Contre l’aéroport – et pour son monde, ou quoi ?
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Catégorie : Local
Thèmes : Anti-répressionContrôle socialD281Immigration/sans-papierEs/frontieresLogement/squatRépressionZad
Lieux : Notre-Dame-des-LandesZAD
À propos du communiqué « commun du mouvement » suite à l’abandon du projet d’aéroport et au discours du 1er sinistre, il me semble important à des fins d’honneteté politique de préciser que la phrase concernant la D281, alias « la route des chicanes », n’a JAMAIS ÉTÉ VALIDÉE COLLECTIVEMENT.
Cette phrase a été rajouté pendant les conférences de presse à la Vacherie mercredi après-midi par un petit comité de rédaction autodésigné qui s’est octroyé le droit de répondre à Edouard Philippe sur ce point, mettant le reste du mouvement devant le fait accompli d’une prise de position publique en son nom (ce qui est pour le moins une erreur stratégique, si l’enjeu est notre force collective face à l’État).
Comme il a été écrit par ailleurs ( http://zad.nadir.org/spip.php?article5028 ), la question du devenir de cette route est loin de faire consensus sur la zad comme dans le reste du mouvement.
En témoigne au niveau des comités de soutien le texte signé par sept comités de la région en faveur de la normalisation de la route ( https://acipa-ndl.fr/actualites/lettres-ouvertes-tribunes/item/793-une-prise-de-position-de-comites-de-soutien-proches-de-la-zad-sur-la-route-d281 ),
ou à l’inverse les trois textes d’autres comités en faveur de la défense des modes de vies qui s’y déploient, deux dans le dernier ZadNews (un ici https://nantes.indymedia.org/articles/39816 ), et un au printemps 2017 ( https://zad.nadir.org/spip.php?article4532 ).
Ou encore d’autres prises de position, comme celle-ci http://zad.nadir.org/spip.php?article5035, ou celle-là
https://nantes.indymedia.org/articles/39811
(et d’autres encore que je ne retrouve pas de suite)
Hier soir a donc eu lieu une AG extraordinaire du mouvement sur ce point unique, avec plein de monde (au début en tout cas, parce que ça a duré). Autant dire que la discussion était longue et difficile. Je vous passe les détails pour en venir au fait :
Suite à un coup de pression de Julien Durand de l’ACIPA en toute fin d’AG, affirmant que l’ACIPA et COPAIN viendrait de toute façon lundi et mardi pour « nettoyer »/ »libérer » (/rendre au monde de l’aéroport) la route, une partie de l’AG s’est plus ou moins rangé à cette position, contre les avis de plein de personnes exprimés (ou parfois réprimés) tout au long de la soirée.
Certain.es ont même affirmé que si les flics venaient pour rouvrir la route ou accompagner les ouvriers chargés de la remettre en État, illes ne seraient pas solidaires de celleux qui pourraient s’y opposer.
Pourtant de « l’autre côté », personne ou presque ne défend une quelconque forme de « privatisation » de la route, et plein de propositions de « compromis » ont été faites, sans qu’aucune ne soit prise en compte.
Autant dire que cette « décision » (ou prise de pouvoir, ou trahison ?) ne fait pas consensus, ni même qu’elle ne rencontre pas d’accord large.
Et donc que des personnes s’y opposeront, nécessairement, pour défendre ce qui leur semble juste (la critique d’un monde où la voiture règne en maitre, l’aménagement du territoire contre son ménagement, la vie très concrête qu’illes mènent là depuis parfois des années,…).
La question du sens des mots « solidarité » et « lutte » se pose très concrètement à chacun.e d’entre nous.
Apparemment il y a une « suite » de l’AG aujourd’hui à 14h pour essayer de renouer les fils de la discussion. On va bien voir ce qu’il s’y passe.
La question de la D281, et la temporalité d’urgence que nous a habilement imposé le 1er sinistre avec son espèce d’ultimatum, ne doit pas pour autant être l’arbre qui cache la forêt des axes de normalisation (loyer, fermage, impôts, eau et électricité, permis de construire, etc etc etc.)
Comment peut-on continuer à s’accrocher à nos sacro-saints « 6 points pour un avenir sans aéroport » (une chouette déclaration d’intention, mais après ?), alors que plusieurs voix du mouvement (ex : un agriculteur historique, un membre de COPAIN, etc.) se sont déjà exprimés publiquement au contraire des 6 points, en faveur d’une légalisation de TOUTES les installations agricoles ?
Comment peut-on se dire « bon, il n’y a plus de menaces d’expulsions donc on peut/il faut dégager la D281 », alors qu’il est toujours affirmé par les représentant.es de l’État que les squatteur.euses seront expulsé.es au printemps ?
Comment peut-on se dire solidaire, humaniste, convergent.e des luttes, tout ce qu’on veut, et envisager cette légalisation qui n’est possible pour certain.es que par la grâce de nos privilèges néocoloniaux – vous avez déjà vu un camp de migrant.es ou de roms obtenir sa légalisation ?
Il y a celles et ceux qui refusent cette légalisation, et celles et ceux qui n’ont pas le choix : Qu’arrivera-t-il aux sans-papiers ou aux personnes recherchées par la police, dans ce « présent sans aéroport » (ici en tout cas), que certain.es veulent négocier avec le gouvernement ?
Rappelons-nous : rester neutre dans une situation d’oppression, c’est prendre le parti de l’oppresseur
https://renverse.co/Le-privilege-de-la-neutralite-un-outil-de-domination-1363
L, occupant de la zad
PS : Si on se réfère au Larzac, autant ne pas regarder que la carte postale qui montre une jolie image de lutte victorieuse, alors que la Légion étrangère a repris ses quartiers sur le plateau
(comme quoi le pouvoir n’a besoin que d’un peu de patience, tant notre mémoire des luttes est faillible) :
http://lempaille.fr/les-legionnaires-arrivent-sur-le-larzac
http://www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article6038
PPS : À lire aussi (très important si vous ne l’avez pas lu !), le texte de Val K qui donne un bon aperçu de la situation et de ses enjeux, ici https://nantes.indymedia.org/articles/39763#comment-285072
J’avais compris que le RV à 14h aujourd’hui c’était pour mettre en place ce que le cartel acipa-copain-adeca-cedpa et autres comités de réacs appelaient une « proposition » (alors qu’il s’agit d’un ultimatum pour passer en force mode « de toute façon on va le faire »). Pas pour rediscuter la « décision » (unilatérale). Et ça fait un moment de toute façon que certain.e.s chefs ZADistes suivent l’acipa en se mettant d’accord ensemble avant les AGs. C’était manifestement encore le cas hier soir. A quoi bon faire des AGs alors ?
C’est un vieux classique, l’acipa nous a habitué à ça, ne pas se soucier des débats de l’AG du mouvement et imposer sa propore décision. On peut même entendre des hauts gradés de l’acipa se dire que de toute façon les zadistes vont devoir comprendre que les cabanes doivent dégager…
Pour maintenir le rapport de force avec la préfecture, heureusement, y’a même des zadistes qui se proposaient d’appeler la préfecture pour demander des dos d’ânes… Sisi…
J’attend de voire la semaine prochaine la prefête défiler avec les journaleux en mode victorieuse sur la D281. Prochaine étape, les flics recirculent librement sur la zone (autant pour les exilé.e.s et les zonard.e.s). Et dans deux ans, on verra des photos de la ZAD dans le journal de Nantes Métropole, pour vanter la zone d’expérimentation. Le greenwashing va pouvoir se mettre en place, et vu certains discours hier, c’est en bonne voie.
Bientôt le slogan ce sera « Contre la ZAD et son monde » ?
à 14h, il s’agit du rdv initialement fixé par la réunion des occupant.e.s pour définir où mettre les ralentisseurs. Surement oui ça va essayer d’aller plus finement que le final d’hier qui laisse un gros goût amer.
« plus finement », peut être, espérons. Mais bon, le coup de fil à la pref a déjà été passé, la négociation est faite…
Autant dire que maintenant la mouvement perd tout rapport de force avec la pref pour aller négocier les suites et défendre les installations « illégales ».
On se vante d’avoir fait reculer les flics en 2012, d’avoir fait le rapport de force qui a permit l’abandon ddu projet, et pour un pauvre coup de pression, le mouvement est même pas capable d’arriver à trouver une riposte un peu créative. C’est bien désolant et pas rassurant pour la suite…
Depuis 4 ans des discussions ont lieus. À aucun moment n’est tenu compte des avis des habitant.es des bourgs alentours. À aucun moment n’a été admis que commun ne veut pas dire moi mais nous. À force de concessions à sens unique au bout de 4 ans il a fallu trancher, c’est triste d’en arriver là mais c’est la conséquence logique du refus de composition de quelques personnes fraîchement débarquées ou connues pour leur amour du clivage…
Adieu la route on t’aimait bien tu sais…
Invitation commune du mouvement anti-aéroport
Ce mercredi 17 janvier, nous venons collectivement d’obtenir une formidable victoire, un signe fort pour toutes les autres luttes.
Nous voilà maintenant dans une nouvelle phase, pleine de possibilités d’avancer ensemble, notamment sur des questions d’usage commun, comme celle de la D281, dite « route des chicanes ».
Fermée par les autorités dans le cadre du projet d’aéroport en 2013, cette route a été réouverte par le mouvement dans la foulée. Elle a été pour de nombreuses personnes un lieu de rencontres, de lutte, de vie et de créativité.
Aujourd’hui, l’ensemble du mouvement fait le choix de la rendre plus ouverte et accessible à nos voisin-es et aux riverains des bourgs alentour.
Prendre cette décision, c’est sûr, n’a pas été facile et ce n’est pas seulement de gaité de cœur que nous voulons transformer cette route. Mais c’est parce que nous pensons un futur commun et avons confiance dans notre force collective que nous vous appelons à faire ce chantier entre « nous », sans la presse.
On vous invite donc à venir lundi 22 janvier, dès 10h au « Lama Faché » autour d’un café, pour reboucher les trous et enlever les chicanes. Si nous avons besoin d’être nombreux-ses, c’est pour que ce bout d’histoire soit écrit vraiment collectivement.
Pour que tou-te-s puissent y circuler tranquillement, il y a aura immédiatement des ralentisseurs provisoires, puis par la suite des ralentisseurs pérennes, et des voies de passage seront créées pour nos ami-e-s tritons, salamandres et autres habitant-e-s du bocage.
Nous portons ceci collectivement, et collectivement nous pourrions revenir sur cette décision si des menaces d’expulsion venaient à se concrétiser, en refermant cette route et les autres traversant la zad. C’est un engagement fort que nous renouvelons, à défendre la zad si besoin, et à la défendre ensemble.
Cette route était et restera un symbole de notre résistance commune, et c’est tout-e-s ensemble que nous mettons en œuvre son usage partagé, puisque qu’il n’y aura pas d’aéroport.
Rassemblons nous donc avec pique nique, pelles, gants, fourche, grands sacs de ferme et bonne volonté !
L’ensemble du mouvement anti aéroport
La RD281, oui c’est un conflit, et c’est un vieux conflit non seulement au sein du mouvement d’occupation mais aussi entre ce mouvement et les habitantEs des villages alentours.
En tant qu’ancien habitant de la ZAD, j’ai pu constater la bêtise des défenseurs de la RD281 dont l’argumentaire se résume en trois points :
1) c’est moi qui ai fait la chicane, donc c’est ma chicane, donc c’est à moi, donc tu touches pas
2) c’est nous qu’avons gagné la lutte, c’est nous les vrais warriors, c’est nous qui avons tenu tête aux flics, c’est nous
3) tous les autres, c’est des traîtres, des gens honnêtes, des bourgeois qui ne connaissent pas la vraie vie, celle de la boue et du froid.
Face à eux, ils trouvent la bêtise autoritaire de certains représentant de l’ACIPA qui ont décidé avant d’avoir collectivement discuté de ce qu’ils feraient.
De ces deux camps il n’y a ABSOLUMENT rien à attendre. La solution viendra des autres. De ceux qui savent discuter, de celles qui créent des ponts, de celles qui entendent les conflits et de ceux qui savent en prendre soin.
Cette route n’est qu’une route et ne représente en rien l’énergie vivante de la ZAD. Elle est devenue un symbole folklorique qui est en train de tourner à la fétichisation et à la mise en scène compulsive d’un imaginaire insurrectionnelle. Nettoyer une route ce n’est pas nettoyer nos imaginaires, ni nos pratiques de lutte.
La réalité est la suivante : personne ne viendra soutenir un mouvement d’occupation qui défend non pas ses lieux de vie, ses pratiques politiques et ses valeurs mais des chicanes sur une route ! C’est plat, c’est nul, ça fait pas rêver !
Oui lutter c’est élaborer des stratégies. Une stratégie ce n’est pas un compromis, ce n’est pas un mensonge, ce sont des actions qui permettent d’atteindre un but. Les vraies questions à se poser sont : comment répondre à la pression du gouvernement, au calendrier qu’ils imposent ? comment combattre la création d’un imaginaire médiatique autour de cette route qui serait « privatisée » par le mouvement et serait le symbole d’une « zone de non-droit » ? comment continuer à porter une zone de conflictualité en rupture avec le-monde-qui-va-avec ? Comment continuer à avoir un mouvement commun qui résiste à la diabolisation gouvernementale sur la « minorité agissante » ?
Nettoyez cette route, mettez des dos d’âne, limitez la circulation à 30km, signalez les carrefours, faites poser des éclairages, mettez des panneaux de signalisation avec des dessins de chiens dessus et engueulez-vous pour des trucs plus intéressants !
Lâchez-nous la grappe avec votre RD281 toute pourrie ! Ça craint.
Un peu trop de généralités dans la description des personnes qui défendent la route je trouve. Plein font partie de celles et ceux qui ont cherché des formes d’accord avec le reste du mouvement et des gens du coin (accords qui n’impliqueraient pas un baisemain à la préfète).
Mais au moins les autres arguments en sont. On peut en discuter, et ouais, c’est clair qu’il y a plein d’enjeux stratégiques plus importants que la route.
Pour ma part, j’aurais peut-être été plus enclin à discuter si, dans cette AG du mouvement qui a « décidé » de nettoyer la route, il y avait eu une volonté collective de chercher des stratégies pour lutter sur les autres axes de normalisation. Au lieu de quoi, on nous a brandi en fétiche l’idée que si on donne un gage au gouvernement il va nous laisser tranquille.
Depuis quand le pouvoir ne profite pas de son avantage ? Voilà la question qu’on est un bon nombre à se poser.
Alors que pour la première fois depuis longtemps, les menaces d’expulsion devraient être prises au sérieux (flics partout, déclarations médiatiques incessantes), on décide de fluidifier le trafic sur la zone. C’est pas le pire moment pour faire ça ? À moins que ce soit fait sciemment contre les occupant·e·s illégales ?
c’est bien pour ça qu’il est précisé « nous pourrions revenir sur cette décision si des menaces d’expulsion venaient à se concrétiser, en refermant cette route et les autres traversant la zad. »
Pour l’instant le gouvernement annonce toujours vouloir expulser au printemps ceux qui ne se seront pas régularisé(sic).
Si l’aménagement de la d281 n’est pas fait dans la semaine y’a surement intervention des keufs,ça permet de gagner du temps tout en gardant du matériel de défense de l’autre côté du fossé.
Je crois y’a consensus là-dessus, c’est surtout le coup de force à la fin de l’ag du mouvement du 18 janvier qui est dure à avaler parce qu’un consensus semblait pouvoir se dégager si la coordination, COPAIN accompagné de quelques comités réacs avaient été un peu plus patient.
Du coup je comprends pas, vu que l’état maintient ses menaces d’expulsion, il faudrait vraisemblablement maintenir nos menaces de nous défendre. Et à la limite n’ouvrir les routes que lorsque l’état abdique et renonce aux expulsions (lol).
Là ça donne la désagréable impression que l’on s’incline devant notre ennemi au moment même où on lui a mis un coup dans la gueule. C’est vraiment triste.