ag des intermittents à paris : compte-rendu subjectif
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L’objectivité des journalistes, c’est du pipeau. Un objectif, c’est ce qu’il y a au bout des appareils photo ou des caméras. Et ça déforme toujours. Je vous livre donc mes impressions en vrac, plutôt qu’un vrai compte-rendu de sténographe.
D’abord, je dois vous dire que je ne suis pas allé aux précédentes AG. Je ne peux donc pas vous dire si elles évoluent dans le bon sens. J’ai toutefois eu la désagréable impression d’avoir déjà vu le film.
Les frères ennemis des syndicats, à la tribune, ça m’a rappelé la série à grand spectacle intitulée « Réforme des retraites », avec Marc « Tamorre » Blondel et Bernard « l’hermite » Thibaud dans les rôles principaux. Le premier gueulant comme un âne « grève générale, grève générale » dans l’espoir d’engranger quelques points en fin de mouvement. Le second décrétant (justement) « la grève générale ne se décide pas comme ça, il faut la préparer » tout en freinant des quatre fers (qui a fait rentrer les cheminots qui s’apprêtaient à débrayer ?). Le même ne trouvant rien de mieux qu’une grande pétition pour finir de terroriser le gouvernement…
Peut-être me trompé-je ? Les responsables des fédérations « spectacle » des mêmes syndicats sont peut-être plus sincères que les dirigeants de leurs confédérations. On verra à l’usage. J’ose espérer que le choix de la CGT de déposer un préavis de grève pour le 8 juin est avant tout tactique. Et qu’il s’agit bien de ne rien imposer depuis Paris aux acteurs du mouvement, qui se déterminent chaque jour sur le terrain.
Fort heureusement, les syndicats ne sont pas seuls à mener le bal et la coordination joue son rôle. Au cours de l’AG, la parole a été donnée à la salle, dans les limites de l’horaire imparti. Certaines prises de paroles étaient très fortes, comme celle de ce comédien pressuré par des négriers (qui n’oubliaient pas, eux, de se payer grassement), tandis que ses collègues jouaient à l’œil pour compenser un contrôle fiscal. Pour connaître la précarité des pigistes, de plus en plus nombreux à se brader (dans « free-lance » il y a free, du coup, la plupart se dorent la pilule), je ne peux que compatir… D’autres interventions m’ont semblé empreintes d’un certain égoïsme. Ainsi celle d’un artiste qui fait un spectacle « politique » et se demande s’il n’est pas plus efficace de continuer à jouer. Comment fait-on alors ? Ceux qui jouent Brecht, à gauche. Et ceux qui travaillent chez Mickey, qu’ils arrêtent tout de suite ? Ça ne me semble pas très sérieux. À mon humble avis, les intermittents gagneront s’ils parviennent à « foutre le feu » tous ensemble, en élargissant leur mouvement. Sinon, ce n’est pas la peine.
Un autre a soulevé la question des petites compagnies. « L’annulation de trois festivals d’été, c’est la mort probable de ma troupe. Que dois-je faire ? » C’est toute la question, à mettre en regard avec la disparition programmée de 25 à 30 % des intermittents si le combat est perdu.
On va peut-être trouver que j’ai la dent dure. C’est peut-être parce que, tout en manifestant avec les futurs retraités, les enseignants, les amis de José Bové et aujourd’hui les intermittents, je n’ai pas « le nez dans le guidon » comme tous ceux qui se battent au quotidien. J’essaie simplement d’apporter un regard extérieur, en me disant qu’il a peut-être son utilité.
Pour continuer les « amabilités », j’ai trouvé le comportement de la salle un peu moutonnier. Tout le monde a repris, à un moment donné, « grève générale », et il ne s’est trouvé personne pour la faire voter (quelqu’un a essayé tout à la fin, quand il était trop tard). Heureusement, ce qui compte, c’est l’unité du mouvement et le rapport de force qu’il arrivera à imposer. Les intermittents ne manquent pas d’atouts. Pour le moment, l’unité est totale. Il y a des actions un peu partout. Et les médias ne sont pas (encore) trop défavorables. Pour le moment, car je ne pense pas qu’ils seront toujours aussi bienveillants (relativement, s’entend). Ce serait une erreur, à mon sens, d’agir en fonction d’une éventuelle couverture médiatique. À ce jeu-là, on perd toujours. Demain le mouvement risque de connaître le sort des mouvements sociaux précédents et les intermittents se faire traiter de noms d’oiseaux (« fainéants », « privilégiés », « preneurs d’otages », « vous n’avez rien compris à une réforme qui sauve votre statut », etc). J’espère que je ne joue pas les mauvais prophètes en disant celà.
L’AG s’est terminée en donnant les rendez-vous de la journée à venir. Manifs ce mercredi devant l’UNEDIC à 10 H (80 rue de Reuilly, métro Montgallet), pendant son Conseil d’administration, et rassemblement au Palais Royal à 16 H, avant de se diriger vers le ministère du Travail où une délégation doit être reçue.
Sans oublier les différentes actions en petit comité, qu’il est préférable de ne pas annoncer à l’avance.
Michel Davesnes
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