130 réfugiés du camp de Choucha, près de la frontière entre la Tunisie et la Libye, sont arrivés mardi 28 janvier à Tunis pour y manifester pendant plusieurs jours. Ils ont été contraints de vivre deux ans dans le désert, pendant que le HCR traitait leurs dossiers avec négligence, et finalement rejetait leur demande d’asile. Depuis octobre 2012, l’accès à la nourriture et aux soins médicaux leur est refusé. Maintenant, les manifestants ont fait les démarches nécessaires pour briser leur isolement et pour sortir de l’impasse dans laquelle ils sont.

Comment des personnes passent de l’attente au militantisme
Au cours des deux dernières années, la vie quotidienne dans le camp de réfugiés n’a guère offert autre chose que d’insupportables et longues attentes dans la chaleur et les tempêtes de sable. En particulier pour les réfugiés déboutés par le HCR. Le camp de Choucha a été mis en place pendant la guerre civile en Libye, en hiver 2011. Il offrait aux réfugiés la possibilité d’accéder à une procédure de demande d’asile et de se déplacer dans les états membres du programme de réinstallation.
Du point de vue de l’Union européenne, ce fut un succès complet, dans la mesure où cela évitait que des milliers de personnes n’essaient d’entrer en Union européenne, en particulier par bateau en Italien, et ne remettent ainsi en question la politique frontalière de l’UE. En même temps, accorder l’asile à un nombre restreint de réfugiés permettait aux médias de présenter une meilleure image que celle d’une campagne militaire contre les migrants. Cependant, seulement les personnes qui avaient un certificat de réfugié ont été admises dans le programme de réinstallation. Une grande partie de ceux que le HCR n’a pas reconnus comme des réfugiés sont déjà repartis vers leur pays d’origine. 230 sont encore à Choucha. Ils accusent le HCR de négligences et d’erreurs importantes dans le traitement de leur demande d’asile. Ces erreurs vont du choix d’interprètes partiaux et incompétents à la coopération avec des instances des gouvernements auxquels les réfugiés tentaient d’échapper, en passant par des erreurs dans l’orthographe de noms de lieux ou de familles.

L’exclusion de ce groupe d’environ 230 personnes, et l’impasse dans laquelle ils se trouvent, les a conduits à protester de différentes manières, au cours de l’an dernier, et à exiger que leurs dossiers soient réexaminés avec impartialité. Afin d’être entendu, 130 d’entre eux sont venus jusqu’à Tunis.

Personne n’est illégal – même en Tunisie
Ce voyage jusqu’à Tunis est en lui-même un acte de résistance. Parce que leurs dossiers ont été rejetés par le HCR, ces 230 réfugiés sont désormais considérés comme des «migrants illégaux» par le gouvernement et ne sont pas autorisés à se déplacer librement. En conséquence, ils risquent d’être arrêtés, mis en détention et expulsés à tout moment si l’état tunisien le décide. Jusqu’à présent, les autorités ont détenu les manifestants «illégalisés» seulement pour de courtes durées, puis les ont renvoyés à Choucha en leur disant que le HCR est responsable d’eux. Le HCR vient de s’illustrer dans ces renvois successifs de responsabilités: depuis, octobre 2012, les demandeurs d’asile déboutés se voient refuser l’accès à la nourriture et aux soins médicaux. Une stratégie sans pitié et scandaleuse de la part d’une organisation censée être humanitaire, qui de toute évidence a pour but d’obliger les personnes à partir. Les réfugiés ne cessent de souligner qu’à cause de la persécution et/ou de la guerre, ils ne peuvent retourner dans leur pays d’origine – ce que le HCR aurait été en mesure de confirmer si leurs dossiers avaient été traités correctement. Ils refusent catégoriquement la suggestion cynique du HCR, qui est de retourner en Libye.

La Libye n’est pas encore en mesure d’offrir la sécurité – les personnes noires en particulier sont sans cesse menacées d’arrestations arbitraires ou de violence raciste. De nombreux réfugiés, à Choucha, ont entendu de tels témoignages par ceux qui sont retournés en Libye.

Voici pourquoi les deux principales exigences des manifestants sont, actuellement, que le HCR reprenne la distribution de nourriture et les soins médicaux dans le camp, et l’accès au programme de réinstallation pour toutes les personnes encore à Choucha. Cette demande concerne également l’Union européenne et tous les états de l’OTAN responsables de la situation actuelle par leur intervention dans la guerre civile en Libye.

Pour appuyer leurs demandes au HCR et à l’UE, pour les faire connaître par les Tunisiens et internationalement, les réfugiés de Choucha organisent des manifestations sur plusieurs jours à Tunis. Pour réussir, ils ont besoin d’aide! S’il-vous-plaît:

* Faites circuler l’information sur la manifestation via les listes de diffusion, Facebook et par le bouche à oreille!

* Signez la lettre ouverte adressée à Ursula Aboubacar, Responsable du HCR en Tunisie, et qui contient les exigences des manifestants! (http://chouchaprotest.noblogs.org/?attachment_id=56)

* Participez à la campagne de fax et envoyer un fax (englisch: http://chouchaprotest.noblogs.org/?attachment_id=51, francais: http://chouchaprotest.noblogs.org/?attachment_id=53, deutsch: http://chouchaprotest.noblogs.org/?attachment_id=52) au siège du HCR dans votre pays.

* Donnez de l’argent pour la nourriture, le transport, et les moyens de communications des manifestants. Des virements peuvent être effectués sur ce compte:

FFM Berlin
Sparkasse der Stadt Berlin
Account number: 61 00 24 264
Bank code: 100 500 00
Keyword: « Choucha »

* Organisez des actions de solidarité – devant les bureaux du HCR, dans le monde entier!