Joué-lès-tours : on a retrouvé les caméras du commissariat (et celles placées autour)
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Catégorie : Local
Thèmes : PoliceRacismeRépression
Lieux : Joué-les-tours
Si aucune caméra ne semble filmer l’entrée du commissariat, il semble bien que les caméras visibles filment la rue. C’est en tout cas ce qu’a affirmé un type croisé à proximité, qui a pu voir des images de la place sur des écrans de surveillance situés dans le commissariat, visité à l’occasion d’une convocation.
Au-delà de ces caméras, quasiment tous les accès à la place du Général Leclerc sont couverts par des caméras de vidéosurveillance. Il y a :
– celle du tram qui filme le croisement entre l’avenue de la République et le boulevard Gambetta ;
– la caméra orientable située devant la mairie, qui filme les deux accès à la place qui partent de l’esplanade ;
– l’une des caméras du commissariat et une caméra située dans un commerce, qui couvrent l’accès par la rue Aristide Briand.
http://larotative.info/chroot/mediaslibres/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L500xH314/tss1-ab849.jpg (Capture d’écran du site http://tours.sous-surveillance.net)
A moins que Bilal ne soit venu par la rue du Comte de Mons, son arrivée sur la place a donc dû être filmée.
http://larotative.info/chroot/mediaslibres/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L500xH375/cameratramnord-77602.jpg (Caméra du tram filmant le croisement République-Gambetta)
http://larotative.info/chroot/mediaslibres/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L500xH307/camera_placedelamairie-ae9f4.jpg (Caméra municipale placée devant la mairie)
Et si Bilal a été interpellé devant le kebab de la place et trainé jusqu’à l’entrée du commissariat, comme certain-es l’affirment, il est très probable qu’il soit passé devant le portail surveillé par une des caméras du commissariat.
http://larotative.info/chroot/mediaslibres/ml-tours/ml-tours/public_html/local/cache-vignettes/L500xH375/kzbab_small-22068.jpg (Le kebab, au fond à gauche, le portail du commissariat et son entrée, à droite)
Il n’y a donc pas que les caméras des commerces qui puissent aider à faire la lumière sur les circonstances de la mort de Bilal. Mais quand un journaliste de Rue89 a essayé de savoir où en était l’exploitation des images, il lui a été répondu que « le parquet de Tours ne souhaite « plus communiquer sur cette affaire » ».
Sollicité par Rue89, le parquet antiterroriste de Paris, qui a également été saisi de l’affaire, n’a pas souhaité donner plus de détails sur l’analyse du système de vidéosurveillance, ni aborder celui du commissariat. Mais il assure : « Nous avons refait le chemin à partir du domicile de la sœur de Bertrand Nzohabonayo jusqu’au commissariat en exploitant les caméras disponibles. Et à ce stade, la version des policiers est corroborée. »
Cela signifie-t-il que les caméras ont prouvé que l’agresseur s’était présenté seul au commissariat ? Le parquet nuance : « Nous ne pouvons pas l’affirmer de manière définitive. »
Presque tous les accès à la place étant filmés, les enquêteurs sont potentiellement en mesure de faire taire en partie ce qu’ils qualifient de « rumeurs », c’est-à-dire les témoignages qui ne vont pas dans le sens de la version policière. Ce ne serait pas la première fois, dans l’agglomération de Tours, que les caméras feraient mentir des policiers. En 2012, un procès-verbal de la brigade anti-criminalité avait été annulé par le tribunal de Tours, parce que les images de vidéosurveillance avaient montré que les flics avaient frappé au crâne un individu menotté qui n’opposait aucune résistance (contrairement à ce qu’ils déclaraient). Et pourtant, dans cette affaire, douze minutes d’enregistrements avaient été effacés.
Un rassemblement devant le commissariat de Joué-lès-Tours était prévu le samedi 10 janvier à 15 heures, afin d’encourager des témoins de la mort de Bilal à se faire connaître. C’était sans compter l’intervention du syndicat Unité SGP Police.
Le samedi 10 janvier, un rassemblement devait avoir lieu à l’endroit où Bertrand « Bilal » Nzohabonayo est mort le 20 décembre 2014. L’objectif était d’une part de rendre hommage au jeune jocondien de 20 ans, et d’autre part d’appeler d’éventuels témoins de la scène à se faire connaître, deux versions s’affrontant toujours dans cette affaire (http://larotative.info/mort-de-bilal-nzohabonayo-a-joue-749.html): celle de la police, qui affirme que Bilal s’est présenté de lui-même au commissariat pour poignarder des policiers, et celle selon laquelle Bilal aurait été interpellé par les policiers et emmené de force au commissariat.
A ce stade, l’appel à témoins lancé par le procureur de Tours lors de sa conférence du presse du 31 décembre n’a pas donné de résultat, mais il faut noter qu’il invite les témoins à se tourner vers la direction régionale de la police judiciaire d’Orléans. Témoigner contre des flics devant des flics ? Peu de chance que ça marche, vu la pression habituellement rencontrée.
Donc, certaines personnes voudraient que toute la lumière soit faite dans cette affaire, sans se contenter de la version servie par les flics et le procureur. Une « provocation » pour le syndicat Unité SGP Police, qui a réagi au quart de tour en apprenant la veille du rassemblement qu’un dispositif de maintien de l’ordre était prévu par le préfet. Sous le titre « Je suis policier à Tours et je veux que l’on me respecte ! », le délégué syndical écrit :
« Notre organisation ne peut tolérer une telle provocation et organisera lui aussi un rassemblement de Policiers afin de défendre les Policiers ainsi que les valeurs de la république ! »
Résultat, sous la pression de ces valeureux flics républicains, le préfet a décidé de prendre un arrêté interdisant le rassemblement devant le commissariat :
« Considérant que, pour prévenir tout risque de trouble à l’ordre public et assurer la sécurité des personnes et des biens, il y a lieu d’interdire la tenue de cette manifestation non déclarée devant et aux abord du commissariat de Joué-lès-Tours. »
De fait, le risque de trouble vient de la volonté des flics de manifester « afin de défendre les valeurs de la république ». Que des personnes émues par la mort d’un fils, d’un frère ou d’un ami puissent remettre en cause la version officielle, c’est une « provocation », et ça mérite bien un gros coup de pression.
A noter, sur le tract, à côté du logo d’Unité SGP Police, ce merveilleux « JE SUIS POLICIER » faisant écho à la mobilisation en soutien aux victimes des attaques contre le journal Charlie Hebdo et l’épicerie casher de la porte de Vincennes, à Paris. Manière délicate de ranger ceux qui osent s’opposer à la police dans le camp des frères Kouachi et de Coulibaly.
http://larotative.info/joue-les-tours-le-rassemblement-791.html