Comment vivre ensemble ? pour une société pluri-culturelle et pluri-religieuse
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Catégorie : Local
Thèmes : AntifascismeRacisme
Difficile d’être serein-es en ce moment : après le choc des attentats on ne peut qu’être alarmé-es et inquiet-es face à la récupération politique, au durcissement autoritaire et à la libération de la parole raciste.
Beaucoup s’en sont aperçu-es et ont dénoncé l’offensive réactionnaire. Ielles ont également relevé l’hypocrisie des élites et ont fait des parallèles avec les années 30, ce qui est parfaitement compréhensible vu les ressemblances qu’on peut noter dans les discours tenus, et en partie aussi dans le contexte de crise sociale, de montée d’un sentiment raciste ainsi que de renforcement autoritariste de l’État. Cependant, ces ressemblances ne doivent pas nous abuser et nous faire oublier la nécessité d’analyses politiques précises de ce qui est en train de se passer, afin d’en discerner les logiques sous-jacentes. Nous ne sommes pas dans les années 30 et voir dans la situation actuelle un calque exact de la situation d’alors, serait une grave erreur politique.
Ainsi donc, qu’est-ce qui se passe actuellement ?
Déjà il y a un effet d’opportunisme, on ne va pas faire semblant d’être surpris-es, c’est toujours la même chose à chaque attentat. C’est l’occasion de faire passer des lois pour plus de surveillance, plus de moyens pour la police, moins d’interventions des juges, etc. Le passage d’un État de droit vers un État policier est engagé depuis longtemps et le moins que l’on puisse dire c’est que ça se finalise de plus en plus vite.
Un autre point central, c’est l’extrême-droitisation du discours gouvernemental, qui semble suivre celle du discours des médias et des classes privilégiées, laquelle avait commencé bien avant. C’est le point le plus inquiétant, surtout que loin de se limiter au discours il y a aussi des actes. Cela signifie-t-il que nous avons affaire à un gouvernement d’extrême droite ? C’est plus compliqué que ça mais la question mérite d’être posée. C’est donc sur ce point que nous allons réfléchir, quelles sont les stratégies mises en place ? Pourquoi ? Comment lutter contre ?
Partie 1 : Islamophobie et fabrication de l’ennemi intérieur.
Quelque chose qui saute aux yeux, c’est l’hypocrisie du gouvernement : comment peut-on en même temps accuser nos co-citoyennes et co-citoyens musulman-es de séparatisme et en même temps vendre des armes aux puissances du Golf, passer des accords avec la Turquie, ne pas condamner les grandes entreprises françaises qui ont traité avec Daesh, etc ? Ces acteurs et donc par extension nos dirigeant-es ont bel et bien plus soutenu le terrorisme international que tous les « séparatistes » qu’ielles peuvent désigner. Mais peu importe, les faits n’ont pas leur place ici, ce qui compte c’est de raconter une histoire à sensation.
Cette histoire, c’est celle d’une République en danger, menacée de l’intérieur, qui serait à deux doigts de basculer vers la barbarie.
Et quelle est la menace ? Les musulman-es – non pardon, officiellement c’est « l’islamisme radical » – … mais en pratique, c’est bel et bien les musulman-es.
Le gouvernement jouant volontairement sur l’ambiguïté du mot islamisme, certain-es comprendront une instrumentalisation politique de l’Islam, d’autres une radicalisation des croyances (donc une radicalisation radicale ?), d’autres encore mettrons tout-es les croyant-es dans le même sac.
En effet, nous pouvons d’ores et déjà relever plusieurs signes prouvant que le gouvernement attaque sans distinctions associations, écoles et lieux de culte sans aucun rapport avec le meurtre de Conflans-Sainte-Honorine, avec pour seule justification que ces associations sont musulmanes, ces écoles enseignent l’arabe et ces lieux de culte sont des mosquées. Bref, leur seul crime, c’est d’être tenus et fréquentés par des musulman-es, et peu importe qu’ielles n’aient jamais rien fait de répréhensible.
Un exemple frappant, c’est l’attaque qui vise le CCIF. Pourquoi réprimer le CCIF, c’est une association tout ce qu’il y a de plus légaliste (leur truc c’est l’accompagnement juridique) qui clame haut et fort son intention de respecter le cadre républicain et laïc, et surtout, SURTOUT, qui n’a absolument rien à voir avec l’attentat.
Mais pourtant elle est ciblée, parce que c’est une association musulmane, parce qu’elle est visible, et parce que ça fait longtemps qu’elle est détestée par la droite réactionnaire.
Un autre signe qui ne trompe pas, c’est les conséquences de la Marche contre l’islamophobie en novembre dernier, organisée entre autres par le CCIF. A présent tous/tes les participant-es à cette marche sont accusé-es de traîtrise, de collaboration, voire de soutenir le terrorisme.
Mais traîtrise par rapport à qui ? A la laïcité ? Certainement pas, c’est justement en son nom qu’a été organisée la manifestation : au nom du droit et de la liberté de culte, reconnus par le droit français dans la loi de 1905. Donc, pourquoi « traîtrise » ? Pour comprendre, il nous faut revenir au contexte d’avant la Marche et aux raisons derrière son organisation.
Vous souvenez-vous que juste avant la Marche, il y avait eu un attentat visant des musulman-es à Bayonne, où un ancien candidat FN avait blessé deux fidèles à l’arme à feu après avoir tenté d’incendier la mosquée ? Probablement pas, et ce n’est pas votre mémoire qui est en cause. Non, ce qui est en cause, ce sont les Unes des éditorialistes et les discours des politiques (de Barbier à Zemmour, de Valls à Dupond-Aignan) sur cette marche, qui se sont empressé-es d’en occulter la véritable raison, et de scander à tout va que la Marche contre l’Islamophobie serait en fait le symbole de « l’islamisation de la France ». Sous leurs plumes et dans leur bouche, nous n’avons donc plus des gens qui se rassemblent pacifiquement suite à un épouvantable drame afin de demander justice et sécurité, en interpellant le gouvernement sur ses responsabilités vis-à-vis de ses citoyennes et citoyens musulman-es, nous avons à la place des gens qui « se victimiseraient et viendraient réclamer des droits spécifiques pour leur communauté » (sic) alors qu’ielles devraient, toujours selon l’idéologie des éditorialistes, se taire et se cacher.
Ainsi, dans cette réalité honteusement déformée et mensongère issue des fantasmes racistes de la droite, la Marche contre l’Islamophobie devient une « menace contre la République et la laïcité » car elle remet en cause un ordre du monde établi où toutes les vies ne se valent pas et où un « bon français de souche » peut s’en prendre en toute impunité à des musulman-es, qui ne seraient donc pas vraiment des citoyen-nes, sauf si ielles renoncent à être musulman-es.
Alors que la république française (avec un petit -r) est censée garantir les droits de TOUTES et TOUS, comme le porte la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et comme institué par la Constitution, nous voyons de plus en plus tout le champ politique français se mettre à exalter la République (avec un R majuscule), sorte d’entité non-réelle personnifiant la France, ou l’État, ou encore un ensemble de valeurs non définies, qui serait donc menacée. Cette sacralisation de la république (qui à l’origine n’est qu’une simple forme de gouvernement parmi d’autres), complètement confuse, derrière laquelle tout le monde met un peu tout et son contraire, est fondamentale dans la création de la stratégie de « l’ennemi intérieur » utilisée actuellement contre les musulman-es.
Pour bien comprendre (et c’est complexe), il faut commencer par admettre l’islamophobie de l’extrême droite : leur théorie, c’est le choc des civilisations, occident chrétien contre, hé bien, heu, musulmanie… (bon ça veut rien dire, c’est pour souligner qu’ielles s’inventent un monde musulman uni, cohérent et tourné contre l’occident qui n’existe que dans leur théorie). En gros, ielles veulent une guerre, et les raisons pour lesquelles ielles désignent les musulman-es comme adversaires sont multiples : opportunisme suite aux attentats (les gens sont plus enclins à croire à une menace « islamique »), rancœur suite à la guerre d’Algérie, inquiétudes suite à la perte d’influence de L’Église catholique et à la popularité de l’Islam, peur de perdre un ordre racial et social qui les avantage suite à l’intégration de plus en plus étendue des musulman-es, et crainte devant l’essor à l’international des puissances arabes…
Dans cette vision des choses, les musulman-es de France deviennent donc « l’ennemi intérieur », celleux du camp opposé que la France a eu le tort d’accepter et qui auraient pour unique but de la détruire de l’intérieur au profit de leurs vraies allégeances, les « puissances islamistes ». Cette vision est naturellement du pur délire, basée sur un racisme ancré envers les musulman-es, ce qu’on appelle donc l’islamophobie. Toujours dans cette vision des choses, les groupes et personnalités de la gauche française qui ont soutenu la Marche, sont donc des traîtres-ses qui ont pactisé avec « l’ennemi ». Il faut bien comprendre que tout ce discours ne peut fonctionner que si l’extrême droite et le gouvernement parviennent à créer ce postulat de base : nous sommes en guerre. Et c’est justement le discours qu’on nous martèle dans les médias : nous sommes en guerre (« guerre sanitaire, guerre contre le terrorisme, guerre contre la pauvreté » même, peu importe, l’important c’est d’habituer au mot pour créer une fausse réalité.)
Cependant, Macron, son gouvernement, et les théoriciens de l’extrême droite qui veulent la dédiaboliser, ne peuvent pas parler ouvertement d’une menace « musulmane » ni de « choc des civilisations ». D’où le glissement vers un vocabulaire plus recevable : celui de la République (toujours avec un grand -R) et celui de la laïcité dont ielles essaient d’imposer une définition corrompue et contraire à son sens premier, dans le discours public. Cette question de la laïcité est en vérité cruciale : parce que pour fabriquer cet ennemi de l’intérieur qui menace la République (toujours avec une grand -R) il reste un obstacle, et cet obstacle c’est justement la laïcité ! Car oui c’est difficile de prétendre que les musulman-es n’ont pas leur place au sein de la nation si sa constitution garantit la liberté de culte… mais il y a déjà eu un travail de longue date à la droite de la droite pour changer la définition de la laïcité, ce qui est mis en avant c’est une culture et une tradition française que la laïcité aurait pour rôle de préserver, et il est fortement sous-entendu que cette tradition implique de manger de la charcuterie et que la culture est une culture catholique. Le problème c’est tous ces juristes qui connaissent l’esprit de la loi de 1905 et qui rappellent que… bah non c’est pas ça la laïcité.
Donc qu’est-ce qu’on fait quand on est au pouvoir et qu’on veut pouvoir discriminer tranquillement ? On remplace les gens, les suivant-es auront bien compris la leçon et seront moins pointilleux/euses.
Ce que les marchand-es de haine espèrent en accusant la gauche (pourtant pas si investie que ça quand il s’agit des luttes antiracistes) c’est que la gauche va se désolidariser, il faut priver les musulman-es de tout soutien, décourager les alliances. Parce que pour qu’une bonne stratégie du bouc émissaire fonctionne, c’est mieux si l’ennemi désigné est incapable de se défendre.
Partie 2 : le retour des années 30 ?
Forcément les parallèles sont faciles à faire, les nationalismes du passé se sont reposés sur l’idée puissante de la nation en danger et la tactique de l’ennemi de l’intérieur, tapis dans l’ombre, évoque cette époque.
Certain-es voient cette logique qui se répète et affirment que les musulman-es d’aujourd’hui sont construit-es comme ennemi-es de la même façon que les juifs et juives d’antan. Alors attention, l’islamophobie ne remplace pas l’antisémitisme, l’antisémitisme existe toujours particulièrement à l’extrême droite. Par contre on peut voir une logique similaire dans la façon dont l’islamophobie est instrumentalisée aujourd’hui.
On retrouve aussi la même logique avec le terme d’islamo-gauchiste, créé par l’extrême droite et aujourd’hui dans le vocabulaire d’un ministre. On ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle avec un autre, le judéo-bolchéviste qui était présent dans la rhétorique des fascistes des années 30. La ressemblance et là, et l’utilisation politique est proche : agiter la menace ! Salir l’adversaire !
Mais encore une fois attention, le contexte n’est pas tout à fait le même. Dans les années 30 les communistes faisaient peur, très peur. Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que la bourgeoisie se sent menacée par la gauche ? Alors que tous les mouvements sociaux échouent années après années ? Difficile à dire, il faut aussi prendre en compte que dans le monde entier il souffle un vent de révolte, que le capitalisme est en crise et que suite à l’épidémie COVID cette crise va s’aggraver. Mais quand même, il semble plus raisonnable de penser que ce sont surtout les musulman-es qui sont visé-es en premier lieu, et seulement ensuite la gauche. Comme dit dans la partie précédente le but serait d’essayer de priver les musulman-es de tout soutien, de jouer sur un mécanisme de déshonneur par association. Mais la droite est opportuniste, donc si elle peut profiter de l’occasion pour tenter de discréditer ses adversaires elle ne va pas se gêner.
Du coup, Macron est-t-il devenu fasciste ? Entendons-nous déjà le bruit des bottes ?
Nous ne sommes pas dans sa tête, nous ne pourrons faire que des hypothèses. Ce qui est sûr c’est qu’il joue à un jeu très dangereux, qu’il réutilise des discours et des stratégies qui viennent de l’extrême droite et que cela créé les conditions qui pourraient faire réellement basculer notre pays vers le fascisme.
Cependant c’est probablement par pur cynisme qu’il emploi ces stratégies. Macron, et tout son gouvernement, sont des bourgeois. Leur idéologie c’est le néolibéralisme, et leur intérêt de classe fait que leurs objectifs vont être de maintenir l’ordre en place, de préserver leurs privilèges et le système économique.
Les néolibéraux se moquent de la démocratie, dans leur vision des choses le peuple est incapable de se gouverner lui-même et ne sait pas ce qui est bon pour lui. Ils pensent sincèrement qu’il vaut mieux confier les affaires d’État a des spécialistes et qu’un peu d’autoritarisme ne fait pas de mal.
Il y aurait beaucoup à dire sur le néolibéralisme, mais ce n’est pas vraiment le sujet ici. Un point important, par rapport au libéralisme classique, c’est que les néolibéraux ont changé leur rapport à l’État, l’État n’est plus vu comme un obstacle à éliminer pour libérer le marché mais au contraire comme celui qui protège le marché et la propriété privée, il s’agit bien sûr d’un État qui n’a que faire du service public, qui est au service du marché et dont le rôle se limite aux fonctions régaliennes et a réinjecter de l’argent quand le système se grippe. La construction d’un État fort est donc utile au néolibéralisme.
On a vu après chaque crise et chaque attentat ces dernières années l’État renforcer ses prérogatives, limiter les contre-pouvoirs et aller plus loin dans la surveillance de masse et une gestion policière de nos existences. Macron n’est pas nouveau, il n’est pas le premier à le faire et agit dans la continuité de ses prédécesseurs.
Il reste que c’est différent du fascisme, le fascisme en bref c’est un ultranationalisme ethnique et raciste qui porte un projet de régénération de la nation, considérée comme pervertie, en la purgeant de ses mauvais éléments. Le but étant de retrouver une gloire passée imaginaire.
Notre hypothèse, qui demande à être confirmée, c’est que deux mécanismes se rencontrent. D’un côté un travail de fond en provenance de l’extrême droite, porté par ses idéologues et menés depuis de longues années à la conquête de l’hégémonie culturelle : pour imposer ses idées et sa vision du monde. Et de ce travail de fond la plupart des médias bourgeois se sont rendus complices.
De l’autre un mécanisme de renforcement de l’État mené par les néolibéraux, pour les raisons expliquées au-dessus. Par opportunisme le gouvernement Macron se dit qu’il peut utiliser ce climat créé par l’extrême droite et déjà largement diffusé pour atteindre ses propres objectifs.
Donc ce gouvernement n’est pas (encore ?) fasciste, on atteint par contre le point culminant de l’autoritarisme et du cynisme d’un extrême-centre qui sent que la société craque de partout.
Et surtout le risque de basculement vers le fascisme est réel, la rhétorique et la stratégie du gouvernement se confond actuellement avec celle de l’extrême droite, et si jamais un-e fasciste parvenait au pouvoir demain, elle aurait déjà non seulement tout l’arsenal judiciaire et policier sous la main, prêt à servir, mais en plus ses thématiques seraient déjà largement répandues et acceptées dans la société. C’est terrifiant !
Partie 3 : Que faire ?
Et bien déjà l’important c’est de comprendre ce qui se passe, les stratégies employées et leurs causes. Un événement aussi choquant qu’un attentat n’est pas le meilleur moment pour réfléchir la tête froide, mais c’est nécessaire pour ne pas se tromper dans la réponse.
Ce texte, bien que forcément imparfait et incomplet est une tentative modeste d’y parvenir.
Une erreur typique des courants de gauche c’est de ne voir les choses que sous leur propre prisme, il suffit de voir les réactions, parfois déplacées de certaines figures accusées d’islamo-gauchisme pour comprendre l’étendue du problème. Il ne suffit pas de retourner l’accusation envers la droite, mettre en avant ses contradictions pour gagner (et on ne parlera même pas de celleux qui se taisent ou pire jouent le jeu et se désolidarisent des opprimé-es, on t’a vu Yannick !).
Alors évidemment quand c’est bien fait, mettre la droite le nez dans son caca, ça défoule, et elle le mérite. Mais il manque le plus important.
Le but ne devrait pas être de sauver l’image de la gauche, mais bien d’apporter une aide concrète à celleux qui subissent la discrimination.
Donc remettons les choses dans l’ordre, on ne combattra ni l’islamophobie ni le terrorisme sans les musulman-es. Ce qui compte aujourd’hui c’est de défendre un principe d’autonomie des luttes.
Nous savons à quel point l’antiracisme politique a du mal à exister et il est temps que cela change, surtout que si le gouvernement cible indistinctement toutes les organisations dès qu’elles sont identifiées comme musulmanes cela va être très difficile pour nos camarades de s’organiser et de faire entendre leurs voix. Quand certain-es veulent diviser, il faut savoir faire confiance et accepter l’autre. La gauche n’a pas su y faire avec l’antiracisme politique jusqu’à présent, pourtant il n’est pas trop tard, les musulman-es ont les mêmes désirs d’égalité, de liberté et de justice que n’importe qui et aucune lutte ne se mène sans que les premier-es concerné-es en aient l’initiative.
Ensuite bien évidemment qu’il faut défendre un projet de gauche, si possible offensif et pas seulement défensif. Avec tout le brouhaha savamment organisé par les réactionnaires en tout genre il est temps de réaffirmer que les solutions sont de notre côté.
La solidarité n’est pas un mot en l’air, la tolérance encore moins. Il n’y a qu’en se battant pour plus de liberté et d’égalité qu’on pourra faire à la fois reculer l’extrême droite et faire cesser les attentats !
En fait il est temps de faire des propositions sérieuses, pour plus de représentativité, pour permettre un débat public apaisé, pour empêcher la prolifération de fakes news sans restreindre la liberté d’expression (la loi Avia étant catastrophique à ce niveau). Il faut réaffirmer la laïcité dans son sens d’origine et désintoxiquer l’espace public des rhétoriques d’extrême droite.
A court terme et dans l’immédiat, il faut se battre pour empêcher la dissolution du CCIF, dénoncer les pressions sur l’Observatoire de la laïcité et soutenir les membres de cet organisme qui veulent défendre la vraie définition de la laïcité.
A plus long terme, nous devons continuer à diffuser et à défendre la vraie définition de la laïcité, pour un projet de société respectueux des cultures et des religions, c’est-à-dire une vraie tolérance et non pas une tolérance conditionnelle qui en vrai n’accepte que ce qui ressemble à la norme instituée. Car la tolérance, loin de n’être qu’un idéal de doux/douces rêveurs/euses, est un véritable projet politique : c’est une façon de considérer et gérer politiquement les interactions entre personnes de cultures différentes pour leur permettre de vivre en paix ensemble dans le respect de leurs différences, et non pas en obligeant l’une d’elle à renoncer à ses particularités pour se conformer à la vision de l’autre.
De même, c’est l’égalité et la justice qui doivent orienter nos choix politiques : trouvons-nous juste qu’une partie de nos co-citoyennes et co-citoyens se fassent publiquement humilier et discriminer en raison de leur culture et religion ? Trouvons-nous juste qu’une partie de nos co-citoyennes et co-citoyens soit privée des droits fondamentaux de la dignité humaine et soit traitée comme des êtres humains de second rang ? L’écoute, l’empathie, la compréhension et la volonté de vivre ensembles doivent primer, devant les volontés belliqueuses des Va-t-en-guerre ravis de jeter de l’huile sur le feu. Face à leurs provocations, nous devons plus que jamais ré-affirmer que ce que nous, nous voulons, c’est vivre en paix et dignement avec autrui. Et nous affirmons également que nous ne pouvons vivre libres et dignement si nos co-citoyennes et co-citoyens musulman-es ne le peuvent pas.
Nous ne croyons pas dans le discours du FN/RN qui prétend que nos co-citoyen-nes et co-citoyens musulman-es menaceraient les « valeurs françaises ». Nous ne croyons pas dans le discours des haineux/euses et intolérant-es qui prétendent voir les germes de la guerre dans la religion de nos co-citoyennes et co-citoyens, mais nous croyons que seul-es celleux qui veulent la guerre vont s’arranger pour la créer. Ce que nous croyons, c’est que trop d’humiliations et de discriminations engendrent la colère et la violence, que promulguer des lois pour opprimer des personnes en raison de leurs différences culturelles et religieuses a pour effet d’entretenir le séparatisme (le vrai) et les conflits, ce qui rend possible des drames comme celui de Conflans Sainte Honorine. Nous ne désirons plus jamais voir de drames pareils se produire. Et ce n’est pas en accentuant l’écrasement des autres, que nous allons pouvoir faire cesser ces violences. C’est par le dialogue, l’écoute et la recherche de solutions d’apaisement, que nous pourrons augmenter nos chances de ne plus jamais voir attentats, meurtres et agressions, se reproduire.
Contre le « Modèle républicain » prôné par le FN/RN, présenté faussement comme étant la laïcité et la démocratie (ce qui est un comble de la part d’un parti fasciste et anti-démocratique qui n’aurait même jamais du exister), et qui n’est qu’un modèle d’intolérance et de violence, nous réclamons, nous voulons notre société pluri-culturelle, pluri-religieuse, où chacun-e aurait sa place et où nous pourrions enfin vivre ensembles, en paix.
Il ne faut SURTOUT pas sauver cette société mais l’achever …
passage en modé à priori