Salut à tous, depuis le 1er Janvier le Luxembourg détient la présidence du Conseil de l’Union Européenne. Cela signifie que c’est le gouvernement luxembourgeois qui coordonne le travail et qui fixe les priorités de l’UE pendant un semestre. Le programme de cette présidence est ambitieux: le Luxembourg veut préparer à plusieurs niveaux l’UE aux exigences du futur et accessoirement clarifier la politique extérieure et les rapports avec les Etats-Unis. Pourtant, les points centraux sont l’économie et le financement. Ainsi le processus de Lisbonne, qui a comme but déclaré de faire de l’UE l’espace économique le plus compétitif à niveau mondial, est un des thèmes principaux de la présidence.
Notre plateforme RISE, qui regroupe des organisations des groupes et des individus du Luxembourg et des alentours, veut opposer à cela une critique fondamentale de l’Union Européenne et de l’ordre social régnant en général, autant dans les contenus que dans la pratique.

Pour cela nous avons décidé de baser notre résistance sur trois principes fondamentaux:

– l’anticapitalisme: car pour nous « renverser toutes les conditions qui font de l’humain un être avili, asservi, délaissé, méprisable », dépasser le capitalisme, forme toujours l’exigence nécessaire pour toute politique émancipatrice et libératrice. Nous ne croyons pas en un  » capitalisme à visage humain », pour nous il faut radicalement remettre en question les conditions sous lesquelles la société actuelle se constitue et reproduit opposer. Nous opposons à l’esclavage salarial et à la terreur productiviste la solidarité, l’entraide, le partage et l’exigence d’épanouissement de tout être humain.
– l’antinationalisme: car l’état nation n’est pas pour nous une alternative à la globalisation capitaliste, car l’Europe capitaliste ne souffre sûrement pas d’un manque de nation ou d’état, car au lieu de supprimer les nationalismes l’Europe ajoute à ceux-là une autre identité, tout aussi ignoble et avec des conséquences tout aussi catastrophiques que la formation d’une nation. Les combats pour la liberté doivent viser à supprimer les frontières et non à en ériger de nouvelles!
– l’autodétermination et l’émancipation: nous voulons mettre fin à tout forme de discrimination et d’oppression et à tout système de domination, que ce soit le racisme, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie ou ceux dont on a parlé plus haut. Nous ne pensons pas que cette libération viendra d’en haut mais seulement par en bas avec l’autodétermination, l’autoorganisation, l’autonomie et le rejet de l’autorité, car les libertés ne se donnent pas, elles se prennent.

L’Union Européenne n’est peut-être pas à l’origine de tous ces maux, mais en tout cas elle représente de la domination cristallisée en institution suprême, institution dont on subit les conséquences tous les jours, souvent sans s’en apercevoir. En plus elle profite d’un grand prestige dans tous les milieux, même progressistes ou alternatifs, assez de raisons pour l’attaquer dans ses fondements.

Pour ce qui est de la pratique:

Notre critique ne se limite pas aux dominations qu’on veut combattre, elle se veut aussi une critique des moyens, car à nos yeux la contestation institutionnalisée et rituelle des manifs et du tourisme contestataire est dans une impasse. Si nous n’arrivons pas à ancrer nos idées et nos pratiques dans notre vie quotidienne et si nous ne développons pas des pratiques réellement émancipatrices et libératrices nous ne servirons qu’à la perpétuation de l’ordre existant.

Pour cela nous voulons rompre avec les habituels rituels de protestation par des actions créatives et ainsi rassembler une multitude d’ébauches et de courants sur une base commune. Une telle base est pour nous:
– Le refus de déléguer notre droit à l’autodétermination aux partis et aux institutions étatiques.
– L’ autogestion et l’autonomie du mouvement selon des principes antiautoritaires.
– L’action directe et la désobéissance civile et sociale.

Diverses formes d’actions sont envisageables : Street-Parties, Street-Art, blocages et occupations, guérilla de divertissement et de la communication, etc. Il ne s’agit pas d’entrer dans une logique d’escalade militaire, nous ne voulons pas un climat de violence mais plutôt un climat de libération. Nous allons faire comprendre que ni nos têtes, ni les rues ne pourront être contrôlées!

Nous trouvons particulièrement important qu’il y ait au-delà de la pure protestation un espace de rencontre, de discussion, de réflexion et d’organisation autonome. Ainsi, pour ancrer dans la pratique les pistes politiques que nous proposons, nous avons dans le cadre du contre-sommet à l’Union Européenne, comme principal pari d’organiser un village anticapitaliste et autogéré. Nous disons village parce qu’il est clair pour nous que ce lieu ne sera pas un camping uniquement destiné à héberger des manifestants-touristes, mais bien un lieu d’échange d’idées et de pratiques organisé sur base de l’autonomie et de l’autogestion. Ainsi nous ne voyons pas ce village comme celui de notre plateforme, mais comme le village de tous celles et ceux qui participeront à sa mise en place et qui s’y impliqueront.

Dans notre imagination un tel espace serait:
– un espace de rencontre, de réunion et de convergence pour les différents combats politiques et sociaux, ayant pour optique la création de réseaux et la solidarité.
– un espace de réflexion, de discussion et de développement dans lequel seront abordés des thèmes habituels et toujours actuels mais aussi des thèmes « litigieux » qui normalement ne sont traités qu’en marge des mouvements. Bref, un espace de questionnement et de remise en question.
– un lieu de partage de pratiques et de savoirs alternatifs ayant la forme d’ateliers.
– un espace de contre-culture, de fête de joie et de rage, aspect dont aucun mouvement vivant ne peut se passer.
– un espace de contre-information, qu’elle soit liée à l’actualité du contre-sommet ou aux différentes résistances et offensives contre les diverses formes d’aliénation et de domination à travers le monde.
– comme déjà dit un espace de pratiques autogestionnaires autonomes et collectives. Que se soit pour les cuisines collectives, les assemblées du village, le nettoyage, l’espace contre-info, l’espace pour enfants, les actions…
– un espace d’ouverture pour tous ceux qui veulent partager avec nous ces quelques jours de décalage avec leur quotidien et le système dominant.
– un lieu d’action et de résistance, en effet nous ne pouvons pas rester cantonnés à notre petit espace, nous allons aussi descendre dans la rue.

Beaucoup reste à faire. Si vous souhaitez en savoir plus, nous filer un coup de main pour l’organisation pratique, pour la diffusion pour l’information ou en proposant des projets d’ateliers ou autres n’hésitez pas à nous contacter: eurotop@gmx.net

Notre site se trouve sur www.eurotop.tk, vous y trouverez des infos ainsi qu’une version électronique de notre brochure de mobilisation à télécharger et à diffuser librement.

Salutations solidaires,
pour RISE, kakadu