Il n’y aura pas d’élection présidentielle
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Global
Thèmes : Actions directesElectionsLoi travail 2016
Lieux : France
Appel à en finir avec le cirque électoral
Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis que le Parti Socialiste a renoncé à faire son université d’été à Nantes, en réponse à un simple appel à la saborder. Cela survenait au terme de quatre mois au cours desquels le mouvement contre la loi « Travaille ! » avait imposé, semaine après semaine, ses propres échéances, et ses propres termes du débat. Quatre mois durant lesquels toute tentative de masquer les enjeux politiques réels du présent en lançant, à coups de petites phrases ou de révélations insignifiantes, la « campagne présidentielle », fut renvoyée à son néant. Il a suffi de l’été, du gouffre des vacances et de quelques attentats pour permettre à tout ce beau monde de se remettre en selle. L’effet en fut immédiat : le débat public s’est instantanément vautré dans la débilité la plus crasse. À tel point que Marine Le Pen en est venue à jouer la modération et le Premier Ministre à philosopher sur le burkini. Il a suffi que nous ayons le dos tourné pour que les politiciens de tous bords positionnent leurs petites machines électorales et discursives, leurs pathétiques ambitions personnelles, leurs dadas idéologiques désespérés – chacun à sa place, chacun dans son angle, se visant les uns les autres et se tendant réciproquement des pièges où chacun commence par se prendre lui-même. Tout ce spectacle ne mériterait pas notre attention si tout cela n’avait des effets réels sur les rapports entre les êtres et sur notre santé mentale à tous – si tout cela ne créait pas une ambiance irrespirable. Une ambiance plus étouffante encore que celle qui régnait avant le mouvement contre la loi « Travaille ! ».
L’ensemble des « crises » à quoi se ramène, en tous domaines, une description honnête du présent, nous savons bien qu’aucun parti politique ni aucun politicien n’est en mesure d’y faire face. Simplement parce qu’ils tiennent la barre d’un navire qui ne répond plus, et que l’échelle nationale, à la fois trop vaste et trop limitée, est celle de l’impuissance. D’entre toutes, leur prétention à nous « protéger » dans un monde devenu si chaotique est sans doute la plus grotesque et la plus exorbitante. Tout ce spectacle de responsables irresponsables, d’experts ignorants, d’aspirants-chefs infantiles, les espoirs toujours déçus qu’ils s’attachent à rallumer périodiquement, toute la confusion qu’ils répandent, non seulement font partie du problème plutôt que de la solution, mais nous empêchent d’enfin inventer de nouvelles manières de faire. L’état du monde est tel que les guignols de la politique classique ne nous font plus rire. La pièce qu’ils jouent est obscène, et le rôle de spectateur de plus en plus intenable.
Tandis que Hollande se voit en « rempart de la démocratie » et que Cambadélis constate « aujourd’hui, il y a un rejet de tout le monde. Aussi bien de Sarkozy, de Hollande, de Juppé, de Mélenchon que de Marine Le Pen. La question de la présidentielle sera donc de savoir qui sera le moins rejeté au moment T », il nous semble urgent de nous organiser afin de rendre impossible campagne et élection présidentielles, exactement comme l’université d’été du PS à Nantes est devenue impossible. L’assemblée nantaise « À l’abordage » n’a pas même eu besoin de faire une menace, une grève ou une émeute pour qu’ils y renoncent. Il a suffi qu’elle se constitue en force localement, que toutes les composantes qui ont fait la vitalité du mouvement contre la loi « travaille ! » – syndicalistes affranchis, jeunes frappés de lucidité, retraités politiquement actifs, communistes désespérés de la politique, anarchistes rétifs à toute idéologie, associatifs que la gauche dégoûte, déserteurs de la société sécuritaire, salariés au bout du rouleau, universitaires hostiles à toute gestion, etc. – se réunissent en assemblée et commencent de s’organiser avec toutes sortes de gens d’ailleurs en France, pour que le parti au pouvoir préfère sagement se retirer. Nous ne nous faisons pas d’illusion sur l’opportunité qu’il y avait pour lui de ne pas étaler ses divisions internes : ces dernières ne sortent pas de nulle part, elles sont elles aussi l’effet indirect de la lutte que nous avons menée des mois durant.
Nous, membres anonymes du cortège de tête, appelons donc à constituer partout en France, dans la foulée du mouvement contre la loi « Travaille ! », des assemblées comme l’assemblée nantaise « À l’abordage » qui, à la fois, ne laissent pas de répit aux politiciens et s’organisent afin de se confronter aux problèmes réels du présent, aussi locaux que globaux fussent-ils. Nous appelons à la constitution d’un contre-espace public et politique, partout en France, qui rende à son caractère dérisoire tout le spectacle décrépit de la politique. Nous appelons à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’élection présidentielle, au sens où, quand bien même quelques irréductibles s’acharneraient à voter, elle sera un non-événement au regard de notre surgissement politique à nous. Lançons-nous sans tarder : à l’évidence, certains veulent faire de la manifestation du 15 septembre l’enterrement de la lutte contre la loi « Travaille ! », faisons-en le début du sabordage du cirque électoral.
À l’abordage, donc, de la campagne présidentielle !
Ne laisser aucun « répit aux politiciens » est une bonne idée, à commencer par ceux qui infestent les cortèges de tête et d’ailleurs, et sans attendre la Présidentielle.
Comme justement ces trop visibles spécialistes du double-langage qui disent une chose puis son contraire le lendemain : personne n’a par exemple oublié ces magnifiques textes de lundimatin#57 affirmant que « La casse est souvent un pis-aller. C’est le degré zéro de la manifestation… On ne casse rien quand on affronte la police. On a mieux à faire. » ou que « Crier « Tombez les casques, la police avec nous ! », c’est préparer notre victoire »…
Certes, c’est le propre de tous les politiciens de service que de dire et de faire tout et son contraire, afin de pouvoir nouer les plus improbables alliances. D’ailleurs, l’heure ne serait même plus à détruire tous les pouvoirs, mais à les « destituer » (et devinez qui aspire à s’y substituer ? Ceux qui affirmaient déjà qu’on pouvait vivre le communisme à l’intérieur du capitalisme).
Alors commençons par faire le ménage dans nos propres rangs en virant les politiciens autoritaires, même déguisés en révolutionnaires !
Je valide, même si en vrai une publication de type « Lien » aurait été suffisante. Peut-être pour les prochaines ?
« Nous appelons à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’élection présidentielle, au sens où, quand bien même quelques irréductibles s’acharneraient à voter, elle sera un non-événement au regard de notre surgissement politique à nous. »
Euh, vous vivez dans quel pays ? La Syrie ?
Bien que ce texte soit assez lisible (alleluyah), on est très tenté de traduire certains passages:
– « de quatre mois au cours desquels le mouvement contre la loi « Travaille ! » avait imposé, semaine après semaine, ses propres échéances, et ses propres termes du débat. »
-> « de quatre mois au cours desquels le mouvement n’a pas su s’autonomiser des bureaucraties syndicales, ni en terme de rythme, ni de discours, ni de pratiques. »
– « nous savons bien qu’aucun parti politique ni aucun politicien n’est en mesure d’y faire face. »
-> La n’est pas la question, même s’ils en étaient capables (ce qui est en partie le cas) le problème c’est bien le fait d’être gouverné-es, géré-es, administré-es, en soit, et pas que les gouvernant soient « incapables »…
– » anarchistes rétifs à toute idéologie »
-> « anarchistes qui se montrent sensibles et ouverts à cette manie contemporaine de la composition politique et ses calculs puants »
– « membres anonymes »
-> « hahaha » (pardon)
– » des assemblées comme l’assemblée nantaise « À l’abordage » »
-> « des cellules du Parti à venir »
– « À l’abordage, donc, de la campagne présidentielle ! »
-> « A l’abordage du Palais d’hiver! »
Ce texte est un chef d’œuvre de mauvais léninisme.
Si les élections de 2017 sont une mascarade, pourquoi faire de leur sabotage un objectif prioritaire ? Cela revient à accepter le calendrier politicard, en croyant le nier.
« de quatre mois au cours desquels le mouvement n’a pas su s’autonomiser des bureaucraties syndicales, ni en terme de rythme, ni de discours, ni de pratiques. »
Sans déconner, merde, sortez de chez vous les mecs et meufs ! Le mouvement n’a pas su s’autonomiser des bureaucraties syndicales en terme de pratiques ? Vous avez passé 2016 en Islande ou quoi ? Mais faut sortir du cortège de Sud des fois !
En Islande ? C’est quoi ce racisme anti-islandais ?
Rectificatif : contrairement à ce qui avait été précédemment annoncé, il y aura bien une élection présidentielle.
@Bernardo, levons cette confusion qui a l’air d’être assez répandue, comme si un mouvement se limitait aux manifs.
Alors ptet y’avait pas que le cortège de Sud, n’empêche que tout ce qui s’est passé en manif, ça a pas vraiment débordé le cadre syndical de cette lutte et leur poid dans ce mouvement. En tout cas si on le prend dans son intégralité, et pas d’un ptit bout de lorgnette. C’est pas les quelques syndiqués (pas bien nombreux) qui trainaient dans le cortège des têtes qui a renversé la tendance.
eh bien, « Y A QU’À » !
S’il y avait des gens avec une si grande volonté de faire tellement mieux, pourquoi ne l’ont-ils pas fait ???
Ça me semble un peu facile de dire « ohhh que de la merde » quand on n’a pas mis les mains dans le cambouis, en regardant tout ça de haut.
on a du virer un commentaire parce qu’il contenait deux liens vers des videos de manif en islande. alors y’a le fait qu’on parle pas islandais et du coup on sait pas quel est le but de la manif, mais surtout, en fait, la seconde video est de RT « Ruptly TV », une TV pro Poutine qu’utilisent beaucoup les fachos… alors bon, bah… non on va pas augmenter son traffic de vues.
Mon désaccord portait sur le constat, il me semble pas avoir lancé une accusation du genre « c’est vous qui avez trop merdé ».
Si le mouvement a pas débordé le cadre syndical, la responsabilité en est collective évidemment.
Mais on peut éssayer d’être honnêtes dans nos constats pour trouver comment agir les prochaines fois. Certes quand la propagande du Parti est de vendre du rêve, c’est compliqué…
M’enfin pour ça faut arriver à débattre autrement qu’en mode cour de récré « Nous on fait quelque chose et toi tu fais rien » (sans connaître l’auteurice et ses actions), parce que Ô suprise, ta bande et toi êtes pas les seulEs sur Nantes. Pareil, quand une critique est émise, on peut éviter de la prendre comment une critique de sa petite personne, mais répondre sur le fond plutôt. L’esprit critique est nécessaire camarade!