Réaction suite à la démission du maire de St Brévin
Catégorie : Local
Thèmes : Antifascisme
Lieux : Saint-brévin-les-pins
Menacé de mort depuis plusieurs mois par l’extrême droite, et victime d’un incendie criminel manquant de les tuer lui et sa compagne, le maire de St Brévin a annoncé avoir décidé de démissionner et quitter la ville, en accord avec ses proches.
Interviewé par Élise Lucet dans le cadre du magazine Envoyé spécial, il y déclarait avoir été complètement abandonné par les services de l’État, et ne disposer d’aucune protection. Pire encore, un mois après l’incendie, la préfecture du 44 a autorisé une nouvelle manifestation de l’extrême-droite sur la commune. Ceux-là même responsables des menaces à son encontre y ont ainsi pu tranquillement se rassembler sous protection policière.
Notons que le maire de St Brévin étant aussi un des derniers médecins généralistes de la commune, son départ va rendre encore plus difficile l’accès aux soins pour les habitant-e-s. Ou quand les fafs se font complices de la destruction planifiée du système de santé par l’État…
Ces faits interviennent dans un contexte plus large de montée des violences d’extrême-droite en Bretagne et ailleurs, avec la complicité passive du pouvoir. Outre l’épisode de Callac, où le même type de menaces de morts et viols répétées visant des élu-es, journalistes, et militant-e-s associatifs, s’étaient déjà déroulées dans l’indifférence quasi totale du monde politique et médiatique hexagonal, citons aussi pour la Bretagne le passage à tabac de trois étudiant-e-s à Rennes par des membres de l’Oriflamme, groupuscule fasciste issu d’une scission de l’Action Française ; et l’agression à Lorient de 4 syndicalistes de Solidaires, gazé-e-s et menacé-e-s avec une arme de poing.
En parallèle de ces agressions fascistes, on assiste aussi à une montée des violences visant des militant-e-s écologistes et des journalistes menées par les lobbys de l’agro-indusriel, là aussi dans l’indifférence quasi totale. Le 24 novembre dernier c’est le militant anti-bassines Valentin Gendet qui était passé à tabac chez lui en raison de son engagement. Il a dû être hospitalisé.
Le 30 janvier c’est Paul François, agriculteur charentais victime d’une intoxication grave par un pesticide de Monsanto et figure de la lutte contre cette firme, qui était ligoté et tabassé à son domicile par trois individus justifiant ainsi leur geste : “On en a marre de t’entendre et voir ta gueule à la télé”. Le 24 mars, c’est la journaliste de RKB Morgane Large qui a été victime pour la seconde fois d’un acte de sabotage sur sa voiture, sa roue ayant été dévissée. Ce geste, qui aurait pu être mortel, intervient après un acte similaire en 2021, des menaces répétées et l’empoisonnement de son chien.
Pour chacune de ces affaires personne n’a été arrêté, et les coupables courent toujours. On ne doute pourtant pas du ramdam médiatique et des moyens policiers délirants qui seraient déployés si le même type d’action étaient menées par des membres de la gauche ou de l’écologie radicale, contre des politiques, des patrons, ou des journalistes…
C’est que dans un contexte de défiance totale à son encontre, le pouvoir n’a plus d’autres options que de reprendre les thématiques de l’extrême-droite pour espérer se sauver. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la loi Asile- immigration, l’opération Wuambushu à Mayotte, ou encore les flatteries que la Macronie ne cesse d’envoyer aux députés RN, députés qui à l’Assemblée nationale sont les seuls à avoir refusé de rendre hommage au maire de St Brévin… Alors que le pouvoir devient de plus en plus absurde et autoritaire, que le moindre blocage de lycée est violemment réprimé et qu’on interdit les casserolades dans les rues, 500 nervis ouvertement fasciste pouvaient tranquillement défiler samedi dans les rues de Paris.
Face à cela, nous n’avons pas d’autres choix que de continuer à nous organiser et à tenir la rue. LREM et le RN ne sont que les deux faces d’une même pièce.
Soutien au maire de St Brévin, à sa famille, et à toutes les victimes de l’extrême droite et des lobbys mafieux.
Il aura fallu que le maire de Saint-Brévin annonce sa démission pour que le gouvernement réagisse enfin aux violences d’extrême droite qui ont eu lieu à Saint-Brévin. Depuis maintenant 6 mois, le NPA dénonce avec fermeté la violence d’extrême droite qui s’abat sur la commune de Saint Brévin. Nous avons participé à l’ensemble des manifestations dénonçant le racisme et la xénophobie de celles et ceux qui s’opposent au déplacement du centre d’accueil pour demandeurEUSEs d’asile. Cette mobilisation d’extrême droite ne s’implante pas localement, elle peine à regrouper une vingtaine d’habitantEs de la commune. Cependant, elle sert de point de rendez-vous à toutes les composantes les plus fascisantes de l’extrême droite du grand ouest et même au-delà. Des intégristes catholiques de Civitas aux royalistes de l’action française en passant par les différents groupuscules nationalistes, ils se retrouvent pour partager leur haine des migrantEs.
En toute impunité
Les premiers rassemblements ont été appelés en distribuant des tracts ouvertement racistes devant les écoles (plainte déposée par la LDH), allant même jusqu’à mettre les tracts dans les cartables des jeunes écoliers non accompagnés de leurs parents. Lors du rassemblement du 25/02, des slogans racistes ont été scandés et des saluts nazis effectués devant les forces de l’ordre. Les menaces et intimidations contre les élus et les associations se sont développées dans ce contexte tout comme l’attentat contre le maire et sa famille le 22/03. Lors de la dernière manifestation du 29/04, trois contre-manifestantEs solidaires des migrantEs ont été blesséEs par des attaques de miliciens d’extrême droite. Nous n’oublions pas qu’en 2016 des coups de feux avaient été tiré contre le CADA sans aucune suite.
Mais que fait l’Etat ?
Lors de la manifestation en faveur du CADA qui avait réuni 1200 manifestantEs le 25/02, les forces de l’ordre ont utilisé matraques et gazeuse pour évacuer la place de la mairie afin de laisser la place libre aux xénophobes (obligeant les élus à quitter la mairie).
La démission du maire qui dénonce le manque de soutien dont il a pu bénéficier de la part de l’Etat s’inscrit dans un contexte où la préfecture a favorisé le rassemblement de l’extrême droite à St Brévin. Que faisait le sous-préfet de St Nazaire lors de la dernière manifestation ayant regroupé pas moins d’une soixantaine de néo-fascistes le 29/04 ? Il n’était pas absent mais bien présent en plein cœur du dispositif policier organisé pour réprimer la contre-manifestation antifasciste (des dizaines de grenades lacrymogènes ont été envoyées). Cette même journée, les forces de l’ordre ont même escorté des fascistes cagoulés jusqu’à la place de la mairie après qu’ils aient commis des violences. L’Etat porte une lourde responsabilité dans ces exactions.
Réponse antifasciste
Ce climat dans lequel prospère l’extrême droite, se développe avec un gouvernement qui poursuit sa politique raciste et xénophobe à l’encontre des migrantEs en France tout comme à Mayotte. Alors que l’urgence est à l’ouverture des frontières pour stopper l’accumulation des milliers de morts en Méditerranée et ailleurs, le gouvernement réaffirme sa volonté du durcir l’accueil des migrantEs avec une énième loi sur l’immigration. Alors que l’Etat cherche à verrouiller la frontière italienne et que Darmanin rivalise de propos haineux avec ses homologues d’extrême droite italien, nous réaffirmons notre solidarité avec tou·es les migrant·es.
Nous réitérons notre soutien au maire de St Brévin face aux violences dont il est la cible. Dans un monde où se multiplient les guerres et les conséquences du réchauffement climatique, les migrant·es vont être de plus en plus nombreu·seuses. Accueillons-les, à Saint-Brévin et partout en France. Au côté des brévinoisEs solidaires et avec l’ensemble du mouvement social, nous continuerons à nous mobiliser contre la politique gouvernementale de chasse aux sans-papiers, contre l’extrême droite et pour la liberté de circulation et d’installation.
Y’a vraiment un communiqué de soutien à un maire sur indy ou j’ai halluciné?
Tu as un problème avec l’open publishing ? Ou alors c’est réservé qu’à ceux qui ont la plus grosse en radical street cred ? Ce sont des questions rhétoriques hein, tu n’es pas obligé de répondre.
PS : je ne suis pas l’auteur de l’article, mais ça m’interroge quand même ce genre de réaction.