Le fémonationalisme sous l’ère macron : d’effrayantes perspectives sécuritaires et racistes au nom de la cause des femmes
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Catégorie : Global
Thèmes : Contrôle socialQuartiers populairesRacismeRépressionResistances
Outre une grande campagne de communication antisexiste et l’instauration d’un congé maternité unique, indépendamment du statut des femmes (salariées, entrepreneuses, etc), la nouvelle Secrétaire d’Etat a annoncé une mesure qui a de quoi inquiéter : l’instauration de policiers habilités à verbaliser les insultes sexistes dans l’espace public, s’inscrivant dans le projet plus large du nouveau Président d’introduire « 10 000 policiers de proximité ».
Avant même de songer à la verbalisation des insultes sexistes, cette déclaration a de quoi faire frémir tous ceux qui sont conscients que le renforcement des dispositifs policiers est annonciateur de plus de violences policières, et donc aussi de crimes policiers, en particulier contre les hommes arabes et noirs vivant dans les quartiers populaires. Car en effet, ce n’est certainement pas dans le 16e arrondissement parisien que les effectifs policiers seront gonflés. De plus, les contrôles au faciès étant déjà largement prouvés, ce ne sont certainement pas tous les hommes qui seront concernés par cette accentuation de l’activité policière.
« Et c’est parce que cette police est raciste et qu’elle vise les hommes de nos communautés que la population française majoritaire continue de la soutenir. Le racisme est donc ce qui permet de garantir l’impunité policière. Si demain la police allait défoncer les os des hommes blancs et de ceux de la classe moyenne, de moins en moins de gens la défendrait. »2
Et concernant précisément cette ambition de verbaliser les insultes sexistes – et donc plus largement le harcèlement sexiste – dans l’espace public, j’aimerais reprendre une analyse faite ultérieurement sur ce blog concernant les conditions de possibilité d’exercice du sexisme par les hommes en fonction de leur position de race/classe. Il devient évident, si on partage la grille de lecture qui va suivre, que ce projet sera directement tourné contre les hommes non blancs des quartiers populaires, et donc par extension contre les communautés non blanches, puisque cela aura aussi une incidence sur les femmes de ces groupes sociaux :
« […] ce qui change ce n’est pas la nature du sexisme, mais au moins deux choses : les conditions de possibilité d’exercice du sexisme et les perceptions/réactions des actes sexistes, variables dans les deux cas selon la position des hommes dont il est question. […] Un homme dominant a du pouvoir aussi bien sur son épouse, ses éventuelles soeurs, que sur d’autres femmes : celles qui lui sont subordonnées au travail, voire celles qu’il emploie si c’est lui le patron, celles à qui il enseigne s’il est prof, celles qu’il peut payer dans le cadre de la prostitution bien moins stigmatisée que celle de rue car pratiquée dans les beaux hôtels, celles qui sont peut-être mêmes employées chez lui (domestiques, nounous etc). Il sera moins enclin au harcèlement de rue qu’à celui qu’il peut effectuer dans tous les espaces où il a du pouvoir. Lorsque cet homme dominant harcèle/frappe/viole des femmes, cela peut être dans le cadre de toutes ces relations. Autrement dit, pas besoin de « concentrer » cette violence sur son épouse, elle peut se déployer à souhait dans bon nombre de situations.
Un homme pauvre et/ou non blanc en revanche a surtout du pouvoir sur les femmes qu’il fréquente dans l’intimité (épouse, conjointe, sœurs), parce qu’il n’est le patron ou le supérieur de personne, que s’il a recours à la prostitution ce sera celle de rue où bien sûr il peut exercer une violence mais bien plus stigmatisée et criminalisable, et parce qu’enfin, il n’a évidemment aucune femme qui est employée chez lui. Dans ce contexte, l’essentiel de l’exercice du pouvoir masculin sera surtout sur les femmes à qui il est lié par le sang, le couple, ou à celle dans la rue (harcèlement de rue, prostituées).
Pensez-vous donc que la différence entre ces deux hommes relève d’un sexisme de nature différente dans chaque cas, ou s’explique comme je l’avance par des conditions de possibilité de l’exercer qui dépendent de leur pouvoir social respectif ? Pensez-vous que l’homme dominé exerce une violence surtout dans l’intimité et dans la rue, pour se « venger » de ses frustrations d’exploités et d’opprimés par le racisme, ou simplement parce que ce sont les seuls lieux où il peut l’exercer, contrairement à l’homme dominant qui peut la déployer dans tellement plus de contextes ? […] L’hypervisibilité du sexisme des hommes non blancs est à mettre en perspective avec l’invisibilité du sexisme des dominants.[…] à l’invisibilité du sexisme des hommes dominants, il faut rajouter l’impunité lorsque celui-ci est dévoilé au grand jour. Impunité qui n’existe pas pour l’homme dominé. Il ne s’agit évidemment pas de plaider pour une impunité pour tous les hommes, mais d’exiger une justice pour toutes les femmes, et pas un semblant de justice et de condamnation que lorsqu’elles agressées par des prolétaires et/ou des racisés. »3
Ce qu’il faut retenir de ce long extrait pour le cas qui nous occupe ici, c’est notamment la question de l’espace public : les hommes dominants n’occupent pas l’espace public de la même façon que les hommes dominés, ils ne fréquentent d’ailleurs globalement pas les mêmes lieux et ceux qu’ils fréquentent ne sont pas sous contrôle policier permanent comme le sont les quartiers populaires. Autrement dit, on a non seulement tendance à moins les voir, mais ils sont moins criminalisés, alors que les hommes dominés sont surexposés (ils sont notamment bien plus souvent au chômage, ils occupent plus souvent des métiers extérieurs comme dans le bâtiment etc) et c’est sur eux que se concentre l’activité policière. Un renforcement des effectifs policiers, avec certains d’entre eux qui seront habilités à verbaliser les violences sexistes dans l’espace public (et pas à la fac, pas à l’Assemblée nationale, pas dans un ministère, pas dans les cabinets d’avocats, pas dans les bureaux des conseils d’administration des entreprises, etc.), c’est donc le nom de code pour : renforcement du contrôle et de la criminalisation des hommes non blancs, et en particulier ceux des quartiers populaires. Il n’y a aucun doute à avoir là-dessus.
Pour poursuivre l’analyse de l’extrait cité, qu’importe qu’un homme non blanc prolétaire analyse ses comportements sexistes par le prisme de ses frustrations, au vu de tout ce qu’il se mange comme violences de l’Etat raciste, nos analyses doivent se concentrer non pas sur sa subjectivité d’opprimé et d’exploité, mais sur les places que lui assigne le système. L’explication par la frustration n’est qu’une rationnalisation discursive de quelque chose qui renvoie à la condition systémique. De la même façon que les femmes, notamment celles qui n’ont pas les possibilités d’échapper à leur condition, rationnalisent leur situation (« m’occuper du ménage et rester à la maison ne me dérange pas, j’ai toujours aimé m’occuper des tâches ménagères » etc), parce que lorsqu’on n’a pas d’autres options, il faut bien vivre et se construire des justifications4, les hommes dominés (et leur entourage) rationnalisent aussi par le discours les contradictions de leur position d’opprimés-exploités pouvant à l’intérieur du foyer opprimer à leur tour. On peut donc comprendre le recours à cette explication dans la vie de tous les jours, mais une analyse politique a le devoir d’aller plus loin.
La nouvelle secrétaire d’Etat affirme que son projet s’explique notamment par le fait que la majorité des femmes ne veut pas porter plainte après des agressions sexuelles ou insultes sexistes, ce qui est une réalité5. Voilà pourquoi il est tragique que ce qui est un fait indéniable, à politiser avec les bonnes grilles de lecture, soit utilisé pour légitimer une entreprise sécuritaire dont l’application sera à coups sûrs raciste. Pour ne rien arranger comme toujours, dans les discours qui font face à ce féminisme d’Etat raciste, on peut malheureusement lire ou entendre que si les femmes ne portent pas plaintes, notamment celles des classes dominées socialement et racialement, ce serait par esprit de sacrifice. Or, là encore l’analyse politique demande de prendre du recul : les faibles dépôts de plainte s’expliquent parce que l’institution policière les refuse, tourne en dérision les agressions sexistes/sexuelles et fait vivre un calvaire à beaucoup des plaignantes6. Si justement on veut réellement penser l’Etat, et se confronter à lui, c’est cela qu’il faut mettre en cause, et non pas un supposé « esprit de sacrifice » ou de « solidarité » des femmes dominées avec les hommes dominés: la police est une institution d’Etat et c’est son fonctionnement qui décourage le dépôt de plainte. Il ne faut donc faire preuve d’aucune espèce de sympathie pour les analyses qui en viennent au final à détourner l’attention sur la dimension institutionnelle et étatique de la non possibilité de plaintes par les femmes dominées. L’idée de « sacrifice » et de « solidarité » est peut-être attrayante, mais elle ne fait que reprendre une fois de plus les modes de rationnalisation par le discours de quelque chose qui renvoie à une condition dans laquelle les individues sont prisonnières, et qui est le véritable problème. Et je ne pense pas qu’on combat la racialisation des questions de genre et sexualité, et que l’on se confronte à l’Etat en restant au niveau de la subjectivation par les opprimés, hommes comme femmes, de leur condition. Que l’on se comprenne bien, je ne crois pas en la police comme solution aux violences sexistes, mais s’il faut analyser la question des femmes, notamment opprimées racialement et exploitées, et du dépôt de plaintes, c’est la perspective que je défens. Pas pour espérer que la police « fasse mieux son travail », mais pour prouver une fois de plus à quelle point elle n’a pas la fonction de protéger les femmes.
C’est d’ailleurs, un de ces nombreux paradoxes montrant comment fémonationalisme et hétérosexisme fonctionnent main dans la main : des policiers seront habilités à verbaliser des insultes sexistes, alors même que le fonctionnement de leur institution décourage le dépôt de plaintes pour agressions sexuelles (et donc que très peu de viols sont jugés), et que les insultes sexistes, homophobes et les violences à caractères sexuelles sont une des modalités récurrentes de l’expression de la brutalité policière7.
Nous avons pu voir les féministes institutionnelles d’Osez Le Féminisme regretter sur les réseaux sociaux que contrairement à ses promesses de campagne, Emmanuel Macron n’ait pas créé un Ministère des droits des femmes, plein et entier, mais simplement un Secrétariat d’Etat. Depuis notre perspective en revanche, nous pouvons quelque part en être rassurés, vu ce qui nous attend déjà avec ce secrétariat d’Etat.
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Ces perspectives effrayantes rappellent évidemment l’importance de lutter contre le fémonationalisme en particulier et le racisme en général. L’importance de tracer une frontière claire, aussi bien idéologiquement que politiquement, entre le féminisme qui se rendra complice de cette mesure et des conséquences qu’elle induira inévitablement, et celui qui aura le devoir de s’y opposer frontalement sans tergiverser. Mais cela rappelle aussi l’urgence de tracer une autre frontière : cette fois entre les analyses émancipatrices et celles réactionnaires du fémonationalisme à une époque de confusions sur lesquelles prospèrent un large éventail de populistes, et où parfois la différence entre des critiques émancipatrices et réactionnaires n’est pas toujours claire, même dans les camps se revendiquant de l’émancipation. Dans un tel contexte, la réapparition sur la scène politique d’un personnage tel que Dieudonné, qui y verra sans doute une aubaine, ne laisse rien présager de bon quant aux types de critiques qui vont fleurir contre ce projet sécuritaire et raciste qui se pare des habits de la lutte antisexiste.
Il faudra donc se faire entendre et s’organiser non seulement contre ce projet d’Etat, mais aussi clarifier, pour l’imposer, ce que peut être une approche politique émancipatrice de la lutte contre le fémonationalisme et l’Etat policier8.
Mise à jour : 19/05/2017
1 Elle s’exprime à partir de 53min 45 environ http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-soir2/europe-soir-edition-speciale-nomination-des-ministres-nicolas-poincare-170517-3333734
2 «Contre les violences policières : justice pour nos frères, justice pour nos communautés, justice pour nous-mêmes »
https://qtresistance.wordpress.com/2017/02/14/contre-les-violences-policieres-justice-pour-nos-freres-justice-pour-nos-communautes-justice-pour-nous-memes/
3 Combattre la racialisation des questions de genre et de sexualité à la racine https://joaogabriell.com/2016/11/18/combattre-la-racialisation-des-questions-de-genre-et-de-sexualite-a-la-racine/
4Voilà pourquoi les discours individualistes et libéraux sur l’émancipation sont particulièrement violents, puisqu’ils supposent que tout le monde a accès aux mêmes possibilités d’échapper à sa condition, ce qui est bien loin d’être le cas.
5
– « Viol: 84.000 femmes victimes en un an et seules 10.461 plaintes déposées »
http://www.20minutes.fr/societe/1936951-20161005-viol-84000-femmes-victimes-an-seules-10461-plaintes-deposees
– Pourquoi l’immense majorité des viols ne se terminent jamais aux assises http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20130630.RUE7381/pourquoi-l-immense-majorite-des-viols-ne-terminent-jamais-aux-assises.html
– « Pour le viol conjugal, dans 90 % des cas la plainte est classée sans suite »
http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/11/23/pour-le-viol-conjugal-dans-90-des-cas-la-plainte-est-classee-sans-suite_5036621_3224.html#7aSaSdsSdvljxuqG.99
6– « J’ai porté plainte pour viol : pour les flics, c’était moi la coupable » https://www.streetpress.com/sujet/1488551838-plainte-viol-torture
– Lire également les témoignages et analyses sur le sujet sur la page Facebook « Paye ta policee » https://www.facebook.com/payetapolice/?fref=ts
7Nous pensons ici aux exemples récents tels que le viol de Théo Luhaka et les mises en lumières d’autres agressions sexuelles que la médiatisation de cette affaire a permis de mettre en lumière.
D’autres exemples illustrent également la dimension sexuelle des violences policières :
– http://www.sudouest.fr/2017/05/13/video-un-etudiant-affirme-avoir-ete-agresse-par-deux-policiers-dans-le-val-d-oise-3443818-4697.php
– https://www.streetpress.com/sujet/1495039540-commissariat-policier-eclate-gueule-pute
– https://www.streetpress.com/sujet/1469120055-policiers-homophobes-place-republique
8 Vous pouvez écouter ici la table ronde contre l’Etat policier organisée par la revue AssiégéEs le 8 avril dernier https://qtresistance.wordpress.com/2017/04/11/audio-table-ronde-sur-la-lutte-contre-letat-policier-samedi-8-avril-2017-itmtc2017/
https://joaogabriell.com/2017/05/18/le-femonationalisme-sous-lere-macron-deffrayantes-perspectives-securitaires-et-racistes-au-nom-de-la-cause-des-femmes/
Dans une récente interview http://africultures.com/portrait-de-bloggeur-joao-gabriell-13922/ , ce gars déclare faire partie d’un collectif néo-stal’
Ainsi, le « Front uni des immigrations et des quartiers populaires » de Marseille serait un « collectif néo-stal’ ». C’est comme ça que les trolls considèrent tout ce qui ne rentre pas dans leur vision raciste des luttes autonomes.
S’ils savaient lire, ils auraient trouvé d’autres informations dans les textes qu’il essaient de récupérer :
« Dans ce troisième blog à son actif, ses mots se veulent argumentés autour d’une lutte antiraciste, anti-impérialiste et anti-sexiste. c’est sous cet angle qu’on peut lire des articles comme “Luttes des quartiers populaires, répression et division de classe parmi les racisés” ou “Ni châtiment divin, ni simple malchance : la situation d’Haïti résulte de l’acharnement des puissances (néo)coloniales” ou encore “Homonationalisme : distinguer ce qui relève de la posture et ce qui relève des faits”. »
« João Gabriell est affilié au front uni des immigrations et des quartiers populaires de Marseille, espace politisé qui place l’antiracisme politique au centre de ses luttes. politique au sens, pour lui, de “réaction du peuple contre les élites “. Le bloggueur ne croit absolument pas en la politique “d’en haut” et il se démontre sceptique quant aux hommes et femmes noir.e.s dans les institutions car, selon lui, “ils entretiennent la suprématie blanche et participent à l’écrasement des classes populaires“. »
http://africultures.com/portrait-de-bloggeur-joao-gabriell-13922/
Mais pour répondre aux « interrogations » faussement naïves mais très intéressées, le mieux est d’aller sur son blog :
https://joaogabriell.com/2016/07/14/ce-que-releve-lune-des-phrases-preferees-des-islamophobes-lislamophobie-nest-pas-un-racisme-car-les-musulmans-ne-sont-pas-une-race/
https://joaogabriell.com/2016/11/24/repressions-politiques-luttes-des-quartiers-populaires-et-division-de-classe-parmi-les-racises/
https://joaogabriell.com/2016/09/23/leracismedegauchecestanalyse-et-toutes-les-pancartes/
après ces deux commentaires on passe la suite en modération à priori, généralement ça calme les trolls…
… qui explique pourquoi il suscite la haine de beaucoup de racistes de « gauche ».
De l’urgence d’en finir avec le « racisme anti-blanc »
« Parler de « racisme anti-blanc » c’est confondre ce qui relève des émotions, de la colère et ce qui a trait aux discriminations. En d’autres termes, c’est confondre les relations interpersonnelles et les rapports sociaux [1]. Ainsi, si Fatima, Mohammed, ou Fatou traitent Marie et Louis de « sales français » (relation interpersonnelle), le désagrément certain que constitue l’insulte sera mis sur le même plan que le fait que Fatima, Mohammed et Fatou risquent de voir leur CV refoulés en raison de leur couleur de peau, celle-ci signifiant une origine « autre », qu’elle soit réelle ou supposée (rapport social).
Par ailleurs, on pourrait réfléchir au fait qu’être anti français, c’est être anti blanc, aux yeux de ceux qui s’émeuvent des ravages dudit « racisme anti-blanc ». C’est bien la preuve que le cœur du problème est la division raciale qui sous-tend la définition de l’être français ; division incarnée par la séparation entre les français « de Souche » et les « issus de » ; division parfois reprise par les « issus de » contre les « de Souche », ce qui justifierait l’usage de la notion de « racisme anti-blanc ».
Or dans ce contexte, il ne peut y avoir de commune mesure entre les positions de ceux qui discriminés, peuvent insulter par rage, et ceux qui se retrouvent privilégiés par un rapport social. Considérer le racisme anti blanc c’est tenir pour équivalent des barrières sociales concrètes telles que des discriminations à l’embauche ou au logement, et des insultes qui peuvent toucher des personnes, sans être le reflet de pratiques structurelles concrètes. En effet voit-on son CV refusé en France parce qu’on est blanc ?
L’évocation d’un « racisme anti-blanc » rappelle l’urgence qu’il y a à redéfinir le racisme selon les enjeux contemporains, et une fois le racisme redéfini de manière pertinente et l’utilité du concept établie, il convient de démontrer en quoi le « racisme anti-blanc » ne tient pas.
Mais avant cela, il faut préciser que le terme « non blanc » qui sera employé tout au long du texte est problématique de par son aspect binaire en divisant l’humanité en blancs et non blancs , de par sa capacité à faire croire que tous les vécus de non blancs se confondent, au sens où arabes, noirs, indiens, asiatiques auraient les mêmes histoires indépendamment des origines, et peut-être surtout, de par sa nomination par le négatif, par opposition au terme « personnes de couleur » qui désigne les non blancs de manière positive, c’est à dire en ne les nommant pas par rapport à ce qu’ils ne sont pas, mais à ce qu’ils seraient.
Toutefois, parler de non blancs reste utile dans la mesure où il s’agit de parler des discriminations à l’encontre des personnes qui, peu importe leurs origines réelles ou supposées, ne passent pas pour blanches dans la société, et ont donc un vécu particulier – vécu modulé bien sûr par d’autres variables comme la classe sociale, l’âge, le lieu de vie, ou le sexe. De plus, l’expression « personne de couleur » est très négativement connotée en langue française, alors qu’elle est par exemple revendiquée par des non blancs en Allemagne, où des associations de « People of color » ont vu le jour [2]. Par ailleurs, l’expression « racisme anti-blanc », comme face à face de l’expression « racisme » qui suppose d’emblée le racisme envers les non blancs, tend à montrer la prégnance de cette conception binaire en blancs et non blancs, même s’il s’agira dans ce texte de s’en saisir pour en déconstruire les effets. » […]
Voir le texte :
http://lmsi.net/De-l-urgence-d-en-finir-avec-le