Vendredi 19 septembre, la juge du pôle antiterroriste Marie-Antoinette Houyvet convoque en urgence Ivan et Farid suite à un rapport de police constatant « une violation flagrante » de leur contrôle judiciaire. La juge met la pression : elle demande de renoncer au délai de cinq jours préalable à toute convocation pour assurer les droits de la défense (accès au dossier…). Menaçant en cas de refus, de faire un mandat d’amener doublé d’un mandat de dépôt.
Lundi 22 septembre, alors qu’Ivan et Farid se présentent l’un après l’autre devant la juge, ils apprennent que le procureur demande leur incarcération motivée par un rapport de filature des RG. Une photo les montre ensemble quelques jours auparavant alors que leur contrôle judiciaire leur interdisait « d’entrer en contact de quelque manière que ce soit ».
Lors des interrogatoires, la juge use de son pouvoir pour infantiliser et faire la morale tout en laissant croire pendant plus d’une demi-heure qu’elle va, comme le procureur, demander l’incarcération. Elle finit par décider du durcissement de leur contrôle judiciaire présentant son choix comme un « cadeau ». Elle maintient les obligations précédentes : interdiction de communiquer entre mis en examen, pointage chez les flics, chez l’assistante sociale, travail, etc. ; et les assigne à résidence de 21h à 6h… la prison à la maison. Un avant-goût des assignations à résidence, principale mesure du projet de loi pénitentiaire destinée à augmenter le nombre de détentions préventives tout en économisant les places de prison.
Farid se retrouve en plus interdit de communiquer par lettres et coups de téléphone (les parloirs lui ayant déjà été interdits à sa sortie de prison) avec un prisonnier qui a participé en 2003 à l’incendie d’un atelier de la centrale de Clairvaux. Interdiction justifiée selon la juge par la proximité de ce détenu avec des idées et des personnes fichées comme « anarcho-autonomes ».

Le contrôle judiciaire permet à la justice de garder à disposition et d’accroître son contrôle à une population bien supérieure aux capacités des prisons. Présenté comme une manière d’éviter l’incarcération, le contrôle judiciaire reste une forme d’enfermement car la prison est suspendue au-dessus des têtes pour le moindre écart aux contraintes fixées par la justice. Des contraintes qui s’étendent à de nombreux domaines : lieux de vie, horaires, fréquentations et activités. La pression est donc permanente, alimentée par une surveillance policière potentielle. Le quadrillage du temps travail-maison-travail vise à faire marcher droit et à empêcher d’autres choix, d’autres rythmes de vie.
Cette mise à disposition et ce contrôle hors les murs de la prison sont une des marques de cette société toujours plus carcérale.

A bas tous les enfermements !
Liberté pour Isa, Juan, Damien et tous les prisonniers !

Les nyctalopes