Nantes le 21 février: mais que fait la police ?
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Catégorie : Local
Thèmes : Contrôle socialRépressionResistancesZad
Lieux : Nantes
Elle fit des victimes, aujourd’hui invalides pour certaines, et marqua le début d’un débat à la con sur la « violence » qui aujourd’hui encore divise les rangs de la lutte contre le projet NDDL.
C’est ce débat, conséquence des réponses répressives et policières violentes désormais opposées à toute les résistances, qui explique en grande partie les hésitations de beaucoup à manifester, comme, pire encore, les refus d’appeler à descendre dans la rue sous divers prétextes.
Compte tenu de ces divisions maintenues artificiellement et souvent pour des raisons politiciennes, le nombre de manifestants à Nantes était plus qu’honorable, n’en déplaise aux ennemis des Zad et aux amis des ti navions.
Et même s’il m’est arrivé aujourd’hui de franchement rigoler à la vue de « combattants des derniers rangs qui se la jouent guérilla », j’ai eu plaisir à défiler avec des personnes très diverses, reflet de l’implantation désormais d’un « esprit de résistances » contre les esprits de l’unité nationale.
Je salue quand même au passage les quelques manifestants en niqab et joli casque neuf qui avaient du se tromper de séance de paint ball. Sans rancune.
Les merdias habituels ont titré sur les « heurts et affrontements violents ». J’ai eu beau regarder les dates, ils parlaient bien du 21 février 2015. Certains ont du suivre la manif à la télé….
Le déroulé apocalyptique de Ouest France est dans le genre un cas d’école. A le lire, on comprend pourquoi un de ses lecteurs favoris, Monsieur le député de Rugy, n’a pas pointé son nez sur le bitume. Ses copains non plus d’ailleurs, trop occupés sans doute , loin du bruit et de la fureur, à compter les voix des futures cantonales. Mais s’il a lu Ouest France, il a du se dire que décidément, sans la police dans ce pays, pas de possibilité de verdurer en rond en attente d’un siège.
En réalité, sauf à vouloir se la jouer cow boy ou ancien combattant, cette manifestation est un succès important contre la possible démoralisation et qui prouve que l’absence des « politiques » officiels ne nuit en rien à la mobilisation.
N’en déplaise encore aux amateurs de zolis zimages violentes, la fin de la dispersion, où la flicaille a vidé ses poches, ne constitue qu’une connerie policière de plus, comme on commence à en avoir l’habitude, et ne mérite même pas qu’on s’y arrête ou qu’on en fasse un film à raconter dans des veillées à nanars.
La leçon politique, car il y en a une, c’est bien de voir que si aujourd’hui, le gouvernement a décidé de ne pas prendre les manifestants de front, c’est bien parce qu’il prend son temps en période électorale, en gardant en tête la liquidation des Zad pour plus tard, comme l’a annoncé Valls.
Il n’a fait qu’une bouchée d’un quarteron de frondeurs socialistes accompagnés d’une salade verte à l’assemblée, on peut penser que là il n’hésitera pas, sous les applaudissements des sus nommés.
Il n’est donc ni temps de baisser la garde, ni temps de jouer les avant gardes combattantes avec des images fumeuses.
La deuxième leçon que nous devons tirer tous ensemble, c’est l’extrême fragilité des solidarités aujourd’hui, soumises à toutes les pressions et intimidations des images et commentaires, et prêtes à remordre dans la discussion à n’en plus finir sur la « violence », pour se donner bonne conscience de laisser tomber des combats à mi chemin.
Cette semaine des « résistances » à Nantes a su rassembler des forces, ce n’est pas le moment de les éparpiller à nouveau sur ces débats imposés d’en haut par l’intimidation policière permanente.
L’assassinat de Rémi doit rester dans les mémoires, comme seule violence à retenir. Et cette violence d’état était illégitime, comme le sont celles exercées aujourd’hui encore contre la Zad de Sivens, milices ou nervis à l’appui.
Et que je sache, ce ne sont pas des bulletins de vote qui stoppent des tirs de flash ball, mais bien la plus grande mobilisation commune de tous, nécessaire encore et toujours.
Et pour les admirateurs de la Grèce et de l’Espagne, toujours prêts à pérorer sur le sujet, mais toujours prêts ici à « brâmer » « pas bien la violence », je rappelle simplement qu’ils applaudissaient les images de manifestations depuis 2012, pourtant durement réprimées chaque fois. Y aurait-il des « sauvages pas français » autorisés à se battre avec force, et ici des « français civilisés » qui n’en auraient pas besoin ?
Voyez donc où vous conduit votre électoralisme forcené, à vous couper des résistances qui ont tant besoin de votre soutien et qui dans quelques mois seront en première ligne de la politique gouvernementale de répression.
J’ai mal aux pieds, mais ces moments valent de l’or, pour défendre l’utopie d’un autre monde possible, même pour un vieux comme moi.
Résistance qui disait ! Ça réchauffe une résistance non ?
Une fois de plus, les chiens de l’état ont fait usage de tir de flashball sur des manifestants.
Un des premiers vers 16h, touché à l’oreille. Pas de perte d’audition pour ce blessé.
Vers 18h, des bacqueux ont foncés dans l’enceinte du CHU, jetant un secouriste au sol. Après lui avoir détruit son matériel de secours, dont un tentiomètre, un bacqueux l’a menacé de mort si il le retrouvait. Des journalistes non loin du lieu de cette agression, étaient terrifiés par la crainte d’être pris à parti.