La grande mascarade quinquennale est en route. Après la blague des primaires où on nous a vendu du candidat potentiel, c’est la grande valse de la campagne qui se joue maintenant sous nos yeux, qu’ils imaginent avides de ce suspens déjà joué mille fois. Ils s’attendent à la grand’messe, à l’union sacrée de la période électorale : profitons-en pour leur montrer que ça ne nous intéresse pas, que notre rage est toujours aussi vive.

Montée du FN, insécurité, chômage, plan d’austérité pour répondre à la « crise », … Toujours les mêmes discours, les mêmes débats pour nous vendre du rêve, de « l’imprévu », de l’exaltation politique. Pourtant, comme d’habitude, tout est déjà joué : le vote utile et la mascarade démocratico-républicaine, le tout au service de la continuité du pouvoir des mêmes, le tout au service de l’entretien de la machine capitaliste, le tout au service de la poursuite de la gestion du désastre.

Et nous dans tout ça ? On attend de nous qu’on aille voter, qu’on choisisse entre le bonnet blanc et le blanc bonnet. Ils font appel à notre soi-disant citoyenneté, nous n’y voyons qu’un instant de légitimation de la condition d’esclaves qu’ils veulent que l’on garde au sein de ce système.

Nous n’avons aucune envie de participer à cette vaste supercherie, et il semblerait que ce sentiment soit relativement partagé. Ces derniers mois c’est notre voisin, notre grand-mère, notre petite sœur ou notre père, qui d’habitude nous rappellent à quel point il est important de mettre notre petit bulletin dans l’urne pour changer les choses, qui aujourd’hui, au cours de discussions, font part de leur dépit face à la mascarade à venir et expliquent leur volonté de ne pas voter, de ne pas jouer le « jeu de la démocratie ».

Parce que la « démocratie » ne se joue pas dans les urnes, parce que des « représentants » ne nous représenteront jamais, on se disait que plutôt que de les laisser parler de désintérêt pour la politique à propos de l’abstention, on leur montrerait bien ce qu’est le politique.

Alors, plutôt que d’aller foutre un bulletin dans une urne, profitons de ces beaux dimanches pour lancer une grève des électeurs et des électrices. En refusant non seulement de se fourvoyer dans un bureau de vote mais surtout en occupant la rue à ce moment-là.

Ils veulent pacifier en enfermant dans des isoloirs la contestation de ce monde de merde, nous on aimerait voir s’étaler dans les rues, toutes les velléités de son renversement.

Laissons-leur donc les isoloirs, pour prendre la rue, pour nous rencontrer, nous organiser et laisser fleurir les désirs révolutionnaires qu’ils cherchent à endormir en nous collant un bout de papier dans les mains.