Argentine : une grève qui n’en finit pas
Catégorie : Global
Thèmes : Archives
GREVE EXEMPLAIRE
Les travailleurs du Métro de Buenos Aires se sont organisés indépendament de leur syndicat, la UTA (syndicat des cheminots), affilié à la CGT, pour protester contre un accord que ce syndicat avait signé avec la direction. A l’aide d’un « corps de délégués » (désignés directement par les travailleurs), ils ont mené une longue grève l’année dernière et obtenu la réduction de leur journée à 6 heures (ensuite ils ont été à l’origine de la constitution du « Mouvement pour la Réduction de la Journée Légale à 6 heures) et des augmentations de salaires. Ce sont ces délégués (parmi lesquels des membres de partis d’extrème gauche) qui sont chargés de négocier avec la direction de Metrovias, la concessionnaire privée du métro, tout en gardant un contact permanent avec leur base, chaque proposition est analysée et discutée en assemblée.
La grève progressive a débuté jeudi dernier avec deux arrêts de travail, deux heures le matin et deux heures l’après-midi, puis deux fois 3 heures le vendredi, deux fois 4 heures le lundi et deux fois 5 ce mardi. Demain ils ont annoncé que la grève sera totale et illimitée si un accord n’était pas trouvé avec Metrovias. Le ministère du travail a convoqué aujourd’hui une réunion entre les deux parties, redoutant une grève générale. Le métro de Buenos Aires transporte 900 000 passagers par jour, les arrêts de travail, en heures de pointe, occasionnent un véritable chaos au niveau des bus de la ville, avec des files d’attente énormes.
L’unique proposition faite pour le moment par Metrovias est une augmentation de 10 %, qui en réalité n’est que de 1% puisqu’elle englobe les 100 pesos d’augmentation générale décrétée par le gouvernement.
REVENUS DE MISERE
Une des conséquences de la crise financière de décembre de 2001en Argentine fut l’abandon de la parité du peso argentin avec le dollar US entraînant une dévaluation importante. Mais l’inflation en 2002 a été de 41 % et les salaires n’ont pas suivi. Aujourd’hui, trois ans après, l’écart s’est officiellement réduit mais les salaires des travailleurs du privé sont 15 % inférieurs à leur niveau de 2001 (29 % pour le public). Bien sûr, ce sont les pauvres les plus touchés car si l’inflation depuis décembre 2001 représente 55 %, les prix des aliments de base ont augmenté de 80 % !
Le seuil de pauvreté est estimé officiellement à 750 pesos par mois pour une famille type de quatre personnes. Mais l’on évalue à 1 800 pesos le revenu nécessaire pour satisfaire les besoins élémentaires (nourriture, logement, eau, électricité, habillement, transport…).
Le salaire minimum est fixé à 450 pesos par mois !
Officiellement, 60 % des salariés gagnent moins de 700 pesos par mois. Mais selon des chiffres syndicaux, environ 20 % des actifs (travailleurs au noir) ont des revenus inférieurs à 300 pesos par mois. Et pour des millions de personnes sans emploi, la seule ressource est un plan « social » de 150 pesos par mois.
On comprend pourquoi un conflit comme celui du métro a de quoi inquiéter le gouvernement, le patronat et la CGT.
Buenos Aires, 08 février 2005
Fab (santelmo@no-log.org)
ARTICLES COMPLEMENTAIRES
Argentine : renouveau des luttes ouvrières
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=29591&id_mot=11
Argentine : victoire syndicale des « telefonicos »
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=29652&id_mot=11
Commentaires
Les commentaires sont modérés a priori.Laisser un commentaire