LA LUTTE PAYE ! LA LUTTE CONTINUE !

Voici donc que les rumeurs récurrentes d’expulsion des travailleurs sans-papiers de la Bourse du travail

ne sont plus des rumeurs. La commission administrative, organisme de gestion de l’institution, vient de faire cesser les on-dit de courir, et les langues de supputer. C’est désormais parole officielle certifiée par le sceau d’un communiqué.

« L’outil « Bourse du travail » doit redevenir disponible pour les salariés afin qu’ils puissent se défendre, avec leurs syndicats, contre tous les mauvais coups ». Dont, surtout, le très mauvais que continuent de porter les travailleurs sans-papiers à la défense syndicale des travailleurs nationaux ou avec papiers ; car « ces salariés précarisés sans papiers sont « utilisés » par les employeurs pour tirer tous les acquis sociaux vers le bas, casser le code du travail et les conventions collectives ».

Accusation grave, qui emporte le devoir de la nécessité. Mais en l’occurrence cela ne se fera pas d’abord pour remplir cette obligation de la charge. Ce sera la conséquence d’encore plus nécessaires et, après dix mois, pressants motifs « d’hygiène et surtout de sécurité », afin d’éviter « un risque catastrophique à tous ». Ainsi seront sauvegardés les intérêts de tous les travailleurs, y compris des travailleurs sans-papiers occupants.

Lorsque la nouvelle s’est répandue, à l’occupation les esprits se sont échauffés ; des sans-papiers sont allés jusqu’à dire qu’ils ne s’en iront que les pieds devant. Intempérances de langage ?

Pour beaucoup, la régularisation est une question de vie ou de mort, physique et sociale. Beaucoup sont venus en Europe au péril de leur vie. L’expulsion, c’est mettre en danger, avant la leur, la vie des familles restées au pays, qui ont financé le voyage et qui attendent, pour survivre, les envois d’argent. Un tel retour au pays natal, pour beaucoup de ces jeunes Africains, c’est la sanction de leur faillite pratique et le déshonneur social. En plus, cette lutte est en train de payer. Depuis les premières régularisations, fin septembre, elles se sont multipliées, et se somment à plus de deux fois déjà celles obtenues par la CSP 75 dans l’année précédente. En pourcentage, cela représente un nombre qui dépasse désormais celui tant vanté des syndicats. Il est normal que les travailleurs sans-papiers isolés de la Bourse du travail ne veuillent pas renoncer à une lutte prometteuse, et hors de laquelle il n’y a pour eux guère d’espoir.

Les délégués ont cherché et cherchent à calmer le jeu. Mais il n’est pas sûr du tout que l’expulsion, si elle s’opère vraiment, se fera sans heurts même graves. Mais au-delà d’une telle responsabilité, la commission administrative et les syndicats en prendraient une plus lourde sur eux.

Ils auront réussi à creuser la ligne de faille, les travailleurs sans-papiers et sans droits d’un côté, le reste des travailleurs de l’autre, à les mettre dans une opposition non de détail, mais d’ensemble.

Si l’expulsion se fait, les travailleurs sans-papiers auront perdu une bataille, ils n’auront pas perdu la guerre. Leur lutte sera encore longue, dans l’espèce de guerre sociale que leur font les gouvernants et les patrons de ce pays et de l’Europe. Il y a eu un avant, et il y a eu un après l’occupation de Saint-Bernard. Il y aura un avant et un après l’occupation de la Bourse du travail. C’est de là que reprendront, pour avancer, les luttes des sanspapiers et de la coordination parisienne en particulier.

La lutte paye ! La lutte continue !

Plus d’informations sur le site de la bourse du travail occupée

http://bourse.occupee.free.fr

et sur sans papiers infos

http://sanspapiers.info

Merci de relayer le plus largement possible cet appel ne laissons pas nos camarades sans papiers de la bourse du travails seul-es