Même un préfet en vient à dresser un terrible constat d’échec, publié curieusement au moment même où le Parlement discute d’un projet de loi (dit
mensongèrement « sur la prévention de la délinquance ») destiné à aggraver radicalement l’orientation répressive suivie depuis quatre ans par les gouvernements auxquels a appartenu monsieur Sarkozy. Comme à son ordinaire, le ministre de
l’Intérieur se défausse de sa responsabilité en accusant les juges qui auraient «
démissionné ». Le président du Tribunal de grande instance de Bobigny a été
contraint, fait sans précédent dans l’histoire de la République, de rétablir
lui-même la vérité et de protester contre le « mépris » dans lequel le ministre de
l’Intérieur tient la justice. De fait, c’est la quatrième fois en moins d’un an que
ce ministre lance publiquement des accusations contre la justice qui se révèlent
infondées et provoquent des mises au point d’autorités judiciaires.

Derrière des propos de matamore se cache une triste réalité : sur les 600 policiers
promis à grand son de trompe pour la Seine-Saint-Denis, 20 sont sur le terrain ; les
autres sont partis ailleurs, la plupart affectés à la chasse aux sans-papiers et à
leurs enfants. Pendant ce temps, contrairement aux allégations du ministre candidat,
jamais les condamnations n’ont été aussi lourdes, les détenus aussi nombreux, les
peines de prison aussi longues. Chaque jour, les habitants des quartiers populaires
paient la suppression de la police de proximité, la militarisation de l’emploi des
forces de l’ordre en banlieue sur fond de provocations verbales répétées, la casse
des services publics et notamment de l’éducation (plus d’enfants par classe en ZEP
que hors ZEP en Seine-Saint-Denis !), l’étranglement budgétaire des associations qui
luttent contre l’exclusion et ouvrent des alternatives à la violence. Chaque jour,
les contrôles au faciès, le racisme et les discriminations s’ajoutent!
aux inégalités et sèment des graines de violence. Le coût social de la course à
l’électorat d’extrême droite devient exorbitant pour notre pays.

L’essentiel est connu de tous. Une politique qui augmente sans cesse l’insécurité
sociale ne peut qu’échouer à assurer la sécurité « civile » : pas de paix sans
justice, pas de paix sociale sans justice sociale. Quatre années de surdité
gouvernementale à cette évidence ne pourront se solder par quelques mouvements de
menton et par la désignation de boucs émissaires. Sauf à répéter le scénario du 21
avril 2002. Quel apprenti sorcier pourrait faire un tel pari ?

Source : http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1303