Il y a 70 ans, le 14 juillet, la police tuait
Catégorie : Global
Thèmes : Crimes d'Etat
Lieux : France
L’assassinat de Nahel ce 27 juin allonge la liste des meurtres commis par la police. Précédé de celui d’Alhoussein à Angoulême le 14 juin et prolongé par celui de Mohamed à Marseille dans la nuit du 1er au 2 juillet, tués tous deux par un tir de LBD.
Une longue liste renseignée par Bastamag (mise à jour en juillet 2023) : entre 1977 et 2022, 861 morts consécutives à l’action des forces de l’ordre, dont 27 lors d’opérations anti-terroristes, et 80 du fait d’un agent en dehors de son service.
Ces évènements dramatiques nous ramènent 70 ans en arrière, le 14 juillet 1953 quand six « Algériens » (en fait citoyens français depuis 1947), répondant à l’appel à manifester du MTLD, et un « Français », syndiqué CGT, sont abattus par la police.
Une manifestation pour fêter la Révolution française pour les syndicats et associations, pour exiger la libération de Messali Hadj et une modification des rapports entre la France et l’Algérie, oscillant entre autonomie et indépendance pour le MTLD.
À la fin de la manifestation, place de la Nation, la police tire dans les manifestants, et fait plus de 50 blessés graves qui viennent s’ajouter aux sept morts.
Pour la police et pour la droite, les policiers étaient en état de légitime défense, victimes d’une agression barbare. Si la « gauche » dénonce une « monstrueuse provocation et odieuse agression des forces policières », ce massacre disparaît des médias dès la fin juillet, victime de la traditionnelle invisibilité des morts d’origine immigrée, notamment algériens, du tournant politique de la CGT et du PCF vers une orientation unitaire en rupture avec le combat classe contre classe, et victime de la rupture FLN/MNA invisibilisant Messali Hadj et le MTLD.
L’enquête menée après le débat parlementaire est close en 1956 par un non-lieu. En ce qui concerne les manifestants, « leurs dépositions ne sont pas claires, on n’arrive pas à comprendre ». Seules sont retenues celles des policiers dont le tireur d’une balle identifiée dans le corps d’un mort et qui déclare : « J’avais tiré en l’air ».
Maurice Rajsfus a exhumé cet épisode par la publication de « 1953, un 14 Juillet sanglant » en 2003, et sa connaissance a été complétée par le livre et le documentaire de Daniel Kupferstein, « les Balles du 14 Juillet ». Article de la revue à lire ici :
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