Grenoble: 5h de Rage urbaine

Mardi 28 Mars, après la grande mascarade de la CGT, et de leurs acolytes, une manifestation sauvage réunissant plusieurs milliers de gentils émeutiers a retourné la ville de Grenoble sans casse inutile. Le sponsor officiel, TRAM 3, qui construit la prochaine ligne de tram, nous a fourni le matériel nécessaire pour se protéger de la police et des casseurs de la BAC.

Durant plus de 5 heures, nous avons tenu bon face à une police désemparée et épuisée. Les nombreuses tentatives de dispersion ont échoué, et toute l’après midi, de multiples groupes d’affinités se sont réunis, et ont harcelé les brigades policières, jusqu’à que des élus interviennent, écharpe bleu blanc rouge autour du torse, afin de demander à la police d’arrêter leurs provocations qui devenaient inutile, tellement l’unité « kaillera kepon même combat » était puissante.

Ils ont reculés, ont dégagé du centre ville, et les affrontements ont repris un peu plus loin. Pas trop de casse, le but n’étant pas là. De multiples « AUX ARMES » étaient crié dans les rues de la capitale du Dauphiné. Le mardi 28 mars a été un avertissement. Le mythe du casseur, habilement monté, a été ici démonté. Aujourd’hui seul la rage persiste, et elle se retrouve dans les yeux de tous.

Quelque mois après la révolte des quartiers populaires de Novembre, le monde a les yeux braqués sur le printemps français. Le CPE, cette feuille morte au milieu d’un champ de béton, est déjà une formule lointaine. L’occupation ici, rebaptisée, laboratoire des utopies, expérimente une autre manière de vivre: pour le chômage heureux, la créativité, le partage et la lutte.

Lundi soir des slameurs étaient venus scandés des textes à haute portée symbolique. Hier, un concert de rap a rassemblé de multiples personnes ayant vécu une journée d’action. L’espoir qui est né dans ces lieux, dans les yeux de notre génération, va bien plus loin que le changement d’un contrat de travail, c’est un changement de regard que chacun réalise, l’horizon se profile, un autre monde se dessine.

Grenoble, le 29 mars 2006