EN GRÈCE COMME AILLEURS :
SOLIDARITÉ ACTIVE AVEC LES SQUATS ET ESPACES AUTO-ORGANISÉS !

Attachés au pouvoir, à l’argent et à la propriété, employant des moyens toujours plus importants et violents pour les protéger à travers la police, l’armée et autres dispositifs de contrôle et de surveillance, les États jouent leur rôle, partout sur la planète, en ciblant les mouvements subversifs et révolutionnaires, de lutte et de résistance là où ils sont les plus offensifs.

Rien d’étonnant donc à ce que le mouvement anarchiste grec soit attaqué par l’État. Mais que ce ne soit pas étonnant ne signifie pas que nous devons rester les bras balants à attendre que ça se passe, résigné-e-s.

De par sa nature révolutionnaire, le mouvement anarchiste grec connaît une longue histoire d’affrontement avec l’État. Ce dernier a toujours essayé de briser l’ancrage social du mouvement, entre autres en s’attaquant à ses lieux d’activité, de vie et d’auto-organisation. En premier lieu bien sûr, les squats, ceux-ci ne respectant pas la sacro-sainte propriété privée et permettant à des projets subversifs, gratuits et ouverts à tou-te-s de se mettre en place. Depuis des années, les perquisitions et expulsions surprises sont monnaie courante.

Mais dernièrement, en ces temps de crise économique et de montée du fascisme, l’État “démocratique” a décidé de démultiplier ses attaques contre les anarchistes. Après avoir vu à Athènes les flics et les fachos de l’Aube dorée attaquer main dans la main des immigré-e-s et des squats (dite opération “Xenios Deus”), on assiste en ce moment à une espèce d’union sacrée contre les “menaces” que sont l’entraide et la solidarité, clairement pas les meilleures alliées du capitalisme.

Le Ministre de l’Ordre public et de la protection du citoyen (Υπουργείο Δημόσιας Τάξης και Προστασίας του Πολίτη, équivalent au Ministre de l’Intérieur) a déclaré récemment vouloir expulser très prochainement plus d’une quarantaine de squats / lieux d’organisation politique à travers le pays. Difficile de faire une déclaration de guerre plus claire…

C’est à Athènes que l’État a décidé de commencer son sale boulot de tentative d’éradication des squats. Le 20 décembre dernier, c’est le squat Villa Amalias[1], ouvert depuis 22 ans, qui est perquisitionné puis expulsé. Quelques jours plus tard, c’est la radio pirate 98FM[2] qui est attaquée dans un bâtiment squatté sur l’Université d’Économie (ASOEE). Destruction de matériel et expulsion.

Le 9 janvier, plus d’une centaine de personnes réoccupent la Villa Amalias, et s’en font expulser dans la foulée par la police au grand complet (notamment les Unités de Forces Répressives Antiterroristes / EKAM et la police anti-émeute / MAT). Le même jour, le squat Skaramaga[3], ouvert suite au soulèvement de décembre 2008, est expulsé lui aussi.

Trois jours plus tard, une énorme manifestation de solidarité avec les squats et autres lieux auto-organisés réunit plus de 10 000 personnes dans les rues d’Athènes, tandis que d’autres manifs ou rassemblements ont lieu simultanément dans de nombreuses villes grecques[4].

Cette impressionnante démonstration de solidarité n’empêche pas l’État et ses flics de perquisitionner le 15 janvier, le squat Lelas Karagianni 37, ouvert depuis 24 ans[5]. Mais cette fois, cela n’aboutit pas à une expulsion, et bien que tou-te-s les occupant-e-s aient été arrêté-e-s par les flics (comme lors des précédentes opérations policières, avec quelques procès à suivre), le squat a été immédiatement réoccupé.

Le message est fort : l’Etat grec, en lançant son offensive contre les squats et espaces auto-organisés, s’attaque de front au mouvement révolutionnaire local le plus implanté (le mouvement anarchiste), en essayant de le priver d’espace pour vivre et lutter.

Depuis l’envahissement policier de la Villa Amalias le 20 décembre dernier, les actions et manifestations de solidarité avec les squats attaqués par l’État grec se multiplient, à travers toute la Grèce, mais aussi à travers le monde (par exemple en Inde, en Australie, au Canada, aux USA, au Mexique, en Angleterre, en Tchéquie, en Autriche, en Croatie, au Portugal, en Allemagne ou encore en France…). Et ça ne risque pas de s’arrêter.

De toute façon, on continuera de faire chier les autorités jusqu’à la révolution. Et après aussi !

Contre tout pouvoir, d’où qu’il vienne, où qu’il aille.
Vive la révolte ! Vive l’anarchie !

[Paris, janvier 2013]

[1] http://villa-amalias.blogspot.com/
[2] http://radio98fm.org
[3] http://pat61.squat.gr/
[4] https://fr.squat.net/tag/grece/ et https://fr.contrainfo.espiv.net/
[5] http://squathost.com/lelas_k/