La renégociation de l’assurance-chômage et la réforme des minima sociaux partent d’un présupposé : les chômeurs et les précaires auraient trop de droits et en abuseraient…
_ Le fait qu’AC ! (Agir ensemble contre le chômage et la
précarité) continue de voir affluer dans ses permanences, chaque semaine, des dizaines de chômeurs et de précaires, montre que les abus ne sont pas là où l’on pense.
_ Rappelons par ailleurs que les Assedic ne sont pas une oeuvre de charité ; tous les chômeurs ont, à un moment ou à un autre, cotisé aux Assedic et ont donc apporté leur écot à ce qui leur revient de droit.
_ A l’heure où les « partenaires sociaux » et les pouvoirs publics s’organisent de leur côté au mépris des premiers concernés, nous avons choisi de vous présente, jour après jour, le quotidien des personnes accueillies dans nos locaux.

En mars 2005, M.G dépose un dossier de demande d’allocations après avoir travaillé 15 mois dans une entreprise de confection. Quelques semaines après, il reçoit un courrier du service audit des Assedic, l’informant que son dossier subit un contrôle aléatoire, et qu’il doit fournir de nombreux documents supplémentaires, notamment tous ses relevés de compte. En novembre, M. G n’a toujours aucune réponse à sa
demande d’allocations. Il ne peut même pas faire une demande de RMI, puisqu’il lui faudrait une notification de rejet des Assedic. Après un passage à la permanence d’AC !, une intervention collective a lieu dans son antenne Assedic. La responsable reçoit une délégation en présence de M. G, et explique que l’employeur n’aurait pas déclaré M. G, ni payé les charges sociales. De plus, les salaires ont été versés en liquide, et ce serait à M. G d’obtenir les livres de compte de son entreprise. La responsable évoque la possibilité d’un refus provisoire qui permettrait de demander le RMI, et un
rendez-vous est obtenu avec le service audit. Là, M. G subit un véritable interrogatoire. On lui demande de décrire en détail l’immeuble dans lequel il a travaillé, les tâches qu’il effectuait, de citer les noms de famille de ses collègues…
_ L’employeur de M. G n’a effectivement pas versé de charges sociales, les fiches de paie et l’attestation Assedic sont remplies de manière erronée, partielle ou incohérente. La société est par ailleurs en cessation d’activité. Le rendez-vous se termine avec l’assurance qu’une réponse sera donnée sous 10 jours : le rejet provisoire n’existant pas, on peut d’ores et déjà prévoir que c’est un refus définitif que recevra M. G. Il n’aura donc pas d’allocations chômage, mais son employeur ne sera probablement jamais inquiété. En effet
les Assedic reconnaissent elle-même , qu’elle ne peuvent faire pression que sur les demandeurs d’emploi, mais n’ont aucun pouvoir sur les employeurs.

Parce que le patron de Mr G est un patron voyou, c’est le salarié qui en fait les frais. Beaucoup de travailleurs de la confection ou du bâtiment, qui ont comme seuls tort de ne pas connaître leurs droits de salariés subissent ainsi des conditions de travails difficiles et la perte de leurs droits à l’assurance chômage ensuite.

Faut-il ajouter que Mr G est d’origine maghrébine, et qu’après des années et des années de travail en France, ou il vit depuis 1978, il est toujours sans logement ?