Communiqué commun du mouvement anti-aéroport, suite à la décision du gouvernement
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Category: Local
Themes: D281ResistancesZad
Places: Notre-Dame-des-LandesZAD
Nous voulons d’abord saluer chaleureusement aujourd’hui toutes celles et ceux qui se sont mobilisées contre ce projet d’aéroport au cours des 50 dernières années.
En ce qui concerne l’avenir de la zad, l’ensemble du mouvement réaffirme dès aujourd’hui :
-La nécessité pour les paysan-ne-s et habitant-e-s expropriés de pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite.
-Le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venus habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et qui souhaitent continuer à y vivre ainsi qu’à en prendre en soin.
-Une volonté de prise en charge à long terme des terres de la zad par le mouvement dans toute sa diversité – paysans, naturalistes, riverains, associations, anciens et nouveaux habitants.
Pour le mettre en œuvre, nous aurons besoin d’une période de gel de la redistribution institutionnelle des terres. Dans le futur, ce territoire doit pouvoir rester un espace d’expérimentation sociale, environnementale et agricole.
En ce qui concerne la question de la réouverture de la route D281, fermée par les pouvoirs publics en 2013, le mouvement s’engage à y répondre lui-même. La présence ou l’intervention policières ne feraient donc qu’envenimer la situation.
Nous souhaitons par ailleurs, en cette journée mémorable, adresser un fort message de solidarité vis-à-vis d’autres luttes contre des grands projets destructeurs et pour la défense de territoires menacés.
Nous appelons à converger largement le 10 février dans le bocage pour fêter l’abandon de l’aéroport et pour poursuivre la construction de l’avenir de la zad.
Acipa, Coordination des opposants, COPAIn 44, Naturalistes en lutte, les habitant-e-s de la zad.
Conférence de presse commune : mercredi 17 janvier, 15h30, à la Vache Rit (les Domaines, 44130 Notre-Dame-des-Landes)
Pour rappel : pas d’aéroport + expulsion de la ZAD = le programme du FN44
Communiqué de presse de l’ACIPA – vendredi 19 janvier 2018
L’ACIPA se réjouit de l’abandon du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes annoncé ce mercredi 17 janvier 2018. Comment exprimer totalement l’immense joie ressentie après tant d’années de lutte ? Peut-être faudrait-il inventer des mots pour cela ?
Après le débat de fond que les opposants réclamaient depuis si longtemps et qui fut mené avec écoute et rigueur par les médiateurs, une sage décision a enfin été prise qui met fin à 50 ans de tergiversations.
Les élus locaux et nationaux qui n’ont jamais voulu étudier objectivement les alternatives possibles pour ce projet d’aéroport, portent seuls la responsabilité de l’enlisement de ce dossier devenu emblématique. Les occasions ont pourtant été nombreuses : redémarrage du dossier (2000), débat public (2002-2003), enquête d’utilité publique (2006-2007), enquêtes loi sur l’eau et espèces protégées (juin 2012), commission “du dialogue” (2013), expertise CGEDD demandée par Ségolène Royal et consultation (les deux en 2016).
Nous remercions les dizaines de milliers de personnes, adhérentes ou non à notre association, qui nous ont fait confiance depuis la création de l’ACIPA en novembre 2000 et nous partageons ce moment historique avec nos nombreux partenaires, autres associations, syndicats, mouvements politiques, collectifs et habitants de la ZAD. Ces presque dix-huit années ont constitué une formidable aventure humaine qui a permis d’atteindre notre objectif : l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes !
Nous dédions ce succès
– aux agriculteurs qui se sont levés pour la défense des terres agricoles dès les années 1960,
– à ceux qui, en 2000, se sont mobilisés pour fédérer des forces citoyennes autour de l’ACIPA,
– à tous ceux qui ne sont plus là mais qui nous ont accompagnés tout au long des 18 années de résistance,
– à tous ceux qui ont lutté pour cette zone à défendre, anonymes ou pas.
Rien ne pourra jamais effacer la mémoire d’une si longue lutte citoyenne.
De la phase de résistance, nous passons maintenant à une phase de construction.
L’ACIPA souhaite que les habitants historiques puissent dès aujourd’hui poursuivre leur activité dans la plus grande sérénité et que les nouveaux habitants ayant des projets de vie à long terme sur la zone puissent les mettre en place, dans le respect des règles communes établies par le mouvement depuis plusieurs années.
Après que se soit enfin brisée cette épée de Damoclès au-dessus de Notre-Dame-des-Landes, la circulation sur les routes et chemins de la zone doit reprendre au plus vite pour répondre aux besoins de la population des environs.
A très bientôt, le 10 février prochain, pour la journée festive sur la ZAD.
Réservez aussi déjà les 7 et 8 juillet prochains pour le (dernier ?) rassemblement annuel organisé par la Coordination des opposants !
L’ACIPA
https://acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/794-ensemble-nous-avons-eu-raison-du-projet-d-aeroport
Mouvement anti-aéroport – 17/01/2018
Ce midi, le gouvernement vient enfin d’annoncer l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : https://acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/792-communique-commun-du-mouvement-anti-aeroport-suite-a-la-decision-du-gouvernement
ACIPA – 19/01/2018
Ensemble, nous avons eu raison du projet d’aéroport ! https://acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/794-ensemble-nous-avons-eu-raison-du-projet-d-aeroport
Atelier Citoyen – 21/01/2018
Une grande victoire populaire et citoyenne !
http://www.ateliercitoyen.org/index.php/2018/01/21/une-grande-victoire-populaire-et-citoyenne/
CéDpa – 23/01/2018
Une page s’est tournée ; une autre a commencé à s’écrire !
https://acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/796-une-page-s-est-tournee-une-autre-a-commence-a-s-ecrire
Europe-Ecologie les Verts – 18/01/2017
Abandon de Notre-Dame-des-Landes
https://pdl.eelv.fr/2018/01/18/abandon-de-notre-dame-des-landes/
PCF 56 – 18/01/2018
Communiqué de presse du PCF 56 au sujet de NDDL
http://pcf56.fr/index.php/communique-de-presse-du-pcf-56-au-sujet-de-nddl/
Alternatifs 81 – 18/01/2018
NOTRE ZAD DES LANDES http://alternatifs81.fr/?p=20226
Amis de la Terre – 17/01/2018
Notre-Dame-des-Landes : une victoire de la mobilisation citoyenne http://www.amisdelaterre.org/Notre-Dame-des-Landes-une-victoire-de-la-mobilisation-citoyenne.html
Ensemble! 44 – 18/01/2018
Notre-Dame-des-Landes : victoire et vigilance http://www.ensemble44-fdg.org/dame-landes-victoire-vigilance-2/
Attac – 17/01/2018
Victoire : abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Que la Zad vive et s’enracine ! https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/victoire-abandon-de-l-aeroport-de-notre-dame-des-landes-que-la-zad-vive-et-s
France Insoumise – 17/01/2018
Abandon du projet d’aéroport de NDDL : la fin d’une aberration écologique et financière https://lafranceinsoumise.fr/2018/01/17/abandon-projet-daeroport-de-nddl-fin-dune-aberration-ecologique-financiere/
Bure Stop – 23/01/2018
A Bure, pas de « transfert de la ZAD » mais… http://burestop.free.fr/spip/spip.php?article878
Terre de liens Pays de la Loire – 24/01/2018
Association régionale Terre de Liens Pays de la Loire et Notre Dame des Landes https://terredeliens.org/titre-actu-2018-01-24-18-08-42.html
Droit au logement – 22/01/2018
Notre-Dame-des-Landes : pas d’expulsion ! https://www.droitaulogement.org/2018/01/notre-dame-des-landes-pas-dexpulsion/
De l’étranger :
Stuttgart 21 – 17/01/2018
S21-Gegner gratulieren zum Erfolg der Bürgerbewegung gegen Großflughafen #NDDL http://www.parkschuetzer.de/statements/199499
source: https://acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/798-les-reactions-de-differentes-organisations-suite-a-l-abandon-du-projet-d-aeroport-et-liens-divers
Pourquoi y avait-il tant de gendarmes autour de la zad le 17 janvier ? Pourquoi l’hélico faisait autant de bruit dans le ciel enfin bleu au-dessus du bocage ? Pourquoi les journalistes parlaient-ils tant d’évacuation, de futurs blessés, de morts même, alors que dans la zone, pas un flic ne montrait le bout de sa matraque ? Pour couvrir l’événement. Couvrir le bruit retentissant que cette victoire allait faire résonner, ici, partout. Couvrir de peur et d’angoisse la liesse qui s’est emparée de tout un mouvement de lutte, endiguer cette énergie pour ne pas qu’elle déborde des écrans, des ondes, des éditoriaux. Couvrir, comme un voile de menace pour que ce triomphe n’apparaisse pas comme tel. Mais il est des instants qui ne se laissent pas aisément recouvrir. La victoire contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est de ceux-là.
La veille, à la radio, une habitante de la zad avait dit : « demain, nous avons rendez-vous avec l’histoire ». Ça fait peur, l’histoire, quand elle déchire bruyamment les plateaux remplis d’experts, les sondages, le calme plat qu’ils entretiennent. Quand elle crève enfin l’écran.
À midi, on était presque une centaine dans la salle d’accueil de la Rolandière à attendre la déclaration du Premier ministre. Dehors, derrière les rideaux trop courts, les journalistes avaient faim. Et nous, dedans, bien que cachés du spectacle, nous en formions le cœur. On écoutait à la radio des envoyés spéciaux en direct de notre pas de porte. Ambiance spéculaire. Il nous a fait longtemps languir, Édouard Philippe, puis il l’a dit, enfin, que nous avions gagné, il a craché avec difficulté ces mots-là qui prenaient effet immédiatement sur nos vies. « C’est aussi dur pour lui que de chier un oursin ! » a dit le naturaliste, toujours friand de métaphores animalières. Après de longues embrassades agrémentées de cris de joie, nous avons couru en haut du phare qui surplombe la ferme. Quelqu’un a sorti de son épaisse veste une bouteille de mousseux qu’il a sabré avec une serpette. Puis dans le rougeoiement des fumigènes, nous avons hurlé, chanté. On pouvait voir au loin la tour de Bretagne, symbole hideux de leur empreinte. Et pour tous ceux-là qui ont voulu réduire au silence nos existences, nous avons déployé ces mots : Et toc !
En redescendant, les marches n’avaient plus tout à fait la même consistance, parce qu’alors on savait que jamais il n’y aurait à leur place une tour de contrôle. Il nous aura fallu un demi-siècle pour l’effacer définitivement du futur, et ça y est, elle n’est plus là. Le phare, lui, tourne encore.
La route brillait sous nos pas, le champagne y faisait de petites taches blanches. Nous allions chercher les autres, tous les autres, ceux qui ont permis, par leur détermination parfois discrète, de tenir. À la Wardine, notre nombre a doublé, et nous avons marché, ivres de joie, jusqu’à la ferme du Liminbout. Les « merci » ont plu face à une Sylvie étonnée, ne semblant pas encore réaliser que sa ferme ne serait pas rasée, ni ses bêtes chargées dans des bétaillères escortées de CRS. À quelques mètres, l’auberge des Q de plomb. Nous n’avons pas pu rentrer tous, et nous avons crié aussi fort que possible « merci », à Claude qui nous servait du vin. « Un discours, un discours ! » Mais Claude n’aime pas les mots inutiles, alors il a simplement dit : « à la vôtre ! » Nous avons chanté à nouveau, pour lui, pour nous, avant de continuer notre tournée. Il fallait encore traverser des champs, des clôtures, emprunter des chemins boueux pour rejoindre la Vacherit. Nous entendions, à travers les haies et les talus, d’autres groupes sur d’autres sentiers qui s’y dirigeaient aussi. En approchant du hangar, on s’est pris la main, et notre farandole a ceint la foule de ceux qui nous attendaient, vite emportés par le rythme de nos chants essoufflés. Il y avait ici « le mouvement ». Les tout vieux qui avaient vu la naissance du projet, les tout jeunes qui étaient venus défendre la zone, les paysannes, les retraités des comités, les acharnés des tribunaux, les saboteurs de 2012, les amateurs de barricades, tout le monde. Et ça a tourné, sauté, ri, jusqu’à ce que l’équilibre de chacun ne soit plus assuré que par les épaules de l’autre. Seuls, nous serions tombés.
Notre barde a alors fait une entrée fracassante : « l’abandon, c’est maintenant », avons-nous entonné avec lui, tube qu’il a écrit il y a pourtant quelques années, et qui prenait en ce jour un tour prophétique. Lorsque sa voix s’éteignait, des dizaines d’autres reprenaient. Il y a plus de quarante ans, il avait écrit la chanson de la lutte du Larzac, dont on nous parle tant ces derniers jours. Ses cheveux étaient plus longs, alors, et la victoire n’avait pas ce goût radical, offerte qu’elle était par un Mitterrand fraîchement élu. Pas d’oursin à l’époque.
Peu à peu, la danse nous a pris, jusqu’au matin pour certains. Une danse étrange, les corps serrés ou s’envolant portés par des bras mêlés. C’est nous tous qu’on portait en triomphe, tandis que le futur battait le tempo. De temps à autre, quelqu’un s’arrêtait, éberlué : « on a gagné, bordel ! » Et les bras se relevaient, impatients qu’ils étaient de regagner les airs. On en a oublié que l’aube n’aurait pas la couleur du passé. On aurait voulu que vous soyez tous là, avec nous. Et en fait vous y étiez. Et vous y serez le 10 février, afin que l’on fête dignement non pas la fin d’un mouvement, mais cette victoire, augure d’un inconnu grisant, qu’il nous incombe de construire.
Collectif Mauvaise Troupe
P.S. : Vous trouverez toutes les informations à propos de la grande journée carnavalesque du 10 février à l’adresse suivante : http://zad.nadir.org/spip.php?article5060. Les ouvrages de la Mauvaise Troupe (y compris le dernier : Saisons, nouvelles de la zad) sont disponibles ici : https://constellations.boum.org/
https://zad.nadir.org/spip.php?article5083