Ambiance à L’Aquila à un mois du G8

C’est dans cette ville de 70 000 habitants, anéantie par un tremblement de terre qui a fait 300 morts en avril, que Berlusconi a décidé qu’aurait lieu le G8 (initialement prévu sur l’île de La Maddalena) du 8 au 10 juillet 2009.

La population, interdite d’accès au centre-ville, est reléguée dans des campements en périphérie sous étroite surveillance militaire et policière. Malgré les interdictions, des assemblées y ont vu le jour pour organiser le quotidien et se ré-approprier la ville.

Les habitants de L’Aquila tentent d’empêcher l’Etat de profiter de la catastrophe pour procéder à des privatisations et à des expropriations massives. La population craint que la construction d’habitations « temporaires » en périphérie de la ville ne permette à l’Etat et aux grandes entreprises d’exploiter pour leur compte les quartiers convoités du centre. L’une des raisons de sa colère est de constater que rien n’est fait pour étayer les bâtiments écroulés du centre (hormis les églises et les édifices culturels), ce qui laisse suggérer que les dirigeants ont déjà décidé que les habitants ne réinvestiraient pas leurs anciens quartiers.

La stratégie mise en oeuvre à L’Aquila ressemble donc beaucoup au capitalisme du désastre décrit par Naomi Klein. Sous couvert d’Etat d’exception, elle avait déjà permis de faire fleurir un maximum de profits privés dans les décombres de l’ouragan de La Nouvelle Orléans et du tsunami asiatique.
La tenue d’un G8 à L’Aquila accélère ce processus d’expropriation et d’annexion par les grandes firmes, sans parler même du double quadrillage militaire. Déjà, alors que les habitants sont parqués sous des tentes, un million d’euros a été investi pour transformer en aéroport le petit aéro-club des environs, afin d’accueillir dignement les grands de ce monde.

Après l’état de choc, la population s’organise pour réinvestir le centre-ville par la force. D’après cet article du Manifesto, elle aurait fait alliance avec les pompiers (dont le statut est très différent en Italie qu’en France) pour en expulser la police.