L’islamisme contre les femmes, partout dans le monde, par Mimouna Hadjam,
militante de Afrika à La Courneuve

Tenter de démêler les racines de  » l’affaire du voile « , c’est tenter de
comprendre la nature de l’idéologie véritable qui se cache derrière le
voile.
Cette idéologie qui a pour nom islamisme politique si elle ne saurait
ignorer les interférences dues aux changements économiques et politiques sur
la scène internationale s’attaque prioritairement aux femmes, et il faut le
rappeler aux femmes musulmanes. En Afghanistan, en Algérie, au Nigeria, en
Iran, ce sont des femmes musulmanes qui ont été assassinées, torturées,
lapidées. Heureusement pour nous femmes immigrées ou issues de
l’immigration, nous ne vivons pas cette situation ; cependant il faut
reconnaître que cette idéologie a contaminé la France. Bien sûr elle n’a pas
le visage de la barbarie qu’on lui connaît dans ces pays mais des milliers
de femmes immigrées ou issues de l’immigration sont victimes d’une double
discrimination, victime du racisme d’une part et de cette idéologie
patriarcale et obscurantiste.

Dans le domaine du statut personnel qui régit les relations personnelles
(mariage, divorce) les femmes qui vivent en France se voient appliquer par
des tribunaux français des législations de leurs pays d’origine. De plus en
plus de femmes se retrouvent répudiées au pays d’origine, par le mari qui
prononce la formule magique 3 fois (comme le veut la charia) ; ce dernier
n’a plus qu’à la faire valider par exequatur en France pour que la femme se
retrouve répudiée selon le droit musulman, et surtout spoliée de tous ses
droits, en matière de logement, d’autorité parentale, voire de garde
d’enfants ;cela ne date pas d’aujourd’hui. Une jeune, marocaine âgée de
26ans, habitant La Courneuve s’est vu enlever ses quatre enfants tous de
nationalité française, en 1990 par le père au Maroc, qui jugeait que sa
femme montrait des idées d’indépendance ;répudiée au pays, le tribunal a
donné la garde au père. La juridiction française n’a fait qu’entériner la
décision marocaine, malgré une enquête sociale favorable à la mère. Ces
femmes ne pourront jamais se remarier, ni même vivre en concubinage du fait
de la pression religieuse et communautaire, et parce qu’elles gardent
toujours l’espoir qu’on leur rende leurs enfants.
Une autre de ces humiliations permises par la charia est la polygamie,
officiellement interdite en France, mais tolérée, toujours  » au nom du
respect de la culture des autres « . L’impact de cette possibilité sur le
mental des femmes est énorme, car elles vivent dans la terreur d’un second
mariage du mari, les entraînant dans un état de dépendance et de soumission.
Inutile d’entrer dans des considérations religieuses, ou explications
théologiques : la polygamie est un véritable esclavage moderne, puisqu’elle
permet à un homme d’aller chercher une, deux, trois femmes, de les répudier
à sa guise, et de les exploiter comme bon lui semble. Comme le droit au
séjour n’est garanti que pour la première épouse, les autres femmes n’auront
aucune existence légale et deviendront des bonnes à tout faire.
Rappelons que le réseau féministe s’est prononcé de longue date, pour un
statut autonome des femmes immigrées, leur permettant l’obtention d’un titre
de séjour, indépendamment du conjoint. De nombreuses naissances sont
déclarées au nom de la première épouse, niant à la fois les droits de la
mère et ceux de l¹enfant accentuant la pression et le chantage contre ces
femmes.
Devant ce triste tableau, on pourrait penser qu’il y a un léger mieux du
côté des jeunes femmes, et filles, mais c’est oublier que le mépris des
femmes s’inscrit en lettres majuscules, dans nos contrées banlieusardes où
règne l’obscurantisme.
Des scandales ont éclaté à propos des mariages forcés. Là aussi il ne faut
sous estimer le poids des pressions familiales, la naïveté. des filles qui
ne disent pas franchement oui, franchement non. Il faut comprendre comment
on en est arrivé à cette terrible régression pour des filles françaises Il
s’agit d’abord d’une vie de fillette qui même si elle st scolarisée vit sous
le contrôle permanent de la famille et de la communauté, dans la cité. Elle
est surveillée par le frère, le copain du frère, les gars du quartier ; ses
déplacements sont limités et la cité devient le bled. Les parents ont peur
de la francisation de la fille vécue comme une débauche, parce qu¹elle a été
surprise en train de fumer, ou avec un petit copain, ou elle s’habille trop
sexy La solution du mariage est  » proposée  » à la fille. Peu de filles se
rebellent car les pressions sont énormes, et on peut faire une comparaison
avec il y 10 ou 20 ans, où les filles étaient moins dans la soumission.
Parce que justement le tribunal communautaire s’est élargi contre les
filles, et à la difficulté compréhensible de se plaindre contre sa famille,
s’ajoute la volonté de sauver sa peau, car les filles sont victimes de
violences régulières de la part de leurs frères auxquelles assistent
impuissantes leurs mères. Une mère de 5enfants à Drancy raconte  » mes fils
de 17 ans, et 25 ans tabassent presque quotidiennement leurs deux s¦urs
âgées de 16 ans et 23 ans, et pourtant elles sont sérieuses, l’une est
étudiante en médecine, il vaut mieux qu’elles se marient  » Ces mariages
plutôt arrangés se font avec un cousin, l’été au pays qui pourra par la même
occasion obtenir le précieux titre de séjour.
L’évolution des comportements face au mariage n’est pas la même dans toute
l’immigration. Pour l’immigration originaire de l’Afrique de l’ouest, le
mariage s’est développé sous forme de viol légalisé. Le GAMS,( Groupe pour
l’Abolition des Mutilations Sexuelles) mène une campagne nationale de
prévention dans les établissements scolaires contre ces pratiques. Des
jeunes filles, voire des fillettes sont  » mariées  » et cela se traduit par
des viols répétés tous les week-ends, le plus souvent au domicile des
parents, mais ça peut-être dans un hôtel, dans un foyer. Si le mari est en
Afrique, on conduit la fillette là-bas, et elle peut revenir après
consommation du mariage.
L’inadmissible, c’est qu¹en France, des filles mineures sont violées
régulièrement, par des  » maris  » le plus souvent en situation irrégulière et
on attend la majorité des filles pour organiser le mariage civil. À Saint
Denis, deux s¦urs, une âgée de 13 ans et demie, collégienne, l’autre de 16
ans ont été » mariée, personne n’a rien vu jusqu à ce qu’elles soient
enceintes ;ces filles se sont retrouvées dans l’obligation de faire « 
l’épouse « , puis la maman, en sacrifiant leurs études.
Cela se passe en France, des viols régis par un engagement religieux devant
témoins et on ne peut que hurler devant cette régression qui frappe des
femmes, des filles quand on sait la dureté des combats féministes qui ont
été menés pour la reconnaissance de la criminalisation du viol.

Alors oui, ne pas accepter l’emprise de l’intégrisme et du religieux sur nos
vies de femmes devient l’urgence, car cela ne fait que renforcer la
théologie du machisme, de la domination masculine. Il est nécessaire de
s’interroger sur les raisons de cette régression, que nous vivons depuis une
vingtaine d’années dans les quartiers.
Lorsque éclate l’affaire des premiers foulards, nous sommes en 1989, deux
avant la guerre du Golfe qui représente une césure importante pour
l’immigration. La guerre du Golfe a accentué le brouillage dans
l’immigration qui n’a pas pu s’exprimer politiquement, de peur de se voir
assimiler à la cinquième colonne de Saddam Hussein ;(il faut se rappeler que
le gouvernement avait mis en place toutes les phases de son plan
Vigipirate). Certaines associations islamistes en ont profité pour
apparaître publiquement et récupérer cette contestation qui grondait de
manière souterraine. Était ce un fait nouveau ? Non. L’immigration ou plutôt
les immigrations qui vivent en France en France ne sont jamais restées
coupées de ce qui se passait dans leur pays d’origine, et dans le monde et
on ne va pas leur reprocher. Dans le contexte de la crise économique de la
fin des années 70 qui les frappe durement et prioritairement,  » la
révolution » islamique en Iran trouve un premier écho favorable dans
l’immigration. Il faut se souvenir que le régime du Shah honni par le peuple
iranien, soutenu par les USA , balayé par Khomeyni a eu de larges soutiens,
partout dans le monde, y compris dans la gauche française. Ce premier
événement politique mondial a eu des répercussions immédiates, en France.
Les grèves des années 80, et notamment celles du  » printemps de la dignité « 
chez Citroën ont vu apparaître les premières revendications de mosquées à
l’intérieur des entreprises. Sans rejoindre le délire de Pierre Mauroy qui
voyait des intégristes partout, nous étions quelques militants politiques et
associatifs à marquer notre inquiétude devant ce courant, certes
minoritaire, mais qui existait.
Les premiers foulards apparaissent à ce moment chez la seconde génération de
l’immigration, chez des jeunes filles très cultivées voire les plus
politisées à gauche (l’une des leaders de la marche des beurs porte le
foulard en 1984). Et puis le fait le plus significatif est la réapparition
de la polygamie dans l’immigration maghrébine, alors qu’elle avait
complètement disparu. A cette époque, beaucoup de ces femmes, marocaines,
algériennes témoignent dans nos permanences du changement de leur mari  » mon
mari depuis qu’il est au chômage, il a changé, et a pris le chemin de la
mosquée où il a trouvé de mauvais conseillers qui lui ont dit de se remarier
pour reprendre confiance en lui  » Et puis les premières demandes de cours de
morale coranique arrivent dans les associations qui dispensent de l’aide aux
devoirs ou les services municipaux jeunesse ; ces demandes seront
satisfaites comme en Seine-Saint-Denis, dans le Nord, avec mise à
disposition de locaux ou créneaux horaires sur les activités existantes.
Le mouvement islamiste s’est construit, en ciblant certains quartiers ;
forte concentration d’immigrés musulmans, pauvreté, chômage, précarisation,
drogue. Ce cocktail de mal vie était un terreau favorable au développement
des idées les obscurantistes et ténébreuses, tout comme il l¹était pour le
développement des idées racistes du Front National. Dans ce contexte, le
mouvement islamiste a aggravé la vie des immigrés et celles des femmes, et
peu d’associations malheureusement ont eu la clairvoyance de dénoncer cette
situation, pour tenter de protéger la population immigrée des pressions de
l’islamisme politique. Pressions qui allaient s’aggraver avec l’avènement du
FIS en Algérie, où là aussi les répercussions ont été immédiates et plus
profondes.
L’Algérie est proche, les immigrés voyagent, il y a la parabole, les jeunes
d’origine algérienne à qui on volé leur histoire, celles de leurs parents, à
qui on raconte qu’ils sont français, mais qu’on rejette, qu’on exclut se
passionnent pour cette nouvelle histoire, tout en se sentant solidaire de
leurs frères méprisés en Algérie.
Les réseaux islamistes en profitent pour mieux s’organiser, recruter dans un
premier temps parmi les diplômés issus de l’immigration. Des associations
d’entraide voient le jour, pour l’aide aux devoirs, et on commence à sentir
le travail spécifique en direction des femmes. Dans le Nord, des jeunes
Français convertis à l’islam, sont envoyés au porte-à-porte, pour discuter
spécialement avec les femmes. Si les parents sont bluffés devant ces blonds
aux yeux bleus, qui s’expriment parfaitement en arabe, ils restent cependant
prudents et préviennent leurs enfants  » nous sommes musulmans et nous vous
apprendrons notre religion comme nos parents nous ont appris  » ; les filles
fréquentent assidûment conférences et colloques, et gagnent dans un premier
temps un certain statut. Dans le Douaisis, elles vont influer pendant 3 à 4
ans dans des associations de parents d’élèves, de femmes, des commissions
para municipales, faisant un travail de contrôle sur les filles, et étant
chargés d’une mission :moraliser le quartier perdu par 60années de
communisme, et donc de mécréance, en vue de la réislamisation. Au début des
années 90, lorsque le FIS est dissous en Algérie, certains de ses militants
trouvent asile en France, et particulièrement dans nos quartiers, renforçant
la coloration intégriste du mouvement islamiste dans ces quartiers.
Les pressions ont désormais changé de nature, passant du privé à l’espace
public et toujours contre les femmes.
Ainsi de nombreuses associations ont été  » visitées  » , les femmes qui les
fréquentaient ont été menacées parce qu’elles assistaient à des cours
d’alphabétisation ; des intimidations ont été menées contre les frères des
filles qui faisaient de la danse, du théâtre, accusés d’être des  » bouffons
« .Des rumeurs ont été lancées contre les m¦urs soi-disant débridées des
dirigeantes féministes des quartiers, parce que athées, et donc forcément
mécréantes et putes.
À La Courneuve, pendant des années, les insultes racistes, sexistes se
côtoyaient dans un climat d’intimidation permanent, certaines femmes étaient
suivies jusque chez elles, recevaient des lettres anonymes jusqu’au jour ou
deux militantes furent agressées en 1994, au prétexte qu  » elles
débauchaient les musulmanes pour leur apprendre le français « . Dans le Nord,
la même association (il faut en rire) a connu des tentatives
d’ensorcellement pour faire peur aux femmes et les empêcher d’entrer dans le
local. Les agissements des islamistes ne sont pas nouveaux, et il aura fallu
attendre 1994, pour qu’une certaine prise de conscience ait lieu, lors des
attentats de Marrakech où deux français de La Cour neuve étaient impliqués.

Beaucoup de nos commentateurs et amis de gauche, trop occupés à menacer les
Algériens victimes de l’intégrisme de passage devant le tribunal pénal
international, et à lutter pour la reconnaissance du statut de réfugié
politique à leurs bourreaux, ont pris conscience que ça pourrait leur
arriver en Europe.
Nous pouvions commencer à être écoutés, sur le fait qu’il existait un
islamisme politique en France, qu’il quadrillait déjà certaines cités, que
beaucoup de jeunes français s’étaient faits enrôler en Bosnie, en
Afghanistan, Et que oui, il y avait eu une certaine complicité des services
de l’Etat, qui ont donné l’asile territorial plus facilement àdes militants
islamistes qu’à des militants progressistes réellement menacés ;oui il y a
une complicité de certaines mairies de gauche qui ont préféré acheter  » la
paix sociale  » en composant avec les associations islamistes par
l’attribution de locaux, comme ce fut le cas à La Cour neuve, Nanterre,
Stains, Drancy etc.
Ces dernières années le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak ont
été autant de graves événements qui ont aggravé ce basculement des jeunes
vers l’intégrisme, d’autant plus que l’après11Septembre a renforcé la
suspicion anti-arabe, permettant à Bush, Berlusconi de donner de la voix à
tous les abrutis de la terre sur le choc des civilisations. Il est
nécessaire de rappeler quelques vérités à propos de l’islam et des religions
en général. Il n’est pas juste de jeter l’anathème sur un cinquième de
l’humanité, d’autant plus que le mal intégriste n’a épargné aucune religion.
L’église chrétienne a vécu sous le signe d’une inquisition permanente à
travers la guerre sainte suscitant des discours de haine, les croisades. Le
judaïsme, pourtant victimes de persécutions les a reprises contre les
palestiniens, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. L’hindouisme a dérivé et
est devenu sanguinaire avec sa minorité musulmane. Cela ne doit pas nous
empêcher de critiquer, voire de blasphémer contre les religions, sans pour
autant insulter les adeptes de ses religions, et ce que nous avons fait dans
l’affaire des foulards.

Garder nos positions féministes ne pas faire preuve d’angélisme, ni de
frilosité, encore moins de culpabilité mais prendre toutes nos
responsabilités, en restant solidaires des femmes immigrées qui souffrent
les premières de cette situation. Nous sommes contre tous les foulards,
qu’ils soient portés à Téhéran, Kaboul, Alger, La Cour neuve, Lille,
Marseille ;qu’ils recouvrent une partie du corps ou totalement, car les
foulards du monde entier expriment une même chose :la soumission forcée des
femmes à un programme d’oppression.
Nous avons analysé ces phénomènes dans l’immigration, et nous savons que,
pour beaucoup de femmes, ce foulard n’a pas toujours la même signification.
Pour les femmes de la première génération, il s’agissait surtout d’une
tradition rurale, et puis soyons honnêtes, ces femmes étaient si peu
visibles que peu de gens se sont réellement interrogés sur leur confinement
dans leur communauté et il aura fallu que leurs filles non pas les imitent,
mais ramènent une mode hors Maghreb, pour que le débat soit posé à la
société française. Ces filles, adolescentes le portent quelque quelquefois
pour faire plaisir aux parents, généralement immigrés récents. Elles pensent
tout simplement gagner leur confiance, mais elles se retrouvent rapidement
piégées ; si dans un premier temps, le foulard est utilisé comme
légitimation de sortie, l’entourage familial l’utilise comme moyen de
répression et il sera impossible à la fille de se dévoiler car le
dévoilement est considéré comme un péché, une insulte à l’islam. Alors ce
foulard identitaire devient vite un foulard forcé. Et puis avec la
multiplication des associations islamistes, des mosquées qui dispensent les
cours, on voit se développer le nombre de petites filles  » en apprentissage
de foulard  » Le Mercredi et le Samedi, on voit dans les cités des gamines,
âgées de moins de 10 ans, de plus en plus nombreuses, se diriger vers les
cours religieux, foulard sur la tête ; Cet apprentissage du foulard se fait
sous la force tranquille de l’entourage, pour amener la fillette à
revendiquer  » son foulard  » vers 14 ans en affrontant ses professeurs et en
clamant  » c’est mon choix « . Cette recherche etnico-identitaire
d’adolescente se fait sur le dos des femmes et il se trouve des défenseurs
pour crier au racisme.
L’instrumentalisation des femmes, dès le plus jeune âge reste l’une des
cibles de l’islamisme politique et pour cela les islamistes ont à leur
disposition une armada de militantes. Toutes les femmes de l’immigration ne
sont pas des victimes, et l¹immigration, tout comme le reste de la société
française est partagée par des contradictions ; en effet même si
l¹immigration a une appartenance massive à la classe ouvrière, il y a des
gens de droite, de gauche, d’extrême droite, tout comme il y a des riches,
des pauvres C’est une réalité avec laquelle il faut compter. L’islamisme
politique a su le faire et parmi les filles militantes, on retrouve des
universitaires qui revendiquent l’islamisme de manière politique et il
s’agit de les considérer comme des adversaires politiques. Ces militantes
font un travail énorme basé sur la culpabilisation de femmes musulmanes, de
leurs familles, à propos de l’échec scolaire des enfants, de la délinquance
; aucune accusation n’est portée, mais tout est suggéré. A l¹aide
psychologique et morale importante qu’elles apportent aux femmes les plus
démunies s’ajoute souvent une aide matérielle et financière (garde
d’enfants, paiement des colonies de vacances). Dans les quartiers, l’un de
leur objectif est la réislamisation morale et elles ont réussi : haro sur la
viande non hallal, avec des énormes pressions sur les parents. Il y encore
quelques années les parents qui il est vrai ne consommaient pas la viande
non hallal recommandaient à leurs enfants d’en manger dans les cantines « 
mange et dis bismil Allah, dieu te pardonnera  » ; c’est fini et dans le Nord
il y a des cantines ou des enfants, affamés, se gavent d’entrées, et de
desserts, à cause de cette interdiction. Plus un seul enfant des quartiers
ne mange un chocolat, sans lire la composition, en graisses animales.
Certaines plus radicales vont plus loin et interdisent de manger du fromage,
puisque produit fermenté. De plus en plus de filles ne fréquentent pas les
centres de loisirs ou si elles y vont, beaucoup d’entre elles cessent à
l’age de la puberté, trop sollicités par les mosquées. On retrouve ce
phénomène dans les classes de neige, classes verte, linguistiques où de plus
en plus de parents ne veulent plus que leurs filles se rendent, sous
prétexte de mixité du bâtiment. Ces situations se sont aggravées et on le
sait les mères ont été  » travaillées  » par des militantes.
Le mois du ramadan est leur mois de recrutement, car elles visitent les
femmes à domicile, surtout les plus fragiles, divorcées, répudiées
prostituées, délinquantes ; ces dernières peuvent trouver une certaine
reconnaissance dans l’islam et les militantes marquent des points d’autant
plus que dans la période du ramadan, elles en rajoutent pour fustiger les
peu croyants, les incroyants, jeter la pierre sur les athées, grâce à leur
statut de voilée. Alors on pourrait se dire, tant pis pour elles, qu’elles
se débrouillent, ce voile revendiqué est un choix conscient. Pour elles oui,
mais il faut les empêcher de contaminer d’autres femmes, car la frontière
entre  » revendiqué  » et » forcé  » ou  » choisi  » est étroite dans des
quartiers ou n’existe aucune mixité sociale, et les filles risquent d¹être
livré rapidement à l’islamisme politique.
Les femmes voilées sont un réel danger pour celles qui ne le sont pas ; Dans
des cours d’alphabétisation, il y a majoritairement des femmes non voilées
qui plaisantent lors des pauses, discutent à propos des hommes ;Dans un
cours à Drancy une femme voilée est apparue, sonnant ainsi le retour à
l’ordre moral, avec silence complet, les discussions reprennent sur la
religion, alors qu’elle-même n’a rien demandé. Il lui a suffi qu’elle
apparaisse dans son foulard, pour terroriser le groupe. La présence d’une
voilée impose le  » soi disant respect  » en verrouillant toutes les
discussions, augmentant de fait la pression sur celles qui résistent. Par
rapport à la cigarette, cela va plus loin, puisque les voilées imposent
qu’aucune femme ne puisse fumer dans le groupe, alors qu’il n’y a aucune
interdiction dans l’islam, arguant que ça fait mauvais genre pour une femme.
Voilà ce qui nous a amené à dire non à tous les foulards, et pas seulement
d’un point de vue républicain, mais d’un point de vue féministe. Nous
voulons aborder la question du foulard, d’un point de vue de l’islamisme
politique et ses conséquences directes sur les droits des femmes.

Aujourd¹hui, nous le savons la charia réussit à passer dans les mailles du
droit français par le biais des conventions bilatérales et des exequatur,
les mariages forcés sont en augmentation. Qu’en sera t-il demain si nous
perdons le combat autour du foulard. L’urgence se trouve dans le combat
autour de la défense de l’école laïque même si ce combat ne nous rend pas
aveugles sur les carences de l’éducation nationale, car ce qui fait craquer
l’école ne relève pas d’un fait culturel, mais est bien le reflet de
mécanismes sociaux, d’exclusion qui existent dans la société. Une fois dit
cela, nous ne pensons pas que c’est discriminant de demander à une fille
voilée de retirer son foulard à l’entrée de l’école.
En 1989, nous avions position contre l’exclusion des trois filles à Creil,
parce que cette exclusion avait été initiée par un principal connu pour ses
positions très droitières. Et puis le débat se déroulait dans le contexte
d’une France marquée par la montée de l’extrême droite et du racisme
anti-arabe (la décennie fut particulièrement meurtrière pour des dizaines de
jeunes beurs). Avec les féministes, nous avions fait le pari du triomphe de
la modernité sur l’ignorance.
Nous nous sommes trompées et le piège s’est refermé sur les femmes. Nous
n’étions pas des fanatiques d’une loi car nous savons par expérience qu’une
loi ne règle pas tout. Les différentes lois contre le racisme n’ont pas
aboli le racisme, mais elles permettent aux victimes du racisme de se
défendre. Si majoritairement personne ne s’interroge sur l’interdiction de
l’excision, c’est grâce à la loi qui proscrit cette pratique. En ce sens
nous pensons que la loi pour la laïcité peut être un point d’appui pour les
femmes et filles qui refusent la contamination des idées intégristes. Aucune
loi n’est la panacée et nous continuerons de revendiquer une véritable
politique sociale pour les quartiers, en matière d’éducation, d’emploi, de
logement social, afin que les enfants ne se transforment pas en apprentis
intégristes. La République doit être présente à ces niveaux-là, et pas
seulement par le biais de sa police. Enfin pour répondre à tous ceux qui
disent que c’est une loi de droite, donc raciste nous répondons que la loi
pour la reconnaissance de l’IVG a été le fait d’un gouvernement de droite,
et d’une ministre de droite Simone Veil ; cela n’a pas empêché le mouvement
féministe et toute la gauche de saluer cette victoire féministe.

Si des lois peuvent nous aider à construire l’égalité entre les hommes et
les femmes, nous sommes partant car l’égalité des sexes est productrice de
démocratie et s’il est un lieu ou elle doit s’apprendre c’est l’école. Nous
nous opposons aux intégristes, pour qui la bataille autour du foulard est
une étape pour tester le camp des laïcs et pour aller plus loin vers
l’interdiction du sport, ou contre la mixité. Nous nous opposons également
aux penseurs  » droits/de l’hommiste  » qui veulent soi disant respecter la
culture des autres et disons qu’il s’agit d’une position de relativisme
culturel qui dit  » tant qu’ils voilent leurs femmes dans leurs quartiers,
dans les écoles de leurs de leurs quartiers, qu’ils excisent leurs filles,
battent leurs femmes, les violent, c’est leur affaire, pas la notre  » C’est
une attitude néo-coloniale, bien loin de cet internationalisme dont se
targuent bon nombre d’entre eux. Quant à ceux intellectuels ou non
originaires de l’immigration qui ont choisi de défendre les filles voilées,
au nom de la liberté, nous leur répondons de ne pas oublier leurs camarades
assassinés en Iran, en Algérie par des hordes de barbares les femmes
enceintes éventrées, les bébés décapités. Avant de parler de liberté, il
serait judicieux de demander à personnes qui se réclament de cette idéologie
pourquoi ils ne sont jamais désolidarisés des auteurs du génocide musulman
en Algérie au nom de l’islam.

Nous avons fait le choix de construire un monde anti-sexiste, anti-raciste
et donc sans barrière entre les couleurs et les sexes. C’est pourquoi nous
avons choisi de revendiquer la laïcité la plus ambitieuse conjuguée à
l’antiracisme, qui devra s’appliquer à toutes et à tous et servir d’antidote
à tous les intégrismes.