Contre le phagocytage des luttes par les Soulèvements de la Terre
Catégorie : Local
Thèmes : ActivismeAéroport Notre-Dame-des-Landesbassine
Lieux : France
[Phagocyter v. tr. : absorber et détruire]
L’objectif de ce texte est de mettre en garde contre les pratiques, les objectifs, et la ligne politique des Soulèvements de la Terre. Il s’appuie sur une connaissance directe des luttes à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes jusqu’en 2018, où les futurs leaders des Soulèvements s’étaient illustrés, et sur plusieurs témoignages récents de personnes s’étant rendues à des événements organisés par eux. Il n’a pas pour but de décourager quiconque de se rendre à ces événements, mais vise à partager certaines inquiétudes et certaines méfiances, en particulier d’un point de vue anti-autoritaire.
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Les chefs des Soulèvements de la Terre (« Benoît Feuillu » ou « Basile Dutertre » par exemple) sont donc ceux-là même qui, à la ZAD, sont parvenus à transformer et à contrôler la lutte à leur profit, avec des méthodes souvent brutales voire violentes. À la tête d’un groupe nommé CMDO, ils se sont peu à peu présentés comme les représentants du mouvement d’occupation dans son ensemble, tout en refusant de participer aux réunions et assemblées de lutte. Ils ont promu l’ « unité » avec les organisations réformistes au nom d’un pragmatisme politique qu’ils appelaient « stratégie ». Après l’annulation officielle du projet d’aéroport, en janvier 2018 – le succès d’une lutte de plusieurs décennies – ils ont proclamé la « victoire » et, en fin de compte, organisé la liquidation de la ZAD comme mouvement. Ils ont accepté de négocier avec l’État, non pas en leur nom propre mais au nom de tous, ce qui leur a permis d’obtenir pour eux-mêmes des maisons et des terres légalement, avec même une clause où ils s’engageaient à dénoncer aux services de l’État toute occupation illégale et à ne pas s’opposer à leur expulsion. Les récalcitrants ont été intimidés, menacés et violentés. Sur toute cette séquence, et la lutte qui l’a précédée, nous vous conseillons la lecture de l’excellent texte Réflexions à propos de la ZAD, une autre histoire (référence en fin de texte). Depuis deux ans, les Soulèvements de la Terre font beaucoup parler d’eux, a fortiori depuis la manifestation de Sainte-Soline du mois de mars 2023, où quelques 30 000 personnes ont subi un épouvantable déchaînement de violences policières. Désormais, les SDT ne mènent pas – pour le moment du moins – une lutte d’occupation, mais organisent au contraire des événements un peu partout, plus ou moins en accord avec des groupes préexistants. Le rôle des SDT semble dès lors se résumer en grande partie à diriger et coordonner des luttes, en adoubant des groupes locaux, en définissant des stratégies, en maîtrisant la communication. La transition entre le CMDO et les SDT (via l’organisation « NDDL – poursuivre ensemble ») peut être illustrée par la tentative de prise de contrôle de la lutte contre un parc industriel au Carnet, à quelques dizaines de kilomètres de Notre-Dame-des-Landes, en 2020-2021. Les chefs du CMDO, forts de l’assise de leur « victoire », ont cherché par tous les moyens à faire passer cette lutte pour une « extension » de celle de la ZAD, en en revendiquant les actions, en tentant d’en décider seuls les modalités, systématiquement spectaculaires, et en imposant leurs objectifs. Comme les personnes en lutte au Carnet refusaient cette confiscation, ils ont bientôt décidé, sans les consulter, de tenir des « réunions pour organiser la lutte du Carnet », à Notre-Dame-des-Landes : il ne s’agissait pas de soutenir leur lutte en respectant son autonomie, mais de l’organiser à leur place, c’est à dire d’en prendre le contrôle. Lors des événements ou manifestations des SDT, qu’on ne s’attende pas à des assemblées pour construire une lutte ensemble : tout est décidé d’avance, et on doit se contenter de participer. Des discussions mettraient-elle en péril le contrôle des SDT ? Quoi qu’il en soit, ce contrôle est à peu près intégral, et les témoignages sont unanimes : les SDT n’organisent pas de réunions ouvertes (à part des « briefs » sur internet), ni pendant les événements, ni entre ces événements. Ils se caractérisent donc par une totale verticalité. Il nous semble que, si l’on doit participer à une lutte, il est fondamental de pouvoir en discuter tant le fond politique que les modalités, les stratégies, les conséquences. En outre, les SDT se signalent par une totale opacité : au nom, sans doute, de la sécurité nécessaire à l’organisation d’actions « dynamiques », on ne peut être au courant de rien à l’avance, et même pendant le déroulement des actions. Mais cette « sécurité », admissible, ne peut pas être un blanc-seing pour se « servir » des gens. À Sainte-Soline, des « sous-chefs » munis de mégaphones se contentaient globalement de transmettre les ordres aux « troupes » : « en avant », « il faut tenir », « en arrière »… Au fond, les SDT ne sont pas un « mouvement » : c’est une organisation. Certes, ils prétendent le contraire (en affirmant sans rire leur caractère « imaginaire »), mais, qu’ils le veuillent ou non, ils en ont les caractéristiques. À ce sujet, il faut bien reconnaître que nous allons aux manifestations appelées par des organisations « classiques » comme la CGT ou d’autres ; seulement, dans ce cas, on n’est pas trompé sur la marchandise : on sait d’avance qu’on ne pourra discuter ni les modes d’action, ni les objectifs, ni le soubassement politique.
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Pourtant, « ça » marche. Une des raisons évidentes du succès des SDT tient au désespoir profond face à la réorganisation permanente du capitalisme, qui se formalise dans cette période en particulier sur les questions des terres et des ressources : enfin, on nous propose une lutte pleine d’enthousiasme, sûre de son succès, face à la dépossession permanente et à la passivité. À ce désespoir s’ajoute la colère, dynamisée par le mouvement social : on pourrait ainsi saluer une volonté de faire converger des luttes et même d’élargir la colère à des motifs dépassant la question des retraites et celle du travail. Mais de cela, il n’est jamais question dans la communication des SDT : sur leur site internet n’apparaissent ainsi pas une seule fois les mots « retraites » ou même « capitalisme ». Quel est donc leur ligne politique, à quoi tant de milliers de personnes sont supposées adhérer (sans jamais, rappelons-le, avoir l’occasion d’en discuter) ? En fait de pensée politique, c’est surtout une pensée stratégique que l’on nous sert : « bâtir de larges alliances », « établir des stratégies de résistance efficaces » ; les SDT vont jusqu’à citer fièrement la DGSI : « mouvement transcendant les appartenances d’origines et les divergences de stratégie », « fédérer le plus grand nombre possible de militants et groupes issus d’horizons idéologiques différents » (Appel à la saison 5[1]). Ce qui compte, c’est ici le nombre, la masse, qui de toute évidence n’a pas à avoir d’autre point de vue qu’une naïve « défense de la terre ». Surtout, on se garde de définir une ligne politique qui risquerait de nuire aux « larges alliances » (voir l’ahurissante liste de signataires de l’appel Nous sommes les SDT, de Mélenchon à l’ancien ministre Yves Cochet, en passant par l’infâme Yannick Jadot). Pour en revenir à la ZAD, le CMDO s’était illustré en écrivant sur la route « Les principes en feu, les puristes au milieu » : les « puristes », c’étaient ceux qui s’entêtaient à proposer autre chose que l’unité à tout prix et avec n’importe qui. En faisant fi des « principes » au nom des alliances avec des partis bourgeois, les SDT s’affirment donc comme un groupe opportuniste. Or, l’unité à tout prix renforce les positions des franges les plus réformistes et bourgeoises, sert leurs intérêts, et entrave les possibilités de dépassement dans la lutte. Le sensationnalisme est un élément central : les « saisons » se décomposent en « actes », c’est-à-dire des actions ponctuelles, coordonnées et décidées par les chefs des SDT. Qu’une lutte locale soit érigée en « acte » officiel d’une « saison » (c’est-à-dire que les SDT appellent à s’y rendre, selon leurs modalités et leurs plans) semble constituer l’ambition suprême : « Les comités locaux peuvent donner du soutien à ces luttes, même quand il n’est pas encore l’heure de les inscrire dans les actes nationaux des Soulèvements de la Terre. » (Des dizaines de comités locaux fleurissent dans toute la France) : patience, ça viendra, nous vous adouberons lorsque nous le jugerons nécessaire. À leur caractère vertical et autoritaire s’ajoute donc une nette tendance au paternalisme. Mais, au fond, de quoi s’agit-il, politiquement ? On ne sait pas. L’accent est mis sur l’aspect « écologiste » des luttes, sans détail (afin, sans doute, de ratisser large) : « lutter contre le béton, contre les mégabassines, contre ceux qui empoisonnent le vivant » (Des dizaines de comités…) ; « la défense de la terre et de l’eau comme bien commun face à l’accaparement par le complexe agro-industriel et face au bétonage par la méga-machine métropolitaine » (Appel à la saison 5). Quand on a vu, hélas, à Notre-Dame-des-Landes, quel était le rapport des chefs des SDT aux « biens communs », il y a de quoi s’inquiéter. Nulle part on ne trouve défini plus précisément le substrat politique de ces luttes ; la phraséologie creuse permet d’agglomérer des tendances diverses (de la Fédération anarchiste aux Verts). Pourquoi s’opposer aux mégabassines ? Pour « défendre l’eau » – mais qu’est-ce que ça veut dire ? C’est en vain que l’on cherche une analyse politique un tant soit peu approfondie sur la question, qui dépasserait « l’accaparement par le complexe agro-industriel » (quels enjeux ? pour quel profit ? au détriment de qui ?) en expliquant concrètement les processus à l’œuvre et la logique de s’y opposer. Quant au gloubi-boulga de la « méga-machine métropolitaine », chacun devra soi-même en établir une définition. En fait, on oppose des idées vagues à des concepts abstraits, quand ce qu’il faudrait faire, c’est, avec honnêteté, transparence, et une indispensable pointe d’humilité, produire une analyse matérielle des enjeux. Mais pour faire cela, il faudrait se mouiller un peu [2], mettre en question les rapports capitalistes ou la propriété – ce que les SDT ne font jamais ; on comprend très bien que, s’ils le faisaient, les Verts ou autres organisations profondément bourgeoises seraient évidemment plus réticentes à apporter leur soutien. En outre, quand on sait le rapport pour le moins ambigu des chefs des SDT à la propriété foncière et à l’agriculture, on comprend qu’ils ne souhaitent pas trop préciser ce que serait, pour eux comme pour les masses qu’ils aspirent à commander, la « victoire ».
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La phraséologie des SDT est littéralement militaire. Sans cesse on nous appelle à la « bataille » ; sans cesse on nous promet la « victoire ». « La victoire est à portée de main » (Appel à la saison 5) ; c’est à tout prix qu’il faut l’obtenir. Ainsi, sur leur site internet, le week-end du 25 mars est-il sans honte décrit comme « joyeux » (La base arrière fait un récap) ; les masses sont félicitées pour leur « créativité » et leur « audace » face aux forces répressives (30 000 personnes manifestent à Sainte-Soline malgré la brutalité policière). Rappelons que ce week-end « joyeux » a fait au moins 200 blessé.e.s, dont au moins 40 graves ; l’un d’entre eux est toujours dans le coma, trois semaines plus tard. De même, à la ZAD, la « victoire » s’était traduite par l’obtention de quelques lopins de terre, mais aussi par l’expulsion de dizaines d’habitant.e.s, et par la fin du mouvement de lutte en tant que tel : à présent, la ZAD est une zone d’agriculture et d’artisanat légal, conventionnel, et intégré au marché. Pourtant, cette fin de lutte a été célébrée comme une « victoire », et elle continue de l’être. À Sainte-Soline comme à Notre-Dame-des-Landes, la « victoire » fait peu de cas de ceux et celles qui doivent être sacrifié.e.s pour l’obtenir. Si, affirme-t-on après le carnage de Sainte-Soline, « la priorité doit être à [la] prise en charge [des blessé.e.s] » (30 000 personnes manifestent à Sainte-Soline malgré la brutalité policière), ça n’empêche pas de tenir le soir-même une obscène « fête de la victoire », en dépit des centaines de blessé.e.s, avec « spectacles tous publics » et « concerts ». Cette « victoire » consiste-t-elle à être parvenus à « excav[er] et désarm[er] une pompe et une canalisation » ? On n’ose le croire : qui pourrait parler d’un succès même stratégique (sans parler de « victoire ») pour un tel bilan ? Non, de toute évidence, la « victoire » célébrée, c’est celle d’avoir réussi à fédérer des milliers de personnes, de sentir sa propre force, celle d’être capable de les faire venir et de les jeter dans la « bataille » (Appel à la saison 5), sans que les décisions des chefs ne soit interrogées ; mieux, la « victoire » va permettre d’élargir encore le « mouvement », par addition de milliers de « personnalités mondiales » (tant pis pour ceux et celles qui ne sont que des « personnalités » non-mondiales, ou pas des personnalités du tout). Les SDT se rêvent en généraux d’une guerre un peu obscène ; à ce titre, ils ne détaillent ni leurs objectifs, ni leurs stratégies, ni leur soubassement politique.
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En tant qu’anti-autoritaires, nous voulons poser des questions et discuter, mais pas nous soumettre à des décisions prises ailleurs et par d’autres. Nous voulons lutter, y compris contre la dépossession des terres, des ressources, contre l’emprise du capital sur les moindres secteurs de nos vies, contre la brutalité de l’État. Mais il s’agit de savoir avec qui lutter ; pourquoi lutter ; selon quelles modalités lutter. Pour nous, la fin ne justifie pas les moyens. Nous préférons ne pas avoir le « soutien » de Yannick Jadot si cela nous permet de tenir des assemblées de lutte horizontales où nous pouvons discuter de nos objectifs politiques et des moyens d’y parvenir. Nous jugeons plus fondamental de construire une lutte ensemble, y compris dans la difficulté, y compris en faisant des erreurs, plutôt que de contribuer passivement à la « victoire » d’une organisation. Et nous jugeons que les Soulèvements de la Terre sont une organisation, verticale, opaque et autoritaire. L’enthousiasme, répétons-le, est très compréhensible : la proposition des SDT est séduisante, riche de promesses, pleine de force, elle laisse entrevoir des possibilités de débordement de l’existence capitaliste ; dans une période terrible où les mouvements sociaux sont combattus sans retenue et où nous assistons impuissants à la destruction de la planète par la bourgeoisie, une telle proposition paraît être une réponse au désespoir – surtout quand on nous garantit la « victoire ». Ce texte n’a pas vocation à décourager à se rendre aux opérations des SDT, mais engage, si l’on s’y rend, à le faire au moins avec une certaine méfiance, en observant continuellement les mécanismes à l’œuvre, en cherchant à interroger les enjeux, voire à mettre en question le fonctionnement décidé par les SDT. Qu’on sache qu’on a affaire à des stratèges, autoritaires et opportunistes ; sachant cela, peut-être est-il possible de ne pas leur abandonner les luttes, et de forcer les Soulèvements de la Terre à l’horizontalité, à la discussion, à l’honnêteté politique, à la décence et à la solidarité.
Deux zozo.e.s d’Ariège, avril 2023
— [1] Toutes les citations sont issues du site internet des Soulèvements de la Terre. [2] Mais la bassine était vide…
Références : Un témoignage de la manifestation de Sainte-Soline d’octobre 2022 : Jouer à la guerre, jouer au pion. https://nantes.indymedia.org/posts/87418/06-03-2023-jouer-a-la-guerre-jouer-au-pion/. Lutter et/ou se faire manipuler au nom d’une lutte ? Soulèvements de la terre versus État : même combat. https://nantes.indymedia.org/posts/86985/lutter-et-ou-se-faire-manipuler-au-nom-d-une-lutte-soulevements-de-la-terre-versus-etat-meme-combat/ Texte des occupants du Carnet : Quand NDDL se prend pour le petit père des luttes, entre récupération et autoritarisme. https://zadducarnet.org/index.php/2021/09/04/quand-nddl-se-prend-pour-le-petit-pere-des-luttes-entre-recuperation-et-autoritarisme/ Réflexions à propos de la ZAD, une autre histoire. Un regard en arrière un an après les expulsions. https://fr.crimethinc.com/2019/04/23/reflexions-a-propos-de-la-zad-une-autre-histoire-un-regard-en-arriere-un-an-apres-les-expulsions. Prise de parole des « soutiens de l’extérieur » à « l’assemblée des usages » de la ZAD. https://mars-infos.org/prise-de-parole-des-soutiens-de-l-3043
PS : version brochures ici :
https://iaata.info/Contre-le-phagocytage-des-luttes-par-les-Soulevements-de-la-Terre-5870.html
Les SdT se vendent comme les héros vivants sortis d’un roman d’héroïque-fantaisie contemporain. Iels s’appuient sur la naïveté de personnes désespérées et donc assoiffées d’espoir (et d’aventures?), autant que sur l’attentisme d’organisations politiques réformatrices, que la naïveté des premier.es cité.es intéresse tout autant… Et ça marche (du moins pour le moment, tant qu’un grand pourcentage des rêveur.euses dorment encore)!
Lors de la lutte de nddl, le cmdo, dont ils étaient les initiateurs, s’était bien gardé de ne pas condamner publiquement Julien Durant (présidant alors l’acipa) lorsqu’il appelait publiquement sur ouest-torche et presse-océan de ses voeux les crs pour réduire les irréductibles qui refusaient de se laisser embarquer par la « stratégie » de négociation avec la pref, soutenue Crassus mordicus par les actuels SdT (même initiales que Salauds de Traitres, tiens…). Et aujourd’hui, ces autoproclamés grands « stratèges » n’ont pas grand chose à perdre face à une menace de dissolution (demandée par le même pouvoir avec qui ils ont négocié la « victoire » d’hier… qui aujourd’hui ressemble plus à une défaite), car cette menace, quand bien même elle peut être exécuté leur apporte publicité et soutiens. Elle leur permet aussi pour le moment toute remise en question! Mais avec le temps vont fleurir des témoignages éclairant d’un autre angle les « héros » et grands « stratèges » à l’imagination nombriliste, si romantique, et si fantaisiste (des centaines de blessé.es envoyé.es à la boucherie à la gloire des SdT. Et encore une victoire…!) !
L’actuelle monté médiatique peut leur sembler favorable. Ce n’est peut-être qu’une étape. Les vernis finissent toujours pas s’éroder et les masques par tomber. Tenter d’échapper à cette fatalité ne peut qu’accélèrer l’actuelle course au pouvoir aussi grotesque qu’éclairante…
« C’est faire injure à la foule, et plus encore aux dites « premières lignes », que de parler de manipulation. Nous ne sommes ni des moutons, ni des soldat.es. Si nous avons foncé sur cette bassine, ce n’est pas par obéissance aveugle aux ordres, mais parce que nous voyons du sens à percer des lignes policières, symboles de la propriété privée des choses communes.
Nous sommes des milliers à nous être préparé.es à cet événement en nous préparant à mener bataille : nous avons formé des groupes, nous avons fabriqué et acheminé du matériel, nous nous sommes coordonné.es, nous avons eu peur et nous avons eu du courage. Avec ce qu’il s’était passé lors des précédentes manifestations contre les bassines, il était clair que le 25 mars serait un moment de haute intensité émeutière. Rarement la situation a été si claire qu’à Sainte-Soline : un trou vide entouré d’hommes en armes devenu pur symbole de la loi. « Vous ne passerez pas, car nous sommes les plus forts, c’est pourquoi nous décidons de l’usage du sol ». Percer ces lignes aurait pu trouer l’ordre des choses, c’est-à-dire de la propriété : montrer qu’une foule au cœur plein de feu peut faire tomber les barrières entre ce qui est à eux et ce qui n’est à personne. Si l’État veut dissoudre les SDT, c’est qu’il sait ce que peut provoquer la destruction matérielle d’un tel symbole. »
https://iaata.info/La-faute-a-Sainte-Soline-5872.html
Ne pas confondre, l’investissements de certain-es dans les luttes, qui n’est évidemment en rien condamnable, ni récupèrable par qui que ce soit (les personnes se déterminent en conscience).
Et la communication et actions d’autres, qui manipulent, au besoin tirent profits de ces luttes.
A la ZAD, beaucoup de monde a »exposé la viande », mais certain-es se sont fait virer et d’autres se sont installé-es en coopérant étroitement avec l’état. ça ne poserait pas forcément de gros problèmes si il n’avait pas été »fait appel » à lutter contre l’aéroport ET SON MONDE.
évidemment sans celleux qui luttent contre Ce Monde de merde, la »victoire » n’aurait peut être pas eu le même relief.
Le texte l’explique très bien, évidemment que les forces vives n’ont pas été obligées de partir au feu (manquerait plus que ça !!), mais certaines crapules ont déjà prouvées une capacité à la dissociation, une fois certains objectifs en passe d’être atteinds.
Il s’agit juste d’intégrer cette composante au moment de s’investir dans une lutte des SdT ou d’autres, pour éviter un fort sentiment de trahison si ça tourne mal.
Tout à fait d’accord avec soulèvement des vers de terre. La plupart des réponses aux critiques contre les soulèvements de la terre, c’est de dire que plein de gen.te.s ont suivies les actions et que c’est une honte d’enlever leur autonomie à tou.te.s ces individu.e.s.
Mais c’est pas du tout ce qui est dit !! Ces réponses font semblant de pas comprendre ou quoi ??
Y a vraiment des gen.t.es qui vont nier qu’il y a pu avoir de la manipulation, juste parce que pleins de personnes ont pris part à la manifestation ? Même genre de réponses que le CMDO dans ses brochures ouin-ouin après les expuls de 2018.
« Percer ces lignes » était matériellement impossible, le coup bien trop élévé, et c’était prévisible. Il ne sert donc à rien de romancer sur des si qui aurait troué je sais pas quoi.
Ce commentaire ne respectait pas la charte.
Tout est dit, pas besoin d’aller chercher bien loin les motivations réelles de cet article :
[Phagocyter v. tr. : absorber et détruire]
Si vous cherchez plus manichéen que ça, vous trouverez pas : les Soulèvements de la terre sont là pour détruire les luttes, rien que ça !
Au lieu de demander l’unité en face de la répression, certain-e-s prônent au contraire la division entre chapelles rivales et s’attaquent prioritairement aux adversaires de l’Etat qui ne sont pas de leur bord.
Voir plutôt :
« Le débordement, c’est quand, après un après-midi dans les gazs, sous les matraques et à portée de LBD, de grenades assourdissantes, de grenades encerclantes et de G2ML, on se dit « plus jamais ça » et on décide de se protéger de ces assassins assermentés.
Ce débordement, c’est le moment où le mouvement prend une nouvelle dimension. A l’heure actuelle, de nombreuses composantes en sont là et basculent dans l’organisation pratique pour arracher des victoires. Parce que c’est ça l’objectif d’une lutte. Nous devons nous donner les moyens de gagner.
Au prétexte de la vague figure de l’ultragauche, l’État s’attaquera en réalité à nous tous, à toutes les pratiques qui cherchent la solidarité dans la lutte, pour tenir face à lui.
La première victoire, c’est l’unité dans la lutte, le refus de la division. Le débat stratégique sur l’unité se polarise entre deux positions. D’un côté on nous vante l’unité politique derrière la gauche, qui signifie l’extension de l’encadrement du mouvement, des partis et syndicats qui capitalisent sur nos luttes.
A cette unité dans la récupération, nous opposons l’unité dans la lutte, par l’extension du mouvement dans le temps et dans l’espace, par la construction d’un mouvement massif, révolutionnaire et autonome, pour que tout le monde vive bien.
C’est en ce sens que nous appelons à renforcer la solidarité dans les cortèges, entre les prolétaires, entre les secteurs, dans la grève comme sur les blocages et dans la rue et cela partout dans le monde, car la situation de Serge et du mouvement actuel contre le vieux monde parle et résonne dans d’autres contrées du globe. Nous rejoignons aussi l’appel à nous protéger des forces de police et de gendarmerie. »
https://lescamaradesdus.noblogs.org/post/2023/04/16/communique-du-local-camarade-de-toulouse/
[Phagocyter v. tr. : absorber et détruire]
»D’un côté on nous vante l’unité politique derrière la gauche, qui signifie l’extension de l’encadrement du mouvement, des partis et syndicats qui capitalisent sur nos luttes. »
[PAS Phagocyter …]
»A cette unité dans la récupération, nous opposons l’unité dans la lutte, par l’extension du mouvement dans le temps et dans l’espace, par la construction d’un mouvement massif, révolutionnaire et autonome, pour que tout le monde vive bien. »
Moi, ça me semble clair !
Ce qui est clair, c’est la définition de phagocyter. Ça dit bien ce que ça veut dire : que les Soulèvements de la Terre veulent détruire les luttes. On pourrait aussi bien dire ça de leurs détracteurs, qui veulent détruire l’unité dans les luttes pour leurs propres intérêts.
à ma connaissance, les anti-autoritaires (puisque c’est sur ce thème que le texte est abordé) ne veulent effectivement pas être unis avec des autoritaires, fussent ils »imaginaires ».
Les intérêts peuvent converger à certains moments, mais il vaut mieux semble-t-il oublier, l’unification, pour éviter la phagocytation ou la désillusion (selon le point de vue). En même temps c’est pas nouveau.
En plus ça bouffe une énergie folle. Ce qui se passe à l’intersyndicale est de ce point de vue intéressant, ça converge sur un point; le retrait, en gardant son unité d’action propre à chaque syndicats (sans même parler des confédérations), et sans se mentir.
De toutes manières »l’unification » est un faux nez, qui explose au premier coin enfoncé par l’état.
J’espère simplement qu’on se rend bien compte que les comportements des dits « appelos » sont certes très problématiques, mais en réalité leurs plus grans détracteurs (chez certains anarchistes ou certains autonomes) ne sont que le même genre de politiciens, qui se sentent en concurrence avec eux … il n’y a aucune sincérité quand ces gens font les scandalisés face aux attitudes manipulatrices des « appellos », alors qu’eux-mêmes font pareil, mais avec évidemment de moins bons résultats.
On devrait juste être plus vigilants et moins tolérants envers la soif de pouvoir des uns et des autres, peu importe qui ils sont, et ne pas tolérer que qui que ce soit essaie de nous manipuler ou de nous faire penser ou faire quoi que ce soit qui ne nous corresponde pas. Ça peut sembler con, mais si on faisait fermer leur gueule à tous les petits chefs, dans l’ombre ou dans la lumière, nos milieux respireraient bien mieux !
Pour moi c’est fini. Ils se les carrent au luc, leurs festoches. Les luttes »à l’intérieur du système » pour culbuter des petits chefs avident de »victoires », basta ya!
D’ailleurs, dernière balade dans le Tarn, il me semble. Après la manif’, annonce ministérielle: »projet sera re-examiner »,
2 semaines après: »Projet ira à son terme », sûrement avec une »zone de compensation » de plus ou une ferme AB-Bio Label- sans trop de pesticides, de l’agro-foresterie et du miel pour la préfecture.
J’aurai les boules si il y avait eu des dégâts sur des camarades, vaut mieux se faire piquer en manif’ ou sabotage.
Au moins on sait où on va, et ça fera peut être monter la radicalité des citoyennistes »uni-es », à force de prendre des taules.
Ciao
Ce commentaire ne respectait pas la charte.