Mme Aïssatou KEITA et SES DEUX ENFANTS ont été libérés, mardi 11 mai vers 18h du centre de rétention de LYON-St Exupéry, et ont pu rentrer chez eux à Bourg-en-Bresse, où chacun a pu retrouver son père ou son mari. La famille a pu être ramenée chez elle par des militants lyonnais.

La mobilisation n’a pas été inutile du tout ! ! Mais il faut continuer, ce n’est pas fini, même si désormais on a beaucoup plus d’espoir que cette famille puisse rester chez elle en France…

C’est presque par hasard, apparemment, que cela a été découvert. En effet quelqu’un s’est étonné qu’il y avait des enfants dans un panier à salade. Aussitôt, cette personne a prévenu un de ses amis qui habite près du palais de justice de Lyon. C’est ainsi qu’il a pu se rendre compte de la situation de cette famille avant qu’elle ne soit emmenée au centre de rétention de St Exupéry et il a pu alerter les réseaux militants.

Cette jeune Sénégalaise qui réside à Bourg en Bresse depuis 1996, a été détenue depuis le 20 avril au centre de rétention de Lyon-Saint Exupéry avec ses enfants, Fatoumata, une fille de 4 ans, et Lassana, un garçon âgé de 7 ans, tous les deux nés en France et scolarisés à Bourg-en-Bresse à l’école Saint Exupéry, au seul prétexte que sa situation n’a toujours pas pu être régularisée malgré les demandes réitérées par son mari qui est Français et vit en France en toute légalité depuis vingt ans.

Il est particulièrement indigne de la part des autorités, et notamment du préfet de l’Ain, de demander une procédure d’éloignement du territoire alors que son mari était en déplacement à l’étranger. Ce projet d’expulsion, et les conditions de détention de la famille KEITA, sont une violation totale de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant que la France ne cesse d’invoquer à titre incantatoire mais dont elle bafoue les principes élémentaires, en grand délinquant. Les conditions de l’arrestation, juste avant l’entrée à l’école des enfants, et les conditions d’incarcération ont traumatisé ces enfants, qui en pleurs, demandaient à leur mère ce qu’elle avait fait d’aussi grave, et si elle n’avait pas volé… Alors que le seul tort de Mme Keita c’était de n’avoir pu obtenir la régularisation définitive de ses papiers.

Pourquoi enferme-t-on autant d’enfants au centre de rétention de Saint-Exupéry alors qu’ils n’y ont pas leur place ? ? ?

A Lyon, on s’indigne de cette situation : visites au centre de rétention, appels à soutien, sollicitations aux autorités concernées, délégation de quatre personnes (le directeur de l’école, une représentante des parents d’élèves, un représentant régional de la Ligue des Droits de l’Homme, un représentant du Collectif 69 des demandeurs d’asile et Sans-Papiers) reçue par Monsieur Espinasse (Directeur de Cabinet du Préfet), manifestation le 5 mai devant la préfecture du Rhône…

A Bourg en Bresse, les instituteurs et les camarades d’école veulent le retour des deux enfants parmi eux avec leur maman : mobilisation des parents d’élèves et des enseignants de l’école Saint-Exupéry, et de militants du secteur. Jeudi 29 avril, un rassemblement témoignant d’une grande solidarité autour de la famille Keita a eu lieu devant l’école. Vendredi 7 mai à 8 h30 du matin, 200 personnes se sont rassemblées au groupe scolaire Saint Exupéry pour s’opposer à l’expulsion de la famille Keita. Et à l’école primaire, ce sont les enfants eux-mêmes qui ont fait une manifestation spontanée en se mettant à crier de proche en proche « On veut garder Lassana ici ! ».

En effet, le vendredi 7 mai, Mme Keita avait rendez-vous au tribunal et elle s’est fait notifier une prolongation de cinq jours au centre de rétention. Mais nous apprenons durant le week-end qu’on doit l’emmener le lundi-même à Paris pour obtenir un laisser-passer du consulat du Sénégal et qu’elle doit embarquer aussitôt dans un avion à Roissy à 16 heures pour être expulsée.

C’est pourquoi, un rassemblement a lieu de nouveau le lundi 10 mai à 8h30 devant l’école Saint Exupéry à Boug en Bresse, auquel s’est joint des militants lyonnais avant d’aller devant la Préfecture de l’Ain, où une délégation a fini par être reçue. D’autre part, des contacts ont été pris avec des militants parisiens qui ont pu se mobiliser aussi.

Il était peu avant 16h ce lundi quand nous avons appris par les militants du Collectif Anti Expulsion présents à Roissy que les 3 passagers Keita, bien prévus sur le vol pour 16h, avaient été rayé de la liste d’enregistrement. A peu près à la même heure, nous apprenions que le Consulat du Sénégal n’avait pas reconnu la nationalité sénégalaise pour au moins un des deux enfants, et que le laisser-passer pour Madame Keita n’avait pas été encore délivré.

Le matin, le Préfet de l’Ain était resté intraitable, et pendant toutes la journée, les interventions à tous les niveaux, y compris auprès du Ministère de l’Intérieur s’étaient multipliées, de la part d’organisations, d’individus, de Claire Brisset, Défenseur du Droit des Enfants.

Le soir, Madame Keita et ses 2 enfants étaient donc de retour au Centre de Rétention de Saint-Exupéry.

Dans la journée de lundi, il faut savoir aussi que, revenu en France, le papa accompagné du Directeur de l’école, a déposé le dossier de regroupement familial pour lequel le dépôt avait jusque là était refusé à cause de sa signature qui manquait.

Et Lassana a eu ses 7 ans ce mardi 11 mai au Centre de rétention, un anniversaire dont il parlait beaucoup. Il a eu des visites, mais il a eu surtout la joie d’être libéré dans la soirée du centre de rétention ainsi que sa mère et sa soeur.

Bien sûr, tout n’est pas fini tant que l’APRF (demande de reconduite à la frontière) de Madame Keita, dont nous continuons de réclamer l’annulation, reste valable. Pour la suite, nous restons donc très vigilants.

Le collectif 69 de soutien aux sans-papiers et demandeurs d’asile remercie beaucoup toutes celles et ceux, associations, orgas, réseaux, individus sans appartenance spéciale.., qui, chacun à leur façon, ont contribué à ce succès immédiat, un succès de toute évidence liée à notre mobilisation. Un communiqué plus complet en forme de mini-bilan sera diffusé un peu plus tard.

Bien sûr, la lutte continue pour la famille Keita, mais aussi pour tous les sans-papier(e)s et demandeurs et demandeuses d’asile.. Mardi matin, la police a fait une rafle au bidonville Surville des Roms de Gerland, et beaucoup de Roumains, dont une femme avec 2 petits enfants, ont été conduits au centre de rétention de Saint-Exupéry. La dame fait partie de la famille d’une des 2 jeunes filles brûlée dans le récent incendie de caravanes, incendie sur lequel les responsables et les médias avaient fait semblant de s’émouvoir…

Ce lundi-même le Progrès de Lyon titrait en 1ère page sur « Des clandestins condamnés difficiles à expulser », les condamnés en question présentés comme délinquants n’ont comme condamnation que celle de n’avoir pas de papiers régularisés.

Voilà, encore beaucoup de boulot… mais avec l’encouragement venu du petit succès autour de la non-expulsion de la famille Keita et de la solidarité militante qui s’est exprimée à cette occasion..