Contre la censure et l’intimidation dans les espaces d’expression libertaire
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Catégorie : Global
Empêcher des débats de se tenir dans des espaces « libertaires » par des menaces en amont ou par des interruptions intempestives (hurlements, coups et menaces de mort), répandre des accusations fallacieuses, pratiquer l’amalgame et l’anathème, inonder de commentaires injurieux des sites « libertaires » qui osent donner la parole aux auteurs mis à l’index, tels sont les comportements auxquels on assiste de plus en plus fréquemment de la part de nouveaux censeurs se décernant à eux-mêmes le label libertaire qu’ils refusent à d’autres.
Jouant avec une remarquable efficacité sur le sentiment de culpabilité des éditeurs, libraires, animateurs de sites ou de revues et organisateurs d’événements qui craignent plus que tout de se voir décerner des qualificatifs en « phobe », ces censeurs parviennent le plus souvent à leurs fins. Pour préserver une illusoire unité du milieu, beaucoup d’entre nous préfèrent, en effet, éviter les questions qui fâchent.
Ces pratiques autoritaires nous rappellent les agissements des staliniens français qui molestaient, menaçaient, interdisaient d’expression, et discréditaient tous ceux qui, parlant d’un point de vue de gauche, osaient dénoncer la face sombre de l’Union soviétique. Panaït Istrati, Victor Serge, et bien d’autres en ont fait l’amère expérience.
La destruction violente d’un repas carné par certains « vegans » intégristes lors des journées libertaires de Saint-Imier en août 2012 est un symptôme de ce nouvel état d’esprit. Plus récemment, en novembre 2014, Alexis Escudero auteur de La reproduction artificielle de l’humain et ses éditeurs (Le Monde à l’envers) invités à débattre au salon du livre libertaire de Lyon ont été violemment attaqués, événement qui fait écho à l’annulation d’une conférence de Marie-Jo Bonnet sur le thème « Résistance-Sexualité-Nationalité à Ravensbrück » prévue le 9 décembre 2014 au centre LGBT de Paris en vertu de menaces liées à ses positions en défaveur de la GPA.
Face à ces récents événements, nous estimons ne plus pouvoir continuer à nous taire devant ceux qui prétendent nous dicter ce que nous devons manger, boire, lire ou penser. Nous affirmons notre volonté de ne plus tolérer, au prétexte qu’elles émaneraient de gens de « notre milieu », des comportements autoritaires empruntés à la pire tradition stalinienne. Quiconque fait usage dans ces circonstances de violence verbale et à fortiori physique ne peut s’attendre à être traité en camarade et doit être expulsé sans ménagement des espaces de discussions et d’échanges. Nous appelons les organisateurs des salons et des rencontres libertaires à prendre une position claire sur ce point afin que ces lieux redeviennent de véritables espaces de rencontres et de débats. De sorte que notre participation n’apparaisse plus comme une caution apportée aux intrusions musclées des supplétifs de la police de la pensée.
Premiers signataires (Toute nouvelle signature est à envoyer à : salon.lyon@laposte.net) :
Éditions Acratie ; Éditions Le Coquelicot ; Éditions de la Pigne ; Éditions de la roue ; Éditions Rue des Cascades : Éditions Le Monde à l’envers ; Éditions libertaires ; Collectif Lieux communs ; Éditions Le Pas de côté ; Editions Repas ; Editions Rytrut ; Editions de l’Eclat ; mensuel Courant alternatif.
Gérard Amaté (auteur) ; Michel Baillieu (Groupe Kropotkine – FA) ; Jacques Baujard (Librairie Quilombo) ; Xavier Beckaert (auteur de Anarchisme. Violence, Non-violence, éditions du Monde libertaire) ; Pascal Bedos (site @narlivres) ; Laurence Biberfeld (auteur de La Femme du soldat inconnu, éditions libertaires) Colin Bonnet (Collatérale éditions) ; Venant Brisset ; Paul Boino) ; Jean-Marie Brohm (revue Quel sport ?) ; Sedira Boudjemaa (artiste peintre) ; Marie-Claire Calmus (Chroniqueuse à la revue l’Emancipation et auteure des Chroniques de la Flèche d’Or.) ; Jutta Bruch ; Éric B Coulaud (créateur et animateur du site Éphéméride anarchiste) ; Éduardo Colombo (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Christian Calvi ; André Danet (Finir la révolution ! la société autogérée pour sortir de la crise, ed.?L’épervier) ; Denis Carnus (ami d’alternative libertaire – Mille Babord) ; Béatrice Carnus ( amie d’AL, adhérente association Mille Bâbords ) Daraguy ; Loïc Debray (co-auteur de RAF-Fraction armée rouge, L’Échappée) ; Jean-Marc Delpech (auteur de Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur, Atelier de création libertaire) ; Monique Douillet ; Jean Claude Driant (membre de l’association et des éditions CRAS) ; Jean-Pierre Duteuil (auteur de Mai 68 un mouvement politique Acratie) ; Alain Dropst, FA Creuse) ; Felip Equy (militant libertaire) ; Maryvonne Nicola Equy ; Jean Pierre Garnier ; Daniel Guerrier (Éditions Spartacus) ; C. Gzavier (co-auteur avec JW de La tentation insurrectionniste (Acratie 2012) ; Annie Gouilloux (traductrice de Lewis Mumford pour les éditions de la Roue et les éditions de La Lenteur) ; François Heintz ; Jean-Michel Kay (éditions Spartacus) ; Jean-Michel Lebas ; Jean-Pierre Lecercle (éditions Place d’Armes) ; Alain Léger (libraire et éditeur) ; Hugues Lenoir (Groupe commune de Paris-FA, collaborateur du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Bernard Marinone (CNT Energie) ; Sébastien Navarro (presse indépendante) ; Fabien Ollier (directeur de la revue Quel Sport ?) ; Philippe Pelletier (groupe Makhno-FA) ; Serge Quadruppani ; Bastien Roche (librairie Quilombo – CNT) ; Marie-Christine Rojas Guerra (Chroniques syndicales sur Radio libertaire) : Gilbert Roth (CIRA Limousin) ; Anne Steiner (auteur de Les En-dehors, L’Échappée 2008, collaboratrice du Dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone) ; Christophe Soulié (auteur de Liberté sur paroles chez Analis) ; Azucena Rubio (militante libertaire) ; Annick Stevens (membre du Comité de rédaction de Réfractions) ; Pierre Thiesset (éditions Le Pas de côté) ; André Thomas (Editions Tribord) ; Catherine Thumann (collaboratrice de la presse indépendante) ; Tomjo (auteur de L’Enfer Vert, l’echappée, 2013) ; Marc Tomsin (Rue des Cascades) ; Matias Velazquez (membre du CIRA Marseille et CIRA Limousin) ; Jacques Wajnsztejn (auteur de Rapports à la nature, sexe, genre et capitalisme. (Acratie 2014) et membre du comité de rédaction de la revue Temps critiques)
Parce que le collectif a pas de consensus pour le moment sur le débat autour d’escudero, même si on y travaille, mais du coup les contribs finissent pour l’instant dans la case débat.
Ensuite bon, parce que ce texte me questionne…
Le texte en question n’a rien à voir avec le contenu des positions d’Escudero, mais sur la méthode utilisée au salon de Lyon comme ailleurs. Parmi les signataires il y en a qui soutiennent les positions d’Escudero, d’autres qui n’ont pas lu ou pas d’avis et d’autres enfin qui sont en désaccord total avec ses thèses. Difficile d’un revers de main considérer tous ces signataires comme des supports de la réaction machiste et homophobe… où alors il faut le dire et l’assumer
Ce texte n’a peut être rien à voir avec le contenu des positions d’Escudero, n’empêche que l’un des exemples cités est bien l’intervention qui a eu lieu lors d’une de ses présentations et c’est pas anodin !
Ce texte pue. On y apprend que les pôvres signataires se sentent obligéEs d’éviter à tout prix les sujets qui fâchent… Parce que l’homophobie, la lesbophobie, la transphobie et l’anti-féminisme ne sont rien d’autres que des sujets qui fâchent ???!!!
Si vous passiez moins de temps à essayer de garder vos privillèges, peut etre que vous pourriez comprendre en quoi il est encore necessaire aujourd’hui que des groupes s’organisent face aux réactionnaires de milieux « libertaires ».
Quant au passage sur les « vegan intégristes », le ministère de l’interieur ne l’aurait pas mieux dit…
Pourtant pas facile de percevoir des personnes qui se plaignent qu’on ne laisse pas la parole à Escudero comme la soutenant.
Il y a peu de chances que si ce type d’actions se faisait contre par exemple Susanne Georges, ces personnes auraient communiqué leur indignation devant tant de violence.
Mais bon c’est sûr, elle n’aurait pas été invité au salon du livre libertaire.
Et j’avoue pas pouvoir présumer des positions de n’importe qui sur ce genre de questions, par exemple étant donné les conflits et les problèmes qui ont pu exister par le passé entre des libertaires et des feministes radicales, ou des positions qu’on a aussi pu lire par le passé, et pas que sur ces questions.
Du coup j’avoue pas savoir trop quoi faire de cette contrib, et même si elle est un peu plus large, elle reste à mon avis en relation avec les questions de modération des articles de PMO et d’Escudero.
Mais c’est quoi cette façon de signer un texte avec les bouquins produits, les affiliations politiques et tout le CV derrière ? On est où, là ? On croirait lire une tribune dans Libé …
Signé : Anne Onyme (gnadeur/euse, productrice/teur de ma propre merde et buveuse/eur d’eau du robinet)
il faut que cette pétition soit publiée tellement c est pathétique,d autant que j appréciais certain-nes auteur-es signataires.
Il faudrait aussi leur rappeler que le stalinisme c était une balle dans la nuque des opposant-es designé-es et pas du brouha pour déranger un peu la cérémonie;
Que la majorité des signataires soit des profs de fac n est guere étonnant;mais non mes bichous vous pourrez les continuer vos blagues entre mecs sur les femmes et les pas hétéro!t inquietes !tu pourras continuer a te goinffrer de bidoche,meme si des cantines vegans sont les seules a proposer de la nourriture abordable aux rassemblements que vous organisez car a prix libre!
Par contre le pompom c est quand vous citez marie jo bonnet, historienne que j ai eu la chance de découvrir trop tard mais pas par vos « salons ».
Je vais m arreter la car je risque la violence verbale ,
n empeche il vaut mieux qu indymedia publie cette pétition car nous allons avoir le coup de la « censure »,et ca permet aussi de montrer le grotesque de l argumentation, et surtout leur priorités du moment(vente de produits culturels,débat ronron avec un entre soi rassurant).
1 sans dent,mais qui veut encore mordre malgré tout.
Eternelle comparaison féliniste/stal.
Les méchants végans, ça me fait trop rire. Alors, on ne peut pas critiquer une idéologie dominante, c’est ça le thème, ou être énervé contre une idéologie dominante?
Les meufs ou mecs qui caillassent des keufs ou des vitrines ne se font pas taxer de flics de la pensée, étonnamment.
Supplétifs de la police de la pensée, c’est pas anodin non plus, ça change, c’est original, on tombe dans le troisieme reich.
Je pense qu’il est intéressant de publier ce texte par les débats qu’il apporte, même s’il risque de provoquer des échauffourées littéraires, intéressant entre autres sur: en quoi c’est légitime la violence face à l’état et en quoi c’est pas légitime la violence face à ce qui est représenté comme libertaire anarchisant mais dont certains actes ou discours sont quand même largement admis et dominant, comme manger des animaux?
si nous pouvons éviter les amalgames genre » 3eme reich », cela serait bien car cela n apporte rien a part vider une fois de plus les mots (les maux?)de leur sens un peu comme l usage du terme stalinien dans cette pétition que j avais dénoncé auparavant ,ce qui me fait d ailleurs sourire jaune quand je connais la position universitaire de certain-nes signataires.
Les mots sont importants, impossible de l oublier dans ces temps « froids qui viennent ».
Toujours demandeur-e que la pétition soit visible en ligne car c est tellement grotesque que cela permet de voir sur qui nous pouvons compter si l envie nous prenait un jour de « partir a l assaut du ciel ».
Je me demande si il n’y a pas un malentendu car lorsque je parle de troisieme reich, je ne dis pas que les gens qui ont posté le texte initial sont des nazis. J’ai rencontré le terme de supplétifs entre autres lors de lectures sur le troisieme reich et l’extermination des polonais, tziganes, biélo-russes,juifs d’europe et autres populations justement par des supplétifs de la waffen ss et de la wehrmacht.
Donc pour moi ce terme n’est pas anodin, même si je sais que le gouvernement nazi n’a pas eu le monopole de l’utilisation de supplétifs.
En France, supplétif est surtout utilisé / connu pour désigner les harkis. Bon c’est pas comme si l’analogie est plus glorieuse hein…
Globalement, le supplétif, c’est le traître chair à canon qui rejoint l’armée de l’envahisseur. Quoiqu’il en soit, la comparaison est plutôt dégueulasse.
Et comme l’on dit d’autres personnes, comparer les féministes et les végans aux staliniens, c’est ne pas vraiment voir la différence de moyens et l’influence globale de ces groupes.
Mais bon, que les revendications féministes et les appels à changer nos propres pratiques suscitent des soulèvements indignés de la part de l’intelligentsia libertaire, rien de nouveau sous le soleil.
Pauvre Escudero quand même, il ne lui reste que France Culture, le Figaro, Libération et j’en passe pour vendre son bouquin. La censure politiquement correcte est bien un fléau !
Article refusé : Dénoncer que quand un groupe de personne (ici meuf/tpg) essaie de faire une action
ds un « débat » c’est autoritaire et staliennien : faudrait d’abord s’interroger sur les pouvoirs détenus et la positions de chacun-e la dedans. Les meufs et tpg n’ont pas de position dominantes et se sont fait virer du débat qui a eu lieu au final.
Et aussi on est des sales censeurEs