Les salariés de Walor sont-ils des cobayes tout faits pour les accords dits “ANI”? En effet, cette entreprise basée à Legé se veut une sous-traitante de l’industrie automobile, sous-traitance qui a en son sein tous les effets négatifs, à savoir les risques de délocalisation pour des pays comme la Chine ou la Roumanie à plus ou moins long terme.
Ce mardi 24 septembre, les délégués CGT Sud-Loire organisaient des actions d’information et distribution de tracts devant les grilles de l’usine, le matin et en début d’après-midi avec conférence de presse à la clé. Ces actions sont la suite logique des accords entrepris entre la direction d’entreprise et le syndicat CFDT du 19 juillet, accord rentrant bien dans le cadre de l’ANI. Michel Sapin, ministre du Travail et de l’Emploi, a même cité cette entreprise comme modèle d’accord suite à la loi du 14 juin, dite de l’ANI (cf lien http://www.fragil.org/focus/2217). Qu’en est-il sur le terrain? On est bien du compte malheureusement avec de vraies risques de licenciement direct pour 20 salariés et un fonctionnement de la société complètement désorganisé. Entreprise-modèle pour des accords “ANI”? On peut en douter alors que la direction avait d’abord proposé aux salariés d’abord un plan de sauvegarde de l’emploi en février 2013 qui devait aboutir à 18 licenciements directs sur les 100 du site. Le syndicat CFDT, majoritaire dans l’entreprise, proposa donc  de renoncer à ce plan et de passer plutôt un “accord de maintien dans l’emploi” dans le cadre de l’ANI, ce fut d’ailleurs une des premières à mettre en place ce type d’accord sur le plan national. La direction obtient ainsi facilement et à peu de frais un aménagement des salaires et du temps de travail, en échange de ne pas licencier. Ces discussions CFDT-direction  aboutissent le 19 juillet à des accords modifiant et établissant officiellement grille de salaires et conditions de travail pour les deux années à venir, accord accepté par les salariés à près de 60%. Tout irait bien dans le meilleur des mondes si ce type d’accord n’engendrait pas aussi des effets complètement pervers et dangereux pour les salariés de Walor.
Des accords favorables pour la direction mais pas pour les salariés.
Pertes de salaires, travail de nuit augmenté, primes supprimées, un week-end travaillé sur 4…voilà les résultats effectifs pour les salariés, bravo l’ANI! Des emplois sauvés? Et bien non car les salariés qui refusent les résultats de ces accords peuvent être lourdement sanctionnés, voire licenciés ; en ce sens, une vingtaine de salariés ont dénoncé cet accord injuste et mal fagoté, d’autres vont sûrement suivre. Malaise généralisé des salariés de Walor qui s’inscrit bien dans la continuité des plans sociaux et accords salariés-direction depuis ces trois dernières années. Les délégués CGT soupçonnent fortement que ces accords ne sont que des pis-aller pour des plan de délocalisation à plus grande échelle de cette entreprise soi-disante modèle, délocalisation vers la Chine et le Mexique notamment.
Si dans le cadre de l’ANI et de cet accord local CFDT-direction, l’entreprise Walor s’interdit de licencier des salariés pendant deux ans du fait de difficultés économiques ; l’ANI ne fait pas référence aux salariés qui refuseraient de signer cet accord et les menaces directes qui pèsent sur eux. Finalement, l’ANI a désorganisé cette entreprise dans son fonctionnement et pour le maintien de l’emploi. Accord-modèle? On peut en douter, il permet surtout à la direction de réorganiser et réaménager son système de production à sa guise, tout en revoyant horaires de travail, productivité ou primes salariales. Un progrès pour les salariés? Peut-être au niveau national, le ministère du Travail mettant en avant le caractère de sauvegarde de l’emploi et de compétitivité mais sur le plan local, il s’agit d’un énième plan pour des licenciements déguisés et une flexibilité accrue dans tous les secteurs. A terme, Walor compte actuellement une centaine de salariés à Legé ; à plus ou moins long terme en restera-t-il seulement la moitié?  Pour la direction de Walor, cet accord est tout bénéfice et permet même d’anticiper les futures difficultés à venir, selon son PDG Eric Lorin. Les salariés de Walor sont donc prévenus ; en cas de difficultés, ils sautent.ou sont délocalisés.