À ce jeu, les élu·e·s ne s’encombrent pas d’un habituel discours de façade évoquant la « paix » et « les droits pour les Palestinien·ne·s ». Les objectifs de cette délégation sont clairement affichés : il s’agit là d’une « occasion exceptionnelle de rencontrer des membres du nouveau gouvernement et de renforcer les liens entre nos 2 pays ».
Le ton est donné par une première rencontre avec des représentants de l’armée israélienne aux abords de la bande de Gaza qui, rappelons-le, est sous un blocus illégal.L’obscénité ne tue pas : quelques mois seulement après une terrible offensive meurtrière contre l’enclave palestinienne, l’objectif est de faire la promotion des opérations et dispositifs militaires israéliens alors que ceux-ci ont été largement décriés.

Au sein de cette délégation, on retrouve l’actuel sénateur socialiste de Haute-Garonne Claude Raynal, farouche partisan de l’apartheid israélien comme en témoigne ses prises de position contre le boycott d’Israël. Ou encore lorsqu’il décide de censurer une exposition d’Amnesty International sur la situation en Cisjordanie quand il était maire de Tournefeuille (près de Toulouse) en 2009. À l’époque, il déclarait que présenter cette exposition « juste après les événements de Gaza et au moment où un certain nombre de manifestations pro-palestiniennes et pro-israéliennes ont lieu, c’est trop récent. Le climat ne s’y prête pas car l’exposition défend un point de vue sur la Cisjordanie ». L’élu est visiblement moins soucieux du climat politique lorsqu’il s’agit de rendre visite à un premier ministre qui revendique fièrement son tableau de chasse (« j’ai tué beaucoup d’arabes »), quelques mois après une offensive militaire à Gaza.

Cette opération politicienne de promotion de l’apartheid israélien est organisée par Elnet France. Dans une excellente enquête dans Orient XXI, le journaliste Jean Stern souligne que « son activité consiste à vendre le produit Israël, ses start-up comme ses colonies, sur la scène française, en créant et en entretenant un maillage de décideurs pro-israéliens. » Cette structure est dirigée en France par Arié Bensemhoun, ancien président du CRIF Midi-Pyrénées et farouche défenseur de l’extrême droite sioniste. Coutumier des sorties outrancières, il déclare publiquement sur Facebook en décembre 2019 : « La cause palestinienne est une imposture idéologique et politique. […] La Palestine comme État est une chimère et le ‘peuple’ palestinien n’a jamais existé. » Le 10 janvier 2021, il rend hommage à Jacques Kupfer, un militant ultra-sioniste français qui défend qu’Israël à comme frontières légitimes le Nil et l’Euphrate. Voilà le vrai visage de ce lobbyiste proche de personnalités françaises de premier plan, en témoigne cette photo sur laquelle il est hilare aux côtés du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc et de Christian Estrosi. Son objectif est clair : aligner les positions françaises jugées trop timorées sur celles de l’extrême droite sioniste au pouvoir.

D’ailleurs, c’est aussi le but premier de l’organisation de cette délégation de parlementaires français. Selon le site officiel de la Chambre de Commerce France-Israël : « Afin de booster les relations Israël et l’Europe et se battre contre la désinformation dont est victime Israël dans les réseaux sociaux, des hommes d’affaires français et européens, des membres de la Knesset, des parlementaires Français, israéliens et européens, sont en train de créer une ONG (organisation apolitique) et non sectaire de lobby. […] Le nom (temporaire) du projet : ‘GOOD4ISRAEL’. » Le ton est donné.

https://palestinevaincra.com/2021/07/des-elus-francais-en-visite-en-israel-sous-la-houlette-de-lextreme-droite-sioniste/