🔥Organisons l’auto-defense, pour mieux zbeuler la France: Récit de la répression suite aux ouvertures de squats à Calais en février 2022🔥

Début février 2022, à Calais, nous nous sommes retrouvé.es à plusieurs dizaines afin de tenter de contribuer à une dynamique contre les frontières et ouvrir de nouveaux espaces de solidarité. On a réussi à en ouvrir un : le squat de la rue Frédérique Sauvage, encore occupé aujourd’hui. Une autre tentative, celle d’ouvrir une tour d’immeuble vouée à la destruction, dans la cité du Fort Nieulay qui est en train d’être vidée de ses habitant.e.s, n’a duré que quelques jours. Un moment trop court, mais plein de force et de joie. Les flics ont mené un véritable siège du bâtiment, faisant que toute personne qui tente d’en sortir tombe entre ses bras, et empêchant quiconque d’y entrer ou de ravitailler les personnes à l’intérieur. Salut le moyen age, ca faisait longtemps.. L’énergie dont on a su faire preuve face aux flics et la solidarité de nombreuses personnes voisines ont mené à plusieurs soirées de chahut émeutier. Un de ces soirs, nous avons été poursuivi.e.s par la bac dans les rues de Calais, jusqu’à ce qu’ils interpellent, avec la violence qu’on leur connaît, une quinzaine de personnes. Nous sommes quatre, parmi ces personnes, à finir en garde à vue. Nous sommes tous les quatre poursuivies pour violences sur PDAP assorties, pour deux personnes de l’usage d’une arme (dans un cas au mortier, dans l’autre à l’aide d’une pierre, mais on ne sait pas bien qui est qui). Une autre est accusée d’avoir cassé le bouclier anti-émeute d’un flic à la force de ses poings (sic.), une dernière et poursuivie pour un crachat et un coup pied dans une visière.

En première instance, le juge reçoit les nullités : nous sommes libres, la procédure est annulée. Joie! Mais c’est sans compter sur le parquet qui a aussitôt fait appel. En juin dernier s’est tenue l’audience à la cours d’appel de Douai, et nous venons de recevoir son arrêt.

Deux personnes sont condamnées à 10 mois de prison avec sursis et 500 euros de dommages et intérêts par flics (3 flics chacun). Une autre écope de deux mois de sursis et 500€ de dommages et intérêts, et la dernière est condamnée à 200 jours amendes à 1€ et à nouveau 500€ de dommages et intérêts. En plus des frais de justice qui s’ajoutent, nous devons solidairement payer l’avocat des condés (environs 560 par personne). Nous avons fait un pourvoi en cassation dans l’espoir que ces shtars ne touchent pas un centime ni de nous, ni du fond d’aides aux victimes.

Des personnes meurent chaque années en essayant de franchir les frontières gardées par ces flics, en passant par les montagnes italiennes, ou en tentant la traversée de la Méditerrannée ou de la manche sur des embarcations de fortune pour éviter la police aux frontières, la bac ou tout autre flic. Ces derniers, lorsqu’ils leur mettent la main dessus, les enferment et avant ça les frappent, les rackettent, parfois les tuent. La ville de Calais est une véritable forteresse, hostile, dans laquelle les murs se font de plus en plus hauts, et les barbelés poussent plus vite que la végétation. Un nouveau centre de rétention est en projet, en collaboration avec le Royaume-Uni, pour approfondir l’arsenal de répression et d’enfermement, outils fétiches de l’État.

Le 17 septembre à 15h, une manifestation aura lieu à Calais contre le projet de centre de rétention, venez nombreuxses !

Pendant cette tentative d’ouverture, les flics ont gardé le contrôle du quartier, mais non sans mal: la détermination palpable et partagée pour les faire chier et essayer de les dégager a fait chaud au coeur, de la même manière que, dans une dimension autrement plus importante et d’autant plus réjouissante, le bolossage généralisé des condés en juin dernier suite au meurtre de Nahel. Si elles ne sont que peu de choses comparées à l’assassinat de Nahel et à ce que font les policiers toute l’année, les émeutes de cet été nous ont réjoui parce qu’enfin, l’espace de quelques jours, à plein d’endroits différents, la peur a changé de camp. Parce qu’encore aujourd’hui, de nombreuses caméras de surveillance n’ont toujours pas été remplacées, que les flics ne jouent plus les fiers-à-bras dans un certains nombre d’endroits, que beaucoup de gens se rappellent encore de ces mêmes flics, réfugiés dans leurs comicos sous les salves de feux d’artifices vengeurs, laissant enfin la ville hors de leur sale contrôle.

Solidarité avec toutes celles et ceux qui s’opposent aux frontières, aux prisons et à leurs flics et matons.