Le bac, puis la prison
Catégorie : Local
Thèmes : Archives
Lieux : Laval
A Laval (53), la justice ne juge pas, elle cogne.
Le tribunal correctionnel de Laval vient de condamner en comparution immédiate – la justice d’abattage – un lycéen et un jeune apprenti à 12 mois de prison, dont, respectivement 8 mois et 6 mois avec sursis, pour « trafic de stupéfiant » ; comprenez qu’ils ont vendu et acheté un peu de cannabis. Le sursis leur a été partiellement accordé « pour leur permettre de passer leurs examens de fin d’année » (Ouest-France, 12/05/05), après quoi ils seront jetés en prison. Plus cynique que cette décision, on ne trouvera pas.
Deux jeunes vont se retrouver pour de longs mois dans une sinistre maison d’arrêt – celle de Laval, où aujourd’hui, plus de 160 détenus s’entassent dans des conditions inhumaines sur 80 places – au contact de délinquants endurcis. Ils en ressortiront durablement et peut-être définitivement brisés ; ils ne sont pas des délinquants, ils risquent fort de le devenir. Est-ce ainsi qu’on éduque ? Croit-on que ces jeunes, qui n’ont pas commis d’autre crime que de se tromper de drogue – s’ils avaient choisi l’alcool, comme des dizaines de milliers de Mayennais, ils ne seraient jamais passés devant le tribunal… – puissent préparer sérieusement l’avenir dans un milieu aussi déstructurant, aussi désespérant que la prison ?
La société, le « peuple français », puisque c’est – paraît-il – en son nom qu’on rend la justice, se sentent-ils réellement plus en sécurité parce qu’un tribunal a fait du fumeur de joint sa cible favorite ?
Plus fondamentalement, il est inadmissible que, sur un thème touchant aussi étroitement à l’éducation, on n’entende plus aujourd’hui la voix des psychologues, des médecins, des travailleurs sociaux, des éducateurs et des enseignants mais, quasi exclusivement, celle des policiers, des gendarmes, des gardiens de prison et des magistrats…et aussi, semble-t-il, celle des hommes politiques au pouvoir, qui ont trouvé là une occasion facile de complaire à certains électeurs. Il suffit de voir le battage grotesque et surréaliste auquel ces politiciens se livrent depuis quelques années sur ce thème, alors que dans le même temps, ils font carpette devant le lobby de l’alcool, pour se rendre compte que le cannabis, c’est tout ce qui reste à l’UMP pour espérer remporter les prochaines élections. Ca risque quand même d’être un peu juste.
Policiers et magistrats, en se pliant, par inconscience ou complaisance, aux injonctions du pouvoir en place, en se muant en agents électoraux d’un parti politique, ont de leur côté, perdu toute légitimité.
Au citoyen, il reste le pouvoir de gueuler.
La question se pose aussi régulièrement en Vendée de la chasse aux jeunes au mode de vie pas assez catho/ruralo-alcoolique dans la norme…
Bougez votre cul de mayennaisEs, montez des CIRC avec vos potes, faites de l’information, des manifs etc.
Ya que comme ça que les choses changent et c’est pas d’autres gens qui les changeront pour vous…
Faut en proposer un minimum les moyens, une pétition à signer? Un n° de tel où exprimer son mécontentement au moins?
Je suis enseignant et depuis plusiers années, je cherche à sensibiliser l’opinion publique sur ce thème. Ma seule arme consiste à écrire : Ouest France a publié plusieurs de mes courriers, j’ai également cherché à toucher les associations de parents ; quant aux profs, ils sont franchement odieux sur ce sujet (à commencer par ceux qui s’affichent volontiers à gauche), incapables de remettre en cause le discours policier et répressif.
Je suis relativement peu impliqué dans le milieu associatif local, donc très peu de relations personnelles. Je fais quoi alors ? Je suis preneur de toutes les idées, persuadé que le thème du cannabis n’est qu’un prétexte mis en avant par le pouvoir, dans tous les domaines mais spécialement, dans celui de l’éducation, pour imposer une vision policière de la société.
Je suis partant pour toute initiative concrète ; merci de me contacter.
La Vendée, la cave et l’alcool. Rites immuables qui façonnent encore le passage de l’adolescent à celui d’homme… C’est bien triste.