Adieu camarades validistes
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Catégorie : Global
Thèmes : AntivalidismeMilitantismeRacismeValidisme
Pour toi camarade validiste, voici une nouvelle qui va te réjouir, une feignasse de plus qui se barre, du moins c’est ce que tu te diras, toi qui juge toujours les militants sur leur productivité, pourtant, toi le soi-disant matérialiste tu ne t’es jamais demandé pourquoi certains étaient plus productifs que d’autres. Crois-tu vraiment que tout le monde a l’énergie de venir à chaque réu, chaque manif, chaque collage, etc ?
D’ailleurs puisqu’on parle de manif, penses-tu vraiment qu’une personne qui a des difficultés à marcher a les mêmes facilités que toi à faire plusieurs kilomètres dans des conditions météo difficiles sans s’hydrater sous les lacrymos ? D’ailleurs t’es-tu demandé pourquoi il y avait aussi peu de personnes âgées dans les manifs ? Sais-tu aussi que beaucoup de tes camarades surtout de ceux qui ont été colonisés sont enfermés dans des cellules ou des hôpitaux ? Comment dans cette situation peux-tu encore penser qu’il suffit d’être motivé pour être en manif ?
Te rends-tu compte qu’il n’y a même pas de soutien antivalidiste pour les personnes dont le peuple a été ethnocidé ou génocidé ?
Comment peux-tu croire que ton fabuleux milieu militant est émancipateur alors même que toi qui es valide a besoin de prendre des pauses de celui-ci régulièrement quand il mine la santé et le bonheur même de ceux qui en avaient le plus à la base sans compter que d’autres n’ont eu de cesse de te répéter et depuis longtemps combien les personnes qui subissent le racisme comme le sexisme ou tous ceux qui ne sont pas dans les normes sont plus épuisés par ce milieu ?
D’ailleurs ça nous ferait des vacances si tu arrêtais de mépriser autant les camarades plus exténués par tout ça que toi dont les pauses s’éternisent car ils n’en peuvent plus.
Sais-tu surtout toi camarade bourgeois, dans ce paragraphe c’est surtout toi que je vise, que beaucoup d’entre nous devons travailler quand on a la possibilité ou alors sommes obligés de chercher du travail, que nous sommes trop pris dans les galères du quotidien pour pouvoir militer et as-tu seulement vu la vie des gens qui mendient et auxquels tu ne donnes jamais rien pendant ta manif ?
Ceux d’entre nous qui galèrent le plus ne peuvent attendre aucune solidarité de toi parce que dès qu’on vis dehors ou en dehors du monde du travail, pour certains d’entre vous simplement quand on n’est pas bourgeois, on ne compte pas pour toi et après ça va se dire révolutionnaire. Quelle blague !
Cependant ce dont je te parle ici n’a rien de drôle. As-tu idée du nombre de vies que ton validisme a gâchées et même détruites, pour certaines au sens propre ? À ton avis, crois-tu sérieusement que tes collègues se seraient suicidés simplement à cause de la dernière loi X de la réforme Y du gouvernement Z si ils avaient eu le moindre espoir à attendre du mouvement politique ?
La solidarité de classe à deux vitesses (ou à quatre si on tient compte de votre racisme et de votre sexisme) et qui ne s’applique en réalité qu’aux gens heureux et en bonne santé finit par tuer les autres, et tes injonctions à prendre sur soi pour aller mieux ne font qu’empirer les choses. Après ça aie au moins la décence de ne pas récupérer leur mort politiquement s’ils ne l’ont pas demandé sinon tu ressembles à un assassin qui parle au nom de sa victime.
Pendant que toi au mieux tu nous ignorais et à tes yeux nous étions invisibles, que tu n’entendais pas nos besoins et l’histoire de nos vies car pour toi ils étaient toujours au choix «trop glauques» ou «pas assez politiques» nous on était bien obligés de vivre comme on pouvais dans un monde où ceux qui comme nous n’ont pas les mêmes capacités que toi camarade valide sont vraiment tués, violés, harcelés, se voient refuser des emplois, sont physiquement agresser, se retrouvent à la rue pour certains, pour beaucoup sont empoisonnés par l’industrie médicale et forcés de se soumettre à l’autorité de connards en blouses blanches ou à divan qui parfois les incarcèrent de force (c’est ce qu’on appelle la politique de santé que tes manifs défendent qui visent particulièrement les prolos pas Blancs des quartiers populaires),
que nous sommes en grosse galère de thune à cause de ça, que ne pas avoir de travail ou en avoir un de merde nous rend socialement invisibles et en difficulté pour avoir des amis et des rencontres amoureuses et sexuelles, nous tout ça on le vit généralement seuls et dans l’isolement et quand malgré tout on prend du peu de temps qu’on a (beaucoup d’entre nous n’aurons pas ton espérance de vie ni ta qualité de vie),
d’énergie, de force et de rêves qu’on a pour aller militer avec toi car nous aussi on en a marre de tout ça, ras-le-bol du capitalisme et du colonialisme et qu’on a des espoirs de lendemains qui chantent, on n’a pas spécialement besoin que tu t’y mettes aussi.
On n’a pas besoin en plus de soi-disant camarade qui ont honte de nous côtoyer et font tout pour nous éloigner et ont peur de nous, qui nous assomment de travail en prétendant que nous ne faisons rien, qui nous insultent à chaque fois que l’on ose hausser un peu le ton en tentant de les empêcher de nous prendre pour des paillassons (voire nous font un procès pour ça), bref, qui ont clairement renoncé à leurs idéaux égalitaires quand il s’agit de nous.
On n’a pas besoin non plus de soi-disants révolutionnaires que ça ne dérange pas de mettre en danger leurs camarades sans se soucier ni de les informer des dangers du milieu militant (lacrymo, violences policières en manifs qui touchent principalement les prolos pas valides qui viennent d’un peuple colonisé, situations traumatisantes, etc) ni de leur parcours de vie quand ils leurs imposent des choix de santé (injonction au végétarisme, rythmes de sommeil foutus en l’air par les durées des réunions, injonction à prendre ou pas des médicaments et autres thérapies, injonction à l’alcool et la cigarette, injonction à vivre des situations stressantes, incapacité à comprendre qu’on n’est pas toujours disponibles pour le travail militant, non prise en compte de la fatigue, travail militant de nuit forcé, bref tout ce que vous refusez que Macron ou ceux qui suivront vous imposent vous nous l’imposez).
Et après nous avoir fait tout ça vous nous placez en situation de dépendance vis à vis de votre foutu milieu, vous nous éloignez de nos anciens amis, de notre famille en disant que leurs discours ne sont pas assez radicaux (et contrairement à vous on aura du mal à en trouver d’autres après et si c’est pour ne se trouver qu’à socialiser avec vous on y perd au change), vous hébergez certains d’entre nous parfois et dans ces cas-là on se retrouve à dépendre de vous pour être logés, pour ceux d’entre nous qui sont drogués à l’alcool, au café, à la cigarette et à d’autres drogues moins légales et faciles à trouver en milieu militant vous nous créez ou vous entretenez des addictions que nous n’avons pas les moyens financiers de nous permettre, et une fois que vous nous avez bien rendus dépendants (matériellement, émotionnellement, économiquement, socialement, affectivement, sexuellement, romantiquement, idéologiquement, intellectuellement ou juste par habitude) de votre foutu milieu, vous nous excluez ou nous poussez à partir car nous ne sommes pas assez valides à votre goût.
Et en plus si nous avons le malheur de protester contre quoi que ce soit de tout ça vous nous réduisez systématiquement au silence que ce soit en nous engueulant pour nous intimider, faisant comme si nous n’étions pas là et n’avions rien dit (c’est votre spécialité), en simulant de vous émouvoir de notre sort et en pleurnichant tellement dessus qu’on ne peut pas finir et politiser nos phrases, en zappant nos tours de paroles ou pire en nous forçant à prendre la parole, en nous interdisant de nous transmettre les informations quand nous ne pouvons pas assister aux réunions en prétendant que c’est par peur de big brother alors que vous êtes tous sur facebook, bref par toutes les méthodes possibles et imaginables.
Et je vous vois venir, nous dire que ce sont des problèmes de santé et pas politiques mais cela est faux car tout est politique donc nos vies aussi et dans le système validiste les psys (psychologues, psychiatres, psychothérapeuthes, psychanalystes), médecins, et autres acteurs de la santé et du social (qu’ils soient valides ou non) sont nos oppresseurs et donc nous devons nous libérer de leur influence pour nous émanciper vraiment car le réformisme n’a jamais fonctionné et qu’ils font partie du problème, pas de la solution, ce qui n’est pas une raison pour critiquer ceux d’entre nous qui n’ont pas d’autre choix que d’y recourir tant qu’on n’aura pas construit d’alternative forte à ce système.
De même tous les antivalidistes bourgeois qui refusent une autonomie de classe des prolétaires pas valides sont dans l’infantilisation de ceux d’entre nous qui sommes des prolos et nous libérer c’est aussi nous libérer d’eux. C’est pour ça qu’on n’en veut pas dans nos luttes, d’autant plus que la lutte anticapitaliste est forcément antiraciste et décoloniale sinon ce n’en est pas une et que du coup on en a ras le bol de militer avec des descendants de colons et d’esclavagistes dont les ancêtres ont fait fortune sur la ruine des nôtres dans la plus grande des violences.
Pour l’instant à part quelques cautions ici et là on ne voit ni personnes pas valides dans le mouvement de lutte des classes ni prolos dans les mouvements antivalidistes or une lutte révolutionnaire sans prolos pas valides incluant ceux issus de peuples colonisés n’est ni une lutte ni révolutionnaire c’est pourquoi nous quittons camarade validiste ton milieu pseudo-révolutionnaire car on ne peut faire la révolution ni avec vous ni sans nous alors il est temps que nous menions nos propres luttes avec des camarades dignes de ce nom car nous voulons la révolution pour de vrai, donc adieu camarade validiste.
Si vous n’êtes pas valide et prolo et que vous voulez participer à créer un mouvement autonome avec nous sur cette base dites-le nous en commentaires.
Je ne comprends pas cette phrase :
“Te rends-tu compte qu’il n’y a même pas de soutien antivalidiste pour les personnes dont le peuple a été ethnocidé ou génocidé ?”
Je suis d’accord qu’il y a un antisémitisme rampant considéré comme de plus en plus “acceptable” pour des raisons toutes aussi mauvaises les unes que les autres, mais je n’ai pas l’impression que cette phrase parle de ça. D’ailleurs il ne me semble pas que ce soit une question à traiter au prisme du “validisme”. Du coup je ne comprends pas bien de quoi il est question.
Des éclaircissements ?
@ ? :
http://www.psychologies.com/Planete/Societe/Articles-et-Dossiers/La-Shoah-en-heritage
https://www.20minutes.fr/magazine/templiers/on-vous-dit-tout/la-memoire-genetique-science-ou-science-fiction-4833/
L’antivalidisme ne peut pas être détaché de la lutte anticoloniale.
En l’occurence un peuple génocidé ou ethnocidé (c’est-à-dire une grande partie des peuples colonisés puisque ethnocidé a un sens plus large que génocidé et inclue aussi la destruction de la culture) peut fréquemment développer un syndrôme post-traumatique du fait de la perte de sa culture.
Au passage merci d’avoir partagé notre article (que j’ai mis sous licence CC BY SA comme tous mes autres articles, il suffit juste de le préciser), je ne sais pas qui ni pourquoi (j’ai un lecteur qui m’a d’ailleurs posé la question) mais j’apprécie l’initiative, ça lui donnera plus de visibilité.
Chacun s’adapte en fonction de ses capacités et n’essaye pas d’imposer aux autres les siennes. Tout le reste c’est du bla bla . Moi je suis handicapé, je milite depuis des décennies et je ne me reconnais aucunement dans ce que tu racontes.
Encore une enieme tentative de créer des petites guéguerres dans le marigot.
Si tu t’en vas , bonne route.
On n’a peut-être pas fréquenté les mêmes branches du milieu militant, et ça peut aussi dépendre des handicaps. Je suis lourdement handicapé (handicaps phy, psy et neuro) et ce que nous disons dans l’article je l’ai vécu dans plusieurs branches du milieu militant, pour certains de mes handicaps plus que d’autres et je ne suis pas le seul à l’avoir vécu.
On a caché un de ces commentaires binaires, qui classe les gens qui luttent contre une forme de domination alors qu’iels devraient apparement fermer leur gueule, vu que tout le monde est pareil et parle de la même place… On aimerait bien que le débat soit un peu plus nuancé, mais ça a pas l’air facile…
Certes on n’a peut être pas fréquenté les mêmes milieux militants mais moi ce que j’ai vécu de parfois désagréable c’est surtout une surprotection, une attention disproportionnée, alors que tu as juste envie d’être là comme n’importe qui. Certes nous n’avons peut être pas les mêmes capacités phy et psy mais on ne peut pas non plus commencer à hiérarchiser. J’ai des problèmes neuro et de motricité et j’en tiens compte. Certes je peux pas courir mais ça m’empêche pas de soutenir ceux qui le font.
Après tu est certainement tombé sur des débiles et c’est pas ce qui manque dans le militantisme.
Bon courage et n’oublie pas que les véritables responsables des lacrymos c’est ceux qui les tirent.
Si effectivement des commentaires ont été censurés je ne trouve pas ça cool. Je suis contre la censure. N’hésitez pas à commenter plutôt sur mon blog si vous craignez de vous faire censurer vos commentaires, et n’oubliez pas de toujours faire des backups de vos commentaires en les enregistrant dans un fichier texte sur votre ordinateur, qu’il s’agisse de censure ou d’un problème de connexion vous pourrez ainsi le reposter plus facilement.
Pour répondre au commentaire suivant je reconnais que je nous n’avons pas parlé de l’aspect surprotection, effectivement parce que du moins pour ma part (je ne sais pas ce qu’il en est pour l’autre personne avec qui j’ai écrit cet article, je ne veux pas parler pour elle) je l’ai moins vécu et/ou que ce n’est pas l’aspect qui m’a le plus dérangé. Notre article est effectivement biaisé du fait que nous l’avons écrit à deux et pas à 500, c’est sûr, et nous ne prétendons pas pouvoir parler au nom de tous les atypiques. Si nous écrivons un nouvel article pour parler de ces sujets nous essaierons de tenir compte aussi de cet aspect (la surprotection des atypiques en milieu militant).
Je viens de jeter un œil à la polémique sur cet article :
https://nantes.indymedia.org/articles/42157
Merci aux modos de poster un commentaire pour corriger : il n’est pas possible de continuer la polémique sur le blog d’origine puisque l’autrice du blog a perdu accès à son blog. Merci donc de continuer le débat ici :
https://juiveftransatypique.wordpress.com/2018/07/17/si-vous-souhaitez-commenter-sur-le-blog-de-sylpheline/
Cet article me renvoie à des choses vues et vécues: dans une organisation anarchiste plusieurs “leaders” autoproclamés se donnaient des droits sur les autres sur cette base: ils faisaient beaucoup, ça leur donnait le droit de décider pour les autres. La phrase récurrente était: “Qu’est-ce que t’as fait lors de tel ou tel évènement”? et de rappeler à tout propos leurs propres exploits… Déjà le principe est plus que discutable et renvoie à la méritocratie capitaliste: les patrons bossent beaucoup, endossent des responsabilités, “créent des richesses” = dans les milieux militants, “créent des situations subversives, des structures alternatives”, ce qui leur donnerait le droit de juger, diriger, contrôler des “subalternes” soi disant moins courageux et dynamiques. Ensuite, même s’adressant à des personnes juste fatiguées, occupées ou démotivées ces reproches sont déjà injustifiables d’un point de vue anti-autoritaire.
J’ai entendu ces injonctions s’adressant une fois à une personne âgée et malade (“tu la ramènes avec tes critiques mais on ne te voit pas souvent dans les manifs!”) et à une autre qui ne pouvait se déplacer qu’avec des béquilles (“ça tu es forte pour criiquer mais au salon du livre tu n’as pas levé le petit doigt pour sortir et ranger les cartons!”). Alors déjà c’est pas parce qu’on “ne fait rien” qu’on n’aurait pas le droit de critiquer. Mais s’adressant à des personnes handicapées je trouve cet état d’esprit encore plus gerbant.
tout à fait d’accord avec ton commentaire