Requiem d’avenir

Nantes, le 11 Juin 2004

Juste vous dire l’indignation devant l’irrespect de la mémoire. Vos mémoires sont tocs, comme l’éphémère culture, qualifiée d’allumée ou d’unique. Aimez nommer le vide, le remplir : cela rassure. Créer des mandaroms onéreux en plastique (LU) salissant, offrir du spectacle gratuit à des prix luxueux, aucun respect pour vos futurs mausolées de la mémoire. A lieu unique, préférons le multiple. Votre politique culturelle a le vernis de votre mépris. Sans cesse parler des banlieues que vous désertez et revendiquer une culture d’excellence… Regardez vos logements, vos quartiers d’habitation.

Simiesques, vous jouez à être responsables. Vous fuyez la réalité. Vous en tirez profit. Vos apparences vous trompent, nous trompent. Derrière vos volontés d’excellence, de spectaculaire, de métropolitain, de mégalopolitain, se cachent un profond ressentiment, une fuite en avant. Peu importe, vous êtes dans le wagon de tête, vous y faites l’autruche… Vous adorez revendiquer la démocratie, la transparence. Vos opacités sont notoires et dangereuses. Cocktails savamment offerts, insertions publicitaires, de contrats et subventions généreusement distillés, clientélismes divers :l ‘ère du silence et de la complicité se pare d’information, de communication et même de culture. Il s’agit simplement d’argent public, manne légale de pouvoirs et reconnaissances.

Nantes, ville des négriers, du surréalisme, de Lola, des mouvements ouvriers, a perdu sa forme, pauvre Julien (Gracq), ta ville la voilà transformée en métropole… dotée de projets internationaux avec hôtels cinq étoiles et casino… En parler, tout simplement. Ou est passé la forme d’une ville ?

Maire, ministre, notable reconnu, sensible à la misère, la précarité, l’exclusion. Nous vous connaissons cette volonté d’appartenir à l’histoire. Sachez la médiocre mais ce n’est pas si mal d’appartenir quand tant de gens possèdent rien… Vous avez le goût de la reconnaissance, du néant. Le 1er Mai, vous allez toujours à la pêche (hors période électorale exceptionnelle !). De quelle mémoire parliez-vous ? De quelle culture ? Vous les célébrez dans de grandes messes, dans les galeries commerciales, les zéniths … Pauvre culture dont vous dépossédez le monde.

Vous préfigurez les prochains barbelés. Vous inventez les camps futurs où vous et nous enfermerez. Vous ne le savez même pas. Vous dire l’indignation. Quel respect accordez-vous donc à la vie réelle ?
Putain de démocratie locale sur laquelle, avec un certain sadisme participatif, vous vous reposez, chantres du clientélisme Vous êtes devenus de petits marquis qui brisent créativités et talents au nom de responsabilités et représentativités électorales.

Dans quelle cité voulons-nous vivre ? Poser la question pour envisager un autre possible.
Un autresnantes, avec d’autres décideurs, d’autres pratiques, d’autres attitudes.
Ne comptez plus sur moi pour le silence et la convivialité.
Franchissons ce rubicon fade du compromis convivial et intéressé pour un débat.
Commencons par la culture, fer de lance de la stratègie métropolitaine.
Rencontres, expériences vécues ou observées, témoignages, archives feront l(objet et les sujets d’un simple livre auto-édité. Informations et réflexions sont bienvenues, pour me joindre : autresnantes@aol.com 06 86 63 26 82.
Ah oui, j’oubliais. Le titre du bouquin : “Taisez vous bananes !”…
Gildas Layec
Taisez vous bananes !