Fin de l’occupation de l’usine seka en turquie
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Travailleurs et forces solidaires de la classe ouvrière!
Les agents syndicaux de l’ordre établi ont brisé notre résistance!
Pour vaincre, nous devons dépasser le syndicalisme de collaboration!
Au 51e jour, la résistance de SEKA a pris fin sans avoir pu faire accepter la revendication principale de “non fermeture de l’usine”. Le syndicalisme de l’ordre établi a joué son rôle historique en forçant les travailleurs à accepter le programme du gouvernement.
Pourtant, c’est avec une confiance inébranlable en leur légitimité que les ouvriers de SEKA ont résisté, en consentant à beaucoup de sacrifices. Leur résistance a été honorable et exemplaire. Elle a donné un souffle nouveau qui a donné des ailes au mouvement social. Ainsi, aux quatre coins du pays, les travailleurs et les forces révolutionnaires ont organisé des manifestations en soutien à la résistance de SEKA.
Malheureusement, elles n’ont pas suffi à maintenir l’usine.
En tant que Front pour les Droits et les Libertés, d’une part, nous saluons tous les résistants et tous ceux qui l’ont soutenue, d’autre part, nous condamnons énergiquement ceux qui l’ont liquidée.
En tant qu’ouvriers et employés, nous savons que maudire les collaborateurs ne suffit pas à changer le cours des événements. Nous devons à présent tirer le bilan et les leçons de cette résistance. Sans quoi, nous ne saurons apprendre à vaincre.
Certains dressent un bilan très pessimiste. Le Front pour les Droits et les Libertés ne partage pas cet avis.
D’autre part, nous considérons incorrect de verser dans le triomphalisme. Nous tenons à attirer l’attention sur la réalité concrète et non sur les grands discours démagogiques et les faux cris de victoire. Si nous ne tirons pas un bilan concret et ne trouvons pas des méthodes qui nous permettent de nous soustraire à l’autorité des syndicalistes de collaboration, nous continuerons à être perdants.
Comme dans des dizaines de grèves et de résistances, à SEKA, nous n’avons pas pu déterminer notre propre avenir. Ce sont les jaunes qui ont décidé pour nous. En tout cas, les vaincus, ce ne sont pas les ouvriers, mais le syndicalisme de concertation. C’est le résultat qui transparaît dans le vote final. La décision d’arrêter l’occupation de l’usine et d’accepter le plan d’embauche à la mairie n’est pas l’œuvre des ouvriers de SEKA mais celle de la confédération syndicale Türk-Is et des autres collaborateurs. Ce sont eux qui ont privé les ouvriers d’alternatives, qui ont bloqué les inititatives de solidarité, qui ont semé un raisonnement purement économiste parmi les travailleurs. Dans ces conditions, on ne peut considérer que les résultats du vote exprime véritablement la volonté des travailleurs.
1) La centrale Türk-Is pouvait-elle poursuivre la résistance ?
Absolument pas ! Le syndicalisme qui défend le système capitaliste ne peut que mener la résistance dans un cul-de-sac.
Türk-Is est un syndicat de l’Etat. Ce syndicat n’a rien à voir avec le syndicalisme de classe et les intérêts de la classe ouvrière. La ligne politique de Türk-Is est tracée par les forces de l’oligarchie. Pour garder la classe ouvrière sous son contrôle, l’Etat ainsi que les forces composant l’oligarchie s’appuient sur Türk-Is pour affaiblir la lutte. L’histoire de la confédération Türk-Is est truffée d’exemples de ce type. Türk-Is fait de la politique en conformité avec les positions du Conseil national de sécurité (MGK). Si le MGK soutient le parti au pouvoir, il observe un silence de marbre et s’il veut faire tomber un gouvernement, Türk-Is se met à la tête de l’opposition.
Türk-Is a maintes fois soutenu les oppresseurs du peuple. Cette confédération ne s’oppose pas à l’exploitation impérialiste et capitaliste et n’a ainsi jamais observé une attitude de classe conséquente.
Quand nous scandons le slogan “Non à la fermeture de SEKA!”, nous exprimons une attitude anti-impérialiste. Lutter contre la fermeture des entreprises d’Etat comme SEKA, c’est entrer en confrontation avec l’impérialisme et ces laquais. Comme Türk-Is ne nourrissait pas de telles intentions, la résistance de SEKA était vouée à l’échec.
Türk-Is ne s’oppose pas aux privatisations. Seuls les anti-UE le sont de manière conséquente. Mais si l’euroscepticisme n’est pas à l’agenda de l’état-major et de Türk-Is, alors Türk-Is suspend ces actions contre les privatisations. La confédération Türk-Is donnait l’air de défendre la résistance de SEKA et rien de plus. Lors de la réunion de la Plate-forme du Travail, la direction de Türk-Is a refusé tout soutien des autres organisations en invoquant le prétexte que SEKA était « un problème local ». Cette attitude a contribué à l’isolement de la lutte de SEKA.
En bref, notre classe ouvrière connaît très bien la trahison de Türk-Is. La classe ouvrière et les forces populaires d’opposition n’ont rien à attendre de cette confédération syndicale. Tant que nous n’aurons pas crée notre propre force ouvrière, Türk-Is continuera à casser les résistances. La question est de nous libérer du joug de Türk-Is qui condamne nos luttes à l’avance.
2) Les syndicats et les organisations de gauche ont-ils pris leur responsabilité ?
Malheureusement, nous devons répondre par la négative ! Il aurait dû y avoir une participation active à la résistance de SEKA. Il aurait dû se développer de nouvelles formes de résistances. Mais d’emblée, les partis de gauche, la Confédération révolutionnaire des syndicats ouvriers (DISK) et la Confédération des syndicats des travailleurs du public (KESK) se sont contentées de faire des visites de solidarité.
Or, parmi les masses ouvrières aguerries par les nombreuses luttes, la résistance de SEKA a pris une toute autre signification. C’est ce qui ressort de la participation massive à l’arrêt de travail du 4 mars. Les Confédérations DISK et KESK auraient pu valoriser ce potentiel et dépasser Türk-Is. Il aurait pu y avoir des actions radicales et retentissantes même sans être spécialement massives. N’est-ce pas la mission du syndicalisme révolutionnaire? Mais c’est en demander trop. L’arrêt de travail du 4 mars n’a pas eu l’effet attendu parmi ces confédérations. Elles n’ont pas fait le forcing pour y parvenir. Elle ont préféré jouer le rôle de spectateurs. Pourquoi?
C’est comme si elles souhaitaient la défaite de la résistance de SEKA. Parce qu’une victoire dont la Confédération Türk-Is se serait accaparée aurait été un coup dur de la « concurrence syndicale » surtout pour la DISK. Un syndicalisme dont la raison d’être et le succès sont basés sur l’échec des syndicats concurrentiels ne peut être très salutaire pour la résistance des travailleurs. En effet, cet esprit de convoitise (qui rappelle la devise turque « chaque mouton est suspendu par sa propre cuisse ») a eu des conséquences désastreuses à SEKA.
La situation des autres organisations de masse n’est pas meilleure. L’union des médecins (TTB) et la Union professionnelle des ingénieurs et architectes (TMOBB) ont fait de grands discours. Mais en pratique ? A part quelques visites de solidarité, ils n’ont rien fait. N’avaient-ils rien à faire? Oui, mais ces organisations généralement actives, n’ont pas tenus leurs paroles. Les nationalistes kurdes ? N’en parlons même pas. SEKA n’existe pas dans leur agenda. Ni le parti DEHAP, ni les associations où le parti nationaliste kurde est influent n’ont contribué à renforcer la résistance de SEKA. Nous devons également parler de la Plate-forme du Travail. Qu’a fait la Plate-forme du travail pour la résistance de SEKA? En pratique, cette plate-forme n’existe pas. Car elle ne se préoccupe ni des problèmes du travail, ni des revendications des travailleurs. Tout ce que nous voyons, c’est une remorque de Türk-Is.
Nous devons faire une évaluation des résultats de la résistance de SEKA et déterminer le rôle de chacun dans l’échec de cette résistance. Ceux qui parlent de « victoire » ou de « succès » rechignent à voir les problèmes auxquels le mouvement ouvrier est confronté. On dissimule les problèmes et on fait de la rhétorique « ouvriériste » tout en imitant et en encensant la Plate-forme du Travail.
En apparence, on a l’impression d’un « soutien large » à SEKA. Malheureusement, les proportions de ce soutien doivent être reconsidérées en toute modestie. A cet égard, on peut parler de malhonnêteté de la part des réformistes triomphalistes.
Les dirigeants de la KESK, de la DISK, de la TMMOB de la TTB et des partis influents qui agissent en leur sein ont le devoir de fournir des explications à leurs membres et aux travailleurs sur leur attentisme et leur passivité.
Le fond de leur déloyauté et de leur inconséquence est à rechercher dans leur position de fuite de la confrontation avec l’impérialisme et le pouvoir.
En effet, le programme de privatisation de nos entreprises est l’œuvre des entreprises US et UE. Par conséquent, les panégérystes de l’intégrationnisme à l’UE ne peuvent naturellement pas s’opposer aux privatisations.
D’autre part, sans les résistances militantes des travailleurs et les soulèvement populaires, il est impossible d’arrêter les programmes du FMI. Les réformistes de notre pays se ratatinent dès qu’il est question de se retrouver nez à nez avec le pouvoir. Là est le fond de leur déloyauté. Tant que les mouvements politiques qui agissent au sein des confédérations syndicales KESK et DISK ou d’autres organisations de masse n’auront pas rompu avec cette tradition de désertion, elles ne pourront assurer un rôle d’avant-garde dans la lutte populaire. La question n’est pas uniquement d’outrepasser le syndicalisme de collaboration mais aussi d’outrepasser le pacifisme et les positions pro-européennes.
3) Qui nous attaque? Contre qui devons-nous résister?
Les privatisations ne sont qu’une partie de la stratégie de « refonte capitaliste » entreprise dans notre pays par les monopoles impérialistes. Ce programme prévoit le pillage de nos ressources, la liquidation de l’agriculture, la paupérisation et la désorganisation de la population, la liquidation des forces révolutionnaires et la répression.
En résumé, l’impérialisme s’en prend à notre pain, à notre travail, à notre dignité, à nos droits, notamment au droit de s’organiser. Mais c’est le gouvernement qui applique ce programme. Sans affronter ouvertement l’impérialisme et le gouvernement collabo, on ne peut ni résister aux privatisations, ni aux autres points du programme.
Et manifestement, ces résistances sont négligées. Nous connaissons tous ces nouvelles lois qui font de nous tous, ouvriers, fonctionnaires, agriculteurs, petits commerçants, des ESCLAVES. D’ors et déjà, nous sommes licenciés par milliers. Laquelle de ces attaques avons-nous pu arrêter ? Quelle est la pratique syndicale qui a pu nous préserver de ces attaques ? Les syndicats refusent de s’unir. Parce qu’elles n’agissent pas selon les intérêts de classe mais selon leurs intérêts cupides des seigneurs syndicaux.
L’impérialisme a un programme de privatisation et il l’applique pas à pas. Un syndicaliste qui s’oppose vraiment aux privatisations et qui est décidé dans sa lutte se doit de développer la résistance de SEKA. Malheureusement, aucun syndicat n’a développé une telle pratique.
Comment peut-on résister aux privatisations et au programme du FMI ? Le syndicalisme de collaboration et réformiste ne peut apporter de réponse. Car ce type de syndicalisme ne nourrit pas de tel objectif. Ce syndicalisme est inféodé au système, défend l’Europe et approuve la paupérisation de la population.
De même le Conseil national de sécurité et cetains partis liés au système utilisent la confédération syndicale Türk-Is, de même l’UE utilise les Confédérations DISK et KESK. Voyez comment on a nommé le secrétaire général de la DISK Süleyman Çelebi à la présidence du « comité consultatif mixte UE-Turquie » créé par le président de l’assemblée de la Chambre des Industriels d’Istanbul, Hüsamettin Kavi. Peut-il y avoir des intérêts de classe communs entre la bourgeoisie monopoliste et les travailleurs? Les syndicats n’ont pas à soutenir le programme des monopoles.
La question est de voir que la lutte contre les licenciements, la misère, la faim, la tyrannie et la désorganisation est indissociable de la lutte pour l’indépendance.
4) Comment devrons-nous résister? Comment allons-nous vaincre ?
Face aux privatisations, aux lois esclavagistes et à la faim, nous pouvons résister de manière militante, dans un esprit révolutionnaire et en unité avec toutes les forces de la classe ouvrière. Le Front pour les Droits et les Libertés a pris part à cette lutte dans cette perspective. A Taksim, la police a agressé les membres du Front pour les Droits et les Libertés avec une sauvagerie inouïe. Mais cela n’a pas empêché notre organisation de mutliplier les actions de soutien à SEKA dans tout le pays. Nous avons également tenu un piquet aux portes de l’usine pour protéger les travailleurs et avons ainsi manifesté un soutien actif aux travailleurs qui occupaient l’usine. Malgré les menaces de la police, les arrestations et les provocations de certains syndicalistes de la Türk-Is, nous avons résolument pris position dans les tranchées de combat ouvrier. Imaginez ce qu’il se serait passé si la DISK, la KESK, l’Union des médecins de Turquie (TTB), l’Union des chambres des ingénieurs (TMMOB), les dizaines de mouvements politiques et centaines d’associations avaient envoyé 10 à 20 personnes et si elles avaient monté la garde aux côtés des ouvriers de SEKA, croyez-vous que le destin des travailleurs auraient été condamné à la volonté de Salih Kiliç ? Le Front pour les Droits et les Libertés a agi avec la volonté d’engager activement les autres couches de la population. Ainsi, les membres de HÖC ont appelé les petits commerçants de plusieurs quartiers d’Istanbul et d’autres ville, à fermer boutique et ces derniers y ont participé avec beaucoup de cœur et d’entrain. Certes, nos actions n’ont pas suffi à changer le cours des choses. Mais nous avons néanmoins contribué à faire durer la lutte.
SEKA a été victime de la énième « trahison syndicale ». Ceci nous montre qu’il n’y a rien à attendre des directions syndicales collabos. Nous devons donc développer une autre pratique, un syndicalisme de classe intraitable et étendre la lutte révolutionnaire à toute la population. Nous devons hisser les ouvriers révolutionnaires à la tête des syndicats et créer des organisations de base qui puissent dépasser le syndicalisme de collaboration.
Si nous n’y parvenons pas, nous serons condamnés à la défaite dans toutes les résistances. Car ils continueront à monnayer notre avenir. Cela ne signifie évidemment pas que notre résistance a été futile. En réalité, la classe ouvrière et notre peuple ne pourront prendre conscience de leur rôle historique pour le changement social qu’à travers la résistance, le syndicalisme de classe et l’organisation révolutionnaire. Nous n’obtenons pas forcément de résultats significatifs dans toute résistance. En tout cas, nous franchissons un pas supplémentaire vers la construction d’une Turquie indépendante et démocratique et conscientisons un peu plus sur la nécessité de la révolution.
C’est cela, notre combat pour le pain ; mais nous devons voir que nous ne pouvons protéger notre pain sans combattre pour notre indépendance. Les voleurs de notre pain sont l’impérialisme et l’oligarchie. Sans empêcher les politiques de l’impérialisme, on ne peut protéger notre travail. Ceux qui défendent le syndicalisme de classe, les révolutionnaires et autres militants de gauche, doivent montrer cela aux travailleurs et au peuple.
Ouvriers, employés, agriculteurs, petits commerçants :Nous sommes forts.
Même si nous avons perdu la bataille à SEKA, cela ne change en rien la réalité de force. Le pouvoir collaborateur a dû reconnaître la légitimité de l’occupation de l’usine. La résistance a été en soi une preuve de force. A nous maintenant de nous unir pour faire reculer le pouvoir. Comment allons-nous nous organiser, résister et selon quelle conception ? La réponse à ces questions n’est pas un secret. Du moment que nous discutions partout, dans les usines, les ateliers, les commerces, les cafés et à la maison. Ceci étant acquis, il ne nous reste plus qu’à nous battre en tournant le dos aux syndicalistes collaborateurs. Nous devons trouver le courage de nous tourner vers les révolutionnaires pour notre pain, notre dignité et nos enfants. Parce que nous n’avons d’autre choix.
Front pour les Droits et les Libertés
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