Extrait du Rapport Bébéar « Des entreprises aux couleurs de la France », à lire ici .pdf);
Le même, qui, un jour avait dit ceci : « la race blanche est en train de se suicider. » Et aussi ceci : « pour que les gens soient prêts à se défoncer pour l’entreprise, c’est qu’ils soient convaincus que leur intérêt personnel et l’intérêt de l’entreprise coïncident. » Voir à ce sujet cette conférence.

1.2 LA PENURIE DE MAIN D’OEUVRE ET LA TENTATION DU RECOURS A L’IMMIGRATION

Malgré des taux de chômage élevés, facteurs de tensions sur le marché du travail, certains émettent l’idée de recourir à l’immigration à cause du manque de main d’oeuvre qui existe aujourd’hui dans certains secteurs de l’économie. Le bâtiment, par exemple, souffre de grandes difficultés pour pourvoir quelques 100 000 emplois. Mais ce n’est pas le seul secteur touché : les travaux publics, la restauration, la réparation automobile, la maintenance, le commerce, l’artisanat, les services à la personne, etc., sont également concernés.

Le Commissariat au Plan7 le souligne d’ailleurs : « certaines entreprises explorent déjà différentes solutions locales à ce manque de main-d’oeuvre : recours à l’immigration, mobilité de personnes originaires des DOM, sous-traitance à des entreprises étrangères ou délocalisation d’activités. Du côté des pouvoirs publics, des initiatives sont prises pour faciliter le recours à la main-d’oeuvre étrangère et répondre à la pénurie de candidats pour certaines fonctions, dans l’industrie, les services ou l’industrie manufacturière ».

La situation ira en s’aggravant. Les projections en terme de besoin de main d’oeuvre, fondées sur les prévisions de croissance et de renouvellement de la population active, conséquence du départ en retraite de la génération du « baby-boom », mettent en évidence l’ampleur du phénomène. Selon une étude de la DARES, dont Michel Godet a fait l’analyse, 4 700 000 d’emplois liés aux créations de postes et aux départs en retraite sont à pourvoir pour la période 2000-2010.

Quant à la population des chefs d’entreprise, 135 000 ont plus de 50 ans, et 500 000 entreprises seront à reprendre au cours des prochaines années. Dans ce contexte de pénurie actuelle et future, le paradoxe est que la France compte de nombreux citoyens, certains diplômés et qualifiés inemployés ou sous-employés, d’autres inemployables pour cause d’absence de qualification ou par un défaut de maîtrise des comportements et attitudes élémentaires qui handicapent lourdement leur insertion dans le monde du travail.

Il n’est pas du ressort de ce rapport de traiter de la politique d’immigration. Nous devons cependant signaler que la quasi-totalité des personnes interrogées ont insisté sur le fait qu’une immigration mal contrôlée en quantité et en qualité, c’est-à-dire ne permettant pas aux personnes accueillies dans notre pays de trouver un travail et un logement, comporte de graves dangers potentiels, et, nous a-t-on répété dans les quartiers, nuit en premier lieu aux immigrants déjà intégrés et à leur image dans la collectivité nationale.

Il existe donc en France, un potentiel de main d’oeuvre, composé d’individus en particulier issus de la minorité visible, dont certains sont sous utilisés, et d’autres inadaptés aux exigences du marché du travail, alors qu’on va vers un manque de main d’oeuvre.