenter une lutte particulière. Nous camperons sur le terrain arboré d’un gîte du Quercy, sur la commune de Vazerac, et nous bénéficierons de ses installations pour collectivités. Il y aura également là des tables de presse, ainsi qu’une vidéothèque composée de films sur des luttes d’hier et d’aujourd’hui. En ce qui concerne la vie quotidienne et la gestion des rencontres, les repas et le ménage seront assurés par des équipes tournantes qui changeront chaque jour. Les tarifs pour les repas et la participation aux frais de location des lieux seront établis en fonction des revenus (à partir d’un prix plancher quotidien de 7 euros par adulte), et 5 euros par jour seront demandés pour un enfant. Afin de faciliter la confection des repas et votre accueil, nous vous demanderons de nous prévenir de votre arrivée en téléphonant (06-16-93-07-28) au moins vingt-quatre heures à l’avance. Si vous venez en train, nous irons vous chercher à la gare de Montauban.

NB : Le programme ci dessous est susceptible d’être modifié d’ici le camping, nous vous invitons donc à consulter réfulièrement le site oclibertaire.lautre.net et le prochain numéro de Courant Alternatif pour en avoir la version définitive.

mardi 23 juillet

Après-midi : Kanaky
Après 170 ans de colonisation, le peuple kanak résiste toujours pour son autodétermination et sa liberté. Le processus de décolonisation signé par l’accord de Nouméa reste inachevé, malgré la volonté de l’État colonial d’imposer unilatéralement une sortie de celui-ci, après avoir volé le dernier référendum d’autodétermination. Les mobilisations de ce printemps contre la loi sur le dégel du corps électoral marquent un tournant historique. Les inégalités sociales, le racisme, la justice coloniale sont les réalités d’une jeunesse populaire kanake qui s’est soulevée dans la capitale pour empêcher le pouvoir colonial d’ouvrir le vote à la classe bourgeoise de colons métropolitains arrivés il y a seulement dix ans. Répression féroce, milices fascistes, état d’urgence… : 2024 est un moment clé de la lutte pour une Kanaky libre, dans un contexte colonial de pression sur l’économie minière et de militarisation française dans le Pacifique.

Soirée : Les émeutes suite au meurtre de Nahel
À la suite d’un énième meurtre raciste de la police dans une cité ouvrière, plusieurs nuits de révolte ont secoué la normalité capitaliste et étatique : attaques contre des institutions publiques (préfectures, mairies, conseils départementaux, etc.), de permanences parlementaires, incendies ou dégradations de milliers de bâtiments (police, gendarmerie, mairies, écoles), pillages…, le tout pour un milliard d’euros. Si cette révolte sans intermédiaires et sans concession ne peut être comprise que dans le cadre d’une lutte des classes radicalisée d’une partie particulièrement précaire du prolétariat urbain, elle a néanmoins ses limites dans son caractère éphémère, dans la faible proportion des habitants qui peuvent s’y impliquer, et dans l’absence de perspectives politiques durables qui y sont rattachées. Comment la situation des banlieues ouvrières a-t-elle évolué par rapport à 2005 ? Que disent ces révoltes de la lutte des classes aujourd’hui ? Quelles solidarités tisser ?

mercredi 24 juillet

Après-midi : Contre l’aménagement capitaliste du territoire
Depuis plusieurs années et l’opposition au projet d’aéroport de NDDL, les luttes dites « écologistes » ont pris une nouvelle dimension. La palette de cibles qu’elles attaquent s’est élargie vers des aspects de la domination capitaliste qui concernent de plus en plus de monde. Elles ont tendance à sortir d’une stratégie consistant d’un côté à faire pression sur les gouvernants pour réclamer des mesures générales en vue de « sauver » la planète et, de l’autre, à se contenter de comportements individuels vertueux. En dehors d’un « macro » inaccessible et politicien et d’un « micro » moraliste et inefficace, le mouvement anti-bassines comme tous ceux qui sont liés à l’aménagement capitaliste du territoire marquent une volonté de réappropriation directe d’un espace bien réel, connu de tous et toutes et maîtrisable. Différents regroupements et collectifs locaux se sont créés ces dernières années qui illustrent la diversité des sensibilités qui animent ce mouvement. Nous y participons avec nos spécificités anticapitalistes et internationalistes et y voyons une possibilité que dans la situation actuelle elles participent à une renaissance de la conscience de classe d’un prolétariat atomisé par les restructurations capitalistes.

Soirée : Agriculture 
Tant le dernier mouvement des agriculteurs que le mouvement contre les méga-bassines ont démontré que la lutte des classes traversait le monde agricole. La question agraire, c’est-à-dire de l’utilisation des terres pour produire la nourriture indispensable à notre survie est au cœur de tout projet de transformation des rapports sociaux. Qui possède, qui produit, qui contrôle et pour qui ? Des questions qui concerne toute la planète et qui interrogent une industrialisation de l’ensemble de la vie qui semble ne pas vouloir s’arrêter.

jeudi 25 juillet

Après-midi : Présentation du livre Les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes par son auteure, Vanina
Dans les années 80 et 90 s’est déroulée, aux États-Unis puis ailleurs dans le monde, une véritable contre-révolution idéologique avec l’apparition de deux courants de pensée : le néolibéralisme, porté par une droite dure, et le postmodernisme, émanant d’une gauche déçue par le « communisme » soviétique. Vanina étudie ce qui a fait le succès de cette contre-révolution ; et elle critique les effets des théories sur le genre issues du postmodernisme, en ce qui concerne la lutte contre l’oppression patriarcale et contre l’exploitation capitaliste.

Soirée : Montée du fascisme en Europe ?
Il y a actuellement en France et dans beaucoup de pays du monde une montée des partis d’extrême droite. Beaucoup sont qualifiés de fascistes. Nous nous devons d’avoir une approche matérialiste. Au même titre que nous ne confondons pas le discours des appareils politiques dits de gauche avec leur pratique réelle au gouvernement (où ils trahissent toutes les promesses faites), nous nous devons de différencier le discours des partis d’extrême droite de leurs pratiques dans des gouvernements. Il faut en conséquence être à même de pouvoir caractériser ce qu’est un régime fasciste pour pouvoir le différencier d’un régime d’extrême droite ; car à tout confondre, on risque de proposer des axes militants erronés. Nous reviendrons donc sur cette différence pour essayer comprendre les enjeux politiques actuels.

vendredi 26 juillet

Après-midi : Pas de débat prévu à l’avance. Discussions informelles.

Soirée : Commission Journal de Courant Alternatif, 1ère partie

samedi 27 juillet

Après-midi : Contre le traitement social et politique des immigré.es en France et en Europe, quelles luttes mener ?
On abordera le rôle des dernières lois françaises et européennes pour contrôler et entraver les déplacements de personnes étrangères pauvres, pour fabriquer des sans-papiers et instaurer sur eux.elles une pression permanente afin qu’ils.elles acceptent leur assignation à la surexploitation. On parlera de l’utilisation médiatique de l’immigration dans la surenchère de la rigueur, du sécuritaire, de l’exclusion et du racisme. Et on verra comment ces lois et certains médias ont servi et vont servir de tremplin au programme des extrêmes-droites, face à des partis de gauche peu actifs et très réservés sur le terrain des migrations. Enfin on se demandera quelles luttes mener qui soient solidaires (pas seulement humanitaires) et émancipatrices ?

Soirée : Palestine
Avec Emilio Minassian, correcteur de métier, de formation marxiste “autonome”, ayant beaucoup voyagé en Cisjordanie ces vingt dernières années, co-auteur du livre “La Révolte des Gilets jaunes, histoire d’une lutte des classes” aux éditions Niet !

Dans cette discussion, nous chercherons à développer une approche en termes de classes des antagonismes en Israël-Palestine, à distance des lectures en termes de “peuples”.

Quelques thèmes qui seront abordés : • Processus politiques et sociaux consécutifs à la deuxième Intifada : une victoire des directions politiques palestiniennes sur l’autonomie de luttes • La coopération économique et sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et Israël : un appareil répressif israélo-palestinien conjoint. • “Dedans” (Israël) et “dehors” (les Territoires) : les circulations des travailleurs palestiniens de Cisjordanie, l’expérience de l’exploitation. • Retour sur l’histoire du zonage et de l’ethnicisation de la force de travail en Israël-Palestine • Le prolétariat des camps de réfugiés et la lutte armée “sans parti” : luttes pour l’accès aux rentes politiques / luttes de classes / logiques de vengeance • Hamas et Fatah : quelles contradictions sociales traversent les partis politiques palestiniens ?

dimanche 28 juillet

Après-midi : Toutes et tous des terroristes ?
En 1986, Charles Pasqua, ex-patron du SAC (Service d’action civique, milice gaulliste spécialisée dans la chasse aux militants après 68) devenu Ministre de l’Intérieur déclarait son intention de « terroriser les terroristes ». Aujourd’hui Gérald Darmanin, ex-sympathisant de l’Action française (Organisation royaliste contre révolutionnaire) décrète depuis la place Beauveau la guerre aux « éco-terroristes » et la dissolution de leurs organisations. Si Pasqua ciblait les groupes révolutionnaires pratiquant la lutte armée, la figure du terroriste est aujourd’hui celle de l’islamiste, de l’ultra gauchiste, de l’activiste écolo, ou selon les besoins politiques celle de Gilets jaunes par trop énervés ou de syndicalistes CGT sensibles à la cause Palestinienne… En 4 décennies, grâce à des lois visant initialement les réfugiés basques ou les migrants, l’antiterrorisme s’est mué d’instrument de répression en mode de gouvernance. De couvre-feux en confinements, sous prétexte d’émeutes, d’attentats, de trouble à l’ordre public ou d’épidémie, les lois d’exception sont devenues permanentes. Faut-il craindre une « terreur d’Etat » ou existe-t-il encore des moyens de résister à la « terrorisation démocratique ».

Soirée : Commission Journal de Courant Alternatif, 2ème partie

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