Prisonniers palestiniens : la politique « illégale et cruelle » d’israël
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : AntifascismePrisons / Centres de rétentionRépressionResistances
L’impossibilité de voir ses proches
D’après le règlement des Services pénitentiaires israéliens, tous les prisonniers ont le droit de recevoir la visite de leur famille une fois toutes les deux semaines. Pourtant, dans la réalité, parce que les Palestiniens des territoires occupés doivent déposer une demande de permis pour entrer en Israël, ils ne peuvent pas faire des visites aussi fréquentes. En outre, le règlement des Services pénitentiaires israéliens permet aux autorités d’annuler pour des motifs de sécurité le droit d’un détenu de recevoir les visites de sa famille. « Ahmed » (son nom a été modifié pour protéger son identité), 32 ans, originaire d’Hébron, se trouve en détention administrative à la prison de Ketziot, dans le désert du Néguev. Il n’a reçu qu’une seule fois la visite de ses proches, alors qu’il a passé de manière intermittente cinq ans et demi dans les geôles israéliennes entre 2005 et 2017. Il a été arrêté sept fois au total. Sa détention administrative doit faire l’objet d’un renouvellement le 29 juillet.
J’ai reçu une seule visite de ma famille pendant mon incarcération. En 2006, ma mère et mon père ont pu me rendre visite, car mon père était souffrant. Il avait 75 ans, et c’est la dernière fois que je l’ai vu. Il est mort pendant que j’étais en prison.
« Ahmed », prisonnier
Les prisonniers de Gaza sont les plus touchés par les restrictions, car l’armée israélienne n’accorde des permis aux familles de la bande de Gaza qu’une fois tous les deux mois. Le fils de Najat al Agha, 67 ans, originaire de Khan Younis dans la bande de Gaza est incarcéré en Israël depuis 25 ans. À l’âge de 19 ans, il a été condamné à la réclusion à perpétuité après avoir été reconnu coupable de meurtre. Il est détenu à la prison de Nafha, à Mitzpe Ramon, dans le sud.
J’ignore pourquoi mes demandes sont rejetées. J’ai 67 ans. Quelle menace suis-je censée représenter pour la sécurité d’Israël ? Tout ce que je veux, c’est le voir et m’assurer qu’il va bien. Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre, chaque visite peut être la dernière. J’ai peur de mourir avant de le revoir.Chaque fois que je dépose une demande de permis, elle est rejetée. Cela fait presque un an que je n’ai pas vu mon fils, c’est très dur. Ils nous punissent, ils cherchent à nous briser.
Najat al Agha, mère de prisonnier
De 8 à 15 heures pour se rendre à la prison
Selon l’association Addameer, la plupart des habitants de Cisjordanie qui rendent visite à des proches détenus mettent entre huit et 15 heures pour se rendre à la prison, en fonction de l’endroit où se situe la prison et de leur lieu de résidence. Ils sont soumis à de longues palpations et parfois à des fouilles au corps.
Les autorités israéliennes jouent avec nos émotions, elles nous torturent et nous punissent. Elles cherchent à nous casser, à nous épuiser, jusqu’à ce que nous acceptions de rendre moins fréquemment visite à nos proches en raison de toutes les humiliations, les fouilles, les abus et les insultes imputables aux soldats et aux gardiens de prison.
Reham, palestinienne dont le frère est emprisonné en Israël depuis l’âge de ses 12 ans
Grève de la faim
Au 28 avril 2017 environ 1500 prisonniers palestiniens détenus par les Israéliens, participeraient à une grève de la faim générale, qui a été lancée le 17 avril par le leader incarcéré du Fatah, Marwan Barghouthi. Leurs revendications portent en autre sur la fin des restrictions des visites familiales, l’amélioration de l’accès aux soins médicaux et des conditions de détention. Nous sommes préoccupés par des informations rapportées par des ONG et des médias selon lesquelles des mesures de rétorsion ont été prises par les services pénitentiaires israéliens à l’encontre des détenus grévistes de la faim : ils ont été privés des visites de leurs avocats et de leurs familles n’ont pu se rendre aux cantines pénitentiaires, certains dont Marwan Barghouti ont été placés à l’isolement. Selon le Club des prisonniers palestiniens, une organisation non gouvernementale (ONG), on compte actuellement 6 500 prisonniers palestiniens, dont au moins 300 mineurs, détenus pour des motifs sécuritaires dans des prisons et centres de détention gérés par Israël. Les 17 centres – sauf un – sont situés sur le territoire israélien. Au moins 500 personnes sont détenues sans inculpation ni jugement au titre de la détention administrative, une pratique qui bafoue les garanties édictées par le droit international pour prévenir la détention arbitraire. Selon le porte-parole de la Commission chargée des Affaires des prisonniers palestiniens, Hasan Abed Rabbo, au moins 1 000 prisonniers ne sont pas autorisés à recevoir la visite de leur famille pour des « motifs de sécurité ». Il a ajouté qu’entre 15 et 20 prisonniers sont actuellement détenus à l’isolement, privés de tout contact avec leurs codétenus et des visites de leur famille.
Une situation pour l’instant dans l’impasse
Au lieu de transférer illégalement les prisonniers en dehors des territoires occupés, Israël devrait faire en sorte que tous les Palestiniens qui y sont interpellés soient placés dans des prisons et des centres de détention situés dans les Territoires palestiniens occupés. En attendant, les autorités israéliennes doivent cesser de se servir des restrictions excessives des droits de visite pour sanctionner les prisonniers et leurs familles, et garantir que les conditions respectent pleinement les normes internationales.
Depuis 1969, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a la charge de servir de médiateur et de faciliter tous les aspects liés aux visites des familles de prisonniers de Cisjordanie et de Gaza, sans aucune aide logistique ni financière d’Israël. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza déposent une demande auprès du CICR pour recevoir des permis et s’en remettent au CICR pour organiser le transport vers les prisons, en accord avec les Services pénitentiaires israéliens. En juillet 2016, le CICR a réduit le nombre de visites organisées pour les familles des prisonniers originaires de Cisjordanie – de deux à une par mois. Un représentant de l’organisation a expliqué que cette décision a été prise pour mieux gérer les ressources du CICR en raison de la faible présence des familles lors des visites. Cette réduction ne concerne pas les femmes, les mineurs ni les prisonniers hospitalisés. Depuis, le CICR a proposé trois visites annuelles supplémentaires pour tous les prisonniers, à l’occasion des grandes fêtes.
Ce que dit le droit international Aux termes du droit international humanitaire, les détenus originaires des territoires occupés doivent être détenus dans ces territoires et non dans celui de la puissance occupante. Ils doivent aussi être autorisés à recevoir des visites, notamment de leurs proches, à intervalles réguliers et aussi souvent que possible.
« On a du mal à se représenter ce que signifient 24 jours de grève de la faim pour les 1.600 détenus qui participent au mouvement, et qui demandent la reconnaissance de droits élémentaires.
Depuis le début de la grève, Israël, fort de la complicité criminelle de nos dirigeants, que ce soit Hollande ou Macron pour ce qui concerne la France, redouble au contraire de cruauté à l’encontre des grévistes : transferts incessants d’une prison à l’autre, mises à l’isolement, raids nocturnes avec des chiens d’attaque dans les cellules, refus de visites par leurs avocats, des cas de refus de fourniture d’eau potable étant même signalés.
Du fait du blocus imposé par Israël, les informations recueillies par les médias palestiniens et le Comité de soutien palestinien sont forcément fragmentaires.
M° Youssef Nasasra a été l’un des très rares avocats autorisés à rendre visite à deux grévistes de la faim, Mohamed Abou al-Roub et Rachid Hamayil, détenus dans le désert du Neguev, indique l’agence Ma’an.
Hamayil a notamment indiqué que les gardes fournissaient une seule bouteille d’eau pour 6 grévistes, leur refusant l’indispensable addition de sel.
Le refus d’une eau fraîche oblige les prisonniers à boire au lavabo, qui ne délivre que de l’eau chaude, et il est en outre devenu de plus en plus difficile physiquement pour une partie des grévistes, vu leur état de faiblesse, de quitter la paillasse où ils sont allongés pour se hisser jusqu’au point d’eau.
Pour ajouter au sadisme de l’administration pénitentiaire, il faut également savoir que les deux prisonniers en question n’ont pas pu changer de vêtements depuis le début de leur grève il y a trois semaines.
Un nombre indéterminé de grévistes, dont l’état de santé est plus particulièrement délabré, ont été transférés, non pas dans des hôpitaux, mais dans « l’hôpital de campagne » créé à cet effet dans l’enceinte de la prison de Ramle. C’est dans cet établissement que les bourreaux du peuple palestinien menacent de pratiquer l’alimentation forcée des grévistes, en faisant au besoin appel à des « médecins » mercenaires étrangers, puisque jusqu’à présent l’association des médecins israéliens a refusé de se plier à de telles pratiques de type nazi. »
http://www.europalestine.com/spip.php?article12995
Depuis le 17 avril 2017, 1500 prisonniers palestiniens sont en grève de la faim illimitée. Depuis cette date ils ont été rejoints par 300 autres, ce qui ramène le total à 1800. Une de leur principale revendication concerne la détention administrative.
Cette dernière viole la 4ème convention de Genève qui protège les populations occupées de leur occupant. Son article 71 interdit à ce dernier d’infliger à une personne protégée une condamnation qui n’aurait pas été précédée d’un procès régulier. 24 prisonniers sont maintenus en isolement, sur ordre du « Shabak » (service de sécurité intérieure d’Israël) en contravention avec l’article 119 de cette convention qui interdit l’isolement continu de plus de trente jours quelle que soit l’infraction commise. Mahmoud Moussa Issa, 47 ans de A’anbata, district de Jérusalem, journaliste et écrivain, s’y trouve depuis 14 ans.
Nous demandons au Comité International de la Croix Rouge (CICR) garante de la 4ème Convention de Genève du fait de ses différents mandats, d’intervenir auprès des autorités d’occupations israéliennes afin qu’elles cessent cette mesure qui viole les droits humains les plus élémentaires des droits des prisonniers, ainsi que la torture et les traitements dégradants.
Rassemblement de soutien aux grévistes de la faim palestiniens appelé par de nombreuses organisations dans l’UJFP
le vendredi 12 mai de 16h à 19h30 devant le siège du Comité International de la Croix-Rouge (CICR)
à Paris, 247 BD Raspail 75014 Paris (Métro Raspail).
Rendez-vous
À Paris (14ème), rassemblement de soutien aux grévistes de la faim (…)
Le vendredi 12 mai 2017 de 16h00 à 19h30
Devant le siège du Comité International de la Croix-Rouge (CICR)
247 BD Raspail 75014 Paris (Métro Raspail).
http://www.ujfp.org/spip.php?article5621
Nous vous invitons à participer à l’un de ces deux meetings, qui réuniront des Palestiniens, dont les parents sont détenus par l’occupant, et des opposants israéliens, à L’Ile Saint-Denis (93), ce vendredi soir, et à Paris ce samedi après-midi.
CE VENDREDI 19 MAI À PARTIR DE 18 H 30 A L’ILE SAINT-DENIS (93)
Conférence-débat sur la Palestine, la situation des prisonniers palestiniens et le droit international.
En présence du Palestinien Alaa Shadi, de l’opposant israélien Ronnie Barkan, et de la jeune refuznik Tamar Alon
A la MIC – Place des Art – Ile St Denis : en face de l’arrêt Ile St Denis du tram N° 1 et tout près à pied de la gare de Saint-Denis (Juste après le Pont)
CE SAMEDI 20 MAI A 17 H 30 A LA LIBRAIRIE RÉSISTANCES À PARIS
Rencontre avec la jeune TAMAR ALON, qui vient de faire 130 jours de prison en Israël pour refus de servir dans une armée d’occupation.
LIBRAIRIE RÉSISTANCES :
4 Villa Compoint 75017 PARIS (angle 40 rue Guy Môquet)
Métro ligne 13 : station Guy Môquet ou Brochant
http://www.europalestine.com/spip.php?article13005