Nantes : compte rendu de la manifestation du 14/02 contre la sélection
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Luttes étudiantes/lycéennesMouvementRépression
Lieux : Nantes
La manifestation est partie tranquillement de Bouffay mais elle a du faire face directement aux CRS à Commerce qui ont bloqués les manifestants et usé de la gazeuse à main : une 10aine de personnes en ont ainsi été victime, dont 5 ont beaucoup touchées.
Le cortège reprends alors sur seule voie de manifestation possible, le cour des 50 otages, où lorsque le cortège veut prendre la rue de l’hôtel de ville, il est attaqué par les CRS venu le contourner. Au moins une personne sera gratuitement frappée. Plus loin, après plusieurs tentatives d’accèder aux rues adjacentes nous arrivons à investir le lycée Clémenceau sans que la police ai eu le temps de nous suivre et donc d’occasionner de nouveaux blessé.es.
A la sortie de Clémenceau, un dispositif policier (composé de plusieurs lignes de CDI) menace les étudiants et lycéens qui revendiquent le droit de manifester.
Cela ne plait pas aux forces du désordre qui chargent 2 fois violemment les manifestants. on compte à ce moment :
– une plaie ouverte à la tête de plusieurs centimètres
– des coups de matraques donnés à tout va qui occasionnerons des blessures à la tempe (égratignure+bleu) aux genoux, mollets, tibias, épaule, dos …
– plusieurs coups de pieds de donnés par les policiers, notamment sur des personnes à terres,
– quelqu’un est tombé dans la charge et à eu un traumatisme nasal hémorragique,
– ils ont marché sur une personne qui s’était allongée sur la route.
La gazeuse à main à de nouveau été utilisée, 5-6 personnes sont touchées et on note l’utilisation par vaporisation d’un liquide jaune-marronatre, non piquant et ayant une odeur nauséabonde (smartwater ?).
Lors de la prise en charge de la personne avec une plaie au crane et par ailleurs trés choquée, nous avons étés chargés puis brutalisés par la CDI ; une médic et des manifestants nous protégeants ont étés frappés et violemment jetés au sol. les medics et manifestants protégeant la blessée ont été pris à partie et tabassés alors que le reste de la manifestation était déjà éjecté 50m plus loin.
La manifestation a donc été violemment repoussée jusqu’au cour st pierre à coup de grenades lacrymogènes et matraques. Une personne un moins à pris un tir tendu de grenade dans le mollet.
La manifestation réussit à joindre la place Royale sans autre violence de la part de la police ; il n’y aura ainsi pas d’autre blessé.es.
Il n’y aura pas eu usage du LBD et nous remarquons qu’actuellement les affrontements contre les manifestations se font davantage au corps à corps avec tabassage et coups de matraques.
Le 14 février 1968, des centaines d’étudiants mobilisés à la fac de Nantes envahissaient et dévastaient le rectorat, et recevaient en retour quelques charges policières. Ces événements marquaient les prémisses du Mai 68 étudiant. A l’époque, tout ce que Nantes comptait de syndicats, de partis et d’associations de gauche s’indignaient contre la répression. C’est peu dire que les temps ont changé …
Cinquante ans plus tard, 14 février 2018. Troisième journée d’action contre la sélection à l’université. Il fait nuit, froid et humide quand une centaine d’étudiants bloque minutieusement l’université. En réconfort, la Cagette des Terres, qui approvisionne les luttes en fournitures depuis l’automne dernier vient offrir un petit-déjeuner aux bloqueurs.
Dans les lycées, déjà, une répression conjointe de la police et du personnel des établissements est chargée de faire régner l’ordre. A Livet et Clemenceau, les tentatives de blocage avortent. Plus tard, un groupe part de la fac pour aider le lycée Monge à rejoindre la lutte. Après quelques minutes de tractage seulement, plusieurs fourgons de CRS déboulent. Les manifestants doivent fuir. L’un d’eux raconte :
« Après avoir fait plusieurs centaines de mètres boulevard Schumann, la rue est bloquée. Des camions de flics devant, et derrière, peut-être 15 en tout. C’est à se demander combien sont mobilisés au même moment dans le reste de la ville, où plusieurs autres cortèges étudiants et lycéens débrayent aussi des lycées. Moment de panique. Notre seule issue est une rue perpendiculaire au boulevard, sur la gauche. Pas le temps pour hésiter, on s’y engouffre. 30 secondes plus tard, c’est non pas des fourgons mais deux motos et une voiture de police qui s’arrêtent à notre hauteur, et sortent les gazeuses. Ils veulent nous faire peur. Après avoir enjambé deux murets, nous nous retrouvons sur l’autre rue. Nous sommes traqués. Deux camarades se fouleront la cheville dans la panique et resterons sur place. Après avoir bien couru et senti l’adrénaline monter, nous sommes rassurés : on les a semé. » Les mêmes scènes se reproduisent ailleurs, au même moment.
A 11H, sous la pluie, des centaines de jeunes se retrouvent malgré tout Place du Bouffay. Le dispositif policier est colossal. Après quelques dizaines de mètres de parcours seulement, à la croisée des trams, les CRS tentent déjà de nasser l’avant du cortège, en gazant et en distribuant des coups de matraque sur les banderoles. Les journalistes eux-mêmes paraissent choqués, mais ne relateront probablement pas ce qu’ils ont vu.
La manifestation se heurte sans cesse à des murs de policiers, et doit sans cesse ruser pour pouvoir continuer à avancer de quelques mètres, cernée de toute parts par les forces de l’ordre. Voir 700 personnes dans la rue dans de telles conditions tient du miracle. Rue Joffre, l’avant de la manif est braqué par les armes de policiers pendant que l’arrière est coincé par les CRS. Seule porte de sortie : une ruelle qui mène au lycée Clemenceau. L’énorme dispositif répressif est pris de vitesse. Des manifestants s’engouffrent dans l’établissement en scandant : « lycéens, avec nous ! » Mais le rassemblement se fige dans la rue quand la police arrive. Première charge : sans raison, une pluie de coups de matraque s’abat sur la tête des lycéens et des étudiants, sans distinction. Les banderoles sont volées. Une jeune femme est au sol, la tempe ensanglantée. Immédiatement, les policiers envoient une salve de grenades lacrymogènes sur l’arrière du défilé. Nouvelles charges ponctuée d’insultes et de menaces. Une personne qui pensait que s’allonger par terre allait dissuader les policier d’attaquer est piétinée. Ceux qui soignent les blessés sont à leur tour agressés par la police.
Toute la scène se déroule à l’heure où les lycéens sortent pour leur pause de midi. L’infâme direction du lycée enverra un mail à toutes les familles des lycéens, dans les heures qui suivent, en osant parler « d’affrontements », de gens « extérieurs venus en découdre », et conseillant aux lycéens « de se tenir éloignés des manifestations ». Minable.
Contre toute attente, le cortège repart vers l’hyper-centre d’un pas rapide. Prenant à nouveau de court les CRS qui tentent de courir à leur poursuite, les manifestants atteignent la Place Royale, endroit stratégique, et strictement impossible à rejoindre depuis le printemps 2016, dans la guerre de territoire organisée par la préfecture. Cela peut paraître anodin, mais la Place est symbolique : elle avait été occupée en Mai 1968 et rebaptisée Place du Peuple par une foule d’étudiants, d’ouvriers et de paysans. Une photo célèbre de ce moment avait été prise, avec les manifestants juchés sur la fontaine, avec des drapeaux rouges et noirs. Finalement, pour fêter cette petite victoire, certains n’hésitent pas à grimper dans la fontaine, les pieds dans l’eau glacée, pour réitérer cette image, à 50 ans d’écart.
Après ce moment joyeux, fatigués, les manifestants tentent de se disperser, mais ils sont encore une fois empêchés de rentrer sur la fac par une armada policière. Le canon à eau est déployé sur le Cours des 50 Otages ! Finalement, une Assemblée Générale se tiendra dans l’après-midi en fac de Droit. Deux amphithéâtres sont occupés à partir de ce soir, pour amplifier le mouvement : les amphis A et B du Tertre.
Demain jeudi, nouvelle journée d’actions. Suivez la page Université de Nantes en lutte pour plus d’informations.
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Nous invitons nos voisins des autres villes à se joindre au mouvement, et à tout mettre en œuvre pour nous aider à désengorger Nantes du trop plein policier qu’elle subit depuis trop longtemps.
Lors des multiples et violentes charges policières que nous avons subis tout à l’heure lors de la manifestation contre la sélection, il y eut plusieurs blessé.e.s. Dont une qui à eu le crâne ouvert par un coup de matraque, et un autre que à pris un coup de tonfa sur la nuque, causant un malaise. Nous demandons, s’il y avait des personnes présentes de bien vouloir nous faire parvenir des vidéos et/ou photos de ces charges.
N’hésitez pas à contacter Assemblée des blessés 44 (https://www.facebook.com/Assembl%C3%A9e-des-bless%C3%A9s-44-1751594901723011/)
et les Street Medics Nantes (https://www.facebook.com/streetmedicsnantes/?fref=mentions), si vous avez été blessés par la police.
Voici deux vidéos vues sur twitter d’une des charges :
https://twitter.com/TheDarkPixel/status/963757415719211009
https://twitter.com/DIRECTPO/status/963732398323183617
Il y a cinquante ans jour pour jour, 1500 étudiant-e-s envahissaient le rectorat pour revendiquer de meilleures conditions d’études avant que ne s’abatte sur eux une répression policière particulièrement violente. Cette action qui constitua une des prémices du mai 68 tel qu’il reste aujourd’hui dans les mémoires, a trouvé un fort écho en cette journée de mobilisation contre la sélection à l’Université.
Dès 6h du matin, une centaine d’étudiant-e-s s’activent sur le campus de Lettres pour bloquer les entrées des bâtiments et rendre effective la grève. Blocage sous haute surveillance puisqu’une compagnie entière de CRS (17 camions) a été demandée par le présidence de l’Université pour « sécuriser le chantier du Tertre ».
Dans le même temps des lycéens et lycéennes s’organisent pour bloquer les lycées Livet et Clemenceau. Une fois de plus cependant, la préfecture n’hésite pas à envoyer ses flics face à des mineur-e-s qui s’organisent pour défendre leur avenir, les blocus lycéens ont donc été rapidement dégagés par une police surarmée et particulièrement violente.
Des lycéen-ne-s déterminé-e-s rejoindront les étudiant-e-s sur la fac vers 8h30 pour partager le petit dej’ amené par la Cagette des Terres, le réseau de ravitaillement des luttes du pays nantais. Après une courte AG devant le Pôle Etudiant, les manifestant-e-s décident de se répartir dans différents lycées pour débrayer et appeler à la grève. Un de ces groupes sera nassé pendant une heure devant Livet avant d’être libéré au compte-goutte après un contrôle d’identité, six personnes seront emmenées au commissariat de Waldeck Rousseau pour une vérification de leur identité.
Malgré une ville assiégée par un dispositif policier disproportionné (Morhonnière, Michelet, Bourgeonnière, Place Bouffay, Livet, Monges, Motte Rouge), les manifestant-e-s parviennent à se rassembler à 11h sur la Place du Bouffay pour partir en défilé. Tout au long de la manif, le cortège agrégera jusqu’à 800 personnes. L’objectif d’aller à la présidence de l’Université, qui n’a toujours pas prit position sur la loi Vidal, circule dans les rangs. Après à peine 200 mètres de manifestation, le cortège est déjà bloqué par un rempart de flics et se voit contraint d’emprunter le cours des 50 otages. Passée la préfecture, malgré les multiples blocages de la police, le cortège passe par la rue du Maréchal Joffre pour aller à Livet puis, bloqué par la police une fois de plus, bifurque vers Clemenceau.
Après avoir brièvement envahi la cours du lycée, le cortège fait face à la police, plusieurs charges et jet de grenades lacrymos feront des blessé-e-s dont une jeune femme qui doit se rendre aux urgences après avoir eu le crâne ouvert par un coup de matraque. Le cortège, dépossédé de ses banderoles, brûle quelques poubelles au milieu de la route en guise de barricade et repart vers Bouffay. Après avoir désorienté la police dans les petites rues et déjoué le lourd dispositif, le cortège se rue en courant vers la place Royale, interdite depuis des années aux manifestations. La place est envahie avec des cris de joie, une première partie du cortège s’engage dans la rue Crébillon tandis que la deuxième reste bloquée sur la place. Après quelques errances les deux cortèges finissent par se retrouver aux cris de « Mai 68, mai 2018, Place du Peuple! », référence aux paysans et ouvriers qui avaient renommé ainsi la Place Royale pendant les événements de mai 68. Dans l’émoi collectif, des étudiant-e-s et lycéen-ne-s mettent les pieds dans l’eau et escaladent la fontaine, l’instant est immortalisé puis le mot d’ordre circule de retourner à la fac où doit se tenir une AG. Scène absurde: camion à eau et grilles anti-émeutes attendent les manifestant-e-s sur le cours des 50 otages, la police est partout, menace, la dispersion se fait au compte-goutte.
De retour à la fac une AG se tient grâce à la bonté de la doyenne de la fac de Droit(e). Après avoir voté le soutien inconditionnel aux victimes de la police et de la justice et décidé de rejoindre massivement la journée de grève du 22 mars dans la fonction publique, décision est prise d’occuper les amphi A et B en Tertre pour le reste du mouvement. N’hésitez pas à nous rejoindre dès aujourd’hui: jeux, projections de films, ateliers, tout est possible!
Malgré un pouvoir qui met tous ses moyens policiers pour étouffer toute contestation, le mouvement en cours est déjà parvenu à mettre en échec par deux fois le dispositif policier et la préfecture en envahissant le rectorat et en conquérant la Place Royale. Et ce n’est que le début, mai 2018 sera chaud…